L’Essentiel : La SCI Ikal a conclu un bail commercial avec Easycar4you, mais cette dernière a cessé de payer ses loyers à partir de janvier 2024. Après un commandement de payer resté sans effet, la SCI a assigné Easycar4you en référé, demandant la résiliation du bail et l’expulsion. Le tribunal a constaté la résiliation du bail au 18 octobre 2024, ordonnant à Easycar4you de restituer les lieux dans un mois. La société a été condamnée à verser des sommes provisionnelles pour loyers impayés et une indemnité d’occupation, avec intérêts et frais de justice à sa charge.
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Exposé du litigePar un acte sous seing privé daté du 19 juillet 2022, la SCI Ikal a accordé à la société Easycar4you un bail commercial pour des locaux situés à une adresse précise, avec une durée allant du 1er septembre 2022 au 31 août 2023, renouvelable par tacite reconduction. Le loyer annuel initial était fixé à 5 800 euros, payable mensuellement à hauteur de 490 euros, en plus d’une provision sur charges de 89 euros. À partir de janvier 2024, la société Easycar4you a cessé de régler ses loyers. Le 18 septembre 2024, la SCI Ikal a délivré un commandement de payer à la société Easycar4you, réclamant la somme de 5 211 euros pour loyers, charges et accessoires, en se basant sur la clause résolutoire du bail. Face à l’inefficacité de ce commandement, la SCI Ikal a assigné Easycar4you devant le juge des référés le 15 novembre 2024, demandant la constatation de la résiliation du bail, l’expulsion de la société, le paiement de loyers impayés, une indemnité d’occupation, ainsi qu’une somme en vertu de l’article 700 du code de procédure civile. Demande de constatation de résiliationLa demande de constatation de résiliation du bail a été justifiée par la présentation du bail du 19 juillet 2022, qui contenait une clause résolutoire, ainsi que du commandement de payer délivré le 18 septembre 2024. Un décompte a également été produit, montrant que les obligations n’avaient pas été remplies dans le mois suivant la délivrance du commandement. La société Easycar4you n’a pas prouvé avoir réglé sa dette locative, ce qui a conduit à la constatation de la résiliation du bail au 18 octobre 2024. Ordonnance d’expulsionConformément à l’article 835 du code de procédure civile, le président du tribunal judiciaire a le pouvoir d’ordonner des mesures conservatoires, même en cas de contestation. L’occupation sans droit ni titre des locaux par Easycar4you a été considérée comme un trouble manifestement illicite, justifiant ainsi l’ordonnance de libération des lieux. Indemnité provisionnelleL’article 835, alinéa 2, du code de procédure civile permet d’accorder une provision au créancier lorsque l’existence de l’obligation n’est pas sérieusement contestable. Les demandes de paiement provisionnel ont été justifiées par les sommes dues au titre du commandement de payer, ainsi que les loyers pour les mois suivants, après déduction d’un paiement antérieur. L’indemnité d’occupation a été fixée à 868,50 euros par mois, à compter du 18 octobre 2024, jusqu’à la libération des lieux. Décision finaleLe tribunal a constaté la résiliation du bail à compter du 18 octobre 2024 et a ordonné à la société Easycar4you de restituer les lieux dans un délai d’un mois, sous peine d’expulsion. La société a été condamnée à payer à la SCI Ikal des sommes provisionnelles pour loyers et charges impayés, ainsi qu’une indemnité mensuelle d’occupation. Les sommes dues porteront intérêts à compter de la décision, et Easycar4you a également été condamnée à payer des frais de justice et une somme en vertu de l’article 700 du code de procédure civile. |
Q/R juridiques soulevées :
Quelle est la nature et les effets de la clause résolutoire dans le bail commercial ?La clause résolutoire est une disposition contractuelle qui permet à une partie de mettre fin au contrat en cas de manquement de l’autre partie à ses obligations. Dans le cadre d’un bail commercial, cette clause est souvent utilisée pour sanctionner le non-paiement des loyers. Selon l’article 1184 du Code civil, « la condition résolutoire est celle qui, lorsqu’elle se réalise, entraîne la résolution de l’obligation ». Dans le cas présent, la SCI Ikal a invoqué la clause résolutoire contenue dans le bail du 19 juillet 2022, en raison du non-paiement des loyers par la société Easycar4you. Il est important de noter que pour que la clause résolutoire produise ses effets, le bailleur doit respecter certaines