Prolongation de la rétention administrative : enjeux de sécurité publique et droits des étrangers.

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Prolongation de la rétention administrative : enjeux de sécurité publique et droits des étrangers.

L’Essentiel : Le tribunal a examiné la requête du Préfet de la Haute-Garon

Contexte de la procédure

Statuant en audience publique, le tribunal a examiné la requête du Préfet de la Haute-Garonne concernant Monsieur [E] [Y], un ressortissant congolais né le 7 novembre 1977. La demande a été reçue le 20 novembre 2024, en lien avec une prolongation de la rétention administrative de l’intéressé.

Ordonnances précédentes

Le 22 octobre 2024, le Vice-président du Tribunal judiciaire a ordonné une deuxième prolongation de la rétention administrative, décision confirmée par la Cour d’appel de Toulouse le 25 octobre 2024. L’ensemble des pièces de la procédure a été examiné, et les parties concernées ont été informées de l’audience.

Observations des parties

Lors de l’audience, le représentant de la Préfecture a plaidé pour la prolongation de la mesure de rétention, tandis que l’intéressé et son avocat, Me Assia DERBALI, ont également présenté leurs observations.

Cadre légal de la rétention

Selon l’article L.742-5 du CESEDA, le juge peut être saisi pour proroger la rétention au-delà de la durée maximale si certaines conditions sont remplies, notamment en cas d’obstruction à l’éloignement ou de menace pour l’ordre public. La prolongation peut durer jusqu’à quinze jours, avec la possibilité d’un renouvellement dans des circonstances exceptionnelles.

Analyse des motifs de rétention

L’administration n’a pas prouvé la délivrance rapide des documents nécessaires pour l’éloignement de l’intéressé. De plus, il a été souligné que l’intéressé présente une menace pour l’ordre public, ayant été condamné à quinze reprises entre 1997 et 2022, notamment pour des violences conjugales récentes.

Décision du tribunal

En conséquence, le tribunal a décidé de prolonger le placement de Monsieur [E] [Y] dans un Centre de Rétention Administrative, pour une durée maximale de quinze jours à compter de l’expiration de la période précédente. Cette décision est assortie de l’exécution provisoire.

Notification et recours

Les parties ont été informées de la décision, qui est susceptible d’appel dans un délai de 24 heures. L’intéressé a été informé des possibilités de recours contre cette décision, et les notifications ont été envoyées par mail aux parties concernées.

Q/R juridiques soulevées :

Quelles sont les conditions de prolongation de la rétention administrative selon l’article L.742-5 du CESEDA ?

L’article L.742-5 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (CESEDA) stipule que, à titre exceptionnel, le juge des libertés et de la détention peut être saisi pour proroger le maintien en rétention au-delà de la durée maximale prévue à l’article L.742-4, dans certaines situations.

Ces situations incluent :

1° L’étranger a fait obstruction à l’exécution d’office de la décision d’éloignement ;

2° L’étranger a présenté, dans le seul but de faire échec à la décision d’éloignement :
a) une demande de protection contre l’éloignement au titre du 5° de l’article L. 631-3 ;
b) ou une demande d’asile dans les conditions prévues aux articles L. 754-1 et L. 754-3 ;

3° La décision d’éloignement n’a pu être exécutée en raison d’un défaut de délivrance des documents de voyage par le consulat dont relève l’intéressé, et il est établi par l’autorité administrative compétente que cette délivrance doit intervenir à bref délai.

Le juge peut également être saisi en cas d’urgence absolue ou de menace pour l’ordre public.

L’étranger est maintenu en rétention jusqu’à ce que le juge ait statué. Si le juge ordonne la prolongation, celle-ci court à compter de l’expiration de la dernière période de rétention pour une nouvelle période d’une durée maximale de quinze jours.

Comment la jurisprudence interprète-t-elle la notion de menace à l’ordre public dans le cadre de la rétention administrative ?

La jurisprudence interprète la notion de menace à l’ordre public de manière stricte, en tenant compte des antécédents judiciaires de l’intéressé. Dans le cas présent, l’intéressé a été condamné à quinze reprises entre 1997 et 2022, notamment pour des faits de violences conjugales.

Ces condamnations, en particulier celles récentes (août 2021 et septembre 2022), sont prises en compte pour évaluer la menace que représente l’individu pour l’ordre public.

Les peines infligées, à savoir deux ans d’emprisonnement dont six mois avec sursis probatoire et neuf mois d’emprisonnement, sont considérées comme des éléments significatifs justifiant une prolongation de la rétention administrative.

Ainsi, le juge a estimé que le nombre de condamnations et la nature des faits constituaient une menace à l’ordre public, justifiant de manière exceptionnelle la prolongation de la rétention administrative.

Quels sont les délais et modalités de recours contre la décision de prolongation de la rétention administrative ?

La décision de prolongation de la rétention administrative est susceptible d’appel dans un délai de 24 heures à compter de son prononcé.

Le recours doit être effectué par déclaration motivée, transmise par tous moyens au greffe de la Cour d’appel de Toulouse.

Il est également précisé que la transmission par voie électronique, via la boîte structurelle dédiée, est privilégiée.

Cette procédure de recours permet à l’intéressé de contester la décision de prolongation et d’obtenir un réexamen de sa situation par une juridiction supérieure.

Il est essentiel que l’intéressé soit informé des possibilités et des délais de recours, ce qui a été fait dans le cas présent, garantissant ainsi le respect de ses droits.

