L’Essentiel : Le Décret no 2024-643 du 28 juin 2024 établit un contrôle systématique des antécédents judiciaires pour les personnes intervenant dans la protection de l’enfance. Ce contrôle inclut les professionnels, bénévoles, assistants maternels et familiaux, ainsi que les mineurs de plus de 13 ans vivant à leur domicile. Une attestation d’honorabilité, délivrée après vérification des casiers judiciaires, est requise avant l’exercice de l’activité et doit être renouvelée régulièrement. Cette attestation devient caduque en cas de condamnation définitive, garantissant ainsi la sécurité des mineurs dans les établissements et services concernés. |
Décret no 2024-643 du 28 juin 2024Le Décret no 2024-643 du 28 juin 2024 systématise le contrôle en ligne des antécédents judiciaires dans les champs de la protection de l’enfance et des modes d’accueil du jeune enfant. Le Décret précise les modalités du contrôle des antécédents judiciaires pour les personnes exploitant, dirigeant, intervenant ou exerçant une activité au sein des établissements, services ou lieux de vie et d’accueil, les assistants maternels ou familiaux et les majeurs et mineurs d’au moins 13 ans vivant à leur domicile, dans les champs de la protection de l’enfance et des modes d’accueil du jeune enfant. Il prévoit que ces personnes peuvent solliciter une attestation d’honorabilité qui sera délivrée après vérification du bulletin n° 2 du casier judiciaire et du fichier judiciaire national automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violente. La possession et l’authenticité de d’attestation d’honorabilité sont vérifiées avant le début de l’exercice de l’activité puis à intervalles réguliers lors de cet exercice. L’attestation devient caduque si la personne fait l’objet d’une condamnation définitive donnant lieu à une inscription au bulletin n° 2 de son casier judiciaire ou au fichier judiciaire national automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes. Personnes intervenantes auprès des mineurs
La plateforme nationale « SI Honorabilité »
Par ailleurs, l’article 16 de la loi n° 2024-317 du 8 avril 2024 portant mesures pour bâtir la société du bien vieillir et de l’autonomie a modifié l’article L. 133-6 du CASF en créant de nouvelles modalités pour le contrôle des antécédents judiciaires. Il fait désormais reposer ce contrôle sur la délivrance d’une attestation que le professionnel, le bénévole, l’assistant maternel ou familial doit remettre à son futur employeur ou, à intervalles réguliers, à son employeur actuel. Cette attestation mentionne que son titulaire ne fait l’objet :
L’avis de la CNIL
Le projet de décret précise les modalités d’obtention de l’attestation visée au nouvel article L. 133-6 du CASF : périmètre des personnes concernées, conditions de délivrance, contrôle de la caducité notamment. L’accès indirect de ce dernier aux informations présentes dans le FIJAISV, nécessaires à la délivrance de l’attestation d’honorabilité, est strictement encadré par la combinaison des dispositions de :
La CNIL relève que, selon le ministère, le président du conseil départemental n’accède pas aux informations présentes dans le FIJAISV mais uniquement à l’information selon laquelle une personne ne fait l’objet ni d’une incapacité d’exercice, ni d’une condamnation non définitive ou d’une mise en examen. Les dispositions de l’article 2 du projet de décret, qui ajoute la DGCS dans la liste des administrations de l’Etat autorisées à interroger directement le FIJAISV au titre du recrutement, de l’agrément ou du contrôle des professions ou activités impliquant un contact avec des mineurs, n’appellent pas d’observations de la part de la CNIL. Néanmoins, les dispositions du projet de décret relatives à la protection des données à caractère personnel et à leur traitement appellent les observations suivantes compte tenu de leurs impacts forts en termes de droits des personnes concernées. Les données collectées
Compte tenu des risques associés à l’usage du nouveau dispositif d’attestation d’honorabilité, la CNIL appelle l’attention du ministère sur la nécessité d’intégrer dans le projet de décret les garanties ci-dessous, qui auraient pour objet de renforcer les droits des personnes concernées. A cet égard, en vertu de l’article 10 du RGPD, le traitement des données à caractère personnel relatives aux condamnations pénales et aux infractions ne peut notamment être effectué que si le traitement est autorisé par le droit d’un Etat membre qui prévoit des garanties appropriées pour les droits et libertés des personnes concernées. La durée de conservation des données
Le droit à l’informationD’après le projet d’article R. 133-8 du CASF, avant de délivrer l’agrément nécessaire pour exercer la profession d’assistant maternel ou familial, le président du conseil départemental vérifie que le demandeur ainsi que les personnes âgées d’au moins treize ans vivant à son domicile, à l’exception de celles accueillies en application d’une mesure d’aide sociale à l’enfance, disposent d’une attestation d’honorabilité datant de moins de six mois.
