Vidéosurveillance du salarié : licenciement abusif

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Vidéosurveillance du salarié : licenciement abusif

Licenciement sans cause réelle et sérieuse

Une salariée a obtenu la condamnation de son employeur pour licenciement abusif (60 000 euros de dommages et intérêts). Le moyen de preuve de l’employeur établissant un vol de la salariée, preuve issue d’une caméra de surveillance, a été écarté par les juges.

Information impérative du salarié

Aux termes de l’article L1222-4 du code du travail, aucune information concernant personnellement un salarié ne peut être collectée par un dispositif qui n’a pas été porté préalablement à sa connaissance. L’employeur ne peut mettre en oeuvre un dispositif de contrôle qui n’a pas été préalablement porté à la connaissance des salariés (même si le salarié n’ignore pas l’existence des caméras vidéo en raison de leur visibilité).

Dans l’affaire soumise, l’employeur ne rapportait pas la preuve qu’il avait procédé à l’information individuelle de la salariée sur l’existence du dispositif de vidéosurveillance et de sa finalité, quand bien même la présence des caméras ne pouvait être méconnue de la salariée au vu de la taille des lieux, de la disposition de l’écran moniteur et de l’affichette d’information disposée sur un pilier.

L’information individuelle des salariés est requise lors que le dispositif a pour finalité de contrôler l’activité des salariés et que cette information doit également porter sur les finalités du dispositif qui ne comprennent pas seulement la surveillance de la clientèle.

Contrôle du principe de proportionnalité

Aux termes de l’article L1121-1 du code du travail, nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives de restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché.

En l’espèce, le plan produit par l’employeur révélait  la présence de huit caméras dans les lieux, soit plus de caméras que de salariés présents, lesdites caméras couvrant l’ensemble du local d’activité, à l’exception de la réserve avec toilettes et casiers personnels.

Ce dispositif a été jugé disproportionné au but recherché, à savoir la surveillance des locaux et la lutte contre le vol. Le nombre excessif de caméras eu égard à la superficie des lieux et au nombre de salariés, a pour conséquence une surveillance quasi permanente des salariés à l’exception d’angles morts et de la réserve avec casiers personnels et toilettes. Le dispositif de vidéosurveillance était illicite.

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Questions / Réponses juridiques

Qu’est-ce que la requalification des CDD d’usage en CDI ?

La requalification des CDD d’usage en CDI est un processus juridique par lequel un contrat de travail à durée déterminée, souvent utilisé dans des secteurs spécifiques comme l’audiovisuel, est transformé en contrat à durée indéterminée.

Cette requalification est souvent motivée par la nature des tâches effectuées par le salarié, qui peuvent être considérées comme permanentes et essentielles à l’activité de l’entreprise. Dans le cas d’Eclair Group, un salarié ayant travaillé pendant 13 ans sous des CDD a vu sa relation de travail requalifiée en CDI, car ses fonctions étaient liées à l’activité normale et permanente de l’entreprise.

Quels critères ont été retenus par les juges pour la requalification ?

Les juges ont pris en compte plusieurs critères pour prononcer la requalification de la relation de travail. D’une part, ils ont noté que les tâches effectuées par le technicien audiovisuel étaient toutes similaires et correspondaient à l’activité normale de l’entreprise.

D’autre part, le rythme de succession des contrats et la durée totale des relations contractuelles ont été des éléments déterminants. Ces facteurs ont permis de conclure à l’existence d’une relation de travail durable, justifiant ainsi la requalification des CDD en CDI.

Quelle était l’activité principale du salarié chez Eclair Group ?

Le salarié en question était responsable du transfert et de l’archivage des images sur les serveurs vidéo internes. Cette tâche était déterminante pour permettre aux techniciens graphistes de traiter et d’exploiter les images, que ce soit pour les mettre sur pellicule ou les encoder.

Cette fonction se situe au cœur de l’objet social de l’entreprise, qui est la post-production. Les activités de post-production incluent le montage de l’image, le bruitage, la postsynchronisation, le montage son, le doublage et le mixage, toutes essentielles à la finalisation d’un produit filmique ou audiovisuel.

Comment les CDD d’usage sont-ils encadrés juridiquement ?

Les CDD d’usage sont encadrés par plusieurs articles du code du travail, notamment les articles L. 1242-1, L. 1242-2, L. 1245-1 et D. 1242-1. Ces articles stipulent que dans certains secteurs d’activité, des CDD peuvent être conclus lorsque l’usage constant est de ne pas recourir à un CDI en raison de la nature temporaire des emplois.

La convention collective des entreprises techniques au service de la création et de l’événement, ainsi que l’accord de branche, autorisent également la conclusion de CDD d’usage. Toutefois, il est essentiel que le recours à ces contrats soit justifié par des raisons objectives, afin de prévenir les abus liés à l’utilisation de CDD successifs.

Quelles sont les implications de la requalification pour l’employeur ?

La requalification d’un CDD en CDI a des implications significatives pour l’employeur. Tout d’abord, cela signifie que le salarié bénéficie d’une plus grande sécurité de l’emploi, avec des droits associés à un contrat à durée indéterminée, tels que la protection contre le licenciement abusif.

De plus, l’employeur doit respecter les obligations liées à un CDI, notamment en matière de préavis, de congés payés et de droits sociaux. Cela peut également entraîner des coûts supplémentaires pour l’entreprise, notamment en termes de charges sociales et de gestion des ressources humaines.

En somme, la requalification peut avoir des conséquences financières et organisationnelles importantes pour l’employeur.


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