Type de juridiction : Cour de cassation
Juridiction : Cour de cassation
Thématique : Publier la condamnation d’un concurrent : légal sauf abus
→ RésuméLa publication d’une condamnation d’un concurrent est légale, à condition qu’elle ne soit pas abusive. La Cour de cassation a précisé que cette publication peut être ordonnée par les juges, notamment en cas de contrefaçon, et doit respecter les modalités qu’ils définissent. Toutefois, la victime peut également publier le jugement à ses frais, sauf en cas d’abus. Dans une affaire récente, la société Newmat a été autorisée à publier un jugement, mais a commis une faute en ajoutant le nom d’une marque concurrente, augmentant ainsi l’impact de la publicité au-delà des limites acceptables.
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Le principe : l’autorisation de publier une condamnation
C’est entendu, le droit aime la raison et un droit peut lui-même être sanctionné lorsque l’on en abuse. Il en va ainsi pour le droit d’ester en justice mais aussi de celui de publier les décisions de condamnation d’un concurrent. La Cour de cassation a rappelé le principe selon lequel cette publication est légale si elle n’est pas faite dans des conditions abusives.
Publication ordonnée par les juges
En cas de condamnation civile pour contrefaçon, indépendamment de la publication volontaire, la juridiction peut ordonner toute mesure appropriée de publicité du jugement, notamment son affichage ou sa publication intégrale ou par extraits dans les journaux ou sur les services de communication au public en ligne qu’elle désigne, selon les modalités qu’elle précise, ces mesures étant ordonnées aux frais du contrefacteur. Ce pouvoir dévolu au juge est exclusif du droit du bénéficiaire de la condamnation de publier le jugement selon d’autres modalités que celles prescrites par le juge, fût-ce à ses frais.
L’exception : l’abus
Les décisions de justice étant publiques, les dispositions de l’article L. 615-7-1 du code de la propriété intellectuelle prévoyant qu’en cas de condamnation pour contrefaçon, la juridiction peut ordonner toute mesure appropriée de publicité du jugement, notamment son affichage ou sa publication intégrale ou par extraits dans les journaux ou sur les services de communication au public en ligne qu’elle désigne, selon les modalités qu’elle précise et aux frais du contrefacteur, ne sont pas exclusives du droit pour la victime, sauf abus, de procéder, à ses propres frais, à toute autre mesure de publicité de la condamnation prononcée à son bénéfice.
Dans cette affaire, les deux volets du droit de publication des condamnations par un concurrent ont été traités : la société Newmat, qui avait remporté un procès contre son concurrent Normalu, a été jugée en droit de publier le jugement sur son site internet dès lors que le texte mis en ligne était neutre dans sa présentation et ne comportait aucun commentaire. En revanche, la société Newmat a commis une faute constitutive de concurrence déloyale en ajoutant le nom de la marque à celui de la société condamnée (« Normalu (Barrisol) ». Compte tenu de la forte notoriété de la marque du concurrent, la mention en cause avait nécessairement augmenté l’impact de la publicité donnée au jugement et cela, au-delà des limites admises.
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