L’Essentiel : Le 20 janvier 2025, [H] [T] a été admise en hospitalisation complète sans son consentement, à la demande de sa fille. Le 27 janvier, le directeur de l’établissement a saisi le juge des libertés pour prolonger cette mesure. La fille a exprimé ses inquiétudes sur l’état de santé de sa mère, tandis que le conseil de [H] [T] a demandé la levée de l’hospitalisation, soulignant l’absence d’un certificat médical récent. Le juge a finalement décidé de maintenir l’hospitalisation, considérant la persistance des symptômes et la nécessité de soins sous surveillance constante.
|
Admission de la patiente[H] [T] a été admise en hospitalisation complète sans son consentement à partir du 20 janvier 2025, sur décision du directeur de l’établissement de santé, à la demande de sa fille. Cette admission a été maintenue jusqu’au 23 janvier 2025. Saisine du juge des libertésLe 27 janvier 2025, le directeur de l’établissement a saisi le juge des libertés et de la détention pour obtenir la poursuite de l’hospitalisation complète de [H] [T]. Les parties ont été convoquées à l’audience, et le procureur de la République a requis le maintien de la mesure. Déclarations des partiesLa fille de [H] [T] a exprimé ses inquiétudes concernant l’état de santé de sa mère, mentionnant une tentative de suicide en novembre 2024 et des problèmes d’équilibre. Elle a demandé que sa mère reste à l’hôpital tant que nécessaire. La curatrice a également fourni un rapport sur l’aide apportée à la patiente dans le cadre de sa curatelle. Arguments de la défenseLe conseil de [H] [T] a demandé la levée de la mesure d’hospitalisation complète, arguant de l’ancienneté de l’avis motivé et de l’absence d’un certificat médical récent pour évaluer l’état de santé de la patiente. Conditions légales pour l’hospitalisationSelon le Code de la santé publique, l’hospitalisation sans consentement est justifiée si les troubles psychiques de la personne rendent impossible son consentement et nécessitent des soins immédiats. En cas d’urgence, le directeur peut prononcer l’admission sur la base d’un seul certificat médical. Évaluation médicaleLe certificat initial du 20 janvier 2025 a indiqué que [H] [T] présentait des troubles psychiques nécessitant des soins immédiats, avec un risque grave pour son intégrité. Un avis médical du 27 janvier 2025 a confirmé la nécessité de maintenir l’hospitalisation complète en raison de troubles persistants. Décision du jugeLe juge des libertés a constaté que les conditions pour le maintien de l’hospitalisation complète étaient réunies, en raison de la persistance des symptômes et du besoin de soins sous surveillance constante. La décision a été rendue en premier ressort, autorisant le maintien de l’hospitalisation. Conséquences de la décisionLa décision de maintien de l’hospitalisation sera réexaminée par l’équipe médicale et la direction de l’établissement lorsque les conditions le permettront. La décision peut faire l’objet d’un appel dans un délai de 10 jours, et elle est assortie de l’exécution provisoire. Les dépens sont laissés à la charge du Trésor Public. |
Q/R juridiques soulevées :
Quelles sont les conditions légales pour l’hospitalisation complète sans consentement selon le Code de la santé publique ?Selon l’article L.3212-1 du Code de la santé publique, une personne atteinte de troubles psychiques ne peut faire l’objet de soins psychiatriques sur la décision du directeur d’un établissement de santé que lorsque deux conditions sont réunies : 1. Ses troubles psychiques rendent impossible son consentement. 