Image des oeuvres et aménagement intérieur

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Image des oeuvres et aménagement intérieur

L’Essentiel : L’affaire de contrefaçon impliquant un architecte d’intérieur illustre la complexité de la propriété intellectuelle. En rénovant les chambres d’un hôtel de luxe, il a installé des bas-reliefs inspirés de l’œuvre de Jean BOGGIO. Les juges ont constaté une quasi-similitude entre les têtes de lit et les créations de BOGGIO, notamment la présence de palmiers et d’arbres fruitiers disposés de manière identique. De plus, la présence de ces œuvres dans les chambres, destinées à un public payant, a été jugée comme une communication non autorisée, renforçant l’illégalité de la contrefaçon selon l’article L. 122-4 du code de la propriété intellectuelle.

Œuvre de Jean BOGGIO

La propriété intellectuelle se niche partout. Dans cette affaire, un architecte d’intérieur a été condamné pour contrefaçon au titre de la rénovation des chambres d’un hôtel de luxe. Ce dernier avait fait  installer des bas-reliefs contrefaisant une œuvre de l’artiste Jean BOGGIO.  Lors des opérations de contrefaçon, il a été retrouvé sur l’ordinateur de l’assistant du décorateur  plusieurs fichiers qui faisaient le lien avec les oeuvres de Jean BOGGIO, les fichiers étant nommés « panneau Jean Boggio », « superposition Panneau » ou « motif détouré ».

Les juges ont considéré que l’oeuvre de Jean BOGGIO a servi de modèle pour la confection des têtes de lit, la quasi similitude entre le dessin pouvant même conduire à considérer que les têtes de lit reproduisent les principales caractéristiques du dessin de l’oeuvre de Monsieur BOGGIO. S’il est vrai que l’ensemble des détails de cette oeuvre n’est pas repris, les principales figures y sont reproduites et notamment la présence sur plusieurs panneaux séparés, de deux palmiers, l’un plus grand situé sur la partie gauche de la création et l’autre plus petit, situé la partie droite en bas, mais aussi les arbres fruitiers entrelacés de lianes, dans un agencement et une composition identique.

Représentation d’une œuvre au public

La présence des œuvres contrefaisantes dans 29 chambres a été qualifiée de communication non autorisée de l’oeuvre au public à l’exclusion de toute représentation « privée et gratuite » alors que précisément, les chambres d’hôtel ont vocation à recevoir, contre rémunération, du public et que la décoration intérieure participe de la prestation offerte au public et constitue l’un des arguments mis en avant par les exploitants pour attirer la clientèle. Enfin, il convient de constater que dans la brochure de promotion de l’hôtel diffusée au public, l’oeuvre  contrefaisante apparaît et la société exploitante ne pouvait loyalement contester être à l’origine de cette brochure, qui lui profite directement, sans préciser le nom de la société tierce qui en serait à l’origine.

Aux termes de l’article L. 122-4 du code de la propriété intellectuelle, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droits ou ayants cause est illicite. Il en va de même pour la traduction, l’adaptation ou la transformation, l’arrangement ou la reproduction par un art ou un procédé quelconque ».  La contrefaçon s’établit par les ressemblances résultant de la reprise des éléments caractéristiques de l’oeuvre concernée, et dès lors que l’originalité de la création résulte d’une combinaison d’éléments, elle est établie si on retrouve la même combinaison ou tout au moins une combinaison reprenant dans un agencement identique ou similaire les éléments les plus caractéristiques.

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Q/R juridiques soulevées :

Quelle est la nature de la contrefaçon impliquant Jean BOGGIO ?

La contrefaçon en question concerne un architecte d’intérieur qui a été condamné pour avoir rénové des chambres d’un hôtel de luxe en utilisant des bas-reliefs qui reproduisaient une œuvre de Jean BOGGIO.

Les éléments retrouvés sur l’ordinateur de l’assistant du décorateur, tels que des fichiers nommés « panneau Jean Boggio » et « motif détouré », ont été déterminants pour établir le lien entre les créations de l’architecte et l’œuvre de BOGGIO.

Les juges ont noté que les têtes de lit créées par l’architecte d’intérieur reproduisaient des caractéristiques principales de l’œuvre de BOGGIO, malgré l’absence de détails complets.

Comment les juges ont-ils justifié leur décision concernant la contrefaçon ?

Les juges ont justifié leur décision en soulignant la quasi-similitude entre le dessin de l’œuvre de Jean BOGGIO et les têtes de lit créées pour l’hôtel.

Ils ont noté que des éléments caractéristiques, tels que la présence de deux palmiers de tailles différentes et des arbres fruitiers entrelacés de lianes, étaient reproduits dans un agencement identique.

Cette similitude a conduit à la conclusion que les créations de l’architecte d’intérieur constituaient une contrefaçon, car elles reprenaient les éléments les plus caractéristiques de l’œuvre originale.

Quelles sont les implications de la présence des œuvres contrefaisantes dans les chambres d’hôtel ?

La présence des œuvres contrefaisantes dans 29 chambres a été considérée comme une communication non autorisée de l’œuvre au public.

Les juges ont précisé que les chambres d’hôtel, en tant qu’espaces payants, ne peuvent pas être considérées comme des représentations « privées et gratuites ».

La décoration intérieure, qui inclut ces œuvres, est un argument de vente pour attirer la clientèle, ce qui renforce l’idée que l’œuvre a été présentée au public de manière illicite.

Quel est le cadre légal entourant la contrefaçon d’œuvres artistiques ?

Le cadre légal de la contrefaçon est défini par l’article L. 122-4 du code de la propriété intellectuelle.

Cet article stipule que toute représentation ou reproduction d’une œuvre, qu’elle soit intégrale ou partielle, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit, est illicite.

La contrefaçon est établie par les ressemblances qui résultent de la reprise des éléments caractéristiques de l’œuvre, et cela inclut les combinaisons d’éléments qui doivent être similaires ou identiques.

Comment la société exploitante de l’hôtel a-t-elle été impliquée dans cette affaire ?

La société exploitante de l’hôtel a été impliquée dans cette affaire en raison de la diffusion d’une brochure promotionnelle où l’œuvre contrefaisante était présentée.

Les juges ont noté que la société ne pouvait pas contester son rôle dans la création de cette brochure, qui profitait directement à son activité.

L’absence de mention de l’auteur original dans la brochure a également été un facteur aggravant, car cela a renforcé l’idée que la société exploitante était consciente de l’utilisation non autorisée de l’œuvre de Jean BOGGIO.


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