L’Essentiel : Le 17 septembre 2013, un salarié a été engagé en qualité de facteur polyvalent par une entreprise de distribution de courrier. À partir du 1er janvier 2019, ce salarié a été affecté à une plateforme de distribution. Entre 2020 et 2022, le salarié a participé à trente-neuf mouvements de grève, chacun d’une durée de vingt-quatre heures. Le 1er juillet 2022, le salarié a contesté les retenues sur salaire appliquées pour les dimanches précédents ses reprises de service. Il a saisi la juridiction prud’homale pour demander à l’entreprise de lui verser des sommes dues à titre de rappel de salaires.
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Engagement et affectationLe 17 septembre 2013, un salarié a été engagé en qualité de facteur polyvalent par une entreprise de distribution de courrier. À partir du 1er janvier 2019, ce salarié a été affecté à une plateforme de distribution. Mouvements de grèveEntre 2020 et 2022, le salarié a participé à trente-neuf mouvements de grève, chacun d’une durée de vingt-quatre heures. Ces grèves ont été précédées de préavis déposés par un syndicat représentant les travailleurs de l’entreprise, dont trente-sept ont eu lieu les samedis, de 0h00 à 24h00. Litige sur les retenues salarialesLe 1er juillet 2022, le salarié a contesté les retenues sur salaire appliquées pour les trente-sept dimanches précédant ses reprises de service le lundi. Il a saisi la juridiction prud’homale pour demander à l’entreprise de lui verser des sommes dues à titre de rappel de salaires, ainsi que les congés payés correspondants. De plus, il a demandé la remise de bulletins de salaire rectifiés sous astreinte. Examen du moyenConcernant le moyen soulevé, il a été noté qu’en vertu de l’article 1014, alinéa 2, du code de procédure civile, il n’était pas nécessaire de statuer par une décision spécialement motivée sur ce grief, qui n’était manifestement pas de nature à entraîner la cassation. |
Q/R juridiques soulevées :
Quelles sont les conséquences des retenues sur salaire en cas de grève ?Les retenues sur salaire en cas de grève sont régies par le principe de la légalité des grèves et des conséquences qui en découlent. Selon l’article L2512-1 du Code du travail, « le droit de grève s’exerce dans le cadre des dispositions législatives et réglementaires en vigueur ». Ainsi, lorsque des salariés participent à une grève, l’employeur a le droit de procéder à des retenues sur salaire pour les heures non travaillées. Cependant, l’article L2512-2 précise que « les salariés grévistes ne peuvent pas être sanctionnés pour avoir exercé leur droit de grève, sauf en cas de non-respect des règles de préavis ». Dans le cas présent, le salarié a contesté les retenues sur salaire pour les jours de grève, arguant qu’elles étaient injustifiées. Il est donc essentiel d’examiner si les préavis de grève ont été respectés et si les retenues étaient proportionnelles à la durée de la grève. Quels sont les droits du salarié en matière de rappel de salaires ?Le droit à un rappel de salaires est fondé sur le principe de la rémunération due pour le travail effectué. L’article L3242-1 du Code du travail stipule que « tout salarié a droit à une rémunération correspondant à son travail ». En cas de litige sur le montant des salaires, le salarié peut saisir le conseil de prud’hommes pour obtenir le paiement des sommes dues. Dans le cas présent, le salarié a saisi la juridiction prud’homale pour demander le paiement de diverses sommes à titre de rappel de salaires, ainsi que des congés payés afférents. L’article L1235-1 précise que « le juge peut condamner l’employeur à verser au salarié les sommes qui lui sont dues ». Il est donc crucial pour le salarié de prouver que les retenues effectuées sur son salaire étaient injustifiées pour obtenir gain de cause. Quelle est la procédure à suivre pour contester des bulletins de salaire ?La contestation des bulletins de salaire doit suivre une procédure précise, conformément aux dispositions du Code du travail. L’article L3243-2 indique que « le salarié a le droit de demander à son employeur la rectification de son bulletin de salaire en cas d’erreur ». Le salarié doit donc notifier son employeur des