L’Essentiel : Le 9 avril 2024, le conseil de prud’hommes de Marseille a rendu un jugement en faveur de M.[J], condamnant la société Nes Transports à lui verser des sommes pour rappel de salaire, indemnités de repas et travail dissimulé. Toutefois, M.[J] a été débouté de ses demandes concernant les heures supplémentaires. La société a fait appel le 29 avril 2024, mais M.[J] a demandé la radiation de l’affaire jusqu’à l’exécution du jugement. Le tribunal a accepté cette demande, ordonnant la radiation de l’affaire et condamnant la société aux dépens. Le 17 janvier 2025, l’appel a été radié, avec des frais à la charge de la société.
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Jugement de départage du conseil de prud’hommesLe 9 avril 2024, le conseil de prud’hommes de Marseille a rendu un jugement concernant M.[J], qui a été embauché par la société Nes Transports par un contrat à durée indéterminée à partir du 23 novembre 2020. Le tribunal a condamné la société à verser plusieurs sommes à M.[J], incluant un rappel de salaire, des indemnités de repas, et une indemnité forfaitaire pour travail dissimulé. Cependant, il a débouté M.[J] de ses demandes concernant les heures supplémentaires, les dommages-intérêts pour exécution déloyale, et d’autres demandes liées à des sanctions. Indemnités et condamnationsLe jugement a également stipulé que la société Nes Transports devait payer à M.[J] une indemnité compensatrice de préavis, un rappel de salaire sur la période de mise à pied, et une indemnité légale de licenciement. En outre, la société a été condamnée à s’acquitter des cotisations sociales sur les sommes allouées et à remettre à M.[J] les documents nécessaires tels qu’un certificat de travail et un bulletin de paie rectifié. Les sommes dues porteront intérêts à compter de dates spécifiques, et la société a été condamnée aux dépens. Appel de la société Nes TransportsLa société Nes Transports a notifié son appel le 29 avril 2024. M.[J] a ensuite déposé des conclusions d’incident le 8 octobre 2024, demandant la radiation de l’affaire jusqu’à l’exécution complète du jugement. En réponse, la SAS Nes Transports a demandé le déboutement de M.[J] et a sollicité une condamnation de ce dernier au titre de l’article 700 du code de procédure civile. Radiation de l’affaireLe tribunal a examiné la demande de radiation de l’affaire, notant que M.[J] avait bien le droit de demander cette radiation, même en tant qu’appelant incident. La SAS Nes Transports n’ayant pas justifié l’exécution du jugement, le tribunal a ordonné la radiation de l’affaire du rôle. La société a également été condamnée aux dépens de l’incident et à verser une somme à M.[J] au titre de l’article 700. Conclusion du jugementLe 17 janvier 2025, le tribunal a ordonné la radiation de l’appel de la SAS Nes Transports et a stipulé que l’affaire serait rétablie sur justification de l’exécution du jugement. La société a été condamnée à payer les frais de l’incident et à verser une somme à M.[J]. |
Q/R juridiques soulevées :
Quelles sont les conséquences de l’absence d’exécution d’un jugement en matière de radiation d’affaire ?L’article 524 du code de procédure civile stipule que : * »Lorsque l’exécution provisoire est de droit ou a été ordonnée, le premier président ou, dès qu’il est saisi, le conseiller de la mise en état peut, en cas d’appel, décider, à la demande de l’intimé et après avoir recueilli les observations des parties, la radiation du rôle de l’affaire lorsque l’appelant ne justifie pas avoir exécuté la décision frappée d’appel ou avoir procédé à la consignation autorisée dans les conditions prévues à l’article 521, à moins qu’il lui apparaisse que l’exécution serait de nature à entraîner des conséquences manifestement excessives ou que l’appelant est dans l’impossibilité d’exécuter la décision. »* Dans le cas présent, M.[J] a demandé la radiation de l’affaire en raison du non-paiement par la société Nes Transports des sommes dues, ce qui a été jugé fondé. Il est important de noter que la demande de radiation doit être faite par l’intimé avant l’expiration des délais prescrits par les articles 905-2, 909, 910 et 911. M.