Surveillance des salaries

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Surveillance des salaries

C’est acquis, le salarié a le droit au respect de l’intimité de sa vie privée sur son lieu de travail. Sauf disposition expresse contraire du code du travail, les règles du code de procédure civile en matière de recevabilité de la preuve s’appliquent au contentieux social.
En application de l’article 9 du code de procédure civile, de l’article 6 § 1 de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales et le principe de loyauté dans l’administration de la preuve, le détournement du système de vidéosurveillance mis en place par un employeur (bar-tabac), et qui doit à la base servir uniquement au contrôle de sécurité pour les clients et à la lutte contre le terrorisme, ne peut être utilisé pour surveiller le salarié (à l’insu de ce dernier). Il s’agirait là d’un détournement de la finalité du système de télésurveillance, constituant un procédé déloyal de preuve.
En l’espèce, il a été jugé que si le salarié était bien informé de l’existence de l’installation d’une caméra de surveillance au sein des locaux pour des raisons de sécurité, ce dispositif n’était pas à l’origine destiné à contrôler l’activité professionnelle des salariés.
En conséquence, l’employeur ne peut utiliser les images de ce système afin de fonder un licenciement (l’employeur avait présenté un enregistrement de vidéosurveillance présentant le salarié en flagrant délit de vol de caisse). Le moyen de preuve fondé sur cet enregistrement d’images doit être écarté, comme constituant un procédé déloyal à l’égard du salarié dont les faits et gestes ont été captés à son insu (Ch soc 2 octobre 2001 et Ass. Plen. 7 janvier 2011) et résultant d’un détournement de l’objet du système de vidéosurveillance, qui avait été autorisé par la Préfecture et qui était limité à la surveillance des locaux.
Toutefois, la preuve testimoniale peut palier à cette nullité de moyen de preuve. La preuve testimoniale est toujours admissible par application des dispositions de l’article 199 du Code de procédure civile, étant rappelé que le juge est libre d’apprécier la valeur et la portée des éléments de preuve soumis à son appréciation.

Mots clés : Surveillance des salaries

Thème : Surveillance des salaries

A propos de cette jurisprudence : juridiction :  Cour d’appel de Versailles | 2 mars 2011 | Pays : France

Questions / Réponses juridiques

Quel est l’impact des courriers électroniques sur la présomption des heures supplémentaires ?

Le salarié recruté sous un contrat de travail de droit commun peut envoyer des courriers électroniques à son employeur pour détailler son temps de travail et ses activités, communément appelés « timesheets ».

Ces courriers jouent un rôle déterminant dans la documentation des heures travaillées. Si l’employeur ne fait aucune observation à la réception de ces courriels, cela crée une présomption favorable pour le salarié.

Cette présomption signifie que, en l’absence de contestation de la part de l’employeur, les heures supplémentaires déclarées par le salarié sont considérées comme valides. Cela renforce la position du salarié en cas de litige concernant le paiement des heures supplémentaires.

Quelles sont les obligations de l’employeur concernant les heures supplémentaires ?

Le règlement intérieur de l’entreprise peut stipuler que les heures supplémentaires ne doivent être effectuées qu’à la demande expresse de l’employeur. Dans ce cas, il est essentiel que l’employeur informe clairement les salariés de cette règle.

Des mises en garde doivent être formulées pour s’assurer que les salariés respectent cette disposition. Cela permet d’éviter des malentendus et des litiges potentiels concernant le paiement des heures supplémentaires.

En cas de non-respect de cette règle, l’employeur pourrait se retrouver dans une position délicate, surtout si le salarié a documenté ses heures de travail par des courriers électroniques.

Comment se déroule la preuve des heures de travail en cas de litige ?

Selon l’article L. 3171-4 du code du travail, la preuve des heures de travail effectuées n’incombe spécifiquement à aucune des parties. Cependant, il est de la responsabilité du salarié de fournir des éléments probants pour étayer sa demande devant le juge.

Cela signifie que le salarié doit être en mesure de présenter des preuves, telles que des timesheets ou d’autres documents, pour justifier les heures supplémentaires qu’il réclame.

Une fois que le salarié a fourni ces éléments, il incombe à l’employeur de fournir des preuves pour justifier les horaires réellement effectués par le salarié. Ce processus peut devenir complexe, surtout si les deux parties n’ont pas bien documenté leurs échanges et leurs heures de travail.

Quel a été le résultat d’une affaire liée aux heures supplémentaires ?

Dans une affaire notable, une salariée a réussi à obtenir la somme record de 142 976 euros au titre des heures supplémentaires effectuées.

Ce montant souligne l’importance de la documentation des heures de travail et des activités. La décision de la Cour d’appel de Versailles, rendue le 12 octobre 2011, illustre comment une bonne gestion des heures supplémentaires peut avoir des conséquences financières significatives pour l’employeur.

Cela met également en lumière la nécessité pour les employeurs de respecter les réglementations en matière de travail et de s’assurer que les salariés sont informés de leurs droits concernant les heures supplémentaires.


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