L’Essentiel : Thierry Ardisson et sa société de production ont obtenu près d’un million d’euros suite à la rupture abusive de leur relation commerciale avec C8, qui a déprogrammé l’émission « Salut les terriens ». En mai 2019, Ardisson a appris que son émission ne serait pas reconduite, sauf à réduire son coût de moitié. Le tribunal a jugé que cette décision constituait une rupture brutale, car C8 n’avait pas respecté un préavis suffisant. De plus, les propos d’Ardisson sur la situation financière de la chaîne n’ont pas été considérés comme du dénigrement, mais comme une expression de sa déception face à cette éviction.
|
La société de production de Thierry Ardisson et son sous sous-traitant ont obtenu près d’un million d’euros au titre d’une rupture abusive de relations commerciales par la société C8 (déprogrammation de l’émission « Salut les terriens »). Origine du litigeEn avril 2019, Thierry Ardisson s’est informé auprès de C8 des éventuels Rupture brutale de relations
|
Q/R juridiques soulevées :
Quelle est l’origine du litige entre Thierry Ardisson et C8 ?Le litige entre Thierry Ardisson et C8 a débuté en avril 2019, lorsque Thierry Ardisson a contacté C8 pour discuter des aménagements possibles de son émission pour la saison 2019/2020. Il pensait que la relation commerciale était toujours en vigueur. Cependant, le 15 mai, il a été informé que son émission ne serait plus diffusée, sauf si le coût était réduit de moitié. Cette annonce a été perçue comme une résiliation abusive de la part de C8, ce qui a conduit Thierry Ardisson, sa société de production et son sous-traitant à demander une indemnisation pour divers préjudices subis en raison de cette rupture inattendue. Quelles sont les implications de la rupture brutale de relations commerciales établies ?L’article L 442-1 du Code de commerce stipule que rompre brutalement une relation commerciale établie engage la responsabilité de l’auteur de la rupture. Cela signifie que toute personne exerçant des activités de production, de distribution ou de services doit respecter un préavis écrit, tenant compte de la durée de la relation commerciale. En cas de litige sur la durée du préavis, la responsabilité ne peut être engagée si un préavis de dix-huit mois a été respecté. La rupture doit être justifiée par des raisons valables, et la partie qui se sent lésée doit avoir eu des raisons légitimes de croire à la continuité de la relation commerciale. Quelles étaient les relations commerciales entre Thierry Ardisson et C8 ?Les relations commerciales entre Thierry Ardisson et C8 étaient bien établies, avec une succession de 13 contrats depuis 2006 concernant la même émission. Ces contrats, bien que C8 n’ait pas repris les engagements de SECP (Canal +), ont été considérés comme une continuité ininterrompue. Chaque contrat avait des caractéristiques similaires, incluant des rubriques identiques et une diffusion à la même heure. De plus, le montant des contrats a significativement augmenté au fil des saisons, passant de 7,5 millions d’euros à environ 11 millions d’euros. Le tribunal a donc conclu que cette relation commerciale avait un caractère suivi et significatif, conforme aux exigences de l’article L.442-1 du Code de commerce. Pourquoi la décision de C8 de réduire les prix a-t-elle été considérée comme fautive ?C8 a conditionné le maintien des diffusions pour la saison 2019/2020 à une réduction des prix de moitié, ce qui a été jugé fautif. Bien qu’un donneur d’ordre ne soit pas obligé de continuer à passer commande en cas de perte financière, il doit informer son prestataire suffisamment à l’avance des difficultés rencontrées. C8 n’a pas justifié avoir informé Thierry Ardisson des insuffisances des recettes publicitaires à temps. La réduction drastique des prix a été considérée comme une modification substantielle de la relation, bouleversant l’économie du contrat, et c’est C8 qui a pris l’initiative de la rupture. Quelle était la nécessité d’un préavis dans ce litige ?La rupture des relations commerciales est survenue à la fin de la saison, à un moment où la programmation de la saison suivante était déjà fixée. Thierry Ardisson aurait eu besoin d’un préavis d’un an pour se préparer pour la saison 2020/2021. Cependant, il n’a reçu qu’un préavis de 1,5 mois, jugé insuffisant. Cette absence de préavis adéquat a été considérée comme une rupture brutale, car elle a empêché l’animateur de s’organiser pour l’avenir et de chercher d’autres opportunités. Qu’en est-il de la question du dénigrement soulevée par C8 ?C8 a tenté de faire valoir que les propos de Thierry Ardisson, où il affirmait que la chaîne n’avait plus les moyens de s’offrir ses services, constituaient un dénigrement. Cependant, le tribunal a rejeté cette plainte, notant que les commentaires de l’animateur reflétaient sa déception face à une éviction perçue. De plus, le ton décalé et impertinent de Thierry Ardisson faisait partie intégrante de son image publique, et ses propos ne contenaient pas le caractère péjoratif nécessaire pour qualifier un dénigrement. Quelles étaient les allégations de C8 concernant la violation de la clause de confidentialité ?C8 a également accusé Thierry Ardisson d’avoir violé son obligation de confidentialité en rendant public le prix de ses émissions. Toutefois, le tribunal a estimé que les propos tenus par l’animateur étaient d’ordre général et que C8 n’avait pas prouvé en quoi ces déclarations constituaient une violation de l’engagement de confidentialité. Ainsi, les accusations de C8 n’ont pas été retenues, et la décision a souligné que les propos de Thierry Ardisson ne portaient pas atteinte à la confidentialité des informations contractuelles. |
Laisser un commentaire