2. Son état mental impose des soins immédiats assortis soit d’une surveillance médicale constante justifiant une hospitalisation complète, soit d’une surveillance régulière justifiant une prise en charge en hospitalisation à temps partiel, ou sous la forme d’un programme de soins ambulatoires ou à domicile. Ces conditions visent à protéger les droits des patients tout en garantissant leur sécurité et celle des autres. Il est donc essentiel que le directeur de l’établissement vérifie que ces conditions sont remplies avant de prononcer une hospitalisation sans consentement. Quelles sont les procédures d’urgence pour l’admission en soins psychiatriques selon le Code de la santé publique ?L’article L.3212-3 du Code de la santé publique stipule que, en cas d’urgence, lorsqu’il existe un risque grave d’atteinte à l’intégrité du malade, le directeur d’un établissement peut, à titre exceptionnel, prononcer à la demande d’un tiers l’admission en soins psychiatriques d’une personne malade au vu d’un seul certificat médical. Préalablement à l’admission, le directeur doit vérifier que la demande de soins a été établie conformément au 1° du II de l’article L.3212-1 et s’assurer de l’identité de la personne malade et de celle qui demande les soins. Cette procédure d’urgence est cruciale pour permettre une intervention rapide lorsque la santé d’un patient est en danger. Quelles sont les obligations du juge des libertés et de la détention concernant l’hospitalisation sans consentement ?L’article L.3211-12-1 du Code de la santé publique exige que la poursuite au-delà de douze jours de l’hospitalisation sans consentement d’un patient fasse l’objet d’un examen par le juge des libertés et de la détention, saisi par le directeur de l’établissement. Cet examen est particulièrement important dans le cadre d’une hospitalisation à la demande d’un tiers et en urgence, au visa d’un risque grave d’atteinte à l’intégrité du patient. Le juge doit s’assurer que toutes les conditions de fond et de forme sont respectées, garantissant ainsi le droit à la liberté et à la sécurité du patient. Quel est le rôle de l’avis médical dans la procédure d’hospitalisation complète ?L’article R.3211-24 précise que l’avis médical joint à la saisine du juge des libertés et de la détention doit décrire avec précision les manifestations des troubles mentaux dont est atteinte la personne et les circonstances qui rendent nécessaire la poursuite de l’hospitalisation complète. Cet avis médical est essentiel pour éclairer le juge sur la situation du patient et justifier la nécessité de maintenir l’hospitalisation. Il doit être établi par un psychiatre et doit être motivé, garantissant ainsi que la décision de privation de liberté repose sur des bases médicales solides. Quelles sont les conséquences d’une absence de certificat médical actualisé dans la procédure ?Il est rappelé que l’article L.3212-11 prévoit que le juge des libertés et de la détention est saisi dans un délai de 8 jours à compter de l’admission pour une audience qui doit se tenir au plus tard le 12e jour. Bien que l’absence d’un certificat médical actualisé puisse être regrettable, la procédure ne prévoit pas la transmission obligatoire d’un tel certificat. Ainsi, le juge peut toujours se baser sur les éléments fournis lors de la saisine pour prendre sa décision, et l’absence d’éléments plus récents ne peut pas être reprochée à l’autorité requérante. |
Minute n° 25/60
_____________
Soins psychiatriques relatifs à
Mme [H] [T]
________
HOSPITALISATION A LA DEMANDE D’UN TIERS
(en URGENCE)
MINUTES DU TRIBUNAL JUDICIAIRE DE NANTES
__________________________________
ORDONNANCE
DU 31 Janvier 2025
____________________________________
Juge : Stéphane VAUTIER
Greffière : Claire HALES-JENSEN
Débats à l’audience du 30 Janvier 2025 au CH UNIVERSITAIRE [Localité 1] [2]
DEMANDEUR :
CH UNIVERSITAIRE DE [Localité 1] [2] :
Non comparant bien que régulièrement convoqué
DÉFENDEUR :
Personne bénéficiant des soins : Mme [H] [T]
Non comparante bien que régulièrement convoquée et représentée par Me Isabelle FRANZA-MAZAURIC, avocat au barreau de NANTES, commis d’office,
Sous curatelle renforcée, mesure de protection confiée à [C] [Z] ( MJPM)
Non comparante bien que régulièrement convoquée
Actuellement hospitalisé au CH UNIVERSITAIRE DE [Localité 1] [2]
Tiers demandeur à la mesure initiale de soins :
Madame [O] [L] en sa qualité de fille
Comparante
Ministère Public :
non comparant, avisé
Observations écrites de Mme [W], en date du 29/01/25,
