Type de juridiction : Assurances
Juridiction : Tribunal judiciaire de Créteil
Thématique : Expertise médicale ordonnée, mais demandes de provision rejetées en raison de contradictions dans les versions des faits.
→ RésuméExposé du LitigeLe litige concerne une demande d’expertise médicale formulée par une victime d’accident de la circulation survenu le 6 mai 2023. Cette victime, représentée par son conseil, a assigné la MACIF, la société HAMONIE MUTUELLE et la Caisse primaire d’assurance maladie du Val de Marne pour obtenir une évaluation de son préjudice et le paiement d’indemnités provisionnelles. Les Parties ImpliquéesLa victime a été percutée par un véhicule conduit par un conducteur assuré auprès de la MACIF. Cette dernière a contesté les demandes de la victime, arguant que les versions des faits fournies par les deux parties étaient contradictoires et que la responsabilité de la victime était engagée. Les Demandes de la MACIFLa MACIF a demandé au juge des référés de ne pas s’opposer à l’expertise médicale, tout en formulant des réserves. Elle a également demandé le rejet des demandes de la victime concernant les indemnités provisionnelles et les frais de procédure, soutenant que la responsabilité de la victime était entièrement engagée. Absence de Représentation LégaleLa société HAMONIE MUTUELLE et la Caisse primaire d’assurance maladie du Val de Marne, bien que régulièrement assignées, n’ont pas constitué avocat, ce qui a conduit à une décision réputée contradictoire. Décision du TribunalLe tribunal a ordonné une expertise médicale, désignant un médecin spécialisé pour évaluer les préjudices subis par la victime. L’expert a pour mission de recueillir des informations médicales, d’examiner la victime et de déterminer les conséquences de l’accident sur sa santé et sa vie professionnelle. Consignation et DélaisLa partie demanderesse doit verser une consignation de 2.400 euros pour que l’expertise soit valide. En cas de non-respect de ce délai, la désignation de l’expert sera caduque. Le tribunal a également précisé que les dépens seraient à la charge de la partie demanderesse. ConclusionL’affaire a été mise en délibéré, et le tribunal a statué sur les demandes d’expertise et de provision. La décision a été rendue le 20 février 2025, avec des instructions claires pour la suite des opérations d’expertise. |
MINUTE N° :
ORDONNANCE DU : 20 Février 2025
DOSSIER N° : N° RG 24/01604 – N° Portalis DB3T-W-B7I-VQEA
CODE NAC : 63A – 0A
AFFAIRE : [W] [X] C/ S.A.M.C.V. MUTUELLE ASSURANCE DES COMMERCANTS ET INDUSTRIELS DE FRANCE ET DES CADRES ET DES SALARIES DE L’INDUS en abrégé : MACIF, Entreprise CPAM DU VAL DE MARNE, Entreprise HARMONIE MUTUELLE
TRIBUNAL JUDICIAIRE DE CRETEIL
Section des Référés
ORDONNANCE DE RÉFÉRÉ
LE JUGE DES REFERES : Madame Élise POURON, Juge
GREFFIER : lors des débats, Madame Valérie PINTE, Greffier
: lors du prononcé, Madame Maëva MARTOL, Greffier
PARTIES :
DEMANDEUR
Monsieur [W] [X] né le 15 Juillet 2002 à CORBEIL-ESSONNES (ESSONNE), nationalité française, demeurant 5 rue Jean de la Fontaine – 94430 Chennevières sur Marne
représenté par Maître Vanessa BRANDONE, avocat au barreau de PARIS – Vestiaire : L0306
DEFENDERESSES
S. A. M. C. V. MACIF
immatriculée au RCS de NIORT sous le numéro 781 452 511
dont le siège social est sis 1 rue Jacques Vandier – 79000 NIORT
représentée par Maître Mathilde CHAUVIN DE LA ROCHE, avocat au barreau de PARIS – Vestiaire : L0089
CPAM DU VAL DE MARNE
dont le siège social est sis 10 Avenue Georges Duhamel – 94000 Créteil
HARMONIE MUTUELLE
dont le siège social est sis 143 Rue Blomet – 75015 Paris
toutes deux non représentées
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Débats tenus à l’audience du : 28 Janvier 2025
Date de délibéré indiquée par le Président : le 20 Février 2025
Ordonnance rendue par mise à disposition au greffe le 20 Février 2025
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EXPOSE DU LITIGE
Vu les assignations en date des 21 et 22 octobre 2024 délivrées à la MACIF, la société HAMONIE MUTUELLE et à la Caisse primaire d’assurance maladie du Val de Marne aux fins de comparution devant la juridiction des référés du tribunal judiciaire de Créteil, à la requête de Monsieur [W] [X] lequel, exposant avoir été victime d’un accident de la circulation le 6 mai 2023, sollicite que soit ordonnée une expertise médicale pour l’évaluation du préjudice subi à la suite dudit accident, et poursuit la condamnation de la MACIF au paiement d’une indemnité provisionnelle de 10.000 euros à valoir sur son préjudice, outre une provision ad litem de 3.000 euros à valoir sur les frais de procédure et 2.500 euros sur le fondement de l’article 700 du code de procédure civile,
L’affaire a été entendue à l’audience du 28 janvier 2025 au cours de laquelle Monsieur [W] [X] représenté par son conseil a maintenu les demandes introductives d’instance.
