L’Essentiel : L’affaire concerne un bénéficiaire de soins psychiatriques, admis en hospitalisation complète à la demande d’un représentant de l’État en raison de troubles mentaux compromettant la sécurité des personnes. La procédure a été initiée par une requête de la Préfète du Bas-Rhin, demandant la réintégration du bénéficiaire. Le juge des libertés et de la détention a examiné la demande, s’appuyant sur des certificats médicaux. Il a constaté que le bénéficiaire ne reconnaissait pas ses troubles, justifiant ainsi la poursuite de l’hospitalisation complète pour garantir sa protection. Le tribunal a ordonné le maintien de cette mesure, laissant les dépens à la charge du Trésor Public.
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Contexte de l’affaireL’affaire concerne un patient, désigné ici comme un bénéficiaire de soins psychiatriques, qui a été admis en hospitalisation complète à la demande d’un représentant de l’État en raison de troubles mentaux compromettant la sécurité des personnes. Cette admission a été effectuée conformément aux dispositions du Code de la Santé Publique. Procédure judiciaireLa procédure a été initiée par une requête de la Préfète du Bas-Rhin, demandant la réintégration du patient en hospitalisation complète. Le juge des libertés et de la détention a examiné la demande, en se basant sur plusieurs certificats médicaux et décisions antérieures, et a statué sur la nécessité de maintenir cette mesure de soins. Évaluation médicaleLe juge a pris en compte les certificats médicaux qui indiquaient que le patient souffrait de troubles psychiques nécessitant des soins contraints. Il a noté que le patient ne reconnaissait pas ses troubles et attribuait ses difficultés à des éléments délirants, ce qui justifiait la poursuite de l’hospitalisation complète pour garantir sa protection et son traitement. Décision du tribunalEn conclusion, le tribunal a ordonné le maintien de l’hospitalisation complète du patient, considérant que cette mesure était essentielle pour assurer la continuité des soins adaptés à son état. Les dépens ont été laissés à la charge du Trésor Public, et la décision est susceptible d’appel dans un délai de 10 jours. |
Q/R juridiques soulevées :
Quelles sont les conditions de maintien de l’hospitalisation complète selon le Code de la Santé Publique ?L’article L. 3211-12-1 I du Code de la Santé Publique précise que « l’hospitalisation complète d’un patient ne peut se poursuivre sans que le magistrat du siège du tribunal judiciaire, préalablement saisi par le directeur de l’établissement (…), ait statué sur cette mesure : 1° Avant l’expiration d’un délai de douze jours à compter de l’admission prononcée en application des chapitres II ou III du présent titre ou de l’article L. 3214-3 ; 2° Avant l’expiration d’un délai de douze jours à compter de la décision modifiant la forme de la prise en charge du patient et procédant à son hospitalisation complète en application, respectivement, du dernier alinéa de l’article L. 3212-4 ou du III de l’article L. 3213-3 ; 3° Avant l’expiration d’un délai de six mois à compter soit de toute décision judiciaire prononçant l’hospitalisation en application de l’article 706-135 du code de procédure pénale, soit de toute décision prise par le juge des libertés et de la détention en application du présent I ou des articles L. 3211-12, L. 3213-3, L. 3213-8 ou L. 3213-9-1 du présent code, lorsque le patient a été maintenu en hospitalisation complète de manière continue depuis cette décision. Ainsi, le maintien de l’hospitalisation complète est soumis à un contrôle régulier par le juge, garantissant ainsi les droits du patient tout en tenant compte de son état de santé. Comment se déroule la procédure de contrôle des mesures de soins psychiatriques ?L’article L.3216-1 du Code de la Santé Publique stipule que « la régularité des décisions administratives prises en application des chapitres II à IV du présent titre ne peut être contestée que devant le juge judiciaire. Le juge connaît des contestations