formalités, notamment la délivrance d’un commandement de payer, comme le stipule l’article 14 de la loi du 6 juillet 1989. Ce commandement doit mentionner la clause résolutoire et donner un délai au locataire pour s’acquitter de sa dette. Dans cette affaire, la SCI Ikal a délivré un commandement de payer le 18 septembre 2024, ce qui a permis de constater la résiliation du bail au 18 octobre 2024, date à laquelle la société Easycar4you n’avait pas régularisé sa situation. Quelles sont les conditions d’expulsion d’un locataire en cas de non-paiement des loyers ?L’expulsion d’un locataire est encadrée par des dispositions légales strictes. L’article 835 du Code de procédure civile permet au président du tribunal judiciaire, statuant en référé, d’ordonner l’expulsion d’un locataire en cas de trouble manifestement illicite, tel que l’occupation sans droit ni titre. L’occupation sans droit ni titre est définie comme une situation où une personne occupe un bien sans avoir de droit légal ou contractuel pour le faire. Dans le cas présent, la société Easycar4you a cessé de payer ses loyers, ce qui a conduit à une situation d’occupation sans droit. L’article 9 de la loi du 6 juillet 1989 précise que le bailleur peut demander l’expulsion du locataire en cas de non-paiement des loyers, après avoir respecté la procédure de commandement de payer. La SCI Ikal a respecté cette procédure en délivrant un commandement de payer le 18 septembre 2024, et en constatant que la société Easycar4you n’avait pas régularisé sa situation dans le délai imparti. Ainsi, le tribunal a ordonné l’expulsion de la société Easycar4you, en précisant que celle-ci devait restituer les lieux dans le mois suivant la signification de la décision, sous peine d’expulsion par les voies légales. Quelles sont les modalités de fixation de l’indemnité d’occupation en cas d’expulsion ?L’indemnité d’occupation est due par un occupant sans droit ni titre à compter du moment où il est considéré comme tel. Selon l’article 835, alinéa 2, du Code de procédure civile, le président du tribunal peut accorder une provision au créancier lorsque l’existence de l’obligation n’est pas sérieusement contestable. Dans cette affaire, la SCI Ikal a demandé une indemnité d’occupation de 868,50 euros, correspondant au montant du dernier loyer augmenté de 5 % conformément à la clause pénale convenue dans le bail. Cette indemnité est due jusqu’à la libération effective des lieux par le preneur. L’article 1728 du Code civil précise que le locataire est tenu de payer le loyer convenu, et en cas de non-paiement, il doit également des indemnités pour l’occupation des lieux. L’indemnité d’occupation est donc évaluée sur la base du loyer contractuel, et dans ce cas, elle a été fixée à 868,50 euros par mois. Les sommes dues au titre de l’indemnité d’occupation porteront intérêts à compter du jour de la décision, conformément aux dispositions légales en vigueur. Quelles sont les conséquences financières pour le locataire en cas de non-paiement des loyers ?Les conséquences financières pour un locataire en cas de non-paiement des loyers peuvent être significatives. En plus de devoir régler les loyers impayés, le locataire peut être condamné à payer des indemnités d’occupation et des frais de justice. L’article 700 du Code de procédure civile permet au juge de condamner la partie perdante à payer une somme à l’autre partie pour couvrir ses frais d’avocat et de justice. Dans cette affaire, la société Easycar4you a été condamnée à payer 1 000 euros à la SCI Ikal en application de cet article. De plus, les sommes dues au titre des loyers impayés, qui s’élevaient à 5 948 euros, porteront intérêts à compter du jour de la décision. Cela signifie que la société Easycar4you devra non seulement rembourser les loyers dus, mais également des intérêts sur ces montants, augmentant ainsi le coût total de sa dette. Enfin, la société Easycar4you devra également assumer les dépens de l’instance, y compris le coût du commandement de payer, ce qui représente une charge financière supplémentaire. |
ORDONNANCE DU:
15 Janvier 2025
ROLE:
N° RG 24/00366 – N° Portalis DBZ2-W-B7I-ILJW
S.C.I. IKAL
C/
S.A.S. EASYCAR4YOU
Grosse(s) délivrée(s)
à Me VANDAMME
le
Copie(s) délivrée(s)
à Me VANDAMME
le
TRIBUNAL JUDICIAIRE DE BETHUNE
Ce jour, quinze Janvier deux mil vingt cinq, en la salle des audiences du Tribunal judiciaire de BETHUNE
Nous, Guillaume MEUNIER, Président, assisté de Laëtitia WEGNER, Greffier principal, tenant l’audience des référés.
