L’apparition d’un mineur sur un écran doit systématiquement être associé à une évaluation du risque juridique (droit à l’image, signalétique …). Reconversion d’un mineur dans la pornographieLors de l’émission « Touche pas à mon poste » diffusée sur C8 le 31 janvier 2023 un mineur de 17 ans a été amené à s’exprimer sur la récente reconversion dans la pornographie de ses parents, également présents en plateau. L’adolescent mineur a ainsi été amené à se prononcer publiquement sur la nouvelle activité de ses parents dans la pornographie, dans un contexte d’échanges particulièrement tendus et véhéments entre ses parents et certains chroniqueurs. L’adolescent a ainsi été exposé médiatiquement sur une chaîne de télévision nationale, à une heure de grande écoute, dans une situation pouvant compromettre son épanouissement personnel et nuire à son avenir, du fait des risques de stigmatisation à son égard résultant du sujet traité à l’antenne et de la manière dont il l’a été. L’ARCOM a considéré que l’intervention de ce mineur est de nature à nuire à son avenir et à porter atteinte à ses perspectives d’épanouissement personnel. Manquement à la signalétique jeunesseL’éditeur a présenté la séquence litigieuse comme relevant de la catégorie II. En effet, la thématique de cette séquence comportait certaines scènes susceptibles de heurter les mineurs de 10 ans, notamment du fait du sujet traité et du vocabulaire employé. Dès lors, l’éditeur aurait dû, d’une part, faire figurer à l’écran le pictogramme de catégorie II (« déconseillé aux moins de dix ans ») pendant toute la durée de la diffusion du programme et, d’autre part, apposer la mention « déconseillé aux moins de dix ans » soit en bas de l’écran, en blanc, au minimum pendant une minute au début du programme, soit en plein écran, avant la diffusion du programme, pendant au moins douze seconde, ce qui n’a pas été le cas. La protection des mineursPour rappel, aux termes de l’article 1er et du premier alinéa de l’article 15 de la loi du 30 septembre 1986, l’Autorité veille à la protection de l’enfance et de l’adolescence. Par ailleurs, en vertu de l’article 2-3-7 de la convention du 29 mai 2019, « l’éditeur respecte les délibérations prises par l’ARCOM pour assurer la protection des mineurs contre les dangers que peut représenter leur participation à une émission de télévision, notamment la délibération relative à l’intervention de mineurs dans le cadre d’émissions de télévision diffusées en métropole et dans les départements d’outre-mer ». A ce titre, le point 3 de la délibération du 17 avril 2007 relatif au traitement du témoignage d’un mineur dispose notamment que : « […] L’intervention d’un mineur dans le cadre d’une émission de télévision ne doit pas nuire à son avenir et doit notamment préserver ses perspectives d’épanouissement personnel. » Aux termes du troisième alinéa de l’article 15 de la loi du 30 septembre 1986 : « Lorsque des programmes susceptibles de nuire à l’épanouissement physique, mental ou moral des mineurs sont mis à disposition du public par des services de télévision, l’autorité s’assure qu’ils soient précédés d’un avertissement au public et qu’ils soient identifiés par la présence d’un symbole visuel tout au long de leur durée. Elle s’assure également de la mise en œuvre d’un procédé technique de contrôle d’accès adapté à la nature des services de médias audiovisuels à la demande. » |
→ Questions / Réponses juridiques
Quel est le contexte de l’intervention d’un mineur dans l’émission « Touche pas à mon poste » ?L’intervention d’un mineur de 17 ans dans l’émission « Touche pas à mon poste » diffusée sur C8 le 31 janvier 2023 a suscité de vives réactions. Ce jeune adolescent a été amené à s’exprimer sur la reconversion de ses parents dans la pornographie, un sujet délicat et controversé. Cette situation a eu lieu dans un cadre médiatique tendu, où des échanges véhéments ont eu lieu entre ses parents et certains chroniqueurs. L’adolescent a ainsi été exposé à une large audience, ce qui pourrait compromettre son épanouissement personnel et nuire à son avenir. Les risques de stigmatisation liés à ce sujet, ainsi que la manière dont il a été traité à l’antenne, soulèvent des préoccupations quant à la protection des mineurs dans les médias. Quelles sont les conséquences de cette intervention sur l’avenir du mineur ?L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM) a exprimé des inquiétudes quant à l’impact de cette intervention sur l’avenir du mineur. En effet, l’ARCOM a considéré que la participation de ce jeune à une émission traitant d’un sujet aussi sensible pourrait nuire à ses perspectives d’épanouissement personnel. L’exposition médiatique à un sujet aussi controversé peut entraîner des conséquences psychologiques et sociales pour le mineur, notamment en termes de stigmatisation. Les effets à long terme sur son développement personnel et social sont préoccupants, car une telle exposition peut influencer la perception qu’autrui a de lui, ainsi que sa propre image de soi. Quelles obligations légales pèsent sur les éditeurs concernant la protection des mineurs ?Les éditeurs de programmes audiovisuels ont des obligations légales strictes en matière de protection des mineurs. Selon l’article 1er et le premier alinéa de l’article 15 de la loi du 30 septembre 1986, l’Autorité veille à la protection de l’enfance et de l’adolescence. De plus, l’article 2-3-7 de la convention du 29 mai 2019 stipule que les éditeurs doivent respecter les délibérations de l’ARCOM pour protéger les mineurs des dangers liés à leur participation à des émissions de télévision. La délibération du 17 avril 2007 précise que l’intervention d’un mineur ne doit pas nuire à son avenir et doit préserver ses perspectives d’épanouissement personnel. Ces obligations visent à garantir un environnement sûr et respectueux pour les jeunes participants. Quelles sont les exigences en matière de signalétique pour les programmes destinés aux mineurs ?L’éditeur de l’émission en question a manqué à ses obligations en matière de signalétique jeunesse. Selon les règles en vigueur, il aurait dû classer la séquence litigieuse dans la catégorie II, car le contenu pouvait heurter les mineurs de moins de 10 ans. Cela implique que le pictogramme de catégorie II, indiquant que le programme est « déconseillé aux moins de dix ans », devait être affiché à l’écran pendant toute la durée de la diffusion. De plus, une mention explicite « déconseillé aux moins de dix ans » devait être visible en bas de l’écran ou en plein écran avant le début du programme. Le non-respect de ces exigences soulève des questions sur la responsabilité des éditeurs en matière de protection des jeunes téléspectateurs. |
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