L’Essentiel : Monsieur [O] [N] est décédé le [Date décès 5] 2019, laissant son épouse, madame [K] [L], et leurs enfants, messieurs [S] [N], [R] [N] et [P] [N]. Après le décès de madame [K] [L] en 2021, messieurs [S] [N] et [R] [N] ont assigné monsieur [P] [N] pour demander l’ouverture des opérations de partage de la succession de leur père. Le tribunal a ordonné l’ouverture des opérations de compte et désigné Maître [M] [U] comme notaire pour gérer le partage, en raison de la complexité des prétentions. Monsieur [P] [N] a été condamné à verser 3.000 € à ses frères.
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Décès et héritiersMonsieur [O] [N] est décédé le [Date décès 5] 2019 à [Localité 9], laissant derrière lui son épouse, madame [K] [L], et leurs enfants, messieurs [S] [N], [R] [N] et [P] [N]. Madame [K] [L] est décédée à son tour le [Date décès 4] 2021 à [Localité 11]. Assignation pour partage de successionLe 4 septembre 2024, messieurs [S] [N] et [R] [N] ont assigné monsieur [P] [N] pour demander l’ouverture des opérations de compte, liquidation et partage de la succession de leur père, [O] [N]. Ils ont souligné que la succession de leur mère avait été partagée, mais que celle de leur père ne l’avait pas été, et que monsieur [P] [N] n’avait pas répondu à leurs propositions de partage. Ils ont également demandé une indemnisation de 3.000 € en vertu de l’article 700 du code de procédure civile. Absence de représentation légaleMonsieur [P] [N], bien qu’assigné, n’a pas constitué d’avocat pour le représenter dans cette affaire. L’ordonnance de clôture a été rendue le 15 octobre 2024. Motifs de la décisionLe tribunal a rappelé que, selon l’article 815 du code civil, nul ne peut être contraint à demeurer dans l’indivision et que le partage peut toujours être provoqué. Étant donné que l’indivision successorale n’a pas été partagée depuis le décès de [O] [N], le tribunal a ordonné l’ouverture des opérations de compte, liquidation et partage de la succession. Désignation d’un notaireLe tribunal a désigné Maître [M] [U], notaire à [Localité 9], pour procéder aux opérations de partage, en raison de la complexité des prétentions des parties. Le notaire devra dresser un état liquidatif dans un délai d’un an, établissant la masse partageable et les droits des parties. Obligations du notaireLe notaire se verra remettre tous les documents nécessaires à sa mission, y compris les comptes de l’indivision. Il devra examiner les sommes dépensées et déterminer les pertes ou avantages financiers résultant de l’occupation de certains biens. En cas de désaccord, il établira un procès-verbal et un projet d’état liquidatif à transmettre au juge. Condamnation de monsieur [P] [N]Le tribunal a constaté que plusieurs propositions de partage avaient été faites à monsieur [P] [N] sans réponse de sa part, ce qui a rendu nécessaire l’instance. Il a donc été décidé que monsieur [P] [N] serait condamné à payer 3.000 € à messieurs [S] [N] et [R] [N] en application de l’article 700 du code de procédure civile. Conclusion du jugementLe tribunal a ordonné l’ouverture des opérations de compte, liquidation et partage de l’indivision résultant de la succession de [O] [N], tout en précisant les modalités de travail du notaire et les responsabilités de chaque partie. Les dépens seront utilisés pour couvrir les frais de partage. |
Q/R juridiques soulevées :
