L’Essentiel : La société RECAM SONOFADEX a assigné MT FINANCES en justice pour obtenir l’expulsion suite à des loyers impayés, après avoir délivré un commandement de payer. Le juge, statuant le 10 janvier 2025, a constaté une créance de 13 476,09 euros et a confirmé l’acquisition de la clause résolutoire au 16 août 2024. Il a ordonné l’expulsion de MT FINANCES et accordé une indemnité d’occupation à RECAM SONOFADEX, tout en rejetant la demande de dommages-intérêts. MT FINANCES a été condamnée aux dépens et à verser 2 500 euros à RECAM SONOFADEX.
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Exposé du litigeLa société RECAM SONOFADEX a conclu un bail avec la société MT FINANCES le 28 octobre 2021 pour des locaux à [Adresse 1] à [Localité 2], d’une durée de neuf ans et d’un loyer annuel de 36 000 euros. En raison de loyers et charges impayés, RECAM SONOFADEX a délivré un commandement de payer le 16 juillet 2024, établissant une créance de 13 683,72 euros. Assignation en justiceLe 23 septembre 2024, RECAM SONOFADEX a assigné MT FINANCES devant le juge des référés pour faire constater l’acquisition de la clause résolutoire au 16 août 2024, demander l’expulsion de MT FINANCES, et réclamer des sommes provisionnelles pour loyers et charges dus. MT FINANCES n’a pas comparu à l’audience du 29 novembre 2024. Motifs de la décisionLe juge a statué sur le fond malgré l’absence de MT FINANCES, considérant que la demande de RECAM SONOFADEX était régulière et fondée. Il a constaté que MT FINANCES devait 13 476,09 euros, et a confirmé l’acquisition de la clause résolutoire au 16 août 2024, ordonnant l’expulsion de MT FINANCES. Indemnité d’occupation et dommages-intérêtsLe juge a également accordé une indemnité d’occupation à RECAM SONOFADEX, équivalente au loyer, à compter du 16 août 2024. Cependant, la demande de dommages et intérêts a été rejetée, car le préjudice était déjà couvert par l’indemnité d’occupation. Le bailleur a été autorisé à conserver le dépôt de garantie en compensation des sommes dues. Condamnation aux dépensMT FINANCES a été condamnée aux dépens, y compris les frais d’huissier, et à verser 2 500 euros à RECAM SONOFADEX au titre de l’article 700 du code de procédure civile. Toutes les autres demandes des parties ont été rejetées. Conclusion de l’ordonnanceLe juge a prononcé l’ordonnance le 10 janvier 2025, confirmant l’acquisition de la clause résolutoire, ordonnant l’expulsion de MT FINANCES, et statuant sur les sommes dues et les indemnités. |
Q/R juridiques soulevées :
Quelles sont les conditions d’acquisition de la clause résolutoire dans le cadre d’un bail commercial ?La clause résolutoire dans un bail commercial est une disposition qui permet au bailleur de résilier le contrat de location en cas de non-paiement des loyers ou des charges. Selon l’article 834 du Code de procédure civile, le juge des référés peut ordonner toutes les mesures qui ne se heurtent à aucune contestation sérieuse. Cela signifie que si le bailleur peut prouver que le locataire n’a pas respecté ses obligations, comme le paiement des loyers, il peut demander l’application de la clause résolutoire. En vertu de l’article 835 du même code, lorsque l’existence de l’obligation n’est pas sérieusement contestable, le juge peut accorder une provision au créancier. Dans le cas présent, la société RECAM SONOFADEX a justifié l’acquisition de la clause résolutoire par la production du bail et du commandement de payer, établissant ainsi que la société MT FINANCES devait des sommes importantes au titre des loyers impayés. Le bail stipule que le contrat sera résilié de plein droit un mois après un commandement de payer, ce qui a été respecté. Ainsi, la décision du juge de constater l’acquisition de la clause résolutoire au 