Absence de requalification en CDIOn aurait pu croire que la requalification était quasi de droit en matière de CDD d’usage portant sur de longues périodes de collaboration. La Cour de cassation est intervenue pour préciser que la durée de la collaboration n’est pas une condition de la requalification des CDD d’usage en un CDI. Dans cette affaire, un réalisateur a collaboré pendant 11 ans avec une société de production dans le cadre de CDD d’usage successifs, afin d’assurer la réalisation de reportages diffusés au cours de l’émission « 30 millions d’amis ». Le salarié a saisi la juridiction prud’homale d’une demande de requalification de ses CDD en un CDI. Périodes discontinues de travailSur la période en cause, le salarié n’avait travaillé que de façon discontinue pour le producteur, suivant des contrats d’une durée de un à cinq jours maximum selon les bulletins de paie produits. L’activité de réalisation de reportages du salarié était d’une ampleur variable et des reportages n’étaient pas effectués pour chaque émission, ce dont se déduisait le caractère temporaire de l’emploi. Recours aux CDD d’usageSi, aux termes de l’article L. 1242-1 du Code du travail, le CDD, quel que soit son motif, ne peut avoir pour objet ni pour effet de pourvoir durablement un emploi lié à l’activité normale et permanente de l’entreprise, ces dispositions ne font pas obstacle à ce qu’un tel contrat soit conclu pour exercer des fonctions correspondant à l’activité habituelle de l’entreprise, dès lors que l’emploi lui-même correspond à l’exécution d’une tâche précise, déterminée et temporaire, dans un des cas visés par l’article L. 1242-2 du Code du travail. Le lien entre les fonctions exercées et l’objet social de l’employeur ne peut à lui seul rendre illégitime le recours au CDD. Par application de l’article L. 1242-2-3° du Code du travail, il est possible de conclure des contrats à durée déterminée dits d’usage (CDDU) dans des secteurs d’activité, déterminés par décret ou convention, lorsqu’il est d’usage constant de ne pas recourir au contrat à durée indéterminée en raison de la nature de l’activité exercée et du caractère par nature temporaire des emplois. L’audiovisuel est l’un des secteurs d’activité visés par l’article D. 1242-1 du même code pouvant se prévaloir de ces dispositions. L’emploi de réalisateur fait partie des emplois de la catégorie B pour lesquels il peut être recouru au CDDU par application de l’article V.2.1 de la convention collective de la production audiovisuelle en vertu d’un usage de la profession. Il appartient aux juges de contrôler si l’employeur n’a pas été fait un usage abusif du recours au CDDU en recherchant s’il est justifié par des raisons objectives, qui s’entendent de l’existence d’éléments précis et concrets établissant le caractère par nature temporaire de l’emploi. Seuil des 70%La répétition des CDD ne suffisait pas en l’espèce à caractériser la nature permanente de l’emploi occupé ni le caractère abusif du recours au CDDU. A noter que dans le secteur de la production audiovisuelle, l’article V.2.4 de la convention collective permet au collaborateur recruté en CDDU, de longue date (collaboration continue), de demander le bénéfice d’un CDI. Par collaboration continue de longue durée, on désigne le cas où la durée cumulée (en nombre de jours calendaires, décomptés du 1er au dernier jour des contrats) des CDDU d’un salarié avec le même employeur, pendant une durée minimale de 3 ans, dépasse 70 % de cette durée. Lorsque cette condition est remplie, l’employeur qui entend ne pas proposer au salarié un nouveau CDD ou CDI doit l’en informer 1 mois au moins avant la date de fin du dernier contrat, et lui verser, s’il ne lui est pas proposé un nouveau contrat, une indemnité, qui est au minimum, par année de collaboration continue, de 20 % du salaire mensuel moyen perçu par le salarié au cours de la période d’emploi. |
→ Questions / Réponses juridiques
Qu’est-ce que la prise d’acte dans le contexte de l’audiovisuel ?La prise d’acte est un droit qui permet aux salariés, y compris les présentateurs et rédacteurs en chef de l’audiovisuel, de rompre leur contrat de travail en raison d’un manquement grave de l’employeur. Ce manquement peut se manifester par le retrait de la supervision d’une émission phare, sans justification écrite de la part de l’employeur concernant la qualité du travail du salarié. Ainsi, si un salarié se voit retirer des responsabilités sans explication valable, il peut considérer cela comme une raison suffisante pour prendre acte de la rupture de son contrat. Comment la chute des audiences influence-t-elle la prise d’acte ?La chute des audiences peut être un motif de retrait de responsabilités pour un salarié, mais l’employeur doit obligatoirement en faire mention par écrit. Cela signifie que si un salarié est démis de ses fonctions en raison d’une baisse d’audience, l’employeur doit fournir une justification écrite. En alternative, si l’employeur propose un nouveau poste au salarié, celui-ci doit être équivalent en termes de responsabilités, de contenu et d’encadrement à ses fonctions antérieures. Quel est l’exemple de l’affaire 66 minutes ?Dans l’affaire 66 minutes, la prise d’acte de l’ancien rédacteur en chef a été jugée fondée. L’employeur avait informé le salarié de son remplacement par un autre, tout en proposant une nouvelle affectation. Le salarié a contesté ce changement, le considérant comme une modification de son contrat de travail. Cette situation illustre comment un changement d’affectation, sans accord du salarié, peut être perçu comme une atteinte à ses droits et justifier une prise d’acte. Quelles sont les conditions nécessaires pour une prise d’acte ?Pour qu’une prise d’acte soit valide, il doit y avoir un manquement suffisamment grave de l’employeur qui empêche la poursuite du contrat de travail. Ce manquement peut inclure un changement substantiel des attributions et des responsabilités du salarié. Un changement d’affectation qui réduit significativement le niveau de responsabilité, sans impact sur la rémunération, est considéré comme une modification du contrat de travail. Que stipule l’article 8 de la convention collective des journalistes ?L’article 8 de la convention collective des journalistes prévoit des dispositions spécifiques pour les journalistes ayant plusieurs collaborations. Il stipule que si un journaliste est appelé à collaborer sous un autre titre ou à exécuter son contrat de manière différente, cela doit faire l’objet d’un accord. Cependant, cet article ne s’applique qu’aux journalistes ayant plusieurs collaborations, et il est mentionné dans le chapitre relatif aux « collaborations multiples ». |
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