[J] a respecté ce délai, ce qui renforce la légitimité de sa demande. Quelles sont les conditions d’exécution provisoire des décisions du conseil de prud’hommes ?L’article R. 1454-28 du code du travail précise que : * »A moins que la loi ou le règlement n’en dispose autrement, les décisions du conseil de prud’hommes ne sont pas exécutoires de droit à titre provisoire. Le conseil de prud’hommes peut ordonner l’exécution provisoire de ses décisions. »* Cet article énonce que, par défaut, les décisions ne sont pas exécutoires de plein droit, sauf si le conseil de prud’hommes en décide autrement. Dans le jugement du 9 avril 2024, certaines décisions, comme celles concernant le paiement de sommes dues, sont exécutoires de droit. Cela signifie que la société Nes Transports était tenue de s’exécuter, ce qui n’a pas été fait, justifiant ainsi la demande de radiation de M.[J]. Quels sont les droits de M.[J] en tant qu’intimé dans le cadre de l’appel ?M.[J], en tant qu’intimé, a le droit de demander l’exécution provisoire des décisions du conseil de prud’hommes. L’article 524 du code de procédure civile, déjà cité, permet à l’intimé de solliciter la radiation de l’affaire si l’appelant ne justifie pas de l’exécution de la décision. Dans ce cas, M.[J] a exercé ce droit en demandant la radiation de l’affaire, ce qui a été accepté par le tribunal. Il est également important de noter que M.[J] a le droit de demander des dépens et des indemnités sur le fondement de l’article 700 du code de procédure civile, ce qui a également été accordé dans cette affaire. Quelles sont les implications de l’article 700 du code de procédure civile dans cette affaire ?L’article 700 du code de procédure civile stipule que : * »La partie qui perd le procès peut être condamnée à payer à l’autre partie une somme au titre des frais exposés par celle-ci pour les besoins de la justice. »* Dans le jugement, la société Nes Transports a été condamnée à verser à M.[J] une somme de 1.500 € au titre de cet article. Cela signifie que, même si la société a fait appel, elle est responsable des frais engagés par M.[J] pour défendre ses droits. De plus, dans le cadre de l’incident, M.[J] a également demandé une somme de 1.000 € sur le fondement de l’article 700, ce qui souligne l’importance de cet article dans la protection des droits des parties en matière de frais de justice. Quelles sont les conséquences de la décision de radiation sur l’appel de la SAS Nes Transports ?La décision de radiation a pour effet de suspendre l’appel de la SAS Nes Transports tant que celle-ci n’a pas justifié de l’exécution du jugement entrepris. Cela signifie que l’affaire ne sera pas rétablie sur le rôle tant que la société n’aura pas payé les sommes dues à M.[J]. Cette mesure vise à protéger les droits de M.[J] et à garantir que les décisions de justice soient respectées. La SAS Nes Transports devra donc s’acquitter de ses obligations avant de pouvoir poursuivre son appel, ce qui peut avoir des implications financières et juridiques importantes pour la société. En conclusion, la radiation de l’affaire souligne l’importance de l’exécution des décisions judiciaires et les droits des parties dans le cadre d’un litige. |
Chambres sociales
Antenne des Milles
[Adresse 4]
[Adresse 4]
[Localité 1]
Chambre 4-1
N° RG 24/05597 – N° Portalis DBVB-V-B7I-BM6X6
Ordonnance n° 2025/M002
APPELANTE
S.A.S. NES TRANSPORTS, demeurant [Adresse 2]
représentée par Me Jean-emmanuel FRANZIS de l’AARPI EIGLIER FRANZIS TAXIL, avocat au barreau de MARSEILLE
INTIME
Monsieur [E] [J], demeurant [Adresse 3]
représenté par Me Benoit GRANJARD, avocat au barreau de MARSEILLE
ORDONNANCE D’INCIDENT
Nous, Véronique SOULIER, magistrat de la mise en état de la Chambre 4-1 de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, assistée de Kamel BENKHIRA, Greffier,
– dit que M.[J] a été embauché par contrat de travail à durée indéterminée à compter du 23 novembre 2020;
