Succession complexe et mandataire en famille conflictuelle – Questions / Réponses juridiques

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Succession complexe et mandataire en famille conflictuelle – Questions / Réponses juridiques

Monsieur [Z] [M] et Madame [R] [M] se sont mariés en 1954 en Algérie. Après le décès de Madame [R] en 2018, Monsieur [Z] a épousé Madame [E] [H] en 1988. À son tour, Monsieur [Z] est décédé en 2023, laissant une conjointe survivante et cinq enfants. Un conflit successoral a éclaté, les enfants de Monsieur [Z] assignant Madame [E] et Monsieur [U] pour désigner un mandataire successoral. Le tribunal a finalement opté pour un mandataire professionnel afin de gérer la succession, évitant ainsi des tensions familiales. Les demandes de frais ont été rejetées, et la décision est exécutoire par provision.. Consulter la source documentaire.

Quelle est la procédure pour désigner un mandataire successoral ?

La désignation d’un mandataire successoral est régie par l’article 813-1 du Code civil, qui stipule que le juge peut désigner toute personne qualifiée, physique ou morale, pour administrer provisoirement la succession. Cette désignation peut intervenir en raison de l’inertie, de la carence ou de la faute d’un ou plusieurs héritiers, de leur mésentente, d’une opposition d’intérêts entre eux ou de la complexité de la situation successorale.

L’article 813-4 précise que tant qu’aucun héritier n’a accepté la succession, le mandataire successoral ne peut accomplir que des actes mentionnés à l’article 784, sauf exception.

L’article 784 du Code civil énonce que les actes purement conservatoires ou de surveillance et les actes d’administration provisoire peuvent être accomplis sans emporter acceptation de la succession. Ces actes incluent le paiement des frais funéraires, le recouvrement des fruits et revenus des biens successoraux, et d’autres actes nécessaires à la gestion de la succession.

Dans le cas présent, les parties ont convenu de la nécessité de désigner un mandataire successoral, mais n’ont pas réussi à s’accorder sur la personne à désigner. Le tribunal a donc décidé de nommer un mandataire professionnel pour éviter d’aggraver les conflits familiaux.

Quels sont les pouvoirs du mandataire successoral ?

Les pouvoirs du mandataire successoral sont définis par les articles 813-4 et 813-5 du Code civil. Selon l’article 813-4, le mandataire peut accomplir des actes d’administration provisoire, mais il doit rendre compte de sa gestion conformément à l’article 813-8.

L’article 813-5 précise que le mandataire successoral a le pouvoir de gérer et administrer tant activement que passivement la succession. Cela inclut la recherche des comptes bancaires, le paiement des dettes et frais de succession, ainsi que la représentation de la succession dans toutes les instances judiciaires, à l’exclusion des actes de disposition sur les biens successoraux.

En l’espèce, le tribunal a accordé au mandataire successoral des pouvoirs étendus pour gérer la succession, y compris la possibilité de rechercher les comptes bancaires et de payer les dettes, tout en lui imposant l’obligation de rendre compte de sa gestion.

Quelles sont les conditions pour la désignation d’un administrateur provisoire ?

La désignation d’un administrateur provisoire est régie par l’article 815-6 du Code civil, qui permet au président du tribunal judiciaire de prescrire ou autoriser toutes les mesures urgentes requises par l’intérêt commun. Cela inclut la possibilité de désigner un indivisaire comme administrateur ou de nommer un séquestre.

L’article 815-6 précise que le président peut autoriser un indivisaire à percevoir des provisions destinées à faire face aux besoins urgents de l’indivision. Cependant, la demande de désignation d’un administrateur provisoire doit être justifiée par des éléments concrets démontrant la nécessité d’une telle mesure.

Dans le cas présent, bien que les demandeurs aient sollicité la désignation d’un administrateur provisoire pour gérer l’hôtel, le tribunal a rejeté cette demande, soulignant que la gestion d’un hôtel est une activité commerciale et qu’aucune démarche n’avait été entreprise auprès du tribunal de commerce pour gérer la succession de manière appropriée.

Comment sont traités les frais irrépétibles dans cette procédure ?

Les frais irrépétibles sont régis par l’article 700 du Code de procédure civile, qui permet au juge de condamner la partie perdante à payer à l’autre partie une somme au titre des frais exposés pour la procédure.

Cependant, dans le cas présent, le tribunal a constaté qu’il n’y avait pas de partie succombante, ce qui a conduit au rejet des demandes au titre de l’article 700. Cela signifie que chaque partie devra supporter ses propres frais, sans qu’aucune d’entre elles ne soit condamnée à verser des frais irrépétibles à l’autre.

Cette décision est conforme à la pratique judiciaire, qui vise à éviter de pénaliser une partie lorsque les demandes sont rejetées sans qu’une partie soit clairement en tort.


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