Nous, Stéphane VAUTIER, Vice Président, juge des libertés et de la détention, chargé du contrôle des mesures privatives et restrictives de libertés prévues par le Code de la Santé Publique, assisté de Claire HALES-JENSEN, Greffière, statuant en audience publique,
Vu l’acte de saisine émanant de Monsieur le Directeur du CH UNIVERSITAIRE DE [Localité 1] [2] en date du 27 Janvier 2025, reçu au Greffe le 27 Janvier 2025, concernant Mme [H] [T] et tendant à la poursuite de la mesure d’hospitalisation complète dont cette personne fait l’objet sur le fondement des articles L 3212-1 et suivants du Code de la santé publique,
Vu les articles L 3211-1, L 3211-12-1 et suivants et R 3211-7 et suivants du Code de la santé publique,
Vu les avis et pièces transmises par le directeur de l’établissement,
Vu les convocations régulières à l’audience du 30 Janvier 2025 de Mme [H] [T], de son conseil, du directeur du CH UNIVERSITAIRE DE [Localité 1] [2], de Madame [O] [L] et les avis d’audience donnés au Procureur de la République,
[H] [T] ( patiente sous curatelle renforcée) a été admise en hospitalisation complète sans son consentement sur décision du directeur de l’établissement de santé selon la procédure prévue à l’article L.3212-3 du Code de la santé publique et à la demande d’un tiers (sa fille) à compter du 20 Janvier 2025 avec maintien en date du 23 Janvier 2025.
Par requête reçue au greffe le 27 janvier 2025, le directeur de l’établissement a saisi le juge des libertés et de la détention aux fins de poursuite de la mesure d’hospitalisation complète à l’égard de [H] [T].
Les parties ont été convoquées à l’audience et les avis adressés.
Le procureur de la République requiert le maintien de la mesure.
[H] [T] n’a pas souhaité comparaitre.
Le tiers demandeur, fille de Mme [T] explique que sa mère avait déjà fait une tentative de suicide en novembre 2024, que depuis lors elle présente des problèmes notamment d’équilibre et s’inquiète qu’elle puisse rester seule à son domicile. Elle souhaite qu’elle reste à l’hopital tant que nécessaire.
La cuatrice de la patiente a adressé un rapport décrivant l’aide apportée dans le cadre de la curatelle à Mme [T] notamment en terme de soutienau domicile.
Le conseil de [H] [T] demande la main-levée de la mesure d’hospitalisation complète en raison de l’ancienneté de l’avis motivé et de l’absence de certificat médical plus récent permettant de vérifier l’état de santé de la patiente.
Selon l’article L.3212-1 du Code de la santé publique, une personne atteinte de troubles psychiques ne peut faire l’objet de soins psychiatriques sur la décision du directeur d’un établissement de santé que lorsque deux conditions sont réunies :
ses troubles psychiques rendent impossible son consentement,son état mental impose des soins immédiats assortis soit d’une surveillance médicale constante justifiant une hospitalisation complète, soit d’une surveillance régulière justifiant une prise en charge en hospitalisation à temps partiel, ou sous la forme d’un programme de soins ambulatoires ou à domicile.
L’article L3212-3 du même code dispose : « En cas d’urgence, lorsqu’il existe un risque grave d’atteinte à l’intégrité du malade, le directeur d’un établissement mentionné à l’article L. 3222-1 peut, à titre exceptionnel, prononcer à la demande d’un tiers l’admission en soins psychiatriques d’une personne malade au vu d’un seul certificat médical émanant, le cas échéant, d’un médecin exerçant dans l’établissement. Préalablement à l’admission, le directeur de l’établissement d’accueil vérifie que la demande de soins a été établie conformément au 1° du II de l’article L. 3212-1 et s’assure de l’identité de la personne malade et de celle qui demande les soins.
Les dispositions de l’article L.3211-12-1 du même Code exigent que la poursuite au-delà de douze jours de l’hospitalisation sans son consentement d’un patient fasse l’objet d’un examen par le Juge des Libertés et de la Détention saisi par le directeur de l’établissement, s’agissant d’une hospitalisation à la demande d’un tiers et en urgence au visa d’un risque grave d’atteinte à l’intégrité du patient.
