Géolocalisation et vidéosurveillance du salarié

·

·

Géolocalisation et vidéosurveillance du salarié

Pour justifier des faits reprochés au salarié (licenciement), l’employeur ne peut faire état d’extraits d’une vidéo-surveillance lors de l’entretien préalable, si le salarié n’a pas été informé individuellement de l’existence de ce mode de surveillance.

Consultation et information des salariés

La
recevabilité de la preuve demeure inhérente au respect de règles ou principes
tels que le respect de la vie privée, du secret des correspondances ou des
dispositions relatives aux données personnelles. Lorsque des dispositifs de
contrôle sont mis en place dans l’entreprise, les institutions représentatives
du personnel doivent être consultées et les salariés individuellement informés,
à défaut de quoi la preuve rapportée par ce moyen demeure illicite.

Charge de la preuve de l’information individuelle du salarié

Par
courrier, le salarié avait adressé une plainte à la CNIL du fait qu’il avait
été géolocalisé et surveillé en permanence par son employeur, par le biais
d’une vidéo-surveillance et d’une écoute radio installées dans les bus
conduits, sans jamais avoir été prévenu de ces pratiques et de leur finalité,
avant son entretien préalable. Le salarié avait également écrit à son employeur
pour dénoncer l’utilisation de la vidéo-surveillance, de l’enregistrement audio
de ses conversations et de la localisation par GPS dans le cadre de la
procédure de licenciement dont il venait de faire l’objet en précisant ne
jamais avoir été informé de la présence de tels dispositifs et de leur
utilisation qui constituaient une violation de sa vie privée. Il a demandé la
communication des enregistrements visés dans la lettre de licenciement.

Si
les représentants du personnel ont bien été consultés sur l’installation de la
vidéo-surveillance dont l’avis rendu a été négatif et le CHSCT également consulté,
le salarié n’a cependant jamais été informé individuellement de l’installation
d’une vidéo-surveillance, ni d’une surveillance audio, ni de la géolocalisation
des bus conduits.

En
réalité, l’employeur avait bien adressé un courrier d’information individuelle
portant sur cet usage de la vidéo-surveillance en LRAR mais suite à une erreur
des services de La Poste, ce courrier recommandé n’a jamais été présenté, lequel
n’a dès lors pas pu en accuser réception, ni le refuser, ni encore prendre
connaissance de son contenu. Par
ailleurs il était justifié par le
salarié que celui-ci a écrit à plusieurs reprises à l’entreprise pour lui
demander la communication des enregistrements et l’information individuelle qui
lui aurait été faite portant sur la vidéo-surveillance, mais cela en vain.

Preuve de la faute irrecevable

Le
grief tiré du défaut de fonctionnement de la caméra du poste de conduite du bus
qui aurait volontairement été altérée par le salarié n’a pu dès lors être
établi par la vidéo-surveillance qui n’était pas opposable au salarié à défaut
de son information individuelle préalable.

L’employeur ne rapportait donc pas la preuve qui lui incombait de la consistance de la faute grave qu’il invoquait à l’appui du licenciement de son salarié. Télécharger la décision

Questions / Réponses juridiques

Quelles sont les conditions pour que la vidéo-surveillance soit considérée comme une preuve recevable lors d’un licenciement ?

Pour qu’un extrait de vidéo-surveillance soit recevable comme preuve lors d’un entretien préalable de licenciement, l’employeur doit respecter certaines conditions.

Tout d’abord, il est impératif que le salarié ait été informé individuellement de l’existence de la vidéo-surveillance.

Cette obligation d’information vise à protéger la vie privée du salarié et à garantir le respect des dispositions relatives aux données personnelles.

En l’absence de cette information, la preuve rapportée par vidéo-surveillance est considérée comme illicite et ne peut pas être utilisée pour justifier un licenciement.

Quel est le rôle des institutions représentatives du personnel concernant la vidéo-surveillance ?

Les institutions représentatives du personnel, telles que le Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT), jouent un rôle déterminant dans la mise en place de dispositifs de contrôle comme la vidéo-surveillance.

Elles doivent être consultées avant l’installation de tels dispositifs.

Cette consultation permet de s’assurer que les droits des salariés sont respectés et que les mesures de surveillance ne portent pas atteinte à leur vie privée.

Si les représentants du personnel ne sont pas consultés ou si le salarié n’est pas informé individuellement, cela peut rendre la preuve obtenue par vidéo-surveillance irrecevable.

Quelles actions le salarié a-t-il entreprises suite à la vidéo-surveillance non déclarée ?

Le salarié a pris plusieurs mesures pour contester la vidéo-surveillance dont il a été victime.

Il a d’abord adressé une plainte à la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL), dénonçant le fait qu’il avait été géolocalisé et surveillé sans avoir été prévenu.

Il a également écrit à son employeur pour dénoncer l’utilisation de la vidéo-surveillance et de l’écoute radio, affirmant qu’il n’avait jamais été informé de ces pratiques.

Dans sa lettre, il a demandé la communication des enregistrements utilisés dans le cadre de son licenciement, soulignant que ces pratiques constituaient une violation de sa vie privée.

Quelles erreurs ont été commises par l’employeur concernant l’information du salarié ?

L’employeur a commis une erreur significative en ce qui concerne l’information individuelle du salarié.

Bien qu’un courrier d’information ait été envoyé par l’employeur, celui-ci n’a jamais été reçu par le salarié en raison d’une erreur de La Poste.

Cela signifie que le salarié n’a pas pu prendre connaissance de l’existence de la vidéo-surveillance, ni de son utilisation.

De plus, le salarié a tenté à plusieurs reprises de demander des informations sur les enregistrements, mais ses demandes sont restées sans réponse, ce qui renforce l’argument selon lequel il n’a pas été correctement informé.

Pourquoi la preuve de la faute du salarié a-t-elle été jugée irrecevable ?

La preuve de la faute du salarié a été jugée irrecevable en raison de l’absence d’information préalable concernant la vidéo-surveillance.

L’employeur a tenté de justifier le licenciement en se basant sur un grief lié à un prétendu défaut de fonctionnement de la caméra, mais cette preuve ne pouvait pas être opposée au salarié.

Sans l’information individuelle, la vidéo-surveillance ne peut pas être utilisée pour établir la faute grave invoquée par l’employeur.

Ainsi, l’employeur n’a pas réussi à prouver la consistance de la faute qu’il alléguait, ce qui a conduit à l’irrecevabilité de la preuve.


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Chat Icon