mentionnées au premier alinéa du présent article dans le cadre des instances introduites en application des articles L.3211-12 et L.3211-12-1. Dans ce cas, l’irrégularité affectant une décision administrative mentionnée au premier alinéa du présent article n’entraîne la mainlevée de la mesure que s’il en est résulté une atteinte aux droits de la personne qui en faisait l’objet. Cela signifie que le juge des libertés et de la détention est compétent pour examiner la légalité des décisions administratives relatives aux soins psychiatriques, garantissant ainsi un contrôle judiciaire sur ces mesures. Quel est le rôle du juge dans l’évaluation des soins psychiatriques ?Le juge qui se prononce sur le maintien de l’hospitalisation complète doit apprécier le bien-fondé de la mesure au regard des certificats médicaux qui lui sont communiqués. Il ne peut substituer, à l’évaluation des médecins, sa propre appréciation sur l’existence des troubles psychiques, la justification thérapeutique des traitements ou la capacité du patient à consentir aux soins. Ces différents éléments relèvent d’une appréciation strictement médicale. Ainsi, le rôle du juge est de s’assurer que les soins sont justifiés et appropriés, sans interférer dans le domaine médical, ce qui garantit une séparation des pouvoirs entre la médecine et la justice. Quelles sont les conséquences d’une décision de maintien d’hospitalisation complète ?La décision de maintien de l’hospitalisation complète a des conséquences significatives sur la vie du patient. Elle permet la poursuite des soins psychiatriques adaptés à son état, garantissant ainsi sa protection et celle des tiers. De plus, cette mesure est essentielle pour consolider l’adhésion du patient aux soins, en lui offrant un cadre sécurisé pour son traitement. Il est également important de noter que cette décision est susceptible d’appel, permettant ainsi un contrôle supplémentaire sur la légalité et la nécessité de la mesure. L’article R.3211-18 et suivants du Code de la Santé Publique précise que cette décision peut être contestée devant le Premier Président de la Cour d’appel dans un délai de 10 jours, ce qui assure une protection des droits du patient. |
de Strasbourg
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[Adresse 2]
[Adresse 2]
[Localité 4]
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Tél . [XXXXXXXX01]
DES MESURES DE SOINS
PSYCHIATRIQUES
Juge des Libertés et de la Détention
ORDONNANCE
RG JLD n°N° RG 25/00147 – N° Portalis DB2E-W-B7J-NKN7
Le 03 Février 2025
Nous, Isabelle RIHM, vice-président chargé des fonctions de juge des libertés et de la détention au tribunal judiciaire de STRASBOURG, assistée de Benjamin ELWART, Greffier,
Statuant en premier ressort en qualité de magistrat du siège, après débats en audience publique ;
Vu les dispositions des articles L.3211-12, L.3211-12-1, L.3211-12-2, R.3211-12, R.3211-29 et R.3211-32 du Code de la Santé Publique et le dossier de la procédure ;
Vu la requête en date du 29 Janvier 2025 de Mme LA PRÉFÈTE DU BAS-RHIN concernant M. [G] [M] né le 26 Août 1970 à [Localité 7]demeurant [Adresse 3] actuellement en hospitalisation complète à l’[6] de [Localité 5] ;
Vu l’ordonnance du juge des libertés et de la détention du tribunal judiciaire de Strasbourg en date du 25 novembre 2025 ;
Vu le certificat médical en date du 25 novembre 2024 mettant en place un programme de soins psychiatriques au bénéfice de M. [G] [M] ;
Vu la décision relative à la modification de la forme de prise en charge prise par Mme LA PRÉFÈTE DU BAS-RHIN en date du 26 novembre 2025 ;
Vu le certificat médical en date du 23 janvier 2025 sollicitant la réintégration en hospitalisation complète de M. [G] [M] ;
Vu la décision de réintégration en soins psychiatriques sous la forme d’une hospitalisation complète prise par Mme LA PRÉFÈTE DU BAS-RHIN en date du 23 janvier 2025 ;
Vu le certificat médical mensuel du 12 décembre 2024 et vu le certificat médical mensuel du 10 janvier 2025 ainsi que l’avis motivé ;