erreurs constatées sur ses bulletins de salaire et demander leur rectification. En cas de refus ou d’absence de réponse, le salarié peut saisir le conseil de prud’hommes pour obtenir la rectification des bulletins de salaire. L’article L1235-1, déjà mentionné, permet également au juge de condamner l’employeur à remettre des bulletins de salaire rectifiés sous astreinte. Il est donc important pour le salarié de conserver tous les documents et preuves nécessaires pour étayer sa demande de rectification. Quelles sont les implications de l’article 1014 du Code de procédure civile dans cette affaire ?L’article 1014 du Code de procédure civile traite des conditions de recevabilité des moyens soulevés devant la cour. L’alinéa 2 précise que « le juge n’est pas tenu de motiver sa décision sur les moyens qui n’ont pas d’incidence sur le résultat de l’affaire ». Dans le contexte de cette affaire, cela signifie que si le moyen soulevé par le salarié n’est pas de nature à entraîner la cassation de la décision, le juge peut choisir de ne pas en tenir compte. Cela peut avoir des conséquences sur la stratégie juridique du salarié, qui doit s’assurer que ses arguments sont suffisamment solides pour justifier une décision favorable. Il est donc essentiel de bien préparer les moyens de contestation et de s’assurer qu’ils sont pertinents par rapport aux enjeux de l’affaire. |
JL10
COUR DE CASSATION
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Audience publique du 5 février 2025
Rejet
M. SOMMER, président
Arrêt n° 131 FS-D
Pourvoi n° J 23-14.636
R É P U B L I Q U E F R A N Ç A I S E
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AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS
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ARRÊT DE LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE SOCIALE, DU 5 FÉVRIER 2025
La société La Poste, société anonyme, dont le siège est [Adresse 2], a formé le pourvoi n° J 23-14.636 contre le jugement rendu le 23 mars 2023 par le conseil de prud’hommes de Valence (section commerce, chambre 1), dans le litige l’opposant à M. [U] [O], domicilié [Adresse 1], défendeur à la cassation.
La demanderesse invoque, à l’appui de son pourvoi, un moyen de cassation.
Le dossier a été communiqué au procureur général.
Sur le rapport de Mme Bérard, conseiller, les observations de la SARL Boré, Salve de Bruneton et Mégret, avocat de la société La Poste, de la SARL Thouvenin, Coudray et Grévy, avocat de M. [O], les plaidoiries de Me Boré pour la société La Poste, de Me Grévy, pour M. [O], et l’avis de Mme Laulom, avocat général, après débats en l’audience publique du 8 janvier 2025 où étaient présents M. Sommer, président, Mme Bérard, conseiller rapporteur, M. Huglo, conseiller doyen, M. Rinuy, Mmes Ott, Sommé, Bouvier, M. Dieu, conseillers, Mmes Chamley-Coulet, Lanoue, Ollivier, Arsac, conseillers référendaires, Mme Laulom, avocat général, et Mme Jouanneau, greffier de chambre,
la chambre sociale de la Cour de cassation, composée, en application de l’article R. 431-5 du code de l’organisation judiciaire, des président et conseillers précités, après en avoir délibéré conformément à la loi, a rendu le présent arrêt.
1. Selon le jugement attaqué (conseil de prud’hommes de Valence, 23 mars 2023), M. [O] a été engagé en qualité de facteur polyvalent par la société La Poste (La Poste) le 17 septembre 2013. Il a été affecté à effet du 1er janvier 2019 à une plateforme de distribution du courrier.
2. Il s’est associé entre 2020 et 2022 à trente-neuf mouvements de grève d’une durée de vingt-quatre heures, précédés de préavis de grève déposés par le syndicat Sud PTT Drôme Ardèche Loire, dont trente-sept pour les samedis de 0h00 à 24h00.
3. Contestant les retenues sur salaire opérées au titre des trente-sept dimanches ayant précédé ses reprises de service le lundi, le salarié a saisi la juridiction prud’homale le 1er juillet 2022, afin de condamner La Poste à lui payer diverses sommes à titre de rappel de salaires, outre les congés payés afférents, ainsi qu’à lui remettre sous astreinte des bulletins de salaire rectifiés.
Sur le moyen, pris en sa troisième branche
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