Quelles sont les conditions pour provoquer le partage d’une indivision successorale ?En vertu de l’article 815 du Code civil, il est stipulé que « nul ne peut être contraint à demeurer dans l’indivision ». Cela signifie que chaque indivisaire a le droit de demander le partage de l’indivision à tout moment, sauf si un jugement ou une convention a expressément suspendu ce droit. Ainsi, dans le cas présent, les héritiers de Monsieur [O] [N] ont le droit de demander l’ouverture des opérations de compte, liquidation et partage de la succession, car l’indivision successorale n’a pas été partagée depuis le décès de leur père. De plus, l’article 840 du Code civil précise que le partage peut être fait en justice lorsque l’un des indivisaires refuse de consentir au partage amiable ou s’il existe des contestations sur la manière de procéder au partage. Dans cette affaire, les demandes des co-indivisaires [S] [N] et [R] [N] sont donc fondées, car Monsieur [P] [N] n’a pas répondu à leurs propositions de partage, justifiant ainsi l’ouverture des opérations de partage. Quel est le rôle du notaire dans les opérations de partage ?L’article 1364 du Code de procédure civile prévoit que « si la complexité des opérations le justifie, le tribunal désigne un notaire pour procéder aux opérations de partage et commet un juge pour surveiller les opérations ». Dans le cadre de cette affaire, le tribunal a décidé de désigner Maître [M] [U] comme notaire pour procéder aux opérations de partage, en raison de la complexité des prétentions des parties. Le notaire a pour mission de dresser, dans un délai d’un an, un état liquidatif qui établira la masse partageable, les comptes entre les co-partageants, ainsi que la composition des lots à répartir. Il doit également examiner les documents utiles à sa mission, déterminer les pertes ou avantages financiers résultant de l’occupation gratuite de certains biens, et établir un procès-verbal en cas de désaccord entre les parties, qui sera transmis au juge commis. Quelles sont les conséquences de la négligence d’un co-indivisaire dans le partage ?L’article 700 du Code de procédure civile stipule que « la partie qui perd le procès peut être condamnée à payer à l’autre partie une somme au titre des frais exposés par elle et non compris dans les dépens ». Dans cette affaire, il a été constaté que plusieurs propositions de partage ont été adressées à Monsieur [P] [N], sans qu’il ne réponde. Cette négligence a conduit à la nécessité d’ouvrir une instance judiciaire pour procéder au partage. Ainsi, le tribunal a jugé équitable de condamner Monsieur [P] [N] à payer la somme de 3.000 € à Messieurs [S] [N] et [R] [N] en application de l’article 700, en raison de sa résistance à répondre aux propositions de ses co-indivisaires. Cette décision souligne l’importance de la coopération entre co-indivisaires pour éviter des procédures judiciaires coûteuses et longues. |
DE MARSEILLE
PREMIERE CHAMBRE CIVILE
JUGEMENT N° 25/ DU 07 Janvier 2025
Enrôlement : N° RG 24/10522 – N° Portalis DBW3-W-B7I-5EJQ
AFFAIRE : M. [S] [N] et autre (Me Anne LAMARCHE)
C/ M. [P] [N]
DÉBATS : A l’audience Publique du 05 Novembre 2024
COMPOSITION DU TRIBUNAL :
Président : SPATERI Thomas, Vice-Président
Greffier lors des débats : ALLIONE Bernadette, Greffier
Vu le rapport fait à l’audience
A l’issue de laquelle, les parties ont été avisées que le prononcé de la décision aurait lieu par mise à disposition au greffe le : 07 Janvier 2025
Jugement signé par SPATERI Thomas, Vice-Président et par ALLIONE Bernadette, Greffier à laquelle la minute de la décision a été remise par le magistrat signataire.
NATURE DU JUGEMENT
réputée contradictoire et en premier ressort
NOM DES PARTIES
DEMANDEURS
Monsieur [S] [N]
né le [Date naissance 1] 1961 à [Localité 9] (13)
de nationalité Française, demeurant et domicilié [Adresse 7]
Monsieur [R] [N]
né le [Date naissance 3] 1965 à [Localité 10]
de nationalité Française, demeurant et domicilié [Adresse 6]
représentés par Maître Anne LAMARCHE, avocat au barreau de MARSEILLE
C O N T R E
DEFENDEUR
Monsieur [P] [N]
né le [Date naissance 2] 1966 à [Localité 10]
de nationalité Française, demeurant et domicilié [Adresse 8]
défaillant
Monsieur [O] [N] est décédé le [Date décès 5] 2019 à [Localité 9], laissant pour lui succéder son épouse madame [K] [L], et leurs enfants, messieurs [S] [N], [R] [N] et [P] [N].
