L’Essentiel : Le 25 octobre 2024, Monsieur [U] [O] a émis un commandement de saisie vente contre la SASU TISSUS DE RÊVE, suite à un jugement des prud’hommes. La SASU a contesté ce commandement le 31 octobre, arguant des erreurs de calcul des intérêts et demandant un délai de grâce de 12 mois. Lors de l’audience du 11 décembre, Monsieur [U] [O] a rejeté ces demandes et a réclamé des dommages et intérêts. Le juge a validé le commandement, rejeté la demande de délai de grâce et condamné la SASU à verser 2 000 € à Monsieur [U] [O].
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Contexte de l’affaireLe 25 octobre 2024, Monsieur [U] [O] a émis un commandement aux fins de saisie vente à l’encontre de la SASU TISSUS DE RÊVE, basé sur un jugement du conseil des prud’hommes de Paris daté du 27 août 2024. Le montant total de la saisie s’élève à 13 334,30 €. Demande de la SASU TISSUS DE RÊVELe 31 octobre 2024, la SASU TISSUS DE RÊVE a assigné Monsieur [U] [O] devant le juge de l’exécution pour annuler le commandement, arguant que les intérêts n’avaient pas été correctement calculés. Elle a également demandé un délai de grâce de 12 mois pour régler des créances non salariales de 7 094,10 € et une indemnité de 1 500 € en vertu de l’article 700 du code de procédure civile. Réponse de Monsieur [U] [O]Lors de l’audience du 11 décembre 2024, Monsieur [U] [O] a contesté les demandes de la SASU, les qualifiant d’infondées, notamment celle concernant le délai de grâce. Il a réclamé 10 000 € de dommages et intérêts pour procédure abusive, ainsi qu’une indemnité de 4 000 € selon l’article 700 du code de procédure civile. Décision du juge de l’exécutionLe juge a statué que le commandement, bien que fondé sur un montant erroné, n’était pas nul mais réductible aux sommes dues. La demande d’annulation du commandement a été rejetée. Les intérêts ont été jugés correctement calculés, et le commandement a été validé dans son intégralité. Créances et délai de grâceLes créances en question résultent d’un licenciement pour faute grave, requalifié par la suite en cause réelle et sérieuse, intervenu le 19 avril 2022. La demande de délai de grâce a été écartée en raison de l’ancienneté des créances. Conclusion de la décisionLa SASU TISSUS DE RÊVE a été déboutée de toutes ses demandes, y compris celle de délai de grâce. Le juge a également décidé qu’il n’y avait pas lieu d’accorder des dommages et intérêts pour procédure abusive, mais a condamné la SASU à verser 2 000 € à Monsieur [U] [O] en vertu de l’article 700 du code de procédure civile, ainsi qu’aux dépens. |
Q/R juridiques soulevées :
Quel est le fondement juridique de la validité d’un commandement de saisie-vente ?Le commandement de saisie-vente est un acte juridique qui permet à un créancier de faire saisir les biens d’un débiteur pour recouvrer une créance. Selon l’article L. 111-1 du Code des procédures civiles d’exécution, « le créancier peut, pour obtenir le paiement de sa créance, demander au juge de l’exécution l’autorisation de procéder à la saisie des biens du débiteur ». Dans le cas présent, le commandement délivré par Monsieur [U] [O] est fondé sur un jugement rendu par le conseil des prud’hommes, ce qui lui confère une base légale. Il est important de noter que, même si le montant du commandement est erroné, cela n’entraîne pas la nullité de l’acte, mais seulement sa réductibilité aux sommes réellement dues. Ainsi, le juge a validé le commandement dans son intégralité, considérant que les créances étaient justifiées et que le montant, bien que contesté, ne remettait pas en cause la procédure. Comment sont calculés les intérêts dans le cadre d’un licenciement ?Les intérêts dus dans le cadre d’un licenciement sont régis par plusieurs dispositions légales. L’article 1231-6 du Code civil stipule que « les intérêts moratoires courent de plein droit à compter de la mise en demeure ». Dans le cas présent, les intérêts ont été calculés à partir de la réception de la convocation à l’audience de conciliation, conformément à l’orientation du conseil des prud’hommes. De plus, les intérêts au taux légal s’appliquent non seulement à l’indemnité de préavis et aux congés payés, mais également aux dommages et intérêts et à l’indemnité prévue par l’article 700 du Code de procédure civile. Ainsi, le juge a confirmé que les intérêts avaient été correctement calculés, rejetant la demande de la SASU TISSUS DE RÊVE sur ce point. Quelles sont les conditions pour obtenir un délai de grâce ?Le délai de grâce est une mesure qui permet à un débiteur de bénéficier d’un report de paiement de ses dettes. L’article 1244-1 du Code civil précise que « le juge peut accorder un délai de grâce à un débiteur qui justifie de sa situation financière ». Cependant, dans le cas présent, la demande de délai de grâce a été écartée en raison de l’ancienneté du fait générateur des créances, qui remontent à un licenciement intervenu en avril 2022. Le juge a considéré que les circonstances de la cause ne justifiaient pas l’octroi d’un tel délai, ce qui a conduit à débouter la SASU TISSUS DE RÊVE de sa demande. Quelles sont les conditions pour obtenir des dommages et intérêts pour procédure abusive ?Les dommages et intérêts pour procédure abusive sont prévus par l’article 700 du Code de procédure civile, qui stipule que « le juge peut, dans sa décision, condamner la partie perdante à payer à l’autre partie une somme au titre des frais exposés ». Cependant, pour qu’une procédure soit qualifiée d’abusive, il faut démontrer que la demande était manifestement infondée ou que la partie a agi de mauvaise foi. Dans cette affaire, le juge a estimé que les circonstances ne justifiaient pas l’allocation de dommages et intérêts pour procédure abusive, rejetant ainsi la demande de la SASU TISSUS DE RÊVE. En revanche, il a accordé une indemnité de 2 000 € à Monsieur [U] [O] en vertu de l’article 700, reconnaissant que la SASU avait engagé des frais dans le cadre de la procédure. |
JUDICIAIRE
DE PARIS
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REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
N° RG 24/81984
N° Portalis 352J-W-B7I-C6M3M
N° MINUTE :
CE aux avocats
CCC aux parties en LRAR
Le :
PÔLE DE L’EXÉCUTION
JUGEMENT rendu le 15 janvier 2025
DEMANDERESSE
La SASU TISSUS DE REVE
RCS PARIS 814 154 720
[Adresse 2]
[Localité 3]
représentée par Me Samantha GRUOSSO, avocat au barreau de PARIS, vestiaire : #D1705
DÉFENDEUR
Monsieur [U] [O]
[Adresse 1]
[Localité 4]
représenté par Me Maryla GOLDSZAL, avocat au barreau de PARIS, vestiaire : #A0800
JUGE : M. Michel LAMHOUT, Vice-président, juge de l’Exécution par délégation du Président du Tribunal judiciaire de PARIS.