– condamné la société Nes Transports à payer à M.[J] les sommes suivantes :
– 3.796,34 € net à titre de rappel de salaire pour la période de mars 2021 à janvier 2022 outre 379,62 € net au titre des congés payés afférents ;
– 2.567,84 € net de rappel d’indemnités de repas ;
– 10.800 € net à titre d’indemnité forfaitaire de travail dissimulé ;
– débouté M.[J] de sa demande en paiement d’heures supplémentaires pour la période de décembre 2020 à avril 2022 ;
– débouté M.[J] de sa demande de dommages-intérêts pour exécution déloyale du contrat de travail;
– débouté M.[J] de sa demande de paiement d’indemnité forfaitaire pour déclaration partielle des salaires aux organismes sociaux ;
– débouté M.[J] de sa demande d’annulation de la sanction du 14 février 2022 et de la demande indemnitaire afférente ;
– constaté l’absence de faute grave ;
– dit que le licenciement de M.[J] repose sur une cause réelle et sérieuse ;
– condamné la société Nes Transports à payer à M.[J] les sommes suivantes :
– 1.654,98 € net au titre de l’indemnité compensatrice de préavis outre 165,49 € net de congés payés afférents ;
– 1.560 € net à titre de rappel de salaire sur période de mise à pied outre 156 € de congés payés afférents;
– 637,50 € net à titre d’indemnité légale de licenciement ;
– dit que la société Nes Transports devra s’acquitter en sus des cotisations sociales et patronales dues sur toutes les sommes allouées à titre de rappel de salaire et compensatrice de préavis exprimées en net ;
– dit que les sommes de nature salariale porteront intérêts au taux légal à compter du 22 septembre 2022;
– dit que les sommes allouées à titre indemnitaire porteront intérêts au taux légal à compter de la date de jugement ;
– ordonné la capitalisation des intérêts échus dus pour une année entière ;
– ordonné à la société Nes Transports de remettre à M.[J] un certificat de travail, une attestation Pôle Emploi et un bulletin de paie récapitulatif rectifiés selon le jugement ;
– dit n’y avoir lieu au prononcé d’une astreinte ;
– condamné la société Nes Transports aux dépens ;
– condamné la société Nes Transports à payer à M.[J] la somme de 1.500 € au titre de l’article 700 du code de procédure civile ;
– dit n’y avoir lieu d’ordonner l’exécution provisoire des dispositions du présent jugement qui ne le seraient pas de plein droit en application de l’article R1454-28 du code du travail ;
– débouté les parties de leurs autres demandes ;
Vu la déclaration d’appel de la SAS Nes Transports notifiée au greffe par voie électronique le 29 avril 2024 ;
Vu les conclusions d’incident notifiées par M.[J] le 08 octobre 2024 demandant au conseiller de la mise en état de :
– ordonner la radiation administrative de l’affaire jusqu’à complète exécution du jugement de départage rendu par le conseil de prud’hommes de Marseille le 9 avril 2024 dont appel ;
– condamner la société Nes Transports aux dépens et à lui payer la somme de 1.000€ sur le fondement de l’article 700 du code de procédure civile ;
Vu les conclusions d’incident en réplique notifiées le 5 décembre 2024 par la SAS Net Transports demandant au conseiller de la mise en état de débouter M.[J] de l’intégralité de ses demandes et de le condamner à lui verser la somme de 2000 € au titre de l’article 700 du code de procédure civile ;
L’article 524 du code de procédure civile, dans sa rédaction issue du décret du 11 décembre 2019 et entré en vigueur le 1er janvier 2020, énonce que:’Lorsque l’exécution provisoire est de droit ou a été ordonnée, le premier président ou, dès qu’il est saisi, le conseiller de la mise en état peut, en cas d’appel, décider, à la demande de l’intimé et après avoir recueilli les observations des parties, la radiation du rôle de l’affaire lorsque l’appelant ne justifie pas avoir exécuté la décision frappée d’appel ou avoir procédé à la consignation autorisée dans les conditions prévues à l’article 521, à moins qu’il lui apparaisse que l’exécution serait de nature à entraîner des conséquences manifestement excessives ou que l’appelant est dans l’impossibilité d’exécuter la décision.