Madame [K] [L] est à son tour décédée le [Date décès 4] 2021 à [Localité 11].
Par acte de commissaire de justice du 4 septembre 2024 messieurs [S] [N] et [R] [N] ont fait assigner monsieur [P] [N], afin que soit ordonnée l’ouverture des opérations de compte, liquidation et partage de la succession de monsieur [O] [N]. Ils exposent en substance que si la succession de leur mère a pu être partagée, celle de leur père ne l’a pas été, et que monsieur [P] [N] n’a pas répondu à leurs propositions de partage. Ils demandent encore la condamnation de monsieur [P] [N] à leur payer la somme de 3.000 € en application de l’article 700 du code de procédure civile.
Monsieur [P] [N], assigné à sa personne, n’a pas constitué avocat.
L’ordonnance de clôture a été rendue le 15 octobre 2024.
Sur le partage :
En application de l’article 815 du code civil, nul ne peut être contraint à demeurer dans l’indivision et le partage peut toujours être provoqué, à moins qu’il n’y ait été sursis par jugement ou convention.
En l’espèce, les parties sont héritiers de [O] [N] et depuis son décès l’indivision successorale n’a pas pu être partagée.
En application de l’article 840 du code civil, le partage est fait en justice lorsque l’un des indivisaires refuse de consentir au partage amiable ou s’il s’élève des contestations sur la manière d’y procéder ou de le terminer ou lorsque le partage amiable n’a pas été autorisé ou approuvé dans l’un des cas prévus aux articles 836 et 837.
L’article 1364 du code de procédure civile prévoit que si la complexité des opérations le justifie le tribunal désigne un notaire pour procéder aux opérations de partage et commet un juge pour surveiller les opérations. Le notaire est choisi par les copartageants, et à défaut d’accord par le tribunal.
Il convient dès lors d’ordonner l’ouverture des opérations de compte, liquidation et partage de la succession de [O] [N], et, les opérations étant complexes compte tenu des prétentions des parties, de désigner un notaire. Il convient de désigner maître [M] [U], notaire à [Localité 9].
Il sera rappelé qu’il entre dans la mission du notaire commis de dresser, dans le délai d’un an à compter de sa désignation, un état liquidatif qui établira la masse partageable, les comptes entre les copartageants, les droits des parties et les éventuels dépassements de la quotité disponible, ainsi que la composition des lots à répartir, chaque copartageant devant recevoir des biens pour une valeur égale à celle de ses droits dans l’indivision.
Le notaire se fera remettre tout document utile à l’accomplissement de sa mission, notamment les comptes de l’indivision, examinera les sommes éventuellement dépensées pour le compte de celle-ci ou perçues pour son compte, déterminera, le cas échéant, les pertes ou avantages financiers résultant de l’occupation gratuite de certains biens dépendant de l’indivision et, par suite, les sommes susceptibles de revenir à chacun des copartageants.
Si un désaccord subsiste entre les parties, il établira un procès verbal reprenant les dires respectifs des parties, ainsi qu’un projet d’état liquidatif qu’il transmettra au juge commis, lequel fera rapport au tribunal des points de désaccord subsistants.
Sur les autres demandes :
Les dépens seront employés en frais privilégiés de partage.
Il résulte en outre des pièces produites aux débats que plusieurs propositions de partage ont été adressées à monsieur [P] [N], sans recevoir de réponse de sa part.