16 août 2024 est fondée sur ces dispositions légales. Quels sont les droits du bailleur en cas d’expulsion du locataire ?En cas d’expulsion, le bailleur a le droit de récupérer possession des locaux loués, ainsi que de demander des indemnités pour l’occupation illégale des lieux. L’article 472 du Code de procédure civile précise que si le défendeur ne comparaît pas, le juge statue sur le fond. Dans cette affaire, la société RECAM SONOFADEX a demandé l’expulsion de la société MT FINANCES, ce qui a été accordé par le juge. L’article L. 433-1 du Code des procédures civiles d’exécution stipule que les meubles et objets se trouvant dans les lieux suivront le sort prévu par la loi. Cela signifie que le bailleur peut faire évacuer les biens du locataire lors de l’expulsion. De plus, le bailleur peut demander une indemnité d’occupation pour la période durant laquelle le locataire reste dans les lieux après la résiliation du bail. Dans ce cas, la société RECAM SONOFADEX a obtenu une indemnité d’occupation mensuelle équivalente au loyer prévu au bail, ce qui est conforme aux droits du bailleur. Comment se calcule l’indemnité d’occupation due par le locataire ?L’indemnité d’occupation est généralement calculée sur la base du montant du loyer prévu dans le bail. Dans cette affaire, le juge a fixé l’indemnité d’occupation à 4.492,03 euros, ce qui correspond au loyer mensuel stipulé dans le contrat de bail. L’article 1728 du Code civil précise que le locataire est tenu de payer le loyer convenu. Ainsi, en cas de non-respect de cette obligation, le bailleur a le droit de réclamer une indemnité d’occupation. Cette indemnité vise à compenser le préjudice subi par le bailleur en raison de l’occupation des locaux par le locataire après la résiliation du bail. Le juge a donc estimé que le maintien dans les lieux de la société MT FINANCES causait un préjudice à la société RECAM SONOFADEX, justifiant ainsi l’octroi de cette indemnité. Quelles sont les conséquences de la non-restitution du dépôt de garantie par le bailleur ?Le dépôt de garantie est une somme versée par le locataire au bailleur pour garantir l’exécution de ses obligations. Selon l’article 22 de la loi du 6 juillet 1989, le bailleur doit restituer le dépôt de garantie dans un délai d’un mois après la restitution des clés, sous réserve de l’état des lieux. Cependant, si le locataire doit des sommes au bailleur, ce dernier peut conserver le dépôt de garantie en compensation. Dans cette affaire, le bail stipule que le dépôt de garantie sera restitué après paiement de tous les loyers, charges, impôts et taxes. Étant donné que la société MT FINANCES devait des sommes importantes, le juge a autorisé la société RECAM SONOFADEX à conserver le dépôt de garantie. Ainsi, la société RECAM SONOFADEX est libérée de toute obligation de restitution du dépôt de garantie, conformément aux dispositions du bail et aux articles du Code civil relatifs aux obligations des parties. |
ORDONNANCE DE RÉFÉRÉ DU 10 Janvier 2025
N° RG 24/00698 – N° Portalis DBYV-W-B7I-G3CT
DEMANDERESSE :
RECAM SONOFADEX
immatriculée au RCS de Blois sous le numéro 305 177 545, dont le siège social est sis [Adresse 3]
représentée par Maître Stéphanie BAUDRY de la SELARL WALTER & GARANCE AVOCATS, avocats au barreau de TOURS
ET :
DEFENDERESSE :
MT FINANCES
immatriculée au RCS d’Orléans sous le numéro 904 442 084, dont le siège social est sis [Adresse 1]
non comparante ni représentée
Les débats ont eu lieu à l’audience publique des référés du 29 Novembre 2024 tenue par Sébastien TICHIT, juge, assisté de Olivier GALLON, greffier,
Puis, monsieur le juge a mis l’affaire en délibéré et dit que l’ordonnance serait prononcée le DIX JANVIER DEUX MIL VINGT CINQ par mise à disposition au greffe de la juridiction.