Enfin, compte tenu des risques pesant sur les droits des personnes concernées par le dispositif, et estimant nécessaire d’introduire des garanties particulières, le ministère confirme que la plateforme « SI Honorabilité » met à disposition de l’utilisateur de nombreuses informations sur le fonctionnement de l’attestation d’honorabilité et que les conséquences individuelles de la délivrance de l’attestation à l’employeur y sont précisées. |
Q/R juridiques soulevées : Quel est l’objectif principal du Décret no 2024-643 du 28 juin 2024 ?Le Décret no 2024-643 du 28 juin 2024 a pour objectif principal de systématiser le contrôle en ligne des antécédents judiciaires dans les domaines de la protection de l’enfance et des modes d’accueil du jeune enfant. Ce décret vise à garantir la sécurité des enfants en s’assurant que toutes les personnes intervenant dans ces domaines, qu’elles soient professionnelles ou bénévoles, ne présentent pas de risques liés à des antécédents judiciaires. Il établit des modalités précises pour le contrôle des antécédents judiciaires, incluant la vérification des casiers judiciaires et des fichiers d’infractions sexuelles ou violentes.Quelles sont les personnes concernées par ce décret ?Le décret concerne plusieurs catégories de personnes qui interviennent dans les champs de la protection de l’enfance et des modes d’accueil du jeune enfant. Cela inclut les personnes exploitant, dirigeant ou intervenant au sein d’établissements, de services ou de lieux de vie et d’accueil, ainsi que les assistants maternels ou familiaux. De plus, les majeurs et mineurs d’au moins 13 ans vivant au domicile de ces intervenants sont également concernés par le contrôle des antécédents judiciaires.Comment se déroule le contrôle des antécédents judiciaires ?Le contrôle des antécédents judiciaires se déroule en plusieurs étapes. Tout d’abord, les personnes concernées doivent solliciter une attestation d’honorabilité, qui est délivrée après vérification de leur bulletin n° 2 du casier judiciaire et du fichier judiciaire national automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes. Cette attestation est vérifiée avant le début de l’exercice de l’activité et à intervalles réguliers par la suite. Si une personne fait l’objet d’une condamnation définitive, l’attestation devient caduque, ce qui signifie qu’elle ne peut plus exercer son activité.Qu’est-ce que l’attestation d’honorabilité ?L’attestation d’honorabilité est un document délivré aux personnes qui ont réussi le contrôle de leurs antécédents judiciaires. Elle atteste que son titulaire ne fait l’objet d’aucune incapacité d’exercer une activité en lien avec les mineurs, ni d’une condamnation non définitive ou d’une mise en examen mentionnées au fichier judiciaire national automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes. Cette attestation doit être remise à l’employeur, que ce soit lors de l’embauche ou à intervalles réguliers durant l’exercice de l’activité.Quel est le rôle de la plateforme nationale « SI Honorabilité » ?La plateforme nationale « SI Honorabilité » joue un rôle central dans le contrôle des antécédents judiciaires. Elle permet de centraliser les demandes d’attestation d’honorabilité et de vérifier les informations nécessaires à leur délivrance. Encadrée par des arrêtés et examinée par la CNIL, cette plateforme assure la gestion sécurisée des données et le respect des droits des personnes concernées. Elle conserve également les attestations dans son portail pendant une période déterminée, facilitant ainsi le suivi des vérifications d’honorabilité.Quelles sont les implications de l’avis de la CNIL sur le décret ?L’avis de la CNIL sur le décret a des implications importantes concernant la protection des données personnelles. La CNIL a été saisie pour évaluer les modalités d’obtention de l’attestation d’honorabilité, notamment en ce qui concerne le périmètre des personnes concernées et les conditions de délivrance. Elle a souligné la nécessité de garantir que les données collectées soient traitées conformément aux exigences du RGPD, en veillant à ce que les droits des personnes concernées soient respectés.Comment sont conservées les données collectées ?Les données collectées dans le cadre de l’attestation d’honorabilité sont conservées par les responsables d’établissements ou de services, ainsi que par les présidents de conseil départemental. Le ministère envisage une durée de conservation de trois à cinq ans, correspondant à la périodicité du contrôle des antécédents judiciaires. Cependant, la CNIL s’interroge sur la nécessité de conserver ces attestations, étant donné que la vérification des antécédents est déjà assurée par la plateforme « SI Honorabilité », qui conserve les attestations pendant une période de douze mois après leur expiration.Quel est le droit à l’information des personnes concernées ?Le droit à l’information des personnes concernées est un aspect déterminant du projet de décret. Avant de délivrer l’agrément pour exercer la profession d’assistant maternel ou familial, le président du conseil départemental doit s’assurer que le demandeur et les personnes vivant à son domicile disposent d’une attestation d’honorabilité récente. La CNIL a salué les efforts du ministère pour informer les personnes concernées, notamment les mineurs, sur le traitement de leurs données. Les informations doivent être fournies de manière concise, transparente et accessible, conformément aux exigences du RGPD. |
Laisser un commentaire