Ces éléments suffisent à montrer que la présente instance n’a été rendue nécessaire que par la négligence ou la résistance de monsieur [P] [N] à répondre aux propositions de ses co-indivisaires. Il est donc équitable de laisser à sa charge les frais non compris dans les dépens. En application de l’article 700 du code de procédure civile monsieur [P] [N] sera donc condamné à payer à messieurs [S] [N] et [R] [N] la somme totale de 3.000 € en application de l’article 700 du code de procédure civile.
Le tribunal, statuant par jugement réputé contradictoire et en premier ressort :
Ordonne l’ouverture des opérations de compte, liquidation et partage de l’indivision résultant de la succession de [O] [N] ;
Commet Maître [M] [U], notaire à [Localité 9], afin de procéder aux opérations ;
Commet le juge de la mise en état du cabinet numéro 1 de la 1ère chambre civile afin de surveiller les dites opérations ;
Dit que notaire se fera remettre tout document utile à l’accomplissement de sa mission, notamment les comptes de l’indivision, examinera les sommes éventuellement dépensées pour le compte de celle-ci ou perçues pour son compte, déterminera, le cas échéant, les pertes ou avantages financiers résultant de l’occupation gratuite de certains biens dépendant de l’indivision et, par suite, les sommes susceptibles de revenir à chacun des copartageants ;
Dit que le notaire devra, dans le délai d’un an suivant sa désignation, dresser un état liquidatif qui établira les comptes entre co-partageants, la masse partageable, les droits des parties et la composition des lots à répartir ;
Dit que le notaire pourra, si nécessaire, s’adresser au centre des services informatiques de la direction des impôts, cellule FICOBA, qui sera tenue de communiquer l’ensemble des informations qu’il réclame et aux organismes financiers auprès desquels [O] [N] avait souscrit des contrats d’assurance vie afin de déterminer si les conditions de ces contrats révèlent la volonté du souscripteur de se dépouiller de manière irrévocable et si, dans ces conditions, le capital versé doit être réuni fictivement en vue du calcul de la quotité disponible ;
Dit que le notaire pourra s’adresser aux fins d’évaluation des biens immobiliers à la structure PERVAL détenant la base des données immobilières du notariat, ainsi que l’ensemble des statistiques immobilières nationales et régionales qui en découlent ;
Dit que le notaire pourra s’adjoindre les services d’un expert, conformément à l’article 1365 alinéa 3 du code de procédure civile, choisi d’un commun accord entre les parties ou, à défaut, désigné par le juge commis ;
Dit que les frais nécessaires à l’instruction du dossier seront prélevés par le notaire sur l’actif disponible de la succession et fixe à la somme de 1.500 euros la provision qu’en cas d’insuffisance de liquidité la partie la plus diligente devra verser entre les mains du dit notaire ;
Dit qu’en application des articles 842 du code civil et 1372 du code de procédure civile, si un acte de partage amiable est établi, le notaire en informera le juge commis qui constatera la clôture de la procédure ;
Rappelle qu’en cas de désaccord entre les parties, le notaire devra élaborer lui-même et seul, un projet de liquidation, au vu des textes applicables en la matière, sans être obligé de rédiger un état liquidatif avec la coopération des parties ;
Dit qu’en cas de désaccord sur des questions relevant de l’appréciation souveraine des juges du fond, le notaire adressera, en application de l’article 1373 du code de procédure civile, un procès-verbal reprenant lesdits respectifs des parties, ainsi qu’un projet d’état liquidatif, et le transmettra au juge commis pour surveiller les opérations de partage ;
Condamne monsieur [P] [N] à payer à messieurs [S] [N] et [R] [N] la somme de totale de 3.000 euros en application de l’article 700 du code de procédure civile ;
Dit que les dépens seront employés en frais privilégiés de partage.
AINSI JUGÉ, PRONONCÉ ET MIS À DISPOSITION AU GREFFE DE LA PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE DU TRIBUNAL JUDICIAIRE DE MARSEILLE LE SEPT JANVIER DEUX MILLE VINGT CINQ.
LE GREFFIER, LE PRÉSIDENT,
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