Sursis à statuer en attente d’une clarification administrative sur les responsabilités comptables.

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Sursis à statuer en attente d’une clarification administrative sur les responsabilités comptables.

L’Essentiel : La SAS BVE BERNARD VINCENT ENTREPRISES a assigné la société GBA AUDIT ET FINANCE et son président, Monsieur [G] [Y], devant le tribunal judiciaire de Paris le 08 septembre 2023, en raison d’irrégularités constatées lors d’une vérification fiscale. L’administration fiscale a réclamé 61.407 euros pour l’exercice clos le 31 décembre 2019. Malgré une réclamation de la SAS, celle-ci a été rejetée le 02 avril 2024, entraînant un recours devant le tribunal administratif. Le 10 septembre 2024, un sursis à statuer a été demandé, et le juge a ordonné ce sursis, en attendant la décision sur le recours.

Contexte de l’affaire

La SAS BVE BERNARD VINCENT ENTREPRISES, spécialisée dans l’installation de verrières, a désigné la société GBA AUDIT ET FINANCE, représentée par son président Monsieur [G] [Y], comme commissaire aux comptes conformément à l’article 30 de ses statuts.

Rapport de certification

Le 09 septembre 2020, la société GBA AUDIT ET FINANCE a produit un rapport de certification des comptes pour l’exercice clos le 31 décembre 2019 de la SAS BVE BERNARD VINCENT ENTREPRISES.

Vérification fiscale

En août 2022, une vérification de comptabilité a été effectuée sur les exercices clos le 31 décembre 2019, 2020 et 2021. L’administration fiscale a constaté des irrégularités et a envoyé une proposition de rectification à la SAS BVE BERNARD VINCENT ENTREPRISES par courrier du 21 décembre 2022.

Assignation en justice

Le 08 septembre 2023, la SAS BVE BERNARD VINCENT ENTREPRISES a assigné la société GBA AUDIT ET FINANCE et Monsieur [G] [Y] devant le tribunal judiciaire de Paris pour engager leur responsabilité professionnelle.

Réclamation fiscale

Le 14 novembre 2023, l’administration fiscale a émis deux avis de mise en recouvrement, réclamant à la SAS BVE BERNARD VINCENT ENTREPRISES la somme de 61.407 euros pour l’exercice clos le 31 décembre 2019.

Recours administratif

La réclamation de la SAS BVE BERNARD VINCENT ENTREPRISES a été rejetée le 02 avril 2024, entraînant un recours devant le tribunal administratif, enregistré le 07 juin 2024. La procédure est toujours en cours.

Demande de sursis à statuer

Le 10 septembre 2024, la SAS BVE BERNARD VINCENT ENTREPRISES a demandé un sursis à statuer, en attendant la décision sur son recours contentieux devant le tribunal administratif.

Plaidoirie et décision

L’incident a été plaidé le 30 septembre 2024, avec reprise orale des conclusions par les parties. La décision a été mise en délibéré pour le 16 décembre 2024, prorogée au 13 janvier 2025.

Motifs de la décision

Le juge a ordonné le sursis à statuer, considérant que la procédure pendante devant le tribunal administratif est essentielle pour établir d’éventuelles fautes comptables et fiscales, ainsi que pour déterminer la responsabilité du commissaire aux comptes.

Conclusion de la décision

Le juge de la mise en état a statué par ordonnance contradictoire, ordonnant le sursis à statuer jusqu’à l’issue définitive du recours contentieux engagé par la SAS BVE BERNARD VINCENT ENTREPRISES devant le tribunal administratif, tout en réservant les dépens.

Q/R juridiques soulevées :

Quelles sont les conditions pour ordonner un sursis à statuer selon le code de procédure civile ?

Le sursis à statuer est régi par l’article 378 du code de procédure civile, qui stipule que :

“la décision de sursis suspend le cours de l’instance pour le temps ou jusqu’à la survenance de l’événement qu’elle détermine”.

Dans le cas présent, la SAS BVE BERNARD VINCENT ENTREPRISES a demandé un sursis à statuer en raison d’une procédure pendante devant le tribunal administratif.

Cette demande est justifiée par le fait que la décision du tribunal administratif pourrait avoir un impact direct sur la responsabilité du commissaire aux comptes, ainsi que sur le préjudice éventuel subi par la SAS.