Il soutient avoir été percuté par le véhicule conduit par Monsieur [U] [J] et assuré auprès de la MACIF.
Aux termes de ses conclusions déposées et soutenues à l’audience, la MACIF sollicite du juge des référés de
– lui donner acte qu’elle ne s’oppose pas à la mesure d’expertise sollicitée et formule toutes protestations et réserves,
– désigner un médecin diplômé dans la réparation du préjudice corporel et spécialisé en traumatologie-orthopédie,
– confier à l’expert la mission proposée par la MACIF,
– rejeter les demandes de Monsieur [W] [X] au titre de l’indemnité provisionnelle à valoir sur son préjudice et l’indemnité ad litem,
– rejeter les demandes de Monsieur [W] [X] au titre de l’article 700 du code de procédure civile et des dépens.
Pour s’opposer aux demandes de condamnation à titre provisionnel, elle relève que les versions de l’accident de Messieurs [X] et [J] sont contradictoires, que les déclarations de Monsieur [U] [J] mentionnant que son véhicule était à l’arrêt au moment de la collision et qu’il a été percuté au niveau de l’arrière de son véhicule par l’avant du scooter de Monsieur [W] [X] sont corroborées par la localisation des dommages constatés sur le scooter, de sorte que selon la MACIF la responsabilité de Monsieur [W] [X], qui a commis une faute, est entièrement engagée.
Il convient de se référer aux écritures des parties pour un plus ample exposé des faits et des moyens des parties.
Bien que régulièrement assignée par acte remis à personne morale, la société HAMONIE MUTUELLE n’a pas constitué avocat, de sorte qu’il est statué par décision réputée contradictoire.
La CPAM du Val de Marne , régulièrement assignée, n’a pas constitué avocat.
A l’issue des débats, il a été indiqué aux parties que l’affaire était mise en délibéré et que la décision serait rendue ce jour par mise à disposition au greffe.
PAR CES MOTIFS
Statuant par ordonnance réputée contradictoire rendue par voie de mise à disposition au greffe, en premier ressort, et exécutoire à titre provisoire,
ORDONNONS une expertise médicale ;
COMMETTONS, pour y procéder, le Docteur :
[V] [T] (1975)
Diplôme d’Etat de docteur en médecine, DU Anatomie clinique abdomino-pelvienne, Diplôme d’habilitation à diriger des recherches en sciences de la vie et de la santé, Diplôme interuniversitaire de chirurgie du rachis, Diplôme d’études spécialisées complémentaires de chirurgie orthopédique et traumatologie, DEA de biologie de l’os et des articulations et biomatériaux des tissus calcifiés, DU Anatomie fonctionnelle et chirurgicale de l’appareil locomoteur, Diplôme interuniversitaire pédagogie médicale
Hôpital Avicenne
125, rue de Stalingrad
93000 BOBIGNY
Tél : 01.48.95.53.14
Port. : 06.83.73.81.61
Email : thomas.gregory@aphp.fr
expert inscrit sur les listes de la Cour d’appel de PARIS, lequel, sollicité préalablement à sa désignation l’a acceptée par courriel du 30 janvier 2025, et s’adjoindra, si nécessaire, tout sapiteur dans une spécialité distincte de la sienne.