GREFFIER :
Madame Séléna BOUKHELFIA, greffière, lors des plaidoiries,
Madame Amel OUKINA, greffière principale, lors de la mise à disposition.
DÉBATS : à l’audience du 11 Décembre 2024 tenue publiquement,
JUGEMENT : rendu publiquement par mise à disposition au greffe, contradictoire, susceptible d’appel
Le 25 octobre 2024, Monsieur [U] [O] a délivré, sur le fondement d’un jugement rendu par le conseil des prud’hommes de Paris le 27 août 2024, à la SASU TISSUS DE RÊVE un commandement aux fins de saisie vente pour un montant total de 13 334,30 €.
Par acte du 31 octobre 2024, la société précitée a assigné Monsieur [U] [O] devant le juge de l’exécution aux fins d’obtenir l’annulation du commandement susmentionné (les intérêts n’ayant pas été correctement calculés), outre l’octroi d’un délai de grâce sur 12 mois pour s’acquitter des créances non salariales d’un montant de 7 094, 10 € et l’allocation d’une indemnité de 1 500 € en vertu de l’article 700 du code de procédure civile.
Suivant conclusions soutenues à l’audience du 11 décembre 2024, le défendeur fait valoir que les demandes susmentionnées sont totalement infondées, en particulier celle tendant à un délai de grâce. Il sollicite 10 000 € de dommages et intérêts pour procédure abusive, outre une indemnité de 4 000 € en vertu de l’article 700 du code de procédure civile.
Il importe en tout état de cause de rappeler qu’un commandement délivré pour un montant erroné n’est pas nul mais uniquement réductible aux sommes réellement dues.
La demande tendant à l’annulation du commandement querellé sera donc rejetée.
S’agissant des intérêts, il convient de considérer que, contrairement ce que prétend la demanderesse, ceux-ci ont été correctement calculés en l’occurrence puisque :
– l’indemnité de préavis et les congés payés afférents, et l’indemnité légale de licenciement produisent intérêts au taux légal à compter de la réception de la convocation à l’audience du bureau de conciliation est orientation du conseil des prud’hommes,
– les intérêts au taux légal courent sur les dommages et intérêts (2 000 €) et l’ indemnité accordée au titre de l’article 700 du code de procédure civile (soit 1 500 €) à compter du prononcé du jugement.
Il n’y a donc pas lieu de cantonner le montant des sommes réclamées par Monsieur [O].
Il s’ensuit que le commandement dont s’agit sera validé dans son intégralité.
Les créances dont le recouvrement est poursuivi résultent d’un licenciement intervenu le 19 avril 2022 (prononcé pour faute grave et ultérieurement requalifié en cause réelle et sérieuse).
Compte tenu de l’ancienneté du fait générateur desdites créances, la demande de délai de grâce sera écartée.
La demanderesse sera donc déboutée de l’intégralité de ses prétentions.
Les circonstances de la cause ne justifient pas l’allocation de dommages et intérêts pour procédure abusive.
L’équité commande d’accorder au défendeur une indemnité de 2 000 € en vertu de l’article 700 du code de procédure civile.
Le Juge de l’Exécution, statuant publiquement, par jugement contradictoire, en premier ressort, et par mise à disposition :
– Valide dans son intégralité de commandement aux fins de saisie vente délivré le 25 octobre 2024,
– Déboute en conséquence la SASU TISSUS DE RÊVE de l’intégralité de ses prétentions, y compris sa demande de délai de grâce,
– Dit n’y avoir lieu à dommages et intérêts pour procédure abusive,
– Condamne la SASU TISSUS DE RÊVE à payer à Monsieur [U] [O] une indemnité de 2 000 € en vertu de l’article 700 du code de procédure civile,
– La condamne également aux dépens,
LE GREFFIER LE JUGE DE L’EXÉCUTION
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