Responsabilité et garanties en construction : Questions / Réponses juridiques

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Responsabilité et garanties en construction : Questions / Réponses juridiques

En novembre 2017, Mme [U] [F] a engagé M. [Y] [K] pour des travaux sur sa maison, mais des malfaçons ont conduit à une expertise judiciaire en mars 2019. Après plusieurs procédures, le tribunal de Draguignan a condamné M. [Y] [K] en août 2022 à verser des indemnités à Mme [U] [F]. Ce dernier a ensuite demandé la reconnaissance de sa qualité de maître d’œuvre et la couverture de ses condamnations par la SAS Acasta European Insurance. Cependant, Acasta a contesté ces demandes, affirmant que les travaux réalisés n’étaient pas couverts par l’assurance, entraînant le déboutement de M. [Y] [K].. Consulter la source documentaire.

Quelle est la nature de la responsabilité de M. [Y] [K] en tant que maître d’œuvre ?

La responsabilité de M. [Y] [K] en tant que maître d’œuvre est régie par les articles 1792 et suivants du Code civil, qui établissent les obligations des constructeurs.

L’article 1792 du Code civil stipule que « tout constructeur d’un ouvrage est responsable de plein droit à l’égard du maître de l’ouvrage, des dommages qui compromettent la solidité de l’ouvrage ou qui le rendent impropre à sa destination ».

Cela signifie que M. [Y] [K], en tant que maître d’œuvre, est responsable des désordres survenus, même s’il a sous-traité certains travaux.

En l’espèce, le tribunal a constaté que M. [Y] [K] avait réalisé des travaux de maçonnerie, ce qui engage sa responsabilité.

De plus, l’article 1792-4-1 précise que « le maître d’œuvre est responsable des désordres qui affectent l’ouvrage, même s’il n’est pas l’auteur des travaux ».

Ainsi, la responsabilité de M. [Y] [K] est engagée en raison des malfaçons constatées, indépendamment de son rôle de maître d’œuvre.

Quelles sont les implications de la réception tacite des travaux ?

La réception tacite des travaux a des implications importantes en matière de responsabilité et de garantie. Selon l’article 1792-6 du Code civil, « la réception de l’ouvrage emporte, sauf preuve du contraire, renonciation à toute action en responsabilité contre le constructeur pour les désordres apparents ».

Dans le jugement du 12 août 2022, le tribunal a constaté la réception tacite des travaux au 1er juin 2018. Cela signifie que Mme [U] [F] a accepté les travaux, ce qui limite les recours possibles contre M. [Y] [K] pour des défauts apparents.

Cependant, la réception tacite ne s’applique pas aux désordres cachés, qui peuvent être invoqués dans un délai de dix ans suivant la réception, conformément à l’article 1792-4 du Code civil.

Il est donc crucial de déterminer si les désordres étaient apparents ou cachés au moment de la réception.

Dans ce cas, le tribunal a jugé que les désordres étaient imputables à M. [Y] [K], ce qui renforce sa responsabilité malgré la réception tacite.

Comment la garantie d’assurance de la SAS Acasta European Insurance est-elle affectée ?

La garantie d’assurance de la SAS Acasta European Insurance est régie par les articles L 112-6 et L 124-5 du Code des assurances.

L’article L 112-6 stipule que « l’assureur n’est pas tenu de garantir les dommages résultant d’une activité non déclarée ».

Dans cette affaire, M. [Y] [K] a déclaré à son assureur n’exercer que l’activité de maître d’œuvre, alors qu’il a également réalisé des travaux de maçonnerie.

Cela constitue une omission significative qui peut entraîner la nullité de la garantie pour les dommages causés par ces travaux.

L’article L 124-5 précise que « l’assureur peut opposer à l’assuré les conséquences de la déclaration inexacte ».

Ainsi, la SAS Acasta European Insurance peut refuser de couvrir les dommages liés aux travaux de maçonnerie, car ils ne faisaient pas partie de l’activité déclarée.

Le tribunal a donc débouté M. [Y] [K] de ses demandes contre Acasta, confirmant que l’assureur n’était pas tenu de garantir une activité non déclarée.

Quelles sont les conséquences des dépens et des frais d’expertise ?

Les dépens et les frais d’expertise sont régis par l’article 699 du Code de procédure civile, qui stipule que « la partie perdante est condamnée aux dépens ».

Dans cette affaire, M. [Y] [K] a été condamné aux entiers dépens, ce qui inclut les frais d’expertise, taxés à hauteur de 7500 €.

L’article 700 du même code permet au juge d’allouer une somme à titre de frais irrépétibles, c’est-à-dire des frais qui ne peuvent être récupérés.

Le tribunal a accordé à Mme [U] [F] une somme de 3500 € sur ce fondement, en raison de la perte subie et des frais engagés pour faire valoir ses droits.

Il est important de noter que les dépens sont dus indépendamment de la situation financière des parties, et le tribunal a autorisé la distribution des dépens au profit de l’avocat de la partie gagnante, conformément à l’article 699.

Ainsi, M. [Y] [K] devra assumer les coûts liés à la procédure, ce qui peut avoir un impact significatif sur sa situation financière.


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