Type de juridiction : Tribunal judiciaire
Juridiction : Tribunal judiciaire de Clermont-Ferrand
Thématique : Expertise judiciaire : légitimité et nécessité de preuve dans le cadre de travaux de rénovation.
→ RésuméLa S.C.I. CCNP a engagé Monsieur [G] [M] pour des travaux de rénovation de toiture, mais des infiltrations d’eau persistent malgré une intervention en août 2023. Pour documenter ces désordres, un constat a été établi par Maître [D] en août 2024. En conséquence, la S.C.I. CCNP a assigné Monsieur [M] et son assureur devant le Tribunal en septembre 2024, demandant une expertise judiciaire. Lors de l’audience de novembre 2024, le tribunal a ordonné une expertise, justifiant la demande par les documents fournis. L’expert désigné devra évaluer les désordres et proposer des solutions, avec un rapport final attendu avant novembre 2025.
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CG/MLP
Ordonnance N°
du 26 NOVEMBRE 2024
Chambre 6
N° RG 24/00798 – N° Portalis DBZ5-W-B7I-JWKN
du rôle général
S.C.I. CCNP
c/
S.A. FIDELIDADE – COMPANHIA DE SEGUROS S.A.
[G] [M]
[K] [S]
Me Marie-christine SLIWA-BOISMENU
GROSSES le
– la SELARL JURIDOME
– Me Marie-christine SLIWA-BOISMENU
– Me Mohamed KHANIFAR
Copies électroniques :
– la SELARL JURIDOME
– Me Marie-christine SLIWA-BOISMENU
– Me Mohamed KHANIFAR
Copies :
– Expert
– Régie
– Dossier
TRIBUNAL JUDICIAIRE
DE CLERMONT-FERRAND
ORDONNANCE DE RÉFÉRÉ
rendue le VINGT SIX NOVEMBRE DEUX MIL VINGT QUATRE,
par Madame Catherine GROSJEAN, Présidente du Tribunal judiciaire de CLERMONT-FERRAND
assistée de Madame Laetitia JOLY, Greffière
dans le litige opposant :
DEMANDERESSE
– La S.C.I. CCNP, agissant en la personne de son gérant M. [J] [X]
[Adresse 5]
[Adresse 5]
représentée par la SELARL JURIDOME, avocats au barreau de CLERMONT-FERRAND
ET :
DEFENDEURS
– La S.A. FIDELIDADE – COMPANHIA DE SEGUROS S.A., prise en la personne de son représentant légal
[Adresse 6]
[Adresse 6]
[Adresse 6]
représentée par Me Marie-christine SLIWA-BOISMENU, avocat au barreau de CLERMONT-FERRAND
– Monsieur [G] [M], exerçant sous l’enseigne BJM
[Adresse 3]
[Adresse 3]
représenté par Me Mohamed KHANIFAR, avocat au barreau de CLERMONT-FERRAND
Après débats à l’audience publique du 05 Novembre 2024, l’affaire a été mise en délibéré à ce jour, la décision étant rendue par mise à disposition au greffe.
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EXPOSE DU LITIGE
Suivant devis en date du 9 juillet 2022, la S.C.I. CCNP a confié à Monsieur [G] [M], exerçant sous l’enseigne B.J.M. la rénovation et l’isolation de la toiture d’un immeuble qu’elle a donné à bail commercial situé [Adresse 1].
Elle a déploré des infiltrations affectant l’immeuble.
Suivant facture en date du 24 août 2023, Monsieur [M] a effectué une intervention sur une gouttière de l’immeuble de la S.C.I. CCNP aux fins de mettre un terme aux désordres.
La S.C.I. CCNP déplore que ces désordres persistent en dépit de l’intervention de Monsieur [M].
Elle a mandaté Maître [D], Commissaire de justice, aux fins de constater les désordres lequel a dressé un procès-verbal de constat en date du 12 août 2024.
Par actes en date des 11 et 13 septembre 2024, la S.C.I. CCNP, agissant en la personne de son gérant Monsieur [J] [X] a assigné Monsieur [G] [M], exerçant sous l’enseigne B.J.M et son assureur la S.A. FIDELIDADE COMPANHIA DE SEGUROS devant la Présidente du Tribunal statuant en référé afin d’obtenir, en application de l’article 145 du Code de procédure civile, l’organisation d’une expertise judiciaire avec mission proposée.
A l’audience des référés du 5 novembre 2024 à laquelle es débats se sont tenus, la demanderesse a repris le contenu de ses assignations.
Par des conclusions en défense, Monsieur [M] a formé des protestations et réserves.
La S.A. FIDELIDADE COMPANHIA DE SEGUROS a formulé oralement des protestations et réserves.
Pour le surplus, il est renvoyé aux assignations et conclusions régulièrement déposées.
