L’essentiel : Le Décret n° 2024-1111 du 4 décembre 2024 élargit l’accès au fichier judiciaire national automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (FIJAIS) à deux nouveaux ministères : l’agriculture et la culture. Cette mesure vise à permettre aux personnels des établissements d’enseignement agricole et culturel de vérifier l’absence d’inscriptions au FIJAIS pour les candidats à des fonctions impliquant un contact avec des mineurs. La CNIL souligne la nécessité d’un encadrement rigoureux des modalités d’accès, en insistant sur l’importance de la sécurité des données et de l’authentification des utilisateurs. |
Le Décret n° 2024-1111 du 4 décembre 2024Le Décret n° 2024-1111 du 4 décembre 2024 relatif au fichier judiciaire national automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes ajoute deux autorités administratives accédant aux données du fichier national judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (FIJAIS). Le ministère chargé de l’agriculture et celui de la cultureD’une part, le ministère chargé de l’agriculture afin qu’il puisse procéder, pour les personnels intervenants dans les établissements d’enseignement agricole, qu’il s’agisse d’agents titulaires ou d’agents contractuels, à l’interrogation de ce fichier. D’autre part, le ministère chargé de la culture pour les personnels des établissements qui lui sont rattachés et dont il assure la gestion. Par ailleurs, le texte procède à la suppression de certaines références. Le texte procède également à la codification régissant le fonctionnement du FIJAIS à la suite des modifications de l’article 706-53-10 du code de procédure pénale par les lois n° 2019-222 du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice et n° 2020-1672 du 24 décembre 2020 relative au parquet européen, à la justice environnementale et à la justice pénale spécialisée, de l’article 706-53-2 (5°) du code de procédure pénale par la loi n° 2020-936 du 30 juillet 2020 visant à protéger les victimes de violences conjugales et de l’article 706-53-4 du code de procédure pénale par la loi n° 2020-1672 du 24 décembre 2020. Le FIJAIS créé par la loi n° 2004-204 du 9 mars 2004Le FIJAIS a été créé par la loi n° 2004-204 du 9 mars 2004 portant adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité. Il est tenu sous le contrôle du magistrat dirigeant le service du casier judiciaire national et est sous la responsabilité du ministère de la justice. Il a pour finalités la prévention du renouvellement de certaines infractions à caractère sexuel et violent ainsi que l’identification de leurs auteurs. Il doit aussi permettre de faciliter le suivi des auteurs de ces infractions par les autorités judiciaires et les services de police et de gendarmerie. Il permet enfin d’exercer un contrôle de l’accès à certaines professions entraînant un contact avec des personnes mineures.
An amont, l’avis de la CNIL sur le projet de décretLa CNIL a estimé que les modalités selon lesquelles il est prévu d’ouvrir le FIJAIS aux administrations doivent faire l’objet d’un encadrement rigoureux (CNIL, SP, 8 novembre 2007, projet de décret modifiant la partie réglementaire du code de procédure pénale et relatif au FIJAIS et au casier judiciaire national automatisé, n° 2007-326, publiée). En effet, la diversité des professions et activités concernées ainsi que la gravité des conséquences qui peuvent résulter de sa consultation à des fins administratives nécessitent une vigilance particulière.
L’article 706-53-7 du CPP indique que les informations contenues dans le FIJAIS sont directement accessibles, par l’intermédiaire d’un système de télécommunication sécurisé, pour les accédants prévus. L’article 706-53-11 du même code prévoit qu’aucun rapprochement ni aucune connexion au sens de l’article 33 de la loi du 6 janvier 1978 modifiée ne peuvent être effectués entre le FIJAIS et tout autre fichier ou recueil de données nominatives détenus par une personne quelconque ou par un service de l’Etat ne dépendant pas du ministère de la justice.
La CNIL prend acte de ce que les ministères de l’agriculture et de la culture n’ont pas vocation à faire des demandes par liste d’identités compte tenu de la volumétrie des consultations annoncée. Elle constate que ces modalités d’interrogation sont conformes aux articles 706-53-7 et 706-53-11 du CPP.
