L’Essentiel : La SCI JL LATOUR a signé un bail commercial avec la SASU AÏT BOUBAKER le 3 mai 2016, pour un local à [Adresse 1]. D’une durée de 9 ans, le loyer mensuel est de 600 euros, avec une exonération initiale. Le 4 septembre 2024, la SCI a assigné la SASU devant le tribunal pour résilier le bail, invoquant des loyers impayés. La SASU a contesté ces demandes, évoquant la prescription et des difficultés économiques. Le juge a reconnu la clause résolutoire acquise, condamnant la SASU à payer 24 000 euros, tout en permettant des versements mensuels jusqu’à apurement de la dette.
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Constitution du bail commercialLa SCI JL LATOUR a signé un bail commercial avec la SASU AÏT BOUBAKER le 3 mai 2016, portant sur un local à [Adresse 1] à [Localité 3]. Ce bail, d’une durée de 9 ans, stipule un loyer mensuel de 600 euros, avec une exonération de loyer du 1er mai 2016 au 31 octobre 2016. Assignation en résiliation de bailLe 4 septembre 2024, la SCI JL LATOUR a assigné la SASU ACSM devant le tribunal judiciaire de Saint-Étienne pour obtenir la résiliation du bail. L’audience a été fixée au 31 octobre 2024, où la SCI a demandé la constatation de la résiliation du bail, l’expulsion du locataire, et le paiement de loyers et charges impayés. Arguments de la SCI JL LATOURLa SCI JL LATOUR a fait valoir que le locataire n’avait pas payé ses loyers malgré un commandement de payer resté sans effet. Elle a précisé que le commerce n’avait ouvert qu’en janvier 2022 et que le locataire justifiait son non-paiement par la période de COVID, bien que le bail ait été conclu en 2016. Réponse de la SASU ACSMLa SASU ACSM a contesté la demande de paiement des loyers échus entre novembre 2016 et septembre 2019, invoquant la prescription. Elle a également demandé à régler sa dette en 24 mensualités, tout en soulignant les difficultés rencontrées, notamment l’impossibilité d’exercer son activité de restauration et la baisse de fréquentation due à des travaux dans la rue. Décision du juge des référésLe juge a constaté que la clause résolutoire du bail était acquise au 30 mars 2024, mais a également noté que des délais de paiement pouvaient être accordés. Il a condamné la SASU ACSM à payer 24 000 euros à la SCI JL LATOUR, avec des intérêts, et a autorisé des versements mensuels de 1 000 euros jusqu’à apurement de la dette. Conséquences de la décisionLa décision suspend les effets de la clause résolutoire, mais stipule qu’en cas de non-paiement d’une échéance, la clause retrouvera son plein effet, permettant à la SCI JL LATOUR d’expulser la SASU ACSM. La SCI a été déboutée de ses autres demandes, et la SASU a été condamnée aux dépens de l’instance. |
Q/R juridiques soulevées :
Quelles sont les conditions de résiliation de plein droit d’un bail commercial selon le Code de commerce ?La résiliation de plein droit d’un bail commercial est régie par l’article L145-41 du Code de commerce. Cet article stipule que : « **Toute clause insérée dans le bail prévoyant la résiliation de plein droit ne produit d’effet qu’un mois après un commandement demeuré infructueux. Le commandement doit, à peine de nullité, mentionner ce délai.** » Ainsi, pour qu’une résiliation soit effective, il est nécessaire qu’un commandement de payer ait été signifié au locataire, et que ce dernier n’ait pas réglé la somme due dans le délai d’un mois. Dans le cas présent, un commandement de payer a été signifié à la SASU ACSM le 29 février 2024, pour un montant de 44 400 euros. Il est donc essentiel que le bailleur respecte cette procédure pour que la résiliation soit considérée comme valide. Quels sont les effets d’un commandement de payer resté sans effet sur le bail commercial ?L’article L145-41 du Code de commerce précise également que : « **Le commandement doit, à peine de nullité, mentionner ce délai.