MOTIFS DE LA DÉCISION
1/ Sur la demande d’expertise
L’article 145 du Code de procédure civile dispose que “S’il existe un motif légitime de conserver ou d’établir avant tout procès la preuve de faits dont pourrait dépendre la solution d’un litige, les mesures d’instruction légalement admissibles peuvent être ordonnées à la demande de tout intéressé, sur requête ou en référé”.
A l’appui de sa demande, la S.C.I. CCNP verse notamment aux débats :
– un devis établi par l’entreprise B.J.M. en date du 9 juillet 2022,
– une facture établie par l’entreprise B.J.M. en date du 24 août 2023,
– un procès-verbal de constat dressé par Maître [D] en date du 12 août 2024,
– des photographies.
Il est constant que la S.C.I. CCNP a confié à l’entreprise B.J.M., enseigne de Monsieur [M], des travaux de rénovation et d’isolation de la toiture de l’immeuble situé [Adresse 1].
Il est également constant qu’à la suite de premières infiltrations photographiées par la S.C.I. CCNP, l’entreprise B.J.M. a du réintervenir en août 2023 pour mettre un terme aux désordres.
Néanmoins, il résulte du procès-verbal de constat précité que de nouvelles traces d’humidité sont apparues en août 2024. En effet, Maître [D] constate « des auréoles » au plafond du premier étage de l’immeuble.
En conséquence, l’examen des faits et des pièces produites amène à considérer la S.C.I. CCNP justifie d’un motif légitime pour voir ordonner une expertise judiciaire, à ses frais avancés, selon les modalités précisées au dispositif de la présente décision.
2/ Sur les frais
Les dépens de l’instance seront supportés par la S.C.I. CCNP, demanderesse.
PAR CES MOTIFS
Le juge des référés statuant après débats en audience publique, en premier ressort, par ordonnance contradictoire, prononcée par mise à disposition au greffe,
ORDONNE une mesure d’expertise et commet pour y procéder :
Monsieur [N] [U]
– expert près la Cour d’appel de RIOM –
Demeurant [Adresse 2]
[Adresse 2]
OU, A DEFAUT,
Monsieur [L] [Z]
– expert près la Cour d’appel de RIOM –
Demeurant [Adresse 4]
[Adresse 4]
Avec mission, en se conformant aux règles du Code de procédure civile, de :
1°) Se rendre sur les lieux situés [Adresse 1], en présence des parties et de leurs conseils juridiques ou techniques ou ceux-ci ayant été dûment convoqués, pour y faire toutes constatations utiles sur l’existence des désordres allégués dans l’assignation, et se munir des outils, échelles, ou tous autres équipements permettant de réaliser les investigations nécessaires dès la première réunion sur site ;
2°) Recueillir et consigner les explications des parties, prendre connaissance des documents de la cause, se faire remettre par les parties ou par des tiers tous autres documents utiles, entendre tous sachants et effectuer d’initiative toutes diligences ou vérifications lui paraissant nécessaires à la solution du litige ;
3°) Etablir un historique succinct des éléments du litige en dressant l’inventaire des pièces contractuelles utiles à l’instruction du litige, notamment les polices d’assurances souscrites, et en recherchant les dates de déclaration d’ouverture du chantier, d’achèvement des travaux et de réception de l’ouvrage ;
4°) Indiquer avec précision, pour les travaux litigieux visés dans l’assignation, qui était chargé de les concevoir, de les réaliser, d’exercer le contrôle de leur exécution ou leur coordination ;
5°) S’il y a lieu, inviter les parties dès le début des opérations d’expertise à appeler en la cause les entreprises dont la responsabilité serait susceptible d’être engagée ;
6°) Vérifier l’existence des désordres, malfaçons, non-façons ou non conformités allégués, notamment tels que listés dans le procès-verbal de constat de Maître [D] en date du 12 août 2024, et les décrire ;
7°) Le cas échéant, fournir toutes indications utiles permettant de fixer judiciairement la date d’ouverture de chantier et la date de réception de l’ouvrage ;
8°) Pour chacun des désordres, préciser :
– leur date d’apparition, et s’ils étaient apparents ou non au moment des visites du bien, à la date du compromis, de la réception de l’ouvrage ou de la prise de possession ;
– si les désordres allégués étaient visibles et décelables par un non-professionnel de la construction ;
– s’ils ont fait l’objet de réserves et/ou de reprises, et dans l’affirmative à quelle date, en indiquant si les travaux de reprise sont satisfaisants ;
– plus précisément en matière de construction, s’ils sont apparus dans l’année qui a suivi la réception des travaux et s’ils ont été dénoncés dans l’année de parfait achèvement ;
– leurs conséquences quant à la solidité, et/ou l’habitabilité, et/ou l’esthétique du bâtiment, et, plus généralement quant à l’usage qui peut en être attendu ou quant à la conformité à sa destination ;
– si les travaux réalisés présentent un risque de dangerosité pour les personnes et/ou un risque d’effondrement ;
