Mesures conservatoires / provisoires > Définition juridique

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Mesures conservatoires / provisoires > Définition juridique

Par « mesures provisoires ou conservatoires », la CJUE (arrêt du 26 mars 1992, [Y] et [J], C-261/90), a énoncé qu’ « il y a lieu d’entendre les mesures qui, dans les matières relevant du champ d’application de la convention, sont destinées à maintenir une situation de fait ou de droit afin de sauvegarder des droits dont la reconnaissance est par ailleurs demandée au juge du fond » et que l’octroi de mesures provisoires ou conservatoires est « subordonné, notamment, à la condition de l’existence d’un lien de rattachement réel entre l’objet des mesures sollicitées et la compétence territoriale de l’Etat contractant du juge saisi » (CJCE, 17 nov. 1998, aff. C-391/95, Van Uden Maritime BV, agissant sous le nom Van Uden Africa Line c/ Kommanditgesellschaft in Firma Deco-Line e.a.).

Dans cette dernière décision, la CJUE a également répondu que : « Le paiement à titre de provision d’une contre-prestation contractuelle ne constitue pas une mesure provisoire au sens de l’article 24 de la convention du 27 septembre 1968 à moins que, d’une part, le remboursement au défendeur de la somme allouée soit garanti dans l’hypothèse où le demandeur n’obtiendrait pas gain de cause au fond de l’affaire et, d’autre part, la mesure sollicitée ne porte que sur des avoirs déterminés du défendeur se situant, ou devant se situer, dans la sphère de la compétence territoriale du juge saisi. »

Par ailleurs, il est constant que les mesures provisoires et conservatoires visées à l’article 35 du Règlement n’englobent pas les mesures ayant pour but de permettre au demandeur d’évaluer l’opportunité d’une action éventuelle, de déterminer le fondement d’une telle action et d’apprécier la pertinence des moyens pouvant être invoqués dans ce cadre (CJCE, 28 avril 2005, C-104/03).

Elles s’étendent en revanche aux mesures visant à conserver des éléments de preuve, de sorte qu’une juridiction française peut être saisie pour ordonner, avant tout procès, une mesure d’expertise devant être exécutée en France et ayant pour objet de prémunir une partie contre le risque de dépérissement d’éléments de preuve dont la conservation peut commander la solution du litige (Cass. Civ. 1, 27 mai 2021, n°19-16.91), à la condition toutefois qu’il existe un lien de rattachement réel entre l’objet de la mesure sollicitée et sa compétence territoriale.

Définition des Mesures Conservatoires / Provisoires Les mesures conservatoires ou provisoires sont des décisions judiciaires temporaires prises par un juge dans le but de protéger les droits d’une partie en attendant qu’une décision définitive soit rendue dans une affaire. Ces mesures visent à prévenir un dommage imminent ou à garantir l’exécution d’une décision future. Elles peuvent être ordonnées dans divers domaines du droit, notamment en matière civile, commerciale, familiale ou administrative. Ces mesures peuvent inclure, par exemple, la saisie de biens, l’interdiction de faire ou de ne pas faire, ou encore la mise sous séquestre de fonds. Leur caractère temporaire est essentiel, car elles ne préjugent pas du fond de l’affaire, mais visent à maintenir la situation des parties dans un état de stabilité jusqu’à ce qu’une décision définitive soit prise. Les mesures conservatoires sont souvent sollicitées en urgence, et leur mise en œuvre peut être réalisée sans que l’autre partie soit nécessairement informée au préalable, afin d’éviter que celle-ci ne prenne des mesures pour contrecarrer la décision.

Quelles sont les conditions pour obtenir une mesure conservatoire ?

Pour qu’une mesure conservatoire soit accordée, plusieurs conditions doivent être remplies. Tout d’abord, il doit exister un risque de dommage imminent pour la partie qui en fait la demande. Ce risque doit être sérieux et fondé sur des éléments concrets. Ensuite, il est nécessaire de démontrer que la mesure sollicitée est proportionnée et adaptée à la situation. Cela signifie que la mesure ne doit pas être excessive par rapport à l’objectif visé. Enfin, la demande de mesure conservatoire doit être justifiée par l’urgence de la situation. Le juge appréciera cette urgence en fonction des circonstances de l’affaire, et il peut exiger des preuves tangibles de la nécessité d’agir rapidement.

Quels types de mesures conservatoires peuvent être demandées ?

Les types de mesures conservatoires varient en fonction du contexte juridique et des besoins des parties. Parmi les plus courantes, on trouve : 1. La saisie conservatoire : Cela permet de saisir des biens d’un débiteur pour garantir le paiement d’une créance future. 2. L’interdiction de faire : Le juge peut interdire à une partie de réaliser certains actes qui pourraient nuire aux droits de l’autre partie. 3. Le séquestre : Cela implique de confier des biens à un tiers pour les protéger jusqu’à ce qu’une décision définitive soit prise. 4. Les mesures d’instruction : Dans certains cas, le juge peut ordonner des mesures pour préserver des preuves, comme la désignation d’un expert. Chaque type de mesure doit être justifié par les circonstances spécifiques de l’affaire et doit respecter les principes de proportionnalité et d’urgence.

Quelle est la durée des mesures conservatoires ?

La durée des mesures conservatoires est généralement limitée dans le temps. Elles sont conçues pour être temporaires et doivent être réévaluées régulièrement par le juge. En règle générale, une mesure conservatoire est valable jusqu’à ce qu’une décision définitive soit rendue dans l’affaire principale. Toutefois, le juge peut décider de prolonger la mesure si les circonstances l’exigent. Il est également possible que la partie concernée par la mesure conservatoire demande sa levée si elle estime que les conditions qui ont justifié son adoption ne sont plus réunies.

Quelles sont les conséquences d’une mesure conservatoire ?

Les conséquences d’une mesure conservatoire peuvent être significatives pour les parties impliquées. Pour la partie qui en bénéficie, cela peut signifier la protection de ses droits et la garantie que ses intérêts seront préservés jusqu’à la décision finale. Pour la partie contre laquelle la mesure est ordonnée, cela peut entraîner des restrictions sur ses actions, comme l’impossibilité de disposer de certains biens ou de réaliser des actes juridiques. A noter que si la mesure conservatoire est finalement jugée injustifiée, la partie qui l’a demandée peut être tenue de réparer le préjudice causé à l’autre partie.

Comment contester une mesure conservatoire ?

La contestation d’une mesure conservatoire peut se faire par le biais d’une demande de levée de la mesure devant le même juge qui l’a ordonnée. La partie concernée doit démontrer que les conditions justifiant la mesure ne sont plus réunies. Il est également possible de faire appel de la décision du juge si la partie estime que la mesure a été ordonnée de manière abusive ou sans fondement. Dans tous les cas, il est conseillé de se faire accompagner par un avocat pour maximiser les chances de succès dans la contestation de la mesure conservatoire. Conclusion Les mesures conservatoires ou provisoires jouent un rôle déterminant dans le système judiciaire en permettant de protéger les droits des parties en attendant une décision définitive. Leur mise en œuvre nécessite une compréhension approfondie des conditions et des implications juridiques, et il est essentiel de consulter un professionnel du droit pour naviguer efficacement dans ce domaine complexe.

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