** » Cela signifie que si le commandement de payer n’est pas respecté, la clause résolutoire ne pourra pas être appliquée. Dans le cas de la SCI JL LATOUR, le commandement de payer a été signifié, mais la SASU ACSM n’a pas réglé la somme due dans le délai imparti. Cela a conduit à la constatation de l’acquisition de la clause résolutoire, permettant ainsi au bailleur de demander la résiliation du bail et l’expulsion du locataire. Quelles sont les conséquences de la résiliation d’un bail commercial sur les loyers impayés ?Selon les stipulations du bail, en cas de résiliation, il est précisé que : « **Il suffira d’une simple ordonnance de référé qui constatera seulement l’acquisition de la clause résolutoire, sans que les offres ultérieures puissent en arrêter l’effet pour obtenir l’expulsion des lieux loués.** » Cela signifie que, même après la résiliation, le locataire reste redevable des loyers impayés jusqu’à la date de résiliation. Dans cette affaire, la SCI JL LATOUR a demandé le paiement de 44 000 euros au titre des loyers et charges impayés, ce qui est conforme à la législation en vigueur. Quels recours sont possibles pour un locataire en difficulté financière face à une résiliation de bail ?L’article L145-41 du Code de commerce permet également d’accorder des délais de paiement : « **Il peut être accordé des délais suspendant la réalisation et les effets de la clause résolutoire, lorsque la résiliation n’est pas constatée ou prononcée par une décision ayant acquis l’autorité de la chose jugée.** » Dans le cas de la SASU ACSM, le juge a décidé d’accorder des délais de paiement, permettant au locataire de régler sa dette par 24 versements mensuels de 1 000 euros. Cela montre que même en cas de résiliation, des solutions peuvent être envisagées pour permettre au locataire de continuer son activité tout en apurant sa dette. Quelles sont les implications de l’article 700 du Code de procédure civile dans ce litige ?L’article 700 du Code de procédure civile stipule que : « **Le juge peut condamner la partie perdante à payer à l’autre partie une somme au titre des frais exposés et non compris dans les dépens.** » Dans cette affaire, la SCI JL LATOUR a demandé des dommages-intérêts au titre de l’article 700, mais le juge a décidé de ne pas faire droit à cette demande. Cela signifie que, bien que la SCI JL LATOUR ait gagné en partie, le juge a estimé que les circonstances de l’affaire ne justifiaient pas une telle indemnisation. Cette décision souligne l’importance de l’équité dans l’appréciation des demandes en justice. |
ORDONNANCE DU : 21 Novembre 2024
DOSSIER N° : N° RG 24/00586 – N° Portalis DBYQ-W-B7I-INW7
AFFAIRE : S.C.I. JLL LATOUR C/ S.A.S.U. ACSM
TRIBUNAL JUDICIAIRE DE SAINT ETIENNE
Service des référés
ORDONNANCE DE REFERE
VICE PRESIDENTE : Alicia VITELLO
GREFFIERE : Céline TREILLE
PARTIES :
DEMANDERESSE
S.C.I. JLL LATOUR, dont le siège social est sis [Adresse 2]
représentée par Me Valentine POINSON, avocat au barreau de SAINT-ETIENNE,
DEFENDERESSE
S.A.S.U. ACSM, dont le siège social est sis [Adresse 1]
représentée par la SELARL SVMH, avocats au barreau de SAINT-ETIENNE,
Débats tenus à l’audience du : 31 Octobre 2024
Date de délibéré indiquée par la Présidente: 21 Novembre 2024
DECISION: contradictoire en 1er ressort, prononcée publiquement par mise à disposition au greffe en application des articles 450 à 453 du code de procédure civile, les parties préalablement avisées
EXPOSE DU LITIGE
Par acte sous seing privé en date du 03 mai 2016, la SCI JL LATOUR a consenti à la SASU AÏT BOUBAKER un bail commercial portant sur un local situé [Adresse 1] à [Localité 3] pour une durée de 9 années à compter du 1er mai 2016 et pour un loyer principal mensuel de 600 euros hors taxe et hors charge, précision faite que le loyer n’est pas dû du 1er mai 2016 au 31 octobre 2016.
Par acte sous seing privé en date du 4 septembre 2024, la SCI JL LATOUR a assigné la SASU ACSM devant le juge des référés du tribunal judiciaire de Saint-Étienne aux fins de résiliation du bail.
L’affaire est retenue à l’audience du 31 octobre 2024.