9°) Rechercher les causes et les origines des désordres, malfaçons ou non façons, sans omettre de préciser si les travaux litigieux ont été conduits conformément aux documents contractuels, aux règles de l’art habituelles et communément admises en la matière par les professionnels de la branche concernée ou à la réglementation technique spécifique en matière de DTU et si ces désordres proviennent d’erreurs de conception, de vices de construction, de vices des matériaux ou de malfaçons dans leur mise en œuvre ou s’ils présentent toutes les caractéristiques de vices cachés ;
10°) Décrire les travaux nécessaires pour remédier aux désordres, malfaçons ou non façons constatés, en évaluer le coût, la durée et les contraintes pouvant en résulter pour les occupants, au besoin en s’appuyant sur des devis fournis par les parties et en expliquant précisément les solutions possibles ;
11°) Préconiser en cas d’urgence et de péril imminent pour la sécurité des personnes ou la pérennité des biens toutes mesures et travaux conservatoires lui paraissant utiles, en diffusant dès lors une note sans attendre la formalisation du pré-rapport ou du rapport d’expertise ;
12°) Prescrire si besoin un relogement durant lesdits travaux dans des conditions similaires ;
13°) Donner tous éléments techniques et de fait permettant au tribunal :
– de déterminer les responsabilités éventuellement encourues, en proposant en cas de concours de responsabilité entre plusieurs intervenants à la construction des pourcentages de responsabilité ;
– d’apprécier les préjudices de toutes natures éventuellement subis, notamment les préjudices financier et moral, ainsi que les troubles de jouissance, et en proposer une évaluation chiffrée ;
14°) S’expliquer techniquement dans le cadre des chefs de mission ci-dessus énoncés sur les dires et observations des parties qu’il aura recueillis après le dépôt de son pré-rapport et, le cas échéant, compléter ses investigations ;
15°) Proposer, sur la base de ses conclusions et le cas échéant, un compte entre les parties ;
16°) Plus généralement, donner tous éléments pouvant apparaître utiles à la solution du litige.
DIT que l’expert pourra s’adjoindre tout spécialiste de son choix dans une spécialité autre que la sienne, à charge pour lui d’en informer préalablement les parties, le magistrat chargé du contrôle des expertises et de joindre l’avis du sapiteur à son rapport,
DIT que si le sapiteur n’a pas pu réaliser ses opérations de manière contradictoire, son avis devra être immédiatement communiqué aux parties par l’expert,
DIT que l’expert fera connaître sans délai son acceptation, qu’en cas de refus ou d’empêchement légitime, il sera pourvu aussitôt à son remplacement,
DIT que l’expert commis pourra sur simple présentation de la présente ordonnance requérir la communication, soit par les parties, soit par des tiers de tous documents relatifs à cette affaire,
DIT que l’expert commis, saisi par le greffe, devra accomplir sa mission en présence des parties ou elles dûment convoquées, les entendre en leurs dires et explications, en leur impartissant un délai de rigueur pour déposer leurs dires écrits et fournir leurs pièces justificatives,
DIT que la S.C.I. CCNP fera l’avance des frais d’expertise et devra consigner au greffe une provision de TROIS MILLE EUROS (3.000,00 €) TTC avant le 31 janvier 2025,
RAPPELLE qu’à défaut de consignation dans le délai et selon les modalités imparties, la désignation de l’expert sera caduque à moins que le juge, à la demande d’une des parties se prévalant d’un motif légitime, ne décide une prorogation du délai ou un relevé de la caducité,
DIT que l’expert devra commencer ses opérations d’expertise dès qu’il sera averti que les parties ont consigné la provision mise à leur charge,
DIT que lors de la première réunion d’expertise laquelle devra se dérouler dans un délai de deux mois à compter de l’avis donné par le greffe de la consignation de la provision, l’expert devra, en concertation avec les parties, dresser un programme de ses investigations, et proposer d’une manière aussi précise que possible le montant prévisible de ses honoraires, de ses frais et débours, ainsi que la date de dépôt du rapport avant d’adresser ces informations au juge chargé du contrôle de l’expertise, à l’appui d’une demande d’ordonnance complémentaire fixant le montant de la provision complémentaire ainsi que le délai prévu pour le dépôt du rapport,
DIT que l’expert commis devra communiquer aux parties et à leur conseil respectif un pré-rapport contenant l’ensemble de ses appréciations littérales et chiffrées, ainsi que l’ensemble de ses conclusions, au moins un mois avant la date de dépôt du rapport d’expertise, en invitant les parties à présenter leurs observations,
DIT qu’après avoir répondu de façon appropriée aux éventuelles observations formulées par les parties, l’expert commis devra déposer au greffe un rapport définitif de ses opérations avant le 1er novembre 2025, date de rigueur, sauf prorogation des opérations dûment autorisée par le juge sur demande de l’expert,
DÉSIGNE le magistrat chargé du contrôle des expertises pour suivre les opérations d’expertise et statuer sur tous incidents,
LAISSE les dépens à la charge de la S.C.I. CCNP,
RAPPELLE que la présente décision est exécutoire à titre provisoire.
La Greffière, La Présidente,
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