avec mission de :
** faire injonction aux parties de communiquer, par l’intermédiaire de leur conseil, à l’expert, toutes pièces médicales et de toute autre nature propres à établir le bien fondé de leurs prétentions ainsi que toutes celles que l’expert leur réclamera ;
** En cas de difficultés ou d’insuffisance de documents, se faire remettre par tout praticien et/ou établissement de soins, sans que le secret médical puisse être opposé, tous documents détenus par les professionnels de santé concernés et tous les documents relatifs aux examens, soins et actes médicaux pratiqués dont la production leur paraîtrait nécessaire,
** Convoquer les parties après avoir reçu en communication l’ensemble des dossiers et documents médicaux, les entendre, ainsi que tout sachant, et recueillir et consigner les doléances de la partie demanderesse ;
** Reconstituer à partir des éléments médicaux et des déclarations des parties et des sachants la chronologie des faits ayant mené la présente procédure en décrivant l’état de santé médical du patient avant l’accident ;
** Procéder à l’examen médical et clinique de la victime, dans le respect des textes en vigueur, dans le respect des règles de déontologie médicale ou relatives au secret professionnel et décrire les lésions et séquelles directement imputables à l’accident,
** Déterminer la nature et le coût des soins nécessaires pour réparer les conséquences et les suites de l’accident, en précisant pour chacun l’imputabilité,
** Fournir, de façon générale, tous les éléments médicaux et techniques permettant l’appréciation des responsabilités encourues et des préjudices subis,
** Fixer la date de consolidation et si celle-ci n’est pas encore acquise, indiquer le délai à l’issue duquel un nouvel examen devra être réalisé et évaluer les seuls chefs de préjudice qui peuvent l’être en l’état,
SUR LES PRÉJUDICES
1- Recueillir les renseignements nécessaires sur l’identité de la victime et sa situation, les conditions de son activité professionnelle, son niveau scolaire s’il s’agit d’un enfant ou d’un étudiant, son statut et/ou sa formation s’il s’agit d’une personne à la recherche d’un emploi, son mode de vie antérieur à l’accident et sa situation actuelle ;
2- A partir des déclarations de la victime, au besoin de ses proches, de tout sachant, et des documents médicaux fournis ou consultés auprès des professionnels de santé intervenus, décrire en détail les lésions initiales, les modalités de traitement, en précisant le cas échéant les durées exactes d’hospitalisation et, pour chaque période d’hospitalisation, le nom de l’établissement, les services concernés et la nature des soins;
3- Reproduire dans son intégralité le certificat médical initial et, si cela est utile, les documents médicaux intermédiaires permettant de retracer l’évolution des lésions et les soins nécessités ;
4- Recueillir les doléances de la victime et au besoin de ses proches; l’interroger notamment sur les conditions d’apparition des lésions, l’importance des douleurs, la gêne fonctionnelle subie et leurs conséquences ;
5- Décrire au besoin un état antérieur en ne retenant que les seuls antécédents qui peuvent avoir une incidence sur les lésions ou leurs séquelles ;
6- Procéder, en présence des médecins mandatés par les parties avec l’assentiment de la victime, à un examen clinique détaillé en fonction des lésions initiales et des doléances exprimées par la victime ;
7- A l’issue de cet examen, discuter, dans un exposé précis et synthétique :
** la réalité des lésions initiales,
** la réalité de l’état séquellaire,
** l’imputabilité directe et certaine des séquelles aux lésions initiales en précisant au besoin l’incidence d’un état antérieur ;
8- Pertes de gains professionnels actuels :
** indiquer les périodes pendant lesquelles la victime a été du fait de son déficit fonctionnel temporaire, dans l’incapacité d’exercer totalement ou partiellement son activité professionnelle ;
** en cas d’incapacité partielle, préciser le taux et la durée ;
** préciser la durée des arrêts de travail retenus par l’organisme social au vu des justificatifs produits (ex : décomptes de l’organisme de sécurité sociale), et dire si ces arrêts de travail sont liés aux faits dommageables ;
9- Déficit fonctionnel temporaire (période pendant laquelle, pour des raisons médicales en relation certaine, directe et exclusive avec les faits, la victime a dû interrompre totalement ses activités personnelles): déterminer sa durée et le cas échéant préciser le taux et la durée de la période de déficit fonctionnel partiel ;
10- Fixer la date de consolidation (date de fixation des lésions, à partir de laquelle elles ont un caractère permanent, de sorte qu’un traitement n’est plus nécessaire, sauf pour éviter une aggravation) ;
** en l’absence de consolidation, dire à quelle date il conviendra de procéder à un nouvel examen de la victime ;
** préciser, lorsque cela est possible, les dommages ou aggravations prévisibles pour l’évaluation d’une éventuelle provision ; ou et évaluer les seuls préjudices qui peuvent l’être en l’état ;
11- Déficit fonctionnel permanent (incapacité permanente, persistant au moment de la consolidation) : évaluer l’importance et chiffrer, par référence au Barème indicatif des déficits fonctionnels séquellaires en droit commun, le taux éventuel de déficit fonctionnel permanent imputable aux faits ;
