Outrage à magistrat à la télévision

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Outrage à magistrat à la télévision

L’Essentiel : L’affaire Henri Guaino illustre les tensions entre la liberté d’expression et la protection de la justice. Condamné pour avoir discrédité le juge Jean-Michel Gentil, Guaino a qualifié ses décisions d’« infamantes » et « honteuses » après la mise en examen de Nicolas Sarkozy. La Cour de cassation a censuré les juges du fond, affirmant que les propos, diffusés publiquement, ne relevaient pas de l’immunité parlementaire. Cette décision souligne que les déclarations faites en dehors de l’Assemblée nationale ne bénéficient pas de la même protection, prévenant ainsi un abus potentiel de la liberté d’expression par les élus.

Affaire Henri Guaino

A la suite de déclarations à la télévision et à la radio, le député Henri Guaino avait été poursuivi (et condamné) des chefs de discrédit jeté sur une décision juridictionnelle et d’outrage contre le juge Jean-Michel Gentil, délits réprimés par les articles 434-24 et 434-25 du code pénal.

Le député avait visé et nommé Jean-Michel Gentil en lui imputant, après la mise en examen de Nicolas Sarkozy dans l’affaire Bettencourt, d’avoir « imaginé une qualification grotesque … une accusation insupportable … intolérable … irresponsable … infamante … honteuse » et pour avoir dans l’affaire en cause « déshonoré la justice » et « sali l’honneur d’un homme » ; ces propos ont été réitérés pratiquement dans les mêmes termes, dans le cadre d’émissions de radio et de télévision.

Conditions du délit

La Cour de cassation vient de censurer les juges du fond.  Les propos en question n’avaient pas été adressés au magistrat visé, mais diffusés auprès du public selon l’un des moyens énoncés à l’article 23 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. En d’autres termes, le droit spécial de la presse prime lorsque les propos diffamatoires ne sont pas adressés directement au magistrat.

L’article 31 de la loi sur la presse sanctionne la diffamation commise, à raison de leurs fonctions ou de leur qualité, envers le Président de la République, un ou plusieurs membres du ministère, un ou plusieurs membres de l’une ou de l’autre Chambre, un fonctionnaire public, un dépositaire ou agent de l’autorité publique, un ministre de l’un des cultes salariés par l’Etat, un citoyen chargé d’un service ou d’un mandat public temporaire ou permanent, un juré ou un témoin, à raison de sa déposition.

Immunité des députés

A noter que le député n’a pu bénéficier de l’immunité de l’article 41 de la loi du 29 juillet 1881. Les propos tenus par un député dans les studios de radio et les plateaux de télévision ne peuvent pas être assimilés à ceux tenus au sein de l’Assemblée nationale puisque ces derniers sont rediffusés. Une telle assimilation, outre qu’elle conduirait à permettre à tout député ou sénateur de bénéficier d’une totale immunité dès qu’il s’exprime publiquement, est exclue en l’état des textes applicables.

Télécharger la décision

Q/R juridiques soulevées :

Quelles accusations ont été portées contre Henri Guaino ?

Henri Guaino, député, a été poursuivi et condamné pour avoir discrédité une décision juridictionnelle et pour outrage à magistrat. Ces accusations sont basées sur ses déclarations publiques concernant le juge Jean-Michel Gentil, qui a été impliqué dans l’affaire Bettencourt.

Il a qualifié les actions du juge de « qualification grotesque » et a affirmé que celles-ci étaient « insupportables », « intolérables », « infamantes » et « honteuses ». Ces propos ont été répétés dans plusieurs médias, ce qui a conduit à sa condamnation.

Quelles sont les conditions du délit selon la Cour de cassation ?

La Cour de cassation a censuré les juges du fond en précisant que les propos de Guaino n’étaient pas adressés directement au magistrat, mais diffusés au public. Cela signifie que le droit spécial de la presse prévaut lorsque les déclarations diffamatoires ne sont pas faites directement à la personne visée.

L’article 23 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse stipule que les propos tenus dans un cadre public, comme la télévision ou la radio, sont soumis à des règles spécifiques. Ainsi, la diffamation ne peut être retenue si elle n’est pas directement adressée à la personne concernée.

Pourquoi Henri Guaino n’a-t-il pas bénéficié de l’immunité parlementaire ?

Henri Guaino n’a pas pu bénéficier de l’immunité prévue par l’article 41 de la loi du 29 juillet 1881. En effet, les propos tenus dans des studios de radio ou sur des plateaux de télévision ne peuvent pas être considérés comme des déclarations faites au sein de l’Assemblée nationale.

Cette distinction est déterminante car elle empêche les députés de revendiquer une immunité totale pour leurs déclarations publiques. Si cela était permis, cela ouvrirait la voie à des abus, permettant à tout député de s’exprimer sans crainte de conséquences juridiques.

Quels articles du code pénal ont été invoqués dans cette affaire ?

Les articles 434-24 et 434-25 du code pénal ont été invoqués dans cette affaire. Ces articles traitent respectivement du délit de discrédit sur une décision juridictionnelle et de l’outrage à magistrat.

Ces infractions sont sérieusement réprimées, car elles portent atteinte à l’autorité de la justice et à l’intégrité des magistrats. La condamnation de Guaino souligne l’importance de respecter les décisions judiciaires et de ne pas porter atteinte à l’honneur des juges dans l’exercice de leurs fonctions.


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