Type de juridiction : Tribunal judiciaire
Juridiction : Tribunal judiciaire de Saint-Etienne
Thématique : Résiliation de bail commercial : enjeux de paiement et délais d’apurement des dettes locatives
→ RésuméConstitution du bail commercialLa SCI JL LATOUR a signé un bail commercial avec la SASU AÏT BOUBAKER le 3 mai 2016, portant sur un local à [Adresse 1] à [Localité 3]. Ce bail, d’une durée de 9 ans, stipule un loyer mensuel de 600 euros, avec une exonération de loyer du 1er mai 2016 au 31 octobre 2016. Assignation en résiliation de bailLe 4 septembre 2024, la SCI JL LATOUR a assigné la SASU ACSM devant le tribunal judiciaire de Saint-Étienne pour obtenir la résiliation du bail. L’audience a été fixée au 31 octobre 2024, où la SCI a demandé la constatation de la résiliation du bail, l’expulsion du locataire, et le paiement de loyers et charges impayés. Arguments de la SCI JL LATOURLa SCI JL LATOUR a fait valoir que le locataire n’avait pas payé ses loyers malgré un commandement de payer resté sans effet. Elle a précisé que le commerce n’avait ouvert qu’en janvier 2022 et que le locataire justifiait son non-paiement par la période de COVID, bien que le bail ait été conclu en 2016. Réponse de la SASU ACSMLa SASU ACSM a contesté la demande de paiement des loyers échus entre novembre 2016 et septembre 2019, invoquant la prescription. Elle a également demandé à régler sa dette en 24 mensualités, tout en soulignant les difficultés rencontrées, notamment l’impossibilité d’exercer son activité de restauration et la baisse de fréquentation due à des travaux dans la rue. Décision du juge des référésLe juge a constaté que la clause résolutoire du bail était acquise au 30 mars 2024, mais a également noté que des délais de paiement pouvaient être accordés. Il a condamné la SASU ACSM à payer 24 000 euros à la SCI JL LATOUR, avec des intérêts, et a autorisé des versements mensuels de 1 000 euros jusqu’à apurement de la dette. Conséquences de la décisionLa décision suspend les effets de la clause résolutoire, mais stipule qu’en cas de non-paiement d’une échéance, la clause retrouvera son plein effet, permettant à la SCI JL LATOUR d’expulser la SASU ACSM. La SCI a été déboutée de ses autres demandes, et la SASU a été condamnée aux dépens de l’instance. |
MINUTE
ORDONNANCE DU : 21 Novembre 2024
DOSSIER N° : N° RG 24/00586 – N° Portalis DBYQ-W-B7I-INW7
AFFAIRE : S.C.I. JLL LATOUR C/ S.A.S.U. ACSM
TRIBUNAL JUDICIAIRE DE SAINT ETIENNE
Service des référés
ORDONNANCE DE REFERE
VICE PRESIDENTE : Alicia VITELLO
GREFFIERE : Céline TREILLE
PARTIES :
DEMANDERESSE
S.C.I. JLL LATOUR, dont le siège social est sis [Adresse 2]
représentée par Me Valentine POINSON, avocat au barreau de SAINT-ETIENNE,
DEFENDERESSE
S.A.S.U. ACSM, dont le siège social est sis [Adresse 1]
représentée par la SELARL SVMH, avocats au barreau de SAINT-ETIENNE,
Débats tenus à l’audience du : 31 Octobre 2024
Date de délibéré indiquée par la Présidente: 21 Novembre 2024
DECISION: contradictoire en 1er ressort, prononcée publiquement par mise à disposition au greffe en application des articles 450 à 453 du code de procédure civile, les parties préalablement avisées
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EXPOSE DU LITIGE
Par acte sous seing privé en date du 03 mai 2016, la SCI JL LATOUR a consenti à la SASU AÏT BOUBAKER un bail commercial portant sur un local situé [Adresse 1] à [Localité 3] pour une durée de 9 années à compter du 1er mai 2016 et pour un loyer principal mensuel de 600 euros hors taxe et hors charge, précision faite que le loyer n’est pas dû du 1er mai 2016 au 31 octobre 2016.
Par acte sous seing privé en date du 4 septembre 2024, la SCI JL LATOUR a assigné la SASU ACSM devant le juge des référés du tribunal judiciaire de Saint-Étienne aux fins de résiliation du bail.
L’affaire est retenue à l’audience du 31 octobre 2024.
