Prolongation de la rétention administrative : enjeux de légalité et d’opportunité.

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Prolongation de la rétention administrative : enjeux de légalité et d’opportunité.

L’Essentiel : En présence d’un interprète assermenté, la personne retenue a été informée de ses droits. L’audience a impliqué deux avocats, représentant respectivement la personne et le préfet. Le conseil a contesté la recevabilité de la requête préfectorale, mais le tribunal a jugé le dossier suffisant pour comprendre la décision. Le juge a confirmé la légalité de la rétention, soulignant que la personne avait été informée de ses droits. Finalement, en raison de l’absence de documents de voyage, la rétention a été prolongée de quinze jours, permettant d’attendre leur délivrance. L’ordonnance a été notifiée au centre de rétention.

Contexte de l’affaire

En présence d’un interprète assermenté pour la langue arabe, la personne retenue a été informée de ses droits selon le Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile. L’audience a vu la participation de deux avocats, l’un représentant la personne retenue et l’autre le préfet de la Seine-et-Marne.

Irrecevabilité de la requête

Le conseil de la personne retenue a contesté la recevabilité de la requête préfectorale, arguant que la décision de prolongation de la rétention n’était pas intégralement présente dans le dossier. Toutefois, le tribunal a jugé que, bien que le document soit incomplet, il était suffisant pour comprendre la décision, et a donc rejeté ce moyen comme non fondé.

Prolongation de la rétention

Le juge a examiné la légalité de la rétention, confirmant que la procédure était régulière. Selon la législation, aucune irrégularité antérieure ne pouvait être soulevée lors de cette audience. Il a été établi que la personne retenue avait été informée de ses droits et avait eu la possibilité de les faire valoir.

Conditions de prolongation

Le tribunal a rappelé que le magistrat pouvait être saisi pour une quatrième prolongation de la rétention dans certaines conditions, notamment si la personne retenue avait fait obstruction à la mesure d’éloignement ou si des circonstances exceptionnelles justifiaient la prolongation. Ces conditions ne sont pas cumulatives.

Décision finale

Malgré les efforts de l’administration pour exécuter la mesure d’éloignement, celle-ci n’a pas pu être mise en œuvre en raison du défaut de délivrance des documents de voyage. Le tribunal a donc décidé de prolonger la rétention de la personne retenue pour une durée de quinze jours, permettant ainsi d’attendre la délivrance des documents nécessaires.

Notification de l’ordonnance

L’ordonnance a été prononcée publiquement et une copie a été transmise au centre de rétention pour notification à l’intéressé. Des informations sur les droits de la personne retenue, y compris la possibilité d’appel et d’assistance, ont également été fournies.

Q/R juridiques soulevées :

Quelle est la portée de l’irrecevabilité de la requête en matière de prolongation de rétention administrative ?

La question de l’irrecevabilité de la requête en matière de prolongation de rétention administrative est régie par l’article L. 743-11 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile. Cet article stipule que, à peine d’irrecevabilité prononcée d’office, aucune irrégularité antérieure à l’audience relative à la première prolongation de la rétention ne peut être soulevée lors de l’audience relative à la quatrième prolongation.

Ainsi, même si la décision ordonnant la troisième prolongation ne figure pas en entier dans le dossier, cela ne remet pas en cause la légalité de la procédure.

Il est donc essentiel que les avocats et les parties concernées soient conscients de cette règle pour éviter de soulever des moyens qui pourraient être déclarés irrecevables.

Quelles sont les conditions de prolongation de la rétention administrative selon le Code ?

Les conditions de prolongation de la rétention administrative sont spécifiées dans l’article L. 742-5 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile. Cet article précise que le magistrat du siège peut être saisi pour une quatrième prolongation de quinze jours de la rétention dans plusieurs cas :

1. Lorsque l’étranger a fait obstruction à l’exécution de la mesure d’éloignement.

2. Lorsqu’il a présenté une demande d’asile ou une demande de constatation de son état de santé dans le but de faire échec à la mesure d’éloignement.

3. Si la mesure d’éloignement n’a pu être exécutée en raison du défaut de délivrance des documents de voyage par le consulat.

4. En cas d’urgence absolue ou de menace pour l’ordre public.

Ces conditions ne sont pas cumulatives, ce qui signifie qu’une seule de ces situations peut justifier la prolongation de la rétention.

Quel est le rôle du juge dans la procédure de rétention administrative ?

Le rôle du juge dans la procédure de rétention administrative est fondamental. Selon la jurisprudence, le juge doit se prononcer en tant que gardien de la liberté individuelle sur la légalité de la rétention. Cela implique qu’il doit examiner les éléments du dossier et s’assurer que la procédure est recevable et régulière.

Le juge a également la responsabilité d’apprécier la légalité et l’opportunité de la mesure d’éloignement, même lorsque l’étranger invoque des circonstances personnelles ou familiales.

Cette séparation des pouvoirs est essentielle pour garantir que les droits des étrangers sont respectés tout en permettant à l’administration de mener à bien ses missions.

Quels droits sont reconnus à la personne retenue en matière de rétention administrative ?

La personne retenue en matière de rétention administrative bénéficie de plusieurs droits, qui sont explicitement mentionnés dans le Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile. Parmi ces droits, on trouve :

1. Le droit d’être assisté par un avocat.

2. Le droit de demander l’assistance d’un interprète.

3. Le droit de communiquer avec son consulat ou toute personne de son choix.

4. Le droit de contacter des organisations compétentes pour visiter les lieux de rétention.

Ces droits sont essentiels pour garantir que la personne retenue puisse faire valoir ses intérêts et bénéficier d’une protection juridique adéquate durant la période de rétention.