Il est donc essentiel que le juge de la mise en état prenne en compte l’issue de cette procédure administrative avant de rendre une décision sur la responsabilité professionnelle.

Comment la responsabilité du commissaire aux comptes peut-elle être engagée ?

La responsabilité du commissaire aux comptes peut être engagée en vertu des articles L. 820-1 et suivants du code de commerce, qui précisent que :

“Le commissaire aux comptes est tenu à une obligation de diligence et de loyauté dans l’exercice de sa mission”.

En cas de fautes comptables ou fiscales, comme celles qui ont été relevées par l’administration fiscale dans le cas de la SAS BVE BERNARD VINCENT ENTREPRISES,

la responsabilité du commissaire aux comptes peut être engagée si ces fautes sont prouvées et si elles ont causé un préjudice à la société.

La procédure pendante devant le tribunal administratif est donc cruciale pour établir la réalité de ces fautes et leur impact sur la société.

Quel est l’impact d’une décision de sursis à statuer sur le cours de l’instance ?

L’article 378 du code de procédure civile, déjà cité, indique que le sursis à statuer suspend le cours de l’instance.

Cela signifie que toutes les procédures liées à l’affaire sont mises en attente jusqu’à ce qu’un événement déterminé se produise, en l’occurrence, la décision du tribunal administratif.

Cette suspension permet d’éviter des décisions contradictoires et de garantir une bonne administration de la justice,

car la décision du tribunal administratif pourrait influencer directement la responsabilité du commissaire aux comptes et le montant du préjudice.

Ainsi, le sursis à statuer est une mesure prudente qui permet de préserver les droits des parties en attendant une clarification de la situation juridique.

Quels sont les effets des dépens dans le cadre d’un incident de procédure ?

Les dépens, selon l’article 696 du code de procédure civile, sont les frais engagés par les parties pour la conduite de l’instance.

Dans le cadre d’un incident de procédure, comme celui du sursis à statuer, les dépens sont généralement réservés pour être tranchés avec la décision au fond.

Cela signifie que le juge ne se prononce pas immédiatement sur les frais liés à l’incident, mais attend la décision finale sur l’affaire principale.

Cette approche permet d’éviter des décisions prématurées sur les frais, qui pourraient être influencées par l’issue de l’affaire principale.

Ainsi, les parties doivent attendre la résolution complète de l’affaire pour connaître les conséquences financières de l’incident.

TRIBUNAL
JUDICIAIRE
DE PARIS [1]

[1] C.C.C.
délivrées le :
à

PEC sociétés civiles

N° RG 23/12231

N° Portalis 352J-W-B7H-C2W7D

N° MINUTE : 1

Assignation du :
08 septembre 2023

ORDONNANCE DU JUGE DE LA MISE EN ETAT
rendue le 13 janvier 2025

DEMANDERESSE

Société BVE BERNARD VINCENT ENTREPRISES (SAS)
15, rue Charles Edouard Jeanneret
78300 POISSY

représentée par Maître Charlotte HILDEBRAND de la SCP Société Civile Professionnelle d’avocats HUVELIN & associés, avocat au barreau de PARIS, avocat postulantt, vestiaire #R0285 et de Maître Damien LAUGIER, avocat au barreau de LILLE, avocat plaidant

DEFENDEURS

Société GBA AUDIT ET FINANCE (SAS)
10, rue du Docteur Finlay
75015 PARIS

Monsieur [G] [Y]
10, rue du Docteur Finlay
75015 PARIS

représentés par Me Olivier HILLEL, avocat au barreau de PARIS, avocat plaidant, vestiaire #E0257

MAGISTRAT DE LA MISE EN ETAT

Pascale LADOIRE-SECK, vice-présidente,

assistée de Robin LECORNU, Greffier

DEBATS

A l’audience du 30 septembre 2024, avis a été donné aux avocats que l’ordonnance serait rendue le 16 décembre 2024, prorogée au 13 janvier 2025.