Dans la cause entre :
DEMANDERESSE
S.C.I. IKAL, dont le siège social est sis [Adresse 2]
représentée par Maître Karl VANDAMME, avocat au barreau de LILLE
DEFENDERESSE
S.A.S. EASYCAR4YOU, dont le siège social est sis [Adresse 1]
non comparante
A l’appel de la cause ;
A l’audience du 11 Décembre 2024 ;
Après avoir entendu les parties comparantes ou leurs conseils, avons indiqué que la décision sera prononcée par sa mise à disposition au greffe le 15 Janvier 2025;
Sur quoi, Nous, Président, Juge des référés avons rendu l’ordonnance suivante :
Par acte sous seing privé du 19 juillet 2022, la SCI Ikal a consenti à la société Easycar4you un bail commercial pour des locaux situés [Adresse 1], pour la période du 1er septembre 2022 au 31 août 2023, renouvelable par tacite reconduction, avec un loyer annuel initial de 5 800 euros, hors taxes et hors charges, payable mensuellement à hauteur de 490 euros par mois, outre une provision sur charges de 89 euros.
La société Easycar4you aurait cessé de payer régulièrement les loyers à compter de janvier 2024.
Le 18 septembre 2024, la SCI Ikal a fait délivrer à la société Easycar4you un commandement de payer la somme de 5 211 euros en loyers, charges et accessoires (outre 154,73 euros de frais d’acte), visant la clause résolutoire comprise dans ce bail.
Invoquant que ce commandement est resté sans effet, par acte du 15 novembre 224, la SCI Ikal a fait assigner la société Easycar4you devant le juge des référés de ce tribunal aux fins de voir :
– constater l’acquisition de la clause résolutoire au 18 octobre 2024 ;
– ordonner l’expulsion immédiate de la société ainsi que de toutes personne que le preneur aurait pu introduire dans les lieux de son chef, le cas échéant avec le concours de la force publique ;
– condamner par provision la société Easycar4you à lui payer la somme de 4 790 euros, à titre de loyers et charges impayés au 19 octobre 2024 ;
– condamner la société Easycar4you à lui payer une indemnité mensuelle d’occupation égale à 868,50 euros ;
– condamner la société Easycar4you à lui payer la somme de 2 000 euros en application des dispositions de l’article 700 du code de procédure civile, outre les entiers dépens.
A l’audience, la SCI Ikal actualise sa demande au titre des loyers à la somme de 5 948 euros, incluant les loyers de novembre et décembre 2024, et tenant compte d’un versement de 1 000 euros intervenu en septembre 2024.
La société Easycar4you n’a pas comparu.
Il résulte de l’acte de signification que l’huissier de justice a relaté dans l’acte les diligences qu’il a accomplies pour effectuer la signification à la personne de son destinataire (refus de la personne présente de prendre l’acte) et les circonstances caractérisant l’impossibilité d’une telle signification, en l’espèce, l’absence du destinataire à son domicile, et qu’il a mentionné avoir accompli les diligences prévues aux articles 656 à 659 du code de procédure civile.
La présente décision sera donc réputée contradictoire.
La décision a été mise en délibéré au 15 janvier 2025.
Sur le constat de la résiliation du bail
La demande en constatation de résiliation de bail est justifiée par la production aux débats :
– du bail du 19 juillet 2022, qui contient une clause résolutoire (page 15 du contrat de bail),
– du commandement de payer la somme de 5 211 euros, arrêtée au jour de l’acte qui a été délivré le 18 septembre 2024 avec rappel de la clause résolutoire,
– du décompte arrêté au 15 décembre 2024 faisant apparaître que les causes du commandement n’ont pas été réglées dans le mois de la délivrance de cet acte.
