Type de juridiction : Cour d’appel
Juridiction : Cour d’appel de Dijon
→ RésuméLa rupture d’une promesse d’embauche, considérée comme un contrat de travail, doit respecter les règles de rupture anticipée des CDD, notamment en cas de faute grave, en suivant la procédure disciplinaire prévue par le Code du travail. Dans une affaire, un danseur n’a pas été convoqué à un entretien préalable ni informé des motifs de la rupture, rendant celle-ci abusive. Bien que la convention collective exige un contrat d’engagement, les échanges par email ont suffi à établir une promesse d’embauche. Le salarié a droit à des dommages-intérêts équivalents aux rémunérations dues jusqu’à la fin de son contrat.
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Conditions de la rupture d’une promesse de CDD d’usageY compris en matière de CDD d’usage, la rupture d’une promesse d’embauche, valant contrat de travail, doit intervenir selon les règles et les conditions applicables en matière de rupture anticipée des contrats à durée déterminée, notamment en raison d’une faute grave du salarié et en respectant la procédure disciplinaire prévue par les articles L. 1332-1 et L. 1332-2 du code du travail. Rupture fautive de promesse d’embaucheEn l’espèce, un artiste-interprète (danseur), n’a, d’une part, pas été convoqué à un entretien préalable en vue d’une mesure disciplinaire et a été privé de la possibilité d’être assisté, d’autre part n’a pas été informé du motif de la rupture au moment de celle-ci, mais seulement lors de l’envoi de la lettre de réponse à sa réclamation adressée par l’employeur. Il s’ensuit que la rupture de la relation de travail a été considérée comme abusive. Pour valoir contrat de travail, la promesse d’embauche doit être ferme, adressée à une personne désignée et préciser les éléments essentiels de la relation de travail, sans que ces derniers soient nécessairement cumulatifs, tels que rémunération, nature et conditions de l’emploi proposé, date et lieu d’entrée en fonction, et sans que le formalisme propre au contrat de travail à durée déterminée ne trouve à s’appliquer à la promesse d’embauche. En l’occurrence, les CDD mentionnaient que le salarié était engagé en qualité d’artiste dramatique pour participer à Peter Pan Production, moyennant un cachet isolé de 120 euros brut, soit 120 euros par jour. Les CDD conclus entre la Compagnie et l’artiste se référaient à l’accord interbranche du 12 octobre 1998 ainsi qu’aux dispositions de la convention collective pour les entreprises artistiques et culturelles du 1er janvier 1984. Or, contrairement aux prévisions de la convention collective, la Compagnie n’avait pas soumis à la signature de l’artiste, avant le premier jour de travail, un contrat d’engagement précisant le planning des répétitions et des représentations du spectacle. Les emails adressés étaient toutefois suffisamment précis (nature de l’emploi, rôle attribué, date d’entrée en fonction, durée prévisible de la tournée …) pour retenir l’existence d’une promesse d’embauche. Indemnisation du salariéL’article L. 1243-4 du Code du travail prévoit que la rupture anticipée du contrat de travail à durée déterminée qui intervient à l’initiative de l’employeur en dehors du cas de faute grave ouvre droit pour le salarié à des dommages-intérêts d’un montant au moins égal aux rémunérations qu’il aurait perçues jusqu’au terme du contrat, Le salarié a donc été en droit de prétendre, au paiement des cachets qu’il aurait dû percevoir jusqu’à la fin des représentations prévues à son planning de travail (30 services de répétition et 65 représentations, soit plus de 14 000 euros). L’artiste-interprète a également été indemnisé au titre d’un préjudice de notoriété (800 euros). |
→ Questions / Réponses juridiques
Quelles sont les conditions de rupture d’une promesse de CDD d’usage ?La rupture d’une promesse d’embauche, qui équivaut à un contrat de travail, doit respecter les règles de rupture anticipée des contrats à durée déterminée (CDD). Cela inclut des motifs tels qu’une faute grave du salarié, et la nécessité de suivre la procédure disciplinaire stipulée par les articles L. 1332-1 et L. 1332-2 du Code du travail. Il est essentiel que l’employeur respecte ces conditions pour éviter que la rupture ne soit considérée comme abusive. En effet, la non-convocation à un entretien préalable ou l’absence d’information sur le motif de la rupture peuvent entraîner des conséquences juridiques pour l’employeur. Qu’est-ce qui constitue une rupture fautive de promesse d’embauche ?Une rupture fautive de promesse d’embauche se manifeste lorsque l’employeur ne respecte pas les droits du salarié. Dans le cas d’un artiste-interprète, il a été constaté qu’il n’avait pas été convoqué à un entretien préalable, ce qui est une violation de la procédure disciplinaire. De plus, l’employeur ne l’a pas informé du motif de la rupture au moment de celle-ci, mais seulement après, ce qui a été jugé abusif. Pour qu’une promesse d’embauche soit considérée comme un contrat de travail, elle doit être ferme, adressée à une personne spécifique et contenir des éléments essentiels tels que la rémunération et les conditions de travail. Quels sont les éléments essentiels d’une promesse d’embauche ?Les éléments essentiels d’une promesse d’embauche incluent la rémunération, la nature de l’emploi, les conditions de travail, ainsi que la date et le lieu d’entrée en fonction. Ces éléments ne doivent pas nécessairement être cumulatifs, mais leur précision est déterminante pour établir la validité de la promesse. Dans le cas étudié, bien que la Compagnie n’ait pas fourni de contrat d’engagement avant le début du travail, les emails échangés contenaient suffisamment d’informations pour établir l’existence d’une promesse d’embauche. Cela démontre que même sans un formalisme strict, une promesse d’embauche peut être reconnue si les informations essentielles sont présentes. Comment se déroule l’indemnisation du salarié en cas de rupture anticipée ?L’indemnisation du salarié en cas de rupture anticipée d’un CDD est régie par l’article L. 1243-4 du Code du travail. Cet article stipule que si la rupture est initiée par l’employeur sans faute grave, le salarié a droit à des dommages-intérêts. Ces dommages-intérêts doivent être au moins équivalents aux rémunérations que le salarié aurait perçues jusqu’à la fin du contrat. Dans le cas de l’artiste-interprète, il a pu réclamer plus de 14 000 euros pour les cachets non perçus, ainsi qu’une indemnisation pour préjudice de notoriété. Cela souligne l’importance de respecter les engagements contractuels pour éviter des conséquences financières pour l’employeur. |
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