Le taux de déficit fonctionnel devra prendre en compte, non seulement les atteintes aux fonctions physiologiques de la victime mais aussi les douleurs physiques et morales permanentes qu’elle ressent, la perte de qualité de vie et les troubles dans les conditions d’existence qu’elle rencontre au quotidien après consolidation ; dans l’hypothèse d’un état antérieur, préciser en quoi le fait dommageable a eu une incidence sur celui-ci et décrire les conséquences de cette situation ;
12- Assistance par tierce personne : indiquer le cas échéant si l’assistance constante ou occasionnelle d’une tierce personne a été et le cas échéant demeure nécessaire pour effectuer les démarches et plus généralement accomplir les actes de la vie quotidienne; préciser la nature de l’aide, la qualité de l’aidant (parent, personnel médical etc.) et sa durée quotidienne ;
13- Dépenses de santé futures : décrire les soins futurs et les aides techniques compensatoires au handicap de la victime (prothèses, appareillages spécifiques, véhicule) en précisant la fréquence de leur renouvellement ;
14- Pertes de gains professionnels futurs : indiquer, notamment au vu des justificatifs produits, si le déficit fonctionnel permanent entraîne l’obligation pour la victime de cesser totalement ou partiellement son activité professionnelle ou de changer d’activité professionnelle ;
15- Incidence professionnelle : indiquer, notamment au vu des justificatifs produits, si le déficit fonctionnel permanent entraîne d’autres répercussions sur l’activité professionnelle actuelle ou future de la victime (obligation de formation pour un reclassement professionnel, pénibilité accrue dans son activité, « dévalorisation » sur le marché du travail) ;
16- Préjudice scolaire, universitaire ou de formation : si la victime est scolarisée ou en cours d’études, dire si en raison des lésions consécutives au fait traumatique, elle a subi une perte d’année scolaire, universitaire ou de formation l’obligeant le cas échéant, à se réorienter ou renoncer à certaines formations ;
17- Souffrances endurées : décrire les souffrances physiques, psychiques ou morales endurées pendant la maladie traumatique (avant consolidation) du fait des blessures subies. Les évaluer sur une échelle de 1 à 7 degrés ;
18- Préjudice esthétique temporaire et/ou définitif : donner un avis sur l’existence, la nature et l’importance du préjudice esthétique en précisant s’il est temporaire (avant consolidation) et/ou définitif. sur une échelle de 1 à 7 degrés, indépendamment de l’éventuelle atteinte fonctionnelle prise en compte au titre du déficit fonctionnel ;
19- Préjudice sexuel : dire si ce type de préjudice peut être constaté, et le décrire le cas échéant en fonction des trois critères suivants (qui peuvent être cumulatifs): la libido, l’acte sexuel proprement dit (impuissance ou frigidité) et la fertilité (fonction de reproduction) ;
20- Préjudice d’agrément : dire si la victime allègue un tel préjudice (impossibilité de se livrer à des activités spécifiques de sport et de loisirs), et donner le cas échéant un avis médical sur cette impossibilité et son caractère définitif ;
21- Préjudices permanents exceptionnels : dire si la victime subit des préjudices permanents exceptionnels ;
22- Dire si l’état de la victime est susceptible de modifications en aggravation ;
23- Établir un état récapitulatif de l’ensemble des postes énumérés dans la mission ;
DISONS que pour remplir sa mission l’expert devra :
** à l’issue de la première réunion d’expertise, ou dès que possible, et en concertation avec les parties, définir un calendrier prévisionnel de ses opérations; l’actualiser ensuite dans le meilleur délai :
➝ en fixant aux parties un délai pour procéder aux interventions forcées ;
➝ en les informant, le moment venu, de la date à laquelle sera adressée un document de synthèse ;
** au terme des opérations, adresser aux parties un document de synthèse, sauf exception qui sera exposée dans le rapport (par ex. : réunion de synthèse; communication d’un projet de rapport), et y arrêter le calendrier de la phase conclusive des opérations d’expertise:
➝ fixant, sauf circonstances particulières, la date ultime de dépôt des dernières observations des parties sur le document de synthèse ;
➝ rappelant aux parties, au visa de l’article 276 alinéa 2 du Code de procédure civile, qu’il n’est pas tenu de prendre en compte les observations transmises au delà de ce délai.
DISONS que la partie demanderesse devra verser une consignation de 2.400 euros TTC, entre les mains du régisseur d’avances et de recettes de ce tribunal, dans le mois qui suit la demande de consignation adressée par le greffe ;
DISONS que faute de consignation dans ce délai impératif, la désignation de l’expert sera caduque et privée de tout effet.
DÉSIGNONS le magistrat chargé du contrôle des expertises pour contrôler les opérations d’expertise.
DISONS que l’expert déposera l’original de son rapport au greffe du tribunal (service du contrôle des expertises), dans les six mois de la réception de l’avis de consignation, sauf prorogation de ce délai, dûment sollicitée en temps utile auprès du juge du contrôle, ainsi qu’une copie du rapport à chaque partie (ou à son avocat pour celles étant assistées).
DÉCLARONS l’ordonnance commune à la Caisse primaire d’assurance maladie du Val de Marne ;
DISONS n’y avoir lieu à référé sur les demandes de provision ;
LAISSONS les dépens à la charge de la partie demanderesse.
FAIT AU PALAIS DE JUSTICE DE CRETEIL, le 20 février 2025.
LE GREFFIER LE JUGE DES REFERES,
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