La demande de l’intimé doit, à peine d’irrecevabilité prononcée d’office, être présentée avant l’expiration des délais prescrits aux articles 905-2, 909, 910 et 911.
La décision de radiation est notifiée par le greffe aux parties ainsi qu’à leurs représentants par lettre simple. Elle est une mesure d’administration judiciaire.(…..)’
L’article R. 1454-28 du code du travail prévoit :
« A moins que la loi ou le règlement n’en dispose autrement, les décisions du conseil de prud’hommes ne sont pas exécutoires de droit à titre provisoire. Le conseil de prud’hommes peut ordonner l’exécution provisoire de ses décisions.
Sont de droit exécutoires à titre provisoire, notamment :
1° Le jugement qui n’est susceptible d’appel que par suite d’une demande reconventionnelle ;
2° Le jugement qui ordonne la remise d’un certificat de travail, de bulletins de paie ou de toute pièce que l’employeur est tenu de délivrer ;
3° Le jugement qui ordonne le paiement de sommes au titre des rémunérations et indemnités mentionnées au 2° de l’article R. 1454-14, dans la limite maximum de neuf mois de salaire calculés sur la moyenne des trois derniers mois de salaire. Cette moyenne est mentionnée dans le jugement. »
L’article R 1454-14-2° du code du travail prévoyant :’ le versement de provision sur les salaires et accessoires du salaire ainsi que les commissions, le versement de provisions sur les indemnités de congés payés, de préavis et de licenciement ainsi que le versement de l’indemnité compensatrice et de l’indemnité spéciale de licenciement en cas d’inaptitude médicale consécutives à un accident du travail ou à un maladie professionnelle mentionnées à l’article L.1226-4.’
M.[J] sollicite la radiation de l’affaire du rôle pour défaut d’exécution de la décision frappée d’appel en faisant valoir que la société Nes Transports n’a pas déféré à la demande en paiement de la somme de 10.917,77 euros faite par son conseil le 14 juin 2024, n’a saisi la juridiction du premier président d’aucune demande de suspension de l’exécution provisoire et n’a procédé à aucune consignation des sommes dues.
La SAS Nes Transports réplique que la demande de radiation du rôle de l’affaire lorsque l’appelant ne justifie pas avoir exécuté la décision frappée d’appel doit émaner de l’intimé or, M.[J] étant appelant incident, sa demande doit être rejetée.
Cependant, contrairement aux affirmations de la société Nes Transports, M.[J] est bien intimé sur sa déclaration d’appel du 29 avril 2024, qu’il a d’ailleurs formé sa demande de radiation de l’affaire du rôle avant l’expiration du délai de l’article 909 du code de procédure civile, le fait qu’il ait formé un appel incident ne le privant pas de la faculté de solliciter l’exécution provisoire par l’appelant du jugement entrepris l’ayant condamné au paiement de rappels de salaires et de diverses sommes de nature salariale au titre de l’exécution et de la rupture du contrat de travail, sommes assorties de l’exécution de droit alors que le salarié verse aux débats deux courriers adressés à l’employeur les 5 et 14 juin 2024 lui réclamant expressément un montant en principal hors intérêts de 10.917,77 €.
Alors que la SAS Nes Transports ne justifie pas avoir exécuté même partiellement le jugement entrepris dont elle a relevé appel, il convient d’ordonner la radiation du rôle de l’appel enregistré sous le n° RG 24/05597.
La SAS Net transports est condamnée aux dépens de l’incident et à payer à M.[J] une somme de 500 € au titre de l’article 700 du code de procédure civile.
Ordonnons la radiation du rôle de l’appel de la SAS Net Transports enregistré sous le n° RG 24/05597.
Disons que l’affaire sera rétablie sur justification par la SAS Nes Transports de l’exécution du jugement entrepris (paiement de la somme de 10.917,77 hors intérêts).
Condamnons la SAS Nes Transports aux dépens de l’incident et à payer à M.[J] une somme de 500 € au titre de l’article 700 du code de procédure civile.
Fait à Aix-en-Provence, le 17 janvier 2025
Le greffier Le magistrat de la mise en état
Copie délivrée aux avocats des parties ce jour.
Le greffier
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