La SCI JL LATOUR sollicite de voir :
– Constater que le bail signé entre les parties est résilié de plein droit en suite du commandement de payer resté sans effet ;
– Ordonner l’expulsion du locataire et celle de tout occupant de son chef des locaux objet du bail résilié, et ce, au besoin, avec l’aide de l’assistance de la force publique;
– Condamner le locataire à payer au bailleur les sommes suivantes :
– 44 000,00 euros au titre des loyers et charges impayés avec intérêts de droit à compter de la mise en demeure ;
– 3 000,00 euros à titre de dommages-intérêts pour résistance abusive ;
– 4 000,00 euros au titre de l’article 700 du code de procédure civile, outre les entiers dépens de l’instance et aux frais accessoires de procédure engagés à ce jour et le coût de l’assignation.
La SCI JL LATOUR expose que le locataire ne paye plus les loyers, qu’un commandement de payer lui a été signifié mais est resté sans réponse. Elle précise que le commerce n’a ouvert ses portes qu’en janvier 2022, que le locataire a réalisé des travaux dans les locaux et qu’il n’a pas payé de loyer durant cette période, qu’il est opposé à l’octroi de délais de paiement car le locataire fait preuve de bonne foi en justifiant le non-paiement des loyers par la période de COVID, alors que le bail a été conclu en 2016.
La SASU ACSM sollicite de voir dire prescrite la demande en paiement des loyers échus du 1er novembre 2016 au 1er septembre 2019, de voir fixer à la somme de 24 000 euros le montant de l’arriéré de loyer dû par la société ACSM, et de l’autoriser à s’acquitter du solde restant dû à la SCI JL LATOUR en 24 mensualités d’égal montant, outre paiement du loyer en cours, de voir suspendre les effets de la clause résolutoire contenue dans le bail commercial régularisé entre les parties, et de voir débouter la SCI JL LATOUR de ses demandes en dommages intérêts et sur le fondement de l’article 700 du code de procédure civile.
Elle expose qu’elle était informée qu’elle ne pourrait pas exercer une activité de restauration dans les lieux loués, puisque le propriétaire avait obtenu un permis de construire pour des locaux d’habitation, et que le bailleur a déposé une demande de changement de destination que le 6 mars 2017 ; elle a ensuite subi les conséquences de l’épidémie de COVID, puis une très forte baisse de fréquentation en raison d’importants travaux effectués dans la [Adresse 4], devenue inaccessible ; elle a repris les paiements au mois de janvier 2023 et s’acquitte aujourd’hui régulièrement du paiement de son loyer ; elle estime pouvoir payer la somme de 1 000 euros par mois en sus de son loyer courant afin d’apurer sa dette.
Par note en délibéré autorisée par le juge, le conseil de la SASU ACSM a justifié du changement de nom de la société commerciale, avec la régularisation du bail.
L’affaire est mise en délibéré au 21 novembre 2024.
PAR CES MOTIFS
Le juge des référés,
CONDAMNE la SASU ACSM à régler à la SCI JL LATOUR la somme de 24 000 euros à titre de provision à valoir sur la créance de loyers impayée au 31 octobre 2024, terme de juin 2024 inclus, avec intérêts au taux légal à compter du 29 février 2024 sur la somme de 24 000 euros,
L’AUTORISE à se libérer de cette dette par 24 versements mensuels de 1 000 euros et la 24ème correspondant au solde restant, en sus du loyer courant, jusqu’à apurement de la dette, lesdits versements devant intervenir le 05 de chaque mois, le premier avant le 05 du mois suivant la signification de la présente décision,
SUSPEND en conséquence les effets de la clause résolutoire du bail,
Mais DIT qu’à défaut de paiement d’une seule échéance ou du loyer courant, la clause résolutoire retrouve son plein effet et la SASU ACSM sera tenue de payer au bailleur la totalité de la somme devenue exigible et une indemnité d’occupation trimestrielle égale au loyer augmenté des charges, et ce jusqu’à la libération effective des lieux par la remise des clés, et le propriétaire peut faire procéder à l’expulsion de la SASU ACSM et de tous occupants de son chef avec l’aide de la force publique en cas de besoins, des lieux occupés,
DEBOUTE la SCI JL LATOUR du surplus de ses demandes,
CONDAMNE la SASU ACSM aux dépens comprenant le coût du commandement de payer de 302,96 euros.
LA GREFFIERE LA VICE PRESIDENTE
Céline TREILLE Alicia VITELLO
Grosse + Copie :
Me Valentine POINSON
la SELARL SVMH
COPIES-
– DOSSIER
Le 21 Novembre 2024
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