Téléchargements illicites au travail : licenciement validé

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Téléchargements illicites au travail : licenciement validé

Effacer ne suffit pas

Le licenciement pour faute grave d’un salarié a été validé par les tribunaux. Celui-ci avait téléchargé, pendant ses heures de travail et à partir de son ordinateur portable, des fichiers à caractère pornographique. Le salarié avait effacé les fichiers en cause mais l’employeur a pu les récupérer à l’aide d’un logiciel de récupération de données.

Principe applicable

Le fait de télécharger, durant ses heures de travail, et sur le matériel appartenant à l’employeur, et par lui remis au salarié à des fins exclusivement professionnelles, des fichiers manifestement sans aucun lien avec ses fonctions, constitue une faute, cause réelle et sérieuse de licenciement.

Preuves admissibles

L’employeur a produit à l’appui de ses affirmations un constat d’huissier établissant la présence, sur l’ordinateur présenté à l’huissier comme étant celui du salarié, de nombreux fichiers à caractère pornographique, effacés et récupérés grâce à un logiciel adéquat.

Il a également produit l’attestation d’un autre salarié de l’entreprise indiquant que l’ordinateur portable affecté à son collègue lui a été remis, et qu’il a pu constater la présence d’un raccourci Internet vers un site pornographique, de fichiers récemment utilisés et de fichiers effacés de même type.

Les relevés de connexion établissaient que les connexions litigieuses correspondaient aux périodes de travail du salarié. Il importait peu que l’ordinateur ne fût pas protégé par un code d’accès ou était remis à d’autres salariés pendant ses absences, dès lors que les téléchargements étaient faits pendant ses heures de travail.

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Questions / Réponses juridiques

Quel est le contexte de l’affaire Orange / Téléperformance ?

L’affaire Orange / Téléperformance concerne une situation où plusieurs anciens salariés de Téléperformance, un prestataire d’Orange, ont intenté une action en justice contre l’opérateur.

Ils ont invoqué la notion de coemploi, cherchant à établir qu’Orange devait être considéré comme coemployeur. Leur objectif était d’obtenir une condamnation solidaire d’Orange pour licenciement sans cause réelle et sérieuse, ainsi que des dommages et intérêts.

Cette situation soulève des questions sur la responsabilité des entreprises dans les relations de travail avec leurs prestataires, notamment en ce qui concerne les droits des salariés.

Quelles sont les conditions qui caractérisent le coemploi ?

Le coemploi se caractérise par deux conditions principales. La première est la simultanéité de liens de subordination juridique entre deux sociétés distinctes et un même salarié. Cela signifie qu’un salarié doit être sous l’autorité de deux employeurs différents en même temps.

La seconde condition est la confusion d’intérêts, d’activités et de direction entre les deux sociétés. Cela implique que les deux entreprises doivent avoir des relations si étroites qu’il devient difficile de distinguer leurs rôles respectifs dans la gestion des salariés.

Ces critères sont essentiels pour établir la responsabilité d’une entreprise envers les salariés d’un prestataire.

Pourquoi le coemploi n’a-t-il pas été retenu dans cette affaire ?

Dans cette affaire, le coemploi n’a pas été retenu car aucune preuve n’a été fournie pour établir que les salariés de Téléperformance avaient reçu des instructions directes d’Orange.

Il n’a pas été démontré qu’ils rendaient compte à Orange, qu’ils étaient rémunérés par elle, que leurs horaires étaient fixés par l’opérateur, ou qu’ils subissaient des sanctions de sa part.

De plus, il n’a pas été prouvé que les salariés avaient un interlocuteur direct chez Orange durant la prestation de service, ce qui aurait pu établir un lien de subordination juridique.

Quels éléments montrent l’absence de lien capitalistique entre les sociétés ?

Les sociétés Orange et Téléperformance n’ont aucun lien capitalistique, ce qui signifie qu’aucune des deux ne détient de parts dans l’autre.

De plus, leurs intérêts financiers sont divergents. Orange cherche à minimiser ses coûts en payant le prix le plus bas pour les services fournis par Téléperformance, qui, de son côté, a des intérêts à maximiser ses revenus.

Les deux entreprises exercent également des activités distinctes. Orange est un opérateur de communications électroniques, tandis que Téléperformance se spécialise dans la gestion de la relation client à distance.

Comment les relations entre Orange et Téléperformance sont-elles qualifiées ?

Les relations entre Orange et Téléperformance sont qualifiées de normales pour un donneur d’ordre et un prestataire de services.

Bien qu’Orange ait imposé un cahier des charges à Téléperformance, cela ne constitue pas une immixtion dans la direction de cette dernière. Les documents fournis par Orange, tels que ceux relatifs à la formation continue et aux procédures clients, sont des éléments standards dans une relation contractuelle.

Le mécanisme de reporting mis en place s’adressait au prestataire et non directement aux salariés, ce qui renforce l’idée que les deux sociétés opèrent de manière indépendante.

Quel rôle jouent les outils informatiques d’Orange dans cette affaire ?

Les outils informatiques d’Orange ont joué un rôle déterminant dans la mission des salariés de Téléperformance.

Ces outils étaient nécessaires pour que les prestataires puissent réaliser leur travail efficacement au profit des clients d’Orange. Il est important de noter que lorsque ces salariés étaient répertoriés dans l’annuaire d’Orange, leur statut de prestataires externes était clairement indiqué par la mention « Externe ».

Cela souligne que, bien qu’ils aient accès aux systèmes d’Orange, leur statut et leur relation avec l’entreprise étaient clairement définis, ce qui limite l’argument en faveur du coemploi.


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