L’Essentiel : Le Tribunal de Grande Instance de Paris a statué sur la demande de blocage du site Copwatch, dénonçant les violences policières. Bien que le Ministre de l’intérieur ait obtenu une suspension d’accès, la mesure de blocage URL a été jugée inadaptée et disproportionnée. Le Tribunal a souligné l’inefficacité des blocages sur Internet, tout en ordonnant aux fournisseurs d’accès à Internet (FAI) de prendre des mesures alternatives pour bloquer le site. De plus, le coût de cette mesure, justifiée par l’intérêt général, a été remboursé par le Ministre aux FAI, respectant ainsi le principe d’égalité devant les charges publiques.
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Suite à une saisine en référé des tribunaux, le Ministre de l’intérieur a obtenu des principaux FAI français, la suspension de l’accès au site Internet Copwatch. Ce dernier se proposait de dénoncer les violences policières. (1) Le site Copwatch avait notamment publié les propose suivants : « Nous n’hésiterons pas à user de termes sévères à l’égard de la Police et de la Gendarmerie, car nous considérons ces institutions comme la fosse commune de l’humanité, le charnier de l’évolution, la mise à mort quotidienne de la déontologie et de l’éthique. Nous serons sans équivoque » Mots clés : FAI Thème : Responsabilite des FAI A propos de cette jurisprudence : juridiction : Tribunal de Grande instance de Paris | 14 octobre 2011 | Pays : France |
Q/R juridiques soulevées :
Pourquoi le Ministre de l’intérieur a-t-il demandé la suspension de l’accès au site Copwatch ?Le Ministre de l’intérieur a demandé la suspension de l’accès au site Copwatch en raison de son contenu, qui dénonçait les violences policières. Cette demande a été motivée par des accusations d’injures publiques envers des administrations publiques, en vertu des articles 29 et 33 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. De plus, le site était accusé de violer la loi du 6 janvier 1978 sur « Informatique et libertés », car il procédait à la collecte de données personnelles, en diffusant des photographies, noms et affectations de fonctionnaires de police. Quelles mesures judiciaires ont été ordonnées par le Tribunal concernant le site Copwatch ?Le Tribunal a ordonné une mesure de blocage d’accès au site Copwatch, mais a jugé que la mesure de blocage URL demandée par le ministre n’était pas adaptée ni proportionnée. Le Tribunal s’est basé sur un rapport de la Fédération Française des Télécoms, qui a mis en évidence l’inefficacité et les risques associés aux blocages d’URL. Cependant, il a été décidé que les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) devaient adopter des mesures pour bloquer l’accès au site, comme le blocage par IP ou par DNS, en attendant d’identifier les responsables du site. Quelles sont les implications financières pour les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) ?Le principe d’égalité devant les charges publiques stipule que les FAI ne doivent pas supporter les coûts liés à la mise en œuvre d’une mesure justifiée par l’intérêt général. Ainsi, le Ministre de l’intérieur a été contraint de rembourser aux principaux FAI les coûts afférents à la mesure de blocage du site Copwatch. Cela souligne la responsabilité de l’État dans la prise en charge des coûts liés à des mesures judiciaires, surtout lorsque les FAI ne sont pas responsables du contenu en question. Quels défis techniques sont associés au blocage d’URL selon le rapport des experts ?Le rapport des experts a souligné que le système de blocage d’URL nécessiterait l’acquisition d’ordinateurs appelés “Deep Packet Inspectors”. Ces équipements sont destinés à analyser toutes les requêtes des abonnés pour déterminer si le fournisseur d’accès peut transmettre ou non les données vers le site en question. Les experts ont estimé que chaque fournisseur d’accès au réseau internet français devrait acquérir entre 20 et 30 de ces systèmes, ce qui représente un coût initial d’environ 10 000 euros, sans compter les frais de maintenance. Quel était le contenu controversé publié par le site Copwatch ?Le site Copwatch avait publié des propos très critiques à l’égard des forces de police et de gendarmerie, les qualifiant de « fosse commune de l’humanité » et de « charnier de l’évolution ». Ces déclarations reflètent une position radicale sur le rôle des institutions policières, affirmant qu’elles sont responsables de la mise à mort quotidienne de la déontologie et de l’éthique. Cette rhétorique a contribué à la décision du Ministre de l’intérieur de demander la suspension du site, en raison de la nature injurieuse de ces propos. |
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