ORDONNANCE

Rendue publiquement par mise à disposition au Greffe
Contradictoire
Susceptible d’appel dans les conditions de l’article 795 du code de procédure civile

RAPPEL DES FAITS ET DE LA PROCEDURE

Aux termes de l’article 30 des statuts de la SAS BVE BERNARD VINCENT ENTREPRISES qui a pour activité l’installation de verrières, la société GBA AUDIT ET FINANCE représentée par son président Monsieur [G] [Y] a été désignée en qualité de commissaire aux comptes.

La société GBA AUDIT ET FINANCE a établi le 09 septembre 2020 un rapport de certification des comptes sur les comptes annuels de l’exercice clos le 31 décembre 2019 de la SAS BVE BERNARD VINCENT ENTREPRISES.

A la suite d’une vérification de comptabilité de la SAS BVE BERNARD VINCENT ENTREPRISES en août 2022 portant sur les exercices clos le 31/12/2019, le 31/12/2020 et le 31/12/2021, l’administration fiscale qui a constaté un certain nombre d’irrégularités a par courrier du 21 décembre 2022 adressé à la SAS BVE BERNARD VINCENT ENTREPRISES une proposition de rectification.

Par acte de commissaire de justice du 08 septembre 2023, la SAS BVE BERNARD VINCENT ENTREPRISES a assigné la société GBA AUDIT ET FINANCE et Monsieur [G] [Y] devant le tribunal judiciaire de Paris afin de voir engager leur responsabilité professionnelle.

L’administration fiscale a par deux avis de mise en recouvrement du même jour reçus le 14 novembre 2023, réclamé à la SAS BVE BERNARD VINCENT ENTREPRISES la somme de 61.407 euros au titre de l’exercice clos le 31 décembre 2019.

La réclamation de la SAS BVE BERNARD VINCENT ENTREPRISES ayant été rejetée le 02 avril 2024, celle-ci a saisi le tribunal administratif par requête enregistrée le 07 juin 2024. La procédure est toujours en cours.

Par conclusions d’incident notifiées le 10 septembre 2024, la SAS BVE BERNARD VINCENT ENTREPRISES a saisi le juge de la mise en état aux fins de voir ordonner un sursis à statuer dans l’attente d’une décision définitive sur le recours contentieux qu’elle a engagé devant le tribunal administratif.

Par conclusions d’incident notifiées le 27 septembre 2024, la société GBA AUDIT ET FINANCE et Monsieur [G] [Y] s’en rapportent.

Pour un plus ample exposé des prétentions et des moyens des parties, il convient de se référer aux dernières conclusions des parties, en application des dispositions de l’article 455 du code de procédure civile.

L’incident a été plaidé à l’audience du 30 septembre 2024.

Les parties ont repris oralement les termes de leurs conclusions.

La décision a été mise en délibéré au 16 décembre 2024 prorogé au 13 janvier 2025.

MOTIFS DE LA DECISION

Sur la demande de sursis à statuer

Aux termes de l’article 378 du code de procédure civile, “la décision de sursis suspend le cours de l’instance pour le temps ou jusqu’à la survenance de l’événement qu’elle détermine”.

En l’espèce, la procédure pendante devant le tribunal administratif permettra d’établir si des fautes comptables et fiscales sont retenues à l’encontre de la SAS BVE BERNARD VINCENT ENTREPRISES, et le cas échéant si ces fautes sont susceptibles ou pas d’engager la responsabilité du commissaire aux comptes.

Au cas où cette responsabilité était retenue, la procédure pendante devant le tribunal administratif permettra aussi de déterminer le préjudice éventuel de la SAS BVE BERNARD VINCENT ENTREPRISES.

En conséquence, il est d’une bonne administration de la justice d’ordonner le sursis à statuer de la présente instance jusqu’à l’issue définitive de l’action pendante devant le tribunal administratif

Les dépens nés de l’incident seront tranchés avec la décision au fond sur ces dépens.

PAR CES MOTIFS

Le juge de la mise en état, statuant par ordonnance contradictoire, par mise à disposition au Greffe,

Ordonne le sursis à statuer de la présente instance jusqu’à l’issue définitive du recours contentieux engagé par la SAS BVE BERNARD VINCENT ENTREPRISES devant le tribunal administratif.

Réserve les dépens,

Faite et rendue à Paris, le 13 janvier 2025

Le Greffier Le juge de la mise en état
Robin LECORNU Pascale LADOIRE-SECK


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