Les autres modifications opérées par le projet de décret ont pour objet de mettre la partie réglementaire du CPP relative au FIJAIS en conformité avec les évolutions législatives intervenues depuis 2019. Le projet de décret vise à modifier :
L’extension du traitement aux deux ministères prévus par le décret n’appelle pas de mesures de sécurité supplémentaires, mais appelle à accroître la vigilance à porter sur la gestion des accès déployés, en raison de la dispersion et la diversité prévisible des utilisateurs accédant au traitement. Elle rappelle que des procédures d’habilitation doivent être définies par les deux nouveaux ministères accédants avant l’accès au FIJAIS. Compte tenu de la sensibilité particulière des données enregistrées dans ce fichier, des mesures doivent être prises afin d’assurer plus largement la sécurité des accès au FIJAIS et la confidentialité stricte des données consultées. Ces mesures doivent faire l’objet de procédures écrites.
Toutefois, les accédants du ministère de l’agriculture utiliseront une authentification par un certificat cryptographique et les modalités d’authentification des accédants du ministère de la culture sont en cours de définition. Compte tenu de la sensibilité des données collectées, la CNIL recommande fortement de ne permettre l’accès aux données qu’après une authentification forte multi-facteur, comprenant au moins deux facteurs d’authentification différents, pour tous les accédants.
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Q/R juridiques soulevées : Quel est l’objet principal du Décret n° 2024-1111 du 4 décembre 2024 ?Le Décret n° 2024-1111 du 4 décembre 2024 a pour principal objectif d’ajouter deux nouvelles autorités administratives qui pourront accéder aux données du fichier judiciaire national automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes, connu sous l’acronyme FIJAIS. Ces deux ministères sont le ministère chargé de l’agriculture et le ministère chargé de la culture. Cette extension d’accès vise à renforcer la sécurité et la prévention en matière d’infractions sexuelles et violentes, notamment en ce qui concerne les personnels intervenant dans les établissements d’enseignement agricole et culturel.Quelles sont les finalités du FIJAIS ?Le FIJAIS a été créé pour plusieurs finalités essentielles. Tout d’abord, il vise à prévenir le renouvellement de certaines infractions à caractère sexuel et violent. Cela signifie qu’il cherche à réduire le risque que des individus ayant déjà commis de telles infractions ne récidivent. Ensuite, le FIJAIS permet d’identifier les auteurs de ces infractions, facilitant ainsi le suivi par les autorités judiciaires, ainsi que par les services de police et de gendarmerie. Enfin, il joue un rôle crucial dans le contrôle d’accès à certaines professions qui impliquent un contact avec des personnes mineures, garantissant ainsi une protection accrue des plus vulnérables.Quel est le rôle de la CNIL dans le cadre de ce décret ?La Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) a un rôle de régulation et de protection des données personnelles dans le cadre de l’ouverture du FIJAIS aux nouvelles administrations. Elle a exprimé la nécessité d’un encadrement rigoureux des modalités d’accès aux données, en raison de la diversité des professions concernées et des conséquences potentielles de leur consultation. La CNIL a également souligné que les ministères concernés doivent s’assurer que les candidats ou agents à des fonctions impliquant un contact habituel avec des mineurs ne sont pas inscrits au FIJAIS. Elle a jugé que la consultation des données par les nouveaux accédants est justifiée et proportionnée, tout en insistant sur la nécessité de respecter les conditions d’accès et de sécurité des données.Quelles modifications le décret apporte-t-il au fonctionnement du FIJAIS ?Le décret modifie plusieurs aspects du fonctionnement du FIJAIS, notamment en ce qui concerne les conditions d’inscription, les catégories de décisions judiciaires enregistrées, et les conditions d’effacement des données. Par exemple, le placement sous contrôle judiciaire n’est plus une condition d’inscription au FIJAIS. De plus, certaines décisions judiciaires, comme celles de non-lieu ou de cessation de contrôle, ne seront plus enregistrées dans le fichier. Les recours contre les décisions de refus d’effacement ou de rectification des données sont désormais attribués au président de la chambre de l’instruction de la cour d’appel, plutôt qu’au juge des libertés et de la détention.Quelles sont les recommandations de la CNIL concernant la sécurité des données ?La CNIL a formulé plusieurs recommandations pour garantir la sécurité des données dans le cadre de l’accès au FIJAIS. Elle insiste sur la nécessité d’une authentification forte multi-facteur pour tous les accédants, afin de protéger les données sensibles. Elle a également noté que l’accès doit être limité aux utilisateurs dûment habilités, en fonction de leurs attributions et du besoin d’en connaître. Des procédures d’habilitation doivent être mises en place par les ministères concernés avant l’accès au FIJAIS, et des mesures de sécurité doivent être définies pour assurer la confidentialité des données consultées. Enfin, la CNIL a souligné l’importance de mettre à jour régulièrement l’analyse d’impact relative à la protection des données (AIPD) pour s’adapter aux évolutions des risques. |
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