COUR D’APPEL DE TOULOUSE
TRIBUNAL JUDICIAIRE DE TOULOUSE

Vice-président

ORDONNANCE PRISE EN APPLICATION DES DISPOSITIONS DU CODE D’ENTRÉE ET DE SÉJOUR DES ETRANGERS
(demande de 3ème prolongation)
_______________________________________________________________________________________
N° de MINUTE N° RG 24/02598 – N° Portalis DBX4-W-B7I-TQVE

le 21 Novembre 2024

Nous, Jacques MARTINON,,vice-président désigné par le président du tribunal judiciaire de TOULOUSE, assisté de Emilie BENGUIGUI, greffier ;

Statuant en audience publique ;

Vu les articles L742-1, L742-4, L742-5, R743-1 à R743-8 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile ;

Vu notre saisine par requête de M. LE PREFET DE LA HAUTE-GARONNE reçue le 20 Novembre 2024 à 11 heures 36, concernant : Monsieur [E] [Y]
né le 07 Novembre 1977 à [Localité 2] (CONGO), de nationalité Congolaise

Vu la deuxième ordonnance du Vice-président du Tribunal judiciaire territorialement compétent en date du 22 octobre 2024 ordonnant la 2ème prolongation de la rétention administrative de l’intéressé confirmée par ordonnance de la Cour d’appel de Toulouse en date du 25 octobre 2024 ;
Vu l’ensemble des pièces de la procédure ;
Monsieur le Préfet sus-désigné ayant été avisé de la date et de l’heure de l’audience ;
Le conseil de l’intéressé ayant été avisé de la date et de l’heure de l’audience ;
Attendu que l’intéressé et son conseil ont pu prendre connaissance de la requête et de ses pièces annexes ;
************

Ouï les observations du représentant de la Préfecture qui a sollicité la prolongation de la mesure de rétention administrative ;

Ouï les observations de l’intéressé ;

Ouï les observations de Me Assia DERBALI, avocat au barreau de TOULOUSE ;

************

SUR CE :

Aux termes de l’article L.742-5 CESEDA, à titre exceptionnel, le juge des libertés et de la détention peut à nouveau être saisi aux fins de prorogation du maintien en rétention au-delà de la durée maximale de rétention prévue à l’article L.742-4, lorsqu’une des situations suivantes apparaît dans les quinze derniers jours :
1° L’étranger a fait obstruction à l’exécution d’office de la décision d’éloignement ;
2° L’étranger a présenté, dans le seul but de faire échec à la décision d’éloignement ;
a) une demande de protection contre l’éloignement au titre du 5° de l’article L. 631-3 ;
b) ou une demande d’asile dans les conditions prévues aux articles L. 754-1 et L. 754-3 ;
3) La décision d’éloignement n’a pu être exécutée en raison d’un défaut de délivrance des documents de voyage par le consulat dont relève l’intéressé et qu’il est établi par l’autorité administrative compétente que cette délivrance doit intervenir à bref délai.
Le juge peut également être saisi en cas d’urgence absolue ou de menace pour l’ordre public.
L’étranger est maintenu en rétention jusqu’à ce que le juge ait statué.
Si le juge ordonne la prolongation de la rétention, celle-ci court à compter de l’expiration de la dernière période de rétention pour une nouvelle période d’une durée maximale de quinze jours.
Si l’une des circonstances mentionnées aux 1°, 2° ou 3° ou au septième alinéa du présent article survient au cours de la prolongation exceptionnelle ordonnée en application de l’avant dernier alinéa, elle peut être renouvelée une fois, dans les mêmes conditions. La durée maximale de la rétention n’excède alors pas quatre-vingt-dix jours.

En l’espèce, l’administration malgré des diligences certaines auprès des autorités du Congo n’apporte pas la preuve d’une délivrance à bref délai du LPC.

De plus, comme évoqué contradictoirement à l’audience, il convient d’analyser le motif spécifique d’une menace d’une particulière gravité à l’ordre public.
Sur ce point, l’intéressé a été condamné à quinze reprise entre 1997 et 2022, notamment pour des faits de violences conjugales et ce de manière relativement récente (aout 2021, septembre 2022), à des quantum de peine non négligeables (respectivement 2 ans d’emprisonnement dont 6 mois sursis probatoire pendant 2 ans, et 9 mois d’emprisonnement).
Au vu du nombre de condamnations de l’intéressé et du caractère particulier des faits de violences conjugales, il sera considéré que l’intéressé présente effectivement une menace à l’ordre public, justifiant de manière exceptionnelle une prolongation de rétention administrative.

PAR CES MOTIFS :

Statuant publiquement en premier ressort, par décision assortie de l’exécution provisoire,

Prolongeons le placement de Monsieur [E] [Y] dans les locaux du Centre de Rétention Administrative, ne dépendant pas de l’Administration Pénitentiaire,

Disons que l’application de ces mesures prendra fin au plus tard à l’expiration d’un délai de QUINZE JOURS à compter de l’expiration du précédent délai de TRENTE JOURS imparti par l’ordonnance prise le 22 octobre 2024 confirmée par ordonnance de la Cour d’appel de Toulouse en date du 25 octobre 2024 par le Vice-président du Tribunal judiciaire territorialement compétent.

Le greffier
Le 21 Novembre 2024 à 16H52

Le Vice-président

Les parties soussignées ont reçu notification de la présente décision.
Disons avoir informé l’étranger des possibilités et des délais de recours contre toutes les décisions le concernant.
Rappelons que cette décision est susceptible d’appel dans un délai de 24 heures à compter de son prononcé par déclaration motivée transmise
par tous moyens au greffe de la Cour d’appel de Toulouse et de manière privilégiée sur la boîte structurelle [Courriel 1]

signature de l’intéressé

Préfecture avisée par mail de même suite
avocat avisé par mail


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