La SCI JL LATOUR sollicite de voir :
– Constater que le bail signé entre les parties est résilié de plein droit en suite du commandement de payer resté sans effet ;
– Ordonner l’expulsion du locataire et celle de tout occupant de son chef des locaux objet du bail résilié, et ce, au besoin, avec l’aide de l’assistance de la force publique;
– Condamner le locataire à payer au bailleur les sommes suivantes :
– 44 000,00 euros au titre des loyers et charges impayés avec intérêts de droit à compter de la mise en demeure ;
– 3 000,00 euros à titre de dommages-intérêts pour résistance abusive ;
– 4 000,00 euros au titre de l’article 700 du code de procédure civile, outre les entiers dépens de l’instance et aux frais accessoires de procédure engagés à ce jour et le coût de l’assignation.
La SCI JL LATOUR expose que le locataire ne paye plus les loyers, qu’un commandement de payer lui a été signifié mais est resté sans réponse. Elle précise que le commerce n’a ouvert ses portes qu’en janvier 2022, que le locataire a réalisé des travaux dans les locaux et qu’il n’a pas payé de loyer durant cette période, qu’il est opposé à l’octroi de délais de paiement car le locataire fait preuve de bonne foi en justifiant le non-paiement des loyers par la période de COVID, alors que le bail a été conclu en 2016.
La SASU ACSM sollicite de voir dire prescrite la demande en paiement des loyers échus du 1er novembre 2016 au 1er septembre 2019, de voir fixer à la somme de 24 000 euros le montant de l’arriéré de loyer dû par la société ACSM, et de l’autoriser à s’acquitter du solde restant dû à la SCI JL LATOUR en 24 mensualités d’égal montant, outre paiement du loyer en cours, de voir suspendre les effets de la clause résolutoire contenue dans le bail commercial régularisé entre les parties, et de voir débouter la SCI JL LATOUR de ses demandes en dommages intérêts et sur le fondement de l’article 700 du code de procédure civile.
Elle expose qu’elle était informée qu’elle ne pourrait pas exercer une activité de restauration dans les lieux loués, puisque le propriétaire avait obtenu un permis de construire pour des locaux d’habitation, et que le bailleur a déposé une demande de changement de destination que le 6 mars 2017 ; elle a ensuite subi les conséquences de l’épidémie de COVID, puis une très forte baisse de fréquentation en raison d’importants travaux effectués dans la [Adresse 4], devenue inaccessible ; elle a repris les paiements au mois de janvier 2023 et s’acquitte aujourd’hui régulièrement du paiement de son loyer ; elle estime pouvoir payer la somme de 1 000 euros par mois en sus de son loyer courant afin d’apurer sa dette.
Par note en délibéré autorisée par le juge, le conseil de la SASU ACSM a justifié du changement de nom de la société commerciale, avec la régularisation du bail.
L’affaire est mise en délibéré au 21 novembre 2024.
Aux termes de l’article 834 du Code de procédure civile, dans tous les cas d’urgence, le président du tribunal judiciaire peut ordonner en référé toutes les mesures qui ne se heurtent à aucune contestation sérieuse ou que justifie l’existence d’un différend.
La juridiction des référés n’est, toutefois, pas tenue de caractériser l’urgence, au sens de l’article 834 du code de procédure civile, pour constater l’acquisition de la clause résolutoire et la résiliation de droit d’un contrat de bail.
L’article L145-41 du Code de commerce dispose que toute clause insérée dans le bail prévoyant la résiliation de plein droit ne produit d’effet qu’un mois après un commandement demeuré infructueux. Le commandement doit, à peine de nullité, mentionner ce délai.
Selon les stipulations du bail, » à défaut de paiement à son échéance d’un seul terme de loyer, indemnité d’occupation (y compris charge et prestations), comme de tout complément de loyer, arriéré de loyer, dépôt de garantie ou charges découlant d’un accord amiable entre les parties ou d’une décision judiciaire, ou encore en cas d’inexécution d’une seule des conditions du présent bail, celui-ci sera résilié de plein droit si bon semble au Bailleur, un mois après une mise en demeure ou un commandement de payer demeuré sans effet, sans qu’il y ait lieu de remplir aucune formalité judiciaire, nonobstant toutes offres ou consignations. Il suffira d’une simple ordonnance de référé qui constatera seulement l’acquisition de la clause résolutoire, sans que les offres ultérieures puissent en arrêter l’effet pour obtenir l’expulsion des lieux loués. Dans ce cas, le dépôt de garantie et les loyers payés d’avance resteront définitivement acquis au Bailleur sans préjudice de tous dommages et intérêts complémentaires « .