La société Easycar4you, à qui il incombe de démontrer s’être acquittée de ses obligations, ne soutient ni ne démontre avoir soldé sa dette locative.
Il y a donc lieu de constater la résiliation du bail au ésiliation18 octobre 2024 ésiliation.
Sur l’expulsion
L’article 835 du code de procédure civile autorise le président du tribunal judiciaire, statuant en référé, et même en présence d’une contestation sérieuse, à prescrire « les mesures conservatoires ou de remise en état qui s’imposent, soit pour prévenir un dommage imminent, soit pour faire cesser un trouble manifestement illicite ».
L’occupation sans droit ni titre de la propriété d’autrui constitue un trouble manifestement illicite.
Il convient d’ordonner la libération des lieux dans les conditions définies au dispositif de la présente ordonnance.
Sur l’indemnité provisionnelle
L’article 835, alinéa 2, du code de procédure civile, dispose que « Dans les cas où l’existence de l’obligation n’est pas sérieusement contestable », le président du tribunal judiciaire peut « accorder une provision au créancier, ou ordonner l’exécution de l’obligation même s’il s’agit d’une obligation de faire ».
Les demandes en paiement provisionnel sont justifiées comme suit :
– sommes dues au titre du commandement de payer : 5 211 euros ;
– loyer pour les mois d’octobre à décembre 2024 ;
– à déduire un paiement de 1 000 euros datant du mois de septembre 2024.
Soit un total de 5 948 euros, à déduire la somme de 1 158 euros correspondant aux loyers de novembre et décembre.
En effet, celui qui occupe sans droit ni titre la propriété d’autrui lui doit réparation, qui peut être, en l’espèce convenablement évaluée, à titre provisionnel, au montant actuel des loyers et charges. Aussi, la société Easycar4you sera tenue à une indemnité d’occupation à compter du 18 octobre 2024, puisque les lieux sont désormais occupés sans droit ni titre.
Cette indemnité d’occupation sera égale au montant du dernier loyer augmenté de 5 % conformément à la clause pénale convenue, soit 868,50 euros par mois, et sera due jusqu’à complète libération des lieux par le preneur.
Les sommes déjà échues porteront intérêts à taux légal à compter du jour de la présente ordonnance. Les indemnités mensuelles à échoir porteront intérêts du jour de leur exigibilité.
Sur les demandes accessoires
La société Easycar4you, qui succombe, sera tenu aux entiers dépens, en ce compris le coût du commandement de payer du le 18 septembre 2024, et condamné, en application de l’article 700 du code de procédure civile, à payer à la SCI Ikal la somme de 1 000écision_Article_700 eurosécision_Article_700.
La présente décision est assortie de plein droit de l’exécution provisoire.
Nous, Guillaume Meunier, président du tribunal judiciaire, statuant par ordonnance publique par mise à disposition au greffe, en référé, en premier ressort, réputée contradictoire, assortie de plein droit de l’exécution provisoire,
CONSTATONS la résiliation du bail liant les parties à compter du 18 octobre 2024 ;
CONDAMNONS la société Easycar4you à restituer les lieux dans le mois de la signification de la présente décision sous peine, passé ce délai, d’expulsion et de celle de tous occupants de son fait par les voies légales, au besoin avec l’assistance de la force publique ;
CONDAMNONS la société Easycar4you à payer à la SCI Ikal, à titre provisionnel :
– 4 790 euros au titre des loyers et charges impayés jusqu’au mois d’octobre 2024 inclus ;
– une indemnité mensuelle d’occupation de 868,50 à compter du mois de novembre 2024 et jusqu’à la date de libération effective des lieux ;
DISONS que les sommes échues porteront intérêts à compter du jour de la présente ordonnance et que les indemnités mensuelles à échoir porteront intérêts du jour de leur exigibilité ;
DEBOUTONS la société Ikal du surplus de ses demandes ;
CONDAMNONS la société Easycar4you à payer à la SCI Ikal la somme de 1 000 euros en application de l’article 700 du code de procédure civile ;
CONDAMNONS la société Easycar4you aux dépens de l’instance, y compris le coût du commandement de payer du le 18 septembre 2024 ;
REJETONS, en tant que de besoin, le surplus des demandes.
LE GREFFIER LE PRESIDENT
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