Santé mentale d’un élu : diffamation et droit à l’information

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Santé mentale d’un élu : diffamation et droit à l’information

Affaire Lyon Mag

La santé des élus y compris leur santé mentale, relève bien du débat d’intérêt général. La Cour de cassation a considéré que le directeur de la publication Lyon Mag a été condamné à tort pour diffamation pour avoir publié un article sur la Maire du premier arrondissement de Lyon, hospitalisée en raison de sa santé mentale. L’article faisait état d’une hospitalisation au service des urgences psychiatriques en raison d’un « burn-out professionnel » accompagné d’une « tentative de suicide ».

Diffamation retenue

L’article a été jugé diffamatoire en raison de l’association d’éléments présentés comme objectifs, tels que les déclarations de policiers, de pompiers selon lesquelles l’intéressée avait tenté de se suicider et d’appréciations subjectives, en l’occurrence les explications qualifiées de tortueuses de ses proches, les relations qualifiées de tendues avec la mairie de Lyon fragilisant son état de santé ou le trouble né de la publication d’un précédent article qui aurait fait de la partie civile un portrait caricatural et l’aurait affectée, dans le but de mettre en exergue, non pas un accident de santé, mais la fragilité actuelle de son état de santé mentale suffisamment grave pour qu’elle relève des urgences psychiatriques, une tentative de suicide étant, de surcroît, évoquée.

Déconsidération de l’élue et atteinte à sa réputation

L’article qui rapportait l’hospitalisation au service des urgences psychiatriques de l’élue, rapprochée des difficultés de santé de celles rencontrées durant son mandat de maire et de son aptitude à exercer des responsabilités d’élue, a  porté atteinte à la considération de l’élue. L’orientation vers un service psychiatrique n’est pas un fait anodin, il s’agit d’un fait propre à nourrir des inquiétudes sur le comportement futur de l’élue et ses facultés et aptitudes personnelles.

Diffamation couverte par la bonne foi

La diffamation devait néanmoins être couverte par l’exception de bonne foi. En effet, d’une part, l’état de santé d’un élu, s’il concerne la vie privée de l’intéressé, est une question relevant d’un débat d’intérêt général pour ceux dont il est le représentant. D’autre part, l’article poursuivi faisait référence, pour son état de santé, aux explications de l’entourage de la plaignante et à des informations recueillies auprès des services de secours et de fonctionnaires de police et, s’agissant de l’exercice de son mandat de maire d’arrondissement, à des faits résultant de l’actualité locale, soit déjà connus, soit rapportés par d’autres articles de presse, de sorte que les journalistes, poursuivant un but légitime, n’ont pas manqué à leur obligation de procéder à une enquête sérieuse.

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Questions / Réponses juridiques

Quelle est la décision de la Cour de cassation concernant l’affaire Lyon Mag ?

La Cour de cassation a jugé que le directeur de la publication Lyon Mag avait été condamné à tort pour diffamation. Cette décision fait suite à la publication d’un article concernant la Maire du premier arrondissement de Lyon, qui avait été hospitalisée pour des raisons de santé mentale.

L’article en question rapportait une hospitalisation aux urgences psychiatriques, mentionnant un « burn-out professionnel » et une « tentative de suicide ». La Cour a estimé que la santé des élus, y compris leur santé mentale, est un sujet d’intérêt général, justifiant ainsi la publication de telles informations.

Pourquoi l’article a-t-il été jugé diffamatoire ?

L’article a été jugé diffamatoire en raison de l’association d’éléments objectifs et subjectifs. Les éléments objectifs incluaient des déclarations de policiers et de pompiers, affirmant que l’élue avait tenté de se suicider.

En revanche, les éléments subjectifs comprenaient des interprétations des proches de l’élue, qui ont été qualifiées de tortueuses, ainsi que des relations tendues avec la mairie de Lyon. Ces éléments ont contribué à créer un portrait négatif de l’élue, mettant en avant non seulement un accident de santé, mais aussi une fragilité mentale suffisamment grave pour nécessiter des soins psychiatriques.

Comment l’article a-t-il affecté la réputation de l’élue ?

L’article a porté atteinte à la considération de l’élue en liant son hospitalisation à ses capacités à exercer ses responsabilités. L’orientation vers un service psychiatrique est un fait qui suscite des inquiétudes quant à son comportement futur et à ses aptitudes personnelles.

Cette association entre sa santé mentale et ses fonctions d’élue a pu nuire à sa réputation, en laissant entendre qu’elle n’était pas en mesure de remplir ses obligations de manière adéquate. Cela soulève des questions sur la perception publique des élus et de leur santé mentale.

Quelles sont les raisons pour lesquelles la diffamation a été couverte par la bonne foi ?

La diffamation a été considérée comme couverte par l’exception de bonne foi pour plusieurs raisons. Premièrement, l’état de santé d’un élu, bien qu’il touche à sa vie privée, est un sujet d’intérêt général pour ses concitoyens.

Deuxièmement, l’article s’appuyait sur des informations provenant de l’entourage de l’élue ainsi que sur des déclarations de services de secours et de police. De plus, les faits relatés étaient déjà connus ou avaient été rapportés par d’autres médias, ce qui montre que les journalistes avaient mené une enquête sérieuse et poursuivaient un but légitime dans leur travail.


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