Vu l’avis du procureur de la République aux termes duquel le Ministère public s’en rapporte à l’appréciation du tribunal ;
M. [G] [M] régulièrement convoqué selon convocation avec récépissé, absent, représenté par Me Ionela KLEIN, avocate de permanence ;
L’article L. 3211-12-1 I du code de la santé publique dispose que « l’hospitalisation complète d’un patient ne peut se poursuivre sans que le magistrat du siège du tribunal judiciaire, préalablement saisi par le directeur de l’établissement (…), ait statué sur cette mesure :
1° Avant l’expiration d’un délai de douze jours à compter de l’admission prononcée en application des chapitres II ou III du présent titre ou de l’article L. 3214-3 ;
2° Avant l’expiration d’un délai de douze jours à compter de la décision modifiant la forme de la prise en charge du patient et procédant à son hospitalisation complète en application, respectivement, du dernier alinéa de l’article L. 3212-4 ou du III de l’article L. 3213-3 ;
3° Avant l’expiration d’un délai de six mois à compter soit de toute décision judiciaire prononçant l’hospitalisation en application de l’article 706-135 du code de procédure pénale, soit de toute décision prise par le juge des libertés et de la détention en application du présent I ou des articles L. 3211-12, L. 3213-3, L. 3213-8 ou L. 3213-9-1 du présent code, lorsque le patient a été maintenu en hospitalisation complète de manière continue depuis cette décision.
Sur la procédure
L’article L.3216-1 du code de la santé publique dispose que « la régularité des décisions administratives prises en application des chapitres II à IV du présent titre ne peut être contestée que devant le juge judiciaire. Le juge connaît des contestations mentionnées au premier alinéa du présent article dans le cadre des instances introduites en application des articles L.3211-12 et L.3211-12-1. Dans ce cas, l’irrégularité affectant une décision administrative mentionnée au premier alinéa du présent article n’entraîne la mainlevée de la mesure que s’il en est résulté une atteinte aux droits de la personne qui en faisait l’objet ».
En l’espèce, la procédure a été menée conformément à la loi et est régulière en la forme.
Sur le bien fondé de la mesure
Le juge qui se prononce sur le maintien de l’hospitalisation complète doit apprécier le bien fondé de la mesure au regard des certificats médicaux qui lui sont communiqués et ne peut substituer, à l’évaluation des médecins, sa propre appréciation sur l’existence des troubles psychiques, la justification thérapeutique des traitements ou la capacité du patient à consentir aux soins, ces différents éléments relevant d’une appréciation strictement médicale.
En l’espèce, il ressort des éléments joints à la saisine et des pièces du dossier que le 29 septembre 2004, M. [G] [M] a été admis au bénéfice des soins psychiatriques contraints sous la forme d’une hospitalisation complète à la demande du représentant de l’Etat, suite à un certificat médical établi constatant des troubles mentaux qui compromettent la sûreté des personnes ou portent atteinte de façon grave à l’ordre public, justifiant une admission en soins psychiatriques sans consentement, en application de l’article L. 3213-2 du code de la santé publique.
Depuis lors, M. [G] [M] a alterné les périodes au cours desquelles il a pu bénéficier d’un programme de soins et celles où il a été réintégré en hospitalisation complète.
En dernier lieu, par décision du 25 novembre 2024, le juge des libertés et de la détention, statuant dans le cadre du contrôle obligatoire des mesures de soins à l’issue d’une période de douze jours (suite à une décision de réintégration en hospitalisation complète), a ordonné la mainlevée de la mesure d’hospitalisation complète, considérant qu’il n’y aavait pas lieu de statuer sur une décision de réintégration en hospitalisation complète dès lors que l’hospitalisation proposée au patient, pour une courte durée, s’inscrivait en réalité dans le programme de soins mis en place, cette hospitalisation de courte durée n’en étant qu’une modalité.
