Type de juridiction : Tribunal judiciaire
Juridiction : Tribunal judiciaire de Paris
Thématique : Sortie d’une association pro : attention à la contrefaçon de marque
→ RésuméLa Chambre syndicale des entreprises de déménagement a assigné la société Top dem pour contrefaçon de marque, l’accusant d’utiliser ses marques après avoir été radiée. Malgré une notification de radiation, Top dem a continué à faire usage des marques, ce qui a porté atteinte à leur fonction d’indication d’origine. Le tribunal a jugé que ces usages constituaient une contrefaçon, ordonnant à Top dem de cesser leur utilisation et de verser 3 000 euros de dommages et intérêts. Cette affaire souligne l’importance du respect des droits de propriété intellectuelle et les conséquences d’une violation.
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1. Attention à bien identifier et documenter toutes les marques en cause dans une affaire de contrefaçon. Il est recommandé de s’assurer que les marques invoquées dans une demande d’interdiction d’usage sont clairement identifiées et que toute violation de ces marques est correctement démontrée pour renforcer la solidité de la demande.
2. Il est recommandé de respecter les délais impartis pour cesser l’usage de marques litigieuses. Dans le cas où une notification a été reçue pour cesser l’usage de certaines marques, il est crucial de respecter les délais spécifiés afin d’éviter toute accusation de contrefaçon ultérieure.
3. Lors de la fixation des dommages et intérêts en cas de contrefaçon, il est recommandé de prendre en considération tous les éléments pertinents, tels que les conséquences économiques négatives, le préjudice moral, les bénéfices réalisés par le contrefacteur, et les mesures de réparation appropriées. Il est important de documenter et de quantifier ces éléments de manière précise pour une évaluation juste et équitable des dommages.
Résumé de l’affaire
Introduction à l’affaire de contrefaçon
Cette affaire concerne une demande en contrefaçon de marque déposée par une chambre syndicale contre la société Tom dem. La chambre syndicale accuse Tom dem d’avoir continué à utiliser ses marques après avoir été radiée pour non-paiement de cotisations. La décision de justice se base sur les articles de la directive 2015/2436 et du code de la propriété intellectuelle.
Atteinte au droit conféré par la marque
L’article 10 de la directive 2015/2436 confère un droit exclusif au titulaire d’une marque enregistrée, lui permettant d’interdire à tout tiers l’usage non autorisé de cette marque. En droit interne, cette atteinte est qualifiée de contrefaçon, engageant la responsabilité civile de son auteur selon l’article L. 716-4 du code de la propriété intellectuelle.
Notification de la radiation
La chambre syndicale a notifié à Tom dem sa radiation par un courrier du 24 août 2022, en raison du non-paiement de la cotisation annuelle. Ce courrier mettait également en demeure Tom dem de cesser l’usage de tout signe ou logotype appartenant à la chambre syndicale dans un délai de 30 jours.
Usage illicite des marques
Tom dem a continué à utiliser les marques de la chambre syndicale après l’expiration du délai de 30 jours. Un courriel daté du 1er octobre 2022 et une attestation du 4 novembre 2022 contenaient encore la marque ‘chambre syndicale’, indiquant faussement une affiliation à la chambre syndicale.
Violation des fonctions de la marque
L’usage des marques par Tom dem après la radiation porte atteinte à la fonction essentielle de la marque, qui est de garantir aux consommateurs la provenance des services. Ces usages constituent donc une contrefaçon, valablement interdite par le titulaire de la marque.
Réparation et mesures correctives
L’article L. 716-4-10 du code de la propriété intellectuelle prévoit la réparation des conséquences économiques et morales de la contrefaçon. La chambre syndicale a demandé des dommages et intérêts pour le préjudice subi et l’interdiction préventive de l’usage des marques sous astreinte.
Évaluation du préjudice
Le tribunal a évalué le préjudice moral à 3 000 euros, considérant que l’image de qualité de la marque n’avait pas été significativement affectée. La faible ampleur des faits ne justifie pas une mesure de publication.
Dispositions finales
Selon l’article 696 du code de procédure civile, la partie perdante est condamnée aux dépens. La société Tom dem doit payer 2 500 euros à la chambre syndicale pour les frais exposés. L’exécution provisoire de la décision est de droit et n’a pas été écartée.
Conclusion
La décision de justice a confirmé la contrefaçon des marques par Tom dem et a ordonné des mesures de réparation et d’interdiction préventive. Cette affaire illustre l’importance du respect des droits de propriété intellectuelle et les conséquences juridiques de leur violation.
Implications pour les entreprises
Cette affaire rappelle aux entreprises l’importance de respecter les droits de propriété intellectuelle et les obligations contractuelles. La non-conformité peut entraîner des sanctions financières et des interdictions d’usage, affectant la réputation et les opérations commerciales.
Les points essentiels
Réglementation applicable
#Directive 2015/2436, Article 10
1. L’enregistrement d’une marque confère à son titulaire un droit exclusif sur celle-ci.
2. Sans préjudice des droits des titulaires acquis avant la date de dépôt ou la date de priorité de la marque enregistrée, le titulaire de ladite marque enregistrée est habilité à interdire à tout tiers, en l’absence de son consentement, de faire usage dans la vie des affaires, pour des produits ou des services, d’un signe lorsque :
a) le signe est identique à la marque et est utilisé pour des produits ou des services identiques à ceux pour lesquels celle-ci est enregistrée;
(…)
#Code de la propriété intellectuelle, Article L. 713-2 (postérieur au 15 décembre 2019)
L’atteinte au droit exclusif conféré par la marque, codifié en droit interne, en des termes non expressément incompatibles avec ceux de la directive, à l’article L. 713-2 du code de la propriété intellectuelle dans sa rédaction postérieure au 15 décembre 2019, est qualifiée de contrefaçon, engageant la responsabilité civile de son auteur, par l’article L. 716-4.
#Code de la propriété intellectuelle, Article L. 716-4
L’atteinte au droit exclusif conféré par la marque, codifié en droit interne, en des termes non expressément incompatibles avec ceux de la directive, à l’article L. 713-2 du code de la propriété intellectuelle dans sa rédaction postérieure au 15 décembre 2019, est qualifiée de contrefaçon, engageant la responsabilité civile de son auteur, par l’article L. 716-4.
#Code de la propriété intellectuelle, Article L. 716-4-10
L’article L. 716-4-10 du code de la propriété intellectuelle prévoit, en application de l’article 13 de la directive 2004/48 relative au respect des droits de propriété intellectuelle, que pour fixer les dommages et intérêts, la juridiction prend en considération distinctement les conséquences économiques négatives de la contrefaçon, dont le manque à gagner et la perte subis par la partie lésée, le préjudice moral causé à cette dernière et les bénéfices réalisés par le contrefacteur, y compris les économies d’investissements intellectuels, matériels et promotionnels que celui-ci a retirées de la contrefaçon.
#Code de la propriété intellectuelle, Article L. 716-4-11
L’article L. 716-4-11 du même code prévoit notamment la destruction des produits contrefaisants et toute mesure appropriée de publicité, aux frais du contrefacteur.
#Code de procédure civile, Article 696
Aux termes de l’article 696 du code de procédure civile, la partie perdante est condamnée aux dépens, à moins que le juge, par décision motivée, n’en mette la totalité ou une fraction à la charge d’une autre partie.
#Code de procédure civile, Article 700
L’article 700 du même code permet au juge de condamner en outre la partie tenue aux dépens ou qui perd son procès à payer à l’autre, pour les frais exposés mais non compris dans les dépens, une somme qu’il détermine, en tenant compte de l’équité et de la situation économique de cette partie.
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