10 ans de rémunération à la pigeUn journaliste professionnel qui a collaboré régulièrement en qualité de reporter photographe, depuis une dizaine d’années à l’hebdomadaire « Télé Magazine » a obtenu la requalification de sa collaboration en CDI. Le journaliste était rémunéré à la pige, par le versement d’honoraires fixés forfaitairement pour un article d’un page ou pour un article de deux pages. Présomption de contrat de travailL’article L 7112-1 du code du travail prévoit que toute convention par laquelle une entreprise de presse s’assure, moyennant rémunération, le concours d’un journaliste professionnel est présumée être un contrat de travail. Cette présomption subsiste quels que soient le mode et le montant de la rémunération. Pour bénéficier de cette présomption, le journaliste rémunéré à la pige doit satisfaire à la définition de l’article L. 7111-3 du code du travail : « est journaliste professionnel toute personne qui a pour activité principale, régulière et rétribuée, l’exercice de sa profession dans une ou plusieurs entreprises de presse, publications quotidiennes et périodiques ou agences de presse et qui en tire le principal de ses ressources. Le correspondant, qu’il travaille sur le territoire français ou à l’étranger, est un journaliste professionnel s’il perçoit des rémunérations fixes et remplit les conditions prévues au premier alinéa ». Les reporters-photographes sont assimilés aux journalistes professionnels, sauf s’ils n’apportent qu’une collaboration occasionnelle au titre de presse. La qualité de journaliste professionnel s’acquiert au regard des ressources que l’intéressé tire principalement de l’exercice de sa profession de journaliste sans se limiter à celles provenant de l’entreprise de presse à l’endroit de laquelle le journaliste entend invoquer la présomption de salariat. Revenus principaux de l’activité de journalisteEn l’espèce, la société a confié au reporter photographe, de manière régulière des piges destinées à être publiées dans sa revue. Le journaliste, bien que résidant en Italie et titulaire d’une carte de journaliste professionnel italienne, était appelé à voyager très fréquemment pour la réalisation de ses reportages et justifiait de son travail journalistique exercé dans d’autres entreprises de presse. Ses revenus ont été principalement issus de sa collaboration avec différentes entreprises ou organes de presse (même si son activité avec Télé Magazine ne représentait pas la part principale de ses revenus). Lien de subordination établiSelon l’article L. 8221-6 du code du travail, l’inscription du journaliste en qualité de travailleur indépendant ne suffit pas à écarter la présomption édictée par l’article L 7112-1. La société exerçait un contrôle de l’exécution du travail du journaliste, lui imposait des délais de rédaction très courts et/ou des demandes de modifications et exprimait des directives précises. La société ne rapportait donc pas la preuve suffisante que le journaliste travaillait en toute indépendance et en toute liberté. |
→ Questions / Réponses juridiques
Quel est le contexte de la requalification du contrat du journaliste ?Le contexte de la requalification du contrat du journaliste repose sur une collaboration de dix ans avec l’hebdomadaire « Télé Magazine ». Ce journaliste, qui exerçait en tant que reporter photographe, était initialement rémunéré à la pige, ce qui signifie qu’il recevait des honoraires fixes pour chaque article, qu’il soit d’une ou deux pages. Cette situation a conduit à une requalification de son statut en contrat à durée indéterminée (CDI), ce qui implique une reconnaissance de son statut de salarié plutôt que celui d’un travailleur indépendant. Cette requalification est significative car elle souligne l’évolution des relations de travail dans le secteur de la presse, où les journalistes peuvent bénéficier de protections supplémentaires. Quelles sont les conditions pour bénéficier de la présomption de contrat de travail ?Pour bénéficier de la présomption de contrat de travail, le journaliste rémunéré à la pige doit répondre à la définition de l’article L. 7111-3 du code du travail. Cette définition stipule qu’un journaliste professionnel est une personne dont l’activité principale, régulière et rétribuée, consiste à exercer sa profession dans des entreprises de presse, publications quotidiennes ou périodiques, ou agences de presse. Il est également précisé que le correspondant, qu’il travaille en France ou à l’étranger, est considéré comme journaliste professionnel s’il perçoit des rémunérations fixes et remplit les conditions mentionnées. De plus, les reporters-photographes sont assimilés aux journalistes professionnels, sauf s’ils n’apportent qu’une collaboration occasionnelle. Comment les revenus du journaliste influencent-ils son statut ?Les revenus du journaliste jouent un rôle crucial dans l’établissement de son statut professionnel. Dans le cas présent, bien que le journaliste résidait en Italie et ait obtenu une carte de journaliste professionnel italienne, il a justifié de ses activités journalistiques dans plusieurs entreprises de presse. Ses revenus provenaient principalement de sa collaboration avec différentes entreprises, même si son activité avec « Télé Magazine » ne représentait pas la majorité de ses revenus. Cela démontre que le statut de journaliste professionnel ne se limite pas à une seule source de revenus, mais doit être évalué dans le cadre de l’ensemble de ses activités professionnelles. Quel est le lien de subordination entre le journaliste et la société ?Le lien de subordination entre le journaliste et la société est établi par plusieurs éléments. Selon l’article L. 8221-6 du code du travail, le simple fait que le journaliste soit inscrit comme travailleur indépendant ne suffit pas à écarter la présomption de contrat de travail. Dans ce cas, la société exerçait un contrôle sur l’exécution du travail du journaliste, lui imposant des délais de rédaction très courts et des demandes de modifications. De plus, des directives précises étaient données, ce qui indique que le journaliste ne travaillait pas en toute indépendance. Cette situation renforce l’argument en faveur de la requalification de son statut en CDI. |
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