Par arrêté préfectoral en date du 26 novembre 2024, M. [G] [M] a été admis à un programme de soins au vu d’un certificat médical du même jour, duquel il ressortait que la mesure de soins psychiatriques sans consentement était toujours justifiée, mais que l’évolution de l’état de santé du patient permettait sa prise en charge sous une autre forme que l’hospitalisation complète.
Dans le cadre de ce programme de soins, le patient est soumis à un suivi psychiatrique ambulatoire auprès du Docteur [I], à des visites à domicile hebdomadaires par les infirmiers du CMP, à un passage quotidien par une IDEL pour la délivrance de médicaments, outre un traitement médicamenteux et à des hospitalisations séquentielles programmées ou à la demande du patient.
Depuis lors, les certificats médicaux mensuels établis des mois de décembre 2024 et janvier 2025 ont conclu à la nécessité de la poursuite des soins psychiatriques contraints, mais pouvant prendre une forme autre que l’hospitalisation complète.
Par arrêté préfectoral en date du 23 janvier 2025 – complété, suite à une demande de précision du préfet, par un nouvel arrêté préfectoral du 30 janvier 2025, M. [G] [M] a été réintégré en hospitalisation complète, au vu d’un certificat médical constatant la non-prise en charge somatique de difficultés respiratoires que le patient interprète de manière délirante, et demandant la modification de la forme de la prise en charge du patient.
En dernier lieu, l’avis motivé mentionné à l’article L. 3211-12-1 II du code de la santé publique relève que l’état de santé du patient nécessite une poursuite des soins contraints sous la forme d’une hospitalisation complète.
Il résulte des pièces du dossier, en particulier du certificat médical sollicitant la modification de la prise en charge et de l’avis motivé visé par l’article L. 3211-12-1 II du code de la santé publique que le patient attribue de manière erronée ses difficultés respiratoires à des éléments délirants et notamment au fait que quelqu’un d’extérieur contrôle sa personne, refusant ainsi leur prise en charge somatique. Le patient n’a aucunement conscience de ses troubles ni de leur caractère pathologique.
Il est ainsi établi que les conditions sont réunies pour que les soins psychiatriques sans consentement se poursuivent sous le régime de l’hospitalisation complète, cette mesure étant la seule à même de permettre la poursuite de soins adaptés à l’état du patient, de consolider son adhésion aux soins, de garantir sa protection et d’assurer une évolution suffisamment solide et durable de son état.
Statuant en audience publique, par ordonnance réputée contradictoire et en premier ressort,
ORDONNONS le maintien de l’hospitalisation complète de M. [G] [M]
né le 26 Août 1970 à [Localité 7] ;
DISONS que les dépens seront laissés à la charge du Trésor Public.
RAPPELONS que cette décision est susceptible d’appel devant le Premier Président de la Cour d’appel dans un délai de 10 jours à compter de la présente notification, par déclaration d’appel motivée transmise par tout moyen au Greffe de la Cour d’Appel de Colmar (article R.3211-18 et suivants du Code de la santé publique).
Le délai d’appel et l’appel ne sont pas suspensifs, à l’exception de l’appel formé par le ministère public qui peut être déclaré suspensif par le premier président de la cour d’appel ou son délégué conformément aux dispositions de l’article R.3211-20 du Code de la santé publique.
Le Greffier
Le Président
copie transmise par mail le 03 Février 2025 à :
– M. [G] [M], par remise de copie contre récépissé par l’intermédiaire de l’établissement hospitalier,
– Ministère Public,
– Madame/Monsieur le Directeur de/du/des l’[6] de [Localité 5]
– Me Ionela KLEIN, Conseil de [G] [M]
– Madame la Préfète du Bas-Rhin / ARS Alsace
– [6] SMJPM [Localité 5] (responsable d’une mesure de protection)
Le Greffier
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