L’article R.3211-24 dispose d’ailleurs que l’avis médical joint à la saisine du juge des libertés et de la détention doit décrire avec précision les manifestations des troubles mentaux dont est atteinte la personne qui bénéficie de soins psychiatriques et les circonstances particulières qui, toutes deux, rendent nécessaire la poursuite de l’hospitalisation complète au regard des conditions posées par l’article L. 3212-1 précité.
Le juge des libertés et de la détention contrôle donc la régularité formelle de l’ensemble de la procédure de soins psychiatriques sans consentement sous la forme de l’hospitalisation complète et la réunion des conditions de fond de cette dernière au regard de sa nécessité et de la proportionnalité de la privation de liberté ainsi imposée à la personne hospitalisée.
En l’espèce, il résulte du certificat initial joint à la saisine émanant du Dr [V] du 20 janvier 2025 que [H] [T] présentait lors de son admission des troubles psychiques nécessitant des soins immédiats (tentative de suicide, pas de critique du geste, persistance des idées suicidaires, refus des soins) auxquels son état ne lui permettait pas de consentir et qu’il existait un risque grave d’atteinte à son intégrité en raison des troubles ainsi présentés.
Par avis médical motivé du Dr [S] en date du 27 janvier 2025 joint à la saisine, le médecin indique que la patiente, “suivie pour troubles bipolaires non stabilisés avec comorbidité psychotraumatique complexe et addictive non sevrée” présente toujours des troubles (fragilités cognitives et du jugement empêchant un consentement aux soins fiable dans le temps et risque de récidive suicidaire) et le maintien de l’hospitalisation complète est préconisé. Aucun élément plus récent n’est versé aux débats venant en infirmer la pertinence à ce jour.
Sur ce dernier point, il sera rappelé que l’article L3212-11 du code de la santé publique prévoit que le JLD est saisi dans un délai de 8 jours à compter de l’admission pour une audience qui doit se tenir au plus tard le 12e jour. Le même texte prévoit que la saisine doit être accompagnée de l’avis motivé d’un psychiatre, de sorte que cet avis ne peut être établi postérieurement au 8e jour.
Par ailleurs si le juge peut solliciter tout élément supplémentaire propre à l’éclairer, la procédure ne prévoit pas la transmission obligatoire d’un certificat médical actualisé, ce que l’on peut regretter mais ne peut être reproché à l’autorité requérante, de sorte qu ele moyen soulevé par la défense sera rejeté.
En l’état, au vu des dernières constatations médicales et des débats à l’audience, il apparaît donc que des soins doivent encore être dispensés à [H] [T] de façon contrainte, dans son intérêt, et sous surveillance constante notamment en raison de la persistance des symptômes de sa pathologie.
Dans ces conditions, l’hospitalisation complète ne peut qu’être maintenue.
Statuant publiquement, par décision rendue en premier ressort,
Autorisons le maintien de l’hospitalisation complète de [H] [T] ;
Rappelons que cette mesure sera réexaminée par l’équipe médicale et la direction de l’établissement dès lors que les conditions le permettront ;
Rappelons que cette décision peut être frappée d’appel dans un délai de 10 jours à compter du jour de réception de sa notification et que le recours doit être formé par déclaration motivée transmise par tout moyen au greffe de la cour d’appel de Rennes;
Disons que la présente décision est assortie de plein droit de l’exécution provisoire ;
Laissons les dépens à la charge du Trésor Public.
La Greffière Le Juge
Claire HALES-JENSEN Stéphane VAUTIER
Copie conforme de la présente ordonnance a été délivrée le 31 Janvier 2025 à :
– Mme [H] [T]
– [C] [Z]
– Me Isabelle FRANZA-MAZAURIC
– M. le Procureur de la République
– Monsieur le Directeur du CH UNIVERSITAIRE DE [Localité 1] [2]
Avis de la présente ordonnance a été donné à :
– Madame [O] [L]
La Greffière,
Laisser un commentaire