Par acte sous seing privé en date du 28 octobre 2021, la société RECAM SONOFADEX a donné à bail à la société MT FINANCES des locaux situés [Adresse 1] à [Localité 2], pour une durée de neuf ans à compter du 1er novembre 2021, moyennant un loyer annuel de 36 000 euros.
Les loyers et charges n’étant pas intégralement payés, la société RECAM SONOFADEX a fait délivrer à la société MT FINANCES un commandement de payer visant la clause résolutoire le 16 juillet 2024 établissant la créance à 13 683.72 euros au titre des loyers et charges impayés, le coût du commandement compris.
Copie exécutoire le :
à : Me Baudry
Par acte en date du 23 septembre 2024, la société RECAM SONOFADEX a fait assigner devant le juge des référés du tribunal judiciaire d’Orléans la société MT FINANCES aux fins de constater l’acquisition de la clause résolutoire au 16 août 2024, ordonner l’expulsion de la société MT FINANCES, condamner la société MT FINANCES à lui verser la somme provisionnelle de 17 968.12 euros au titre des loyers et charges dus jusqu’au 1er septembre 2024, outre les intérêts légaux à compter du commandement de payer du 16 juillet 2024, fixer l’indemnité d’occupation à la somme de 3 600 euros, condamner la société MT FINANCES à lui verser la somme de 6 000 euros à titre de dommages et intérêts et la somme de 3 000 euros au titre de l’article 700 du code de procédure civile, outre le fait de juger que la société RECAM SONOFADEX est libérée de toute obligation de restitution du dépôt de garantie.
A l’audience du 29 novembre 2024, la société RECAM SONOFADEX a développé oralement ses écritures susvisées auxquelles il y a lieu de se référer pour un examen complet de ses moyens et prétentions en application des dispositions des articles 455 et 768 du code de procédure civile.
Bien que régulièrement assignée, la société MT FINANCES n’a pas comparu.
La décision sera réputée contradictoire.
L’affaire a été mise en délibéré au 10 janvier 2025.
Aux termes de l’article 472 du code de procédure civile, si le défendeur ne comparaît pas, il est néanmoins statué sur le fond.
Le juge ne fait droit à la demande que dans la mesure où il l’estime régulière, recevable et bien fondée.
1° Sur l’acquisition de la clause résolutoire et ses conséquences
Selon l’article 834 du code de procédure civile, dans tous les cas d’urgence, le juge des référés peut ordonner toutes les mesures qui ne se heurtent à aucune contestation sérieuse.
En vertu de l’article 835 du code de procédure civile, dans les cas où l’existence l’obligation n’est pas sérieusement contestable, le juge des référés peut accorder une provision au créancier, ou ordonner l’exécution d’une obligation de faire.
En l’espèce, la société RECAM SONOFADEX justifie par la production du bail du 28 octobre 2021 et du commandement de payer délivré le 16 juillet 2024 que la société MT FINANCES restait devoir la somme de 13 476,09 euros au titre de loyers et charges impayés.
Le décompte élève le montant de la dette de la société MT FINANCES à 17 968.12 euros incluant le loyer de septembre 2024 (pièces n°4 et s.).
Le bail stipule qu’à défaut de paiement à son échéance d’une somme quelconque due en vertu du bail, celui-ci sera résilié de plein droit un mois après un commandement de payer.
Le commandement de payer étant resté sans effet, il convient de constater l’acquisition de la clause résolutoire au 16 août 2024 et d’accueillir la demande d’expulsion.