Un commandement de payer les loyers a été signifié à la SASU ACSM le 29 février 2024 pour la somme principale de 44 400 euros, arrêtée au 30 décembre 2022, terme de décembre 2022 inclus.
Il convient de relever que les sommes dues par la SASU ACSM avant la date du 1er septembre 2019 sont prescrites, la SCI JL LATOUR ne peut pas en demander le paiement.
Le preneur, en ne réglant pas l’intégralité de la somme, ne s’est pas libéré du montant de la dette dans le délai d’un mois. Il convient donc de constater que les conditions d’acquisition de la clause résolutoire sont réunies au 30 mars 2024.
Toutefois, en application de l’article L145-41 du Code de commerce, il peut être accordé des délais suspendant la réalisation et les effets de la clause résolutoire, lorsque la résiliation n’est pas constatée ou prononcée par une décision ayant acquis l’autorité de la chose jugée, ce qui est le cas en l’espèce.
En l’espèce, il convient de retenir une créance au profit de la SCI JL LATOUR d’un montant de 24 000 euros, terme de juin 2024 inclus, avec intérêts au taux légal à compter du 29 février 2024 sur la somme de 24 000 euros, somme au paiement de laquelle est condamné le locataire.
Au regard du montant de la dette, du contexte dans lequel l’ouverture du restaurant a eu lieu (travaux dans la rue qui ont fortement impacté la fréquentation de l’établissement) et du fait que la SASU ACSM règle les loyers courants sans discontinuer depuis le mois de janvier 2023, il convient d’accorder des délais de payement à la SASU ACSM, délais qui sont de nature à permettre le règlement de la dette locative et la poursuite de l’activité commerciale.
La SASU ACSM est autorisé à se libérer de sa dette par 24 versements mensuels de 1 000 euros en sus du loyer courant, jusqu’à apurement de la dette.
À défaut de payement du loyer courant ou d’une échéance, la clause résolutoire retrouvera son plein effet et la SASU ACSM sera tenue de payer au bailleur la totalité de la somme devenue exigible, et une indemnité d’occupation mensuelle égale au loyer augmenté des charges et ce jusqu’à libération effective des lieux par la remise des clés. Le propriétaire pourra faire procéder à l’expulsion de la SASU ACSM et de tous occupants de son chef, avec l’aide de la force publique en cas de besoin, des lieux occupés.
L’équité conduit à ne pas faire droit à la demande de la SCI JL LATOUR au titre de l’article 700 du code de procédure civile.
Enfin, il convient de condamner la SASU ACSM aux dépens de l’instance comprenant nécessairement le coût de l’assignation sans qu’il ne soit besoin de le préciser, conformément à l’article 491 du Code de procédure civile, mais comprenant le coût du commandement de payer.
Le juge des référés,
CONDAMNE la SASU ACSM à régler à la SCI JL LATOUR la somme de 24 000 euros à titre de provision à valoir sur la créance de loyers impayée au 31 octobre 2024, terme de juin 2024 inclus, avec intérêts au taux légal à compter du 29 février 2024 sur la somme de 24 000 euros,
L’AUTORISE à se libérer de cette dette par 24 versements mensuels de 1 000 euros et la 24ème correspondant au solde restant, en sus du loyer courant, jusqu’à apurement de la dette, lesdits versements devant intervenir le 05 de chaque mois, le premier avant le 05 du mois suivant la signification de la présente décision,
SUSPEND en conséquence les effets de la clause résolutoire du bail,
Mais DIT qu’à défaut de paiement d’une seule échéance ou du loyer courant, la clause résolutoire retrouve son plein effet et la SASU ACSM sera tenue de payer au bailleur la totalité de la somme devenue exigible et une indemnité d’occupation trimestrielle égale au loyer augmenté des charges, et ce jusqu’à la libération effective des lieux par la remise des clés, et le propriétaire peut faire procéder à l’expulsion de la SASU ACSM et de tous occupants de son chef avec l’aide de la force publique en cas de besoins, des lieux occupés,
DEBOUTE la SCI JL LATOUR du surplus de ses demandes,
CONDAMNE la SASU ACSM aux dépens comprenant le coût du commandement de payer de 302,96 euros.
LA GREFFIERE LA VICE PRESIDENTE
Céline TREILLE Alicia VITELLO
Grosse + Copie :
Me Valentine POINSON
la SELARL SVMH
COPIES-
– DOSSIER
Le 21 Novembre 2024
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