Le maintien dans les lieux de la société MT FINANCES étant de nature à causer un préjudice au demandeur, il n’est pas sérieusement contestable que la société RECAM SONOFADEX est fondée à obtenir une indemnité d’occupation égale à un montant équivalent à celui du loyer prévu au bail, comme elle le réclame dans son assignation, à compter du 16 août 2024 et ce jusqu’à libération effective des lieux. Cette indemnité doit être appréciée à la somme de 4.492,03 euros, provision de taxe foncière incluse.
Il convient en conséquence de condamner la société MT FINANCES, à titre provisionnel, au paiement de la somme de 17 968.12 au titre des loyers, indemnités d’occupation et charges, compte arrêté au 30 septembre 2024.
Par ailleurs, le bailleur sollicite une somme de 6 000 euros à titre de dommages et intérêts, mais ne justifie pas d’un préjudice distinct de celui couvert par l’indemnité d’occupation dont l’objectif est de réparer le préjudice subi par le bailleur du fait de l’occupation sans droit ni titre et de sa résistance abusive lorsqu’il a refusé de payer ses loyers et n’a pas quitté le local. En conséquence, il ne sera pas fait droit à la demande de dommages et intérêts de la société RECAM SONOFADEX, l’indemnité d’occupation réparant déjà les préjudices pouvant avoir été subis à ce stade.
Enfin, le bail prévoit que le dépôt de garantie soit restitué au preneur après paiement de tous les loyers, charges, impôts et taxes. Compte tenu des sommes dues par le preneur, le bailleur sera autorisé à conserver cette somme en compensation des sommes dues par le preneur et sera donc libéré de toutes obligations de restitution du dépôt de garantie.
2° Sur les autres demandes
En application de l’article 696 du code de procédure civile, la société MT FINANCE, partie perdante, sera condamnée aux entiers dépens incluant les frais d’huissier dont le commandement de payer.
Il convient de condamner le défendeur à payer au demandeur la somme de 2.500 euros au titre de l’article 700 du code de procédure civile.
Le juge des référés, statuant publiquement par ordonnance réputée contradictoire et en premier ressort ;
CONSTATE à effet du 16 août 2024, l’acquisition de la clause résolutoire du bail commercial en date du 28 octobre 2021 entre la société RECAM SONOFADEX et la société MT FINANCES portant sur des locaux situés [Adresse 1] à [Localité 2] ;
ORDONNE l’expulsion de la société MT FINANCES et de tous occupants de son chef des locaux situés [Adresse 1] à [Localité 2], au besoin avec l’assistance de la force publique et d’un serrurier ;
DIT que les meubles et objets se trouvant dans les lieux suivront le sort prévu par l’article L. 433-1 du code des procédures civiles d’exécution ;
CONDAMNE la société MT FINANCES à payer à la société RECAM SONOFADEX, à titre provisionnel, la somme de 17 968.12 euros au titre des loyers, indemnités d’occupation et charges, arrêtés au 30 septembre 2024 ;
CONDAMNE la société MT FINANCES à payer et porter à la société RECAM SONOFADEX, à titre provisionnel, une indemnité d’occupation mensuelle égale à un montant équivalent à celui du loyer prévu au bail à compter du 16 août 2024, soit la somme de 4.492,03 euros, et ce, jusqu’à la libération effective des lieux ;
DIT que la société RECAM SONOFADEX pourra conserver le dépôt de garantie, à titre de compensation avec les sommes dues par la société MT FINANCES ;
DIT que la société RECAM SONOFADEX sera donc libérée de toutes obligations de restitution du dépôt de garantie ;
CONDAMNE la société MT FINANCES à payer à la société RECAM SONOFADEX la somme de 2.500 euros au titre de l’article 700 du code de procédure civile ;
REJETTE toutes demandes plus amples ou contraires des parties ;
CONDAMNE la société MT FINANCES aux entiers dépens.
Ordonnance prononcée par mise à disposition au greffe le DIX JANVIER DEUX MIL VINGT CINQ et signée par Sébastien TICHIT, juge, et Olivier GALLON, greffier.
LE GREFFIER, LE JUGE.
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