Il est déterminant que ces droits soient clairement communiqués à la personne retenue, afin qu’elle puisse les exercer pleinement.

Annexe TJ Meaux – (rétentions administratives)
N° RG 25/00078 Page
TRIBUNAL JUDICIAIRE DE MEAUX
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CONTENTIEUX DE LA RETENTION ADMINISTRATIVE
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[Adresse 17]

Ordonnance statuant sur la quatrième prolongation
d’une mesure de rétention administrative

Ordonnance du 09 Janvier 2025
Dossier N° RG 25/00078

Nous, Virginie BARRAUD, magistrat du siège au tribunal judiciaire de Meaux, assisté de Romane HUAN, greffier ;

Vu les articles L 742-2, L 742-5, R 741-1, R 741-2, R 742-1 à R 743-9 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile ;

Vu l’arrêté pris le 12 mai 2023 par le préfet de VAL DE MARNE faisant obligation à M. Monsieur [B] [K] né le 15 avril 1996 en Lybie alias [K] [R] né le 15 mai 1997 à [Localité 22] (Tunisie) de quitter le territoire français ;

Vu la décision de placement en rétention administrative prise le 25 octobre 2024 par le PRÉFET DE LA SEINE ET MARNE à l’encontre de M. Monsieur [B] [K] né le 15 avril 1996 en Lybie alias [K] [R] né le 15 mai 1997 à [Localité 22] (Tunisie), notifiée à l’intéressé le 25 octobre 2024 à 16h31 ;

Vu l’ordonnance rendue le 25 décembre 2024 par le magistrat du siège du tribunal judiciaire de Meaux prolongeant la rétention administrative de M. Monsieur [B] [K] né le 15 avril 1996 en Lybie alias [K] [R] né le 15 mai 1997 à Zarzis (Tunisie) pour une durée de quinze jours à compter du 24 décembre 2024 ;

Vu la requête du PRÉFET DE LA SEINE ET MARNE datée du 08 janvier 2025, reçue et enregistrée le 08 janvier 2025 à 08h35 au greffe du tribunal, tendant à la quatrième prolongation pour une durée de quinze jours supplémentaires, à compter du 08 janvier 2025, la rétention administrative de :

Monsieur Monsieur [B] [K] né le 15 avril 1996 en Lybie
alias [K] [R] né le 15 mai 1997 à [Localité 22] (Tunisie), né le 15 Avril 1996 à LYBIE, de nationalité Tunisienne

Vu l’extrait individualisé du registre prévu par l’article L. 744-2 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile ;

En l’absence du procureur de la République régulièrement avisé par le greffier, dès réception de la requête, de la date, de l’heure, du lieu et de l’objet de la présente audience ;

En présence de [E] [N], interprète inscrit sur la liste établie par le procureur de la République près le tribunal judiciaire de Meaux, assermenté pour la langue arabe déclarée comprise par la personne retenue à l’inverse du français ;

Après avoir, en audience publique, rappelé à la personne retenue les droits qui lui sont reconnus par le Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, puis entendu en leurs observations, moyens et arguments :
– Me Anna STOFFANELLER, avocat de permanence au barreau de Meaux désigné d’office à la demande de la personne retenue pour l’assister ;
– Me Elif ISCEN (cab Centaure), avocat représentant le PRÉFET DE LA SEINE ET MARNE
– M. Monsieur [B] [K] né le 15 avril 1996 en Lybie alias [K] [R] né le 15 mai 1997 à [Localité 22] (Tunisie);

Annexe TJ Meaux – (rétentions administratives)
N° RG 25/00078 Page

MOTIFS DE LA DÉCISION

SUR L’IRRECEVABILITE DE LA REQUETE

Attendu que le conseil du retenu soutient que la requête préfectorale serait irrecevable en ce que la décision ordonnant la troisième prolongation ne figurerait pas en son entier au dossier de la procédure ;

Mais attendu que si en effet la décision ne figure pas en son entier à l’appui de la requête, rien, à la lecture du document tronqué joint à la requête, ne permet de douter sur sens de cette dernière décision puisque figurent sur la dernière page les mots rétention administrative N)2 (…) pour une durée de 15 jours à compter du 24 décembre 2024 ; et que la production de cette décision incomplète est assortie de celle du registre actualisé qui indique le sens de celle-ci ; que le moyen sera donc rejeté comme non fondé ;

SUR LA PROLONGATION DE LA RETENTION

Attendu qu’indépendamment de tout recours contre la décision de placement, le juge doit se prononcer en tant que gardien de la liberté individuelle sur la légalité de la rétention;

Attendu qu’après examen des éléments du dossier tels que complétés ou éclairés à l’audience contradictoirement, la procédure contrôlée est recevable et régulière ;

Attendu que selon l’article L. 743-11 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, à peine d’irrecevabilité, prononcée d’office, aucune irrégularité antérieure à l’audience relative à la première prolongation de la rétention ne peut être soulevée lors de l’audience relative à la quatrième prolongation ;

Attendu qu’il ressort de l’examen des pièces jointes à la requête et des mentions figurant au registre prévu à l’article L. 744-2 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile que la personne retenue, pleinement informée de ses droits lors la notification de son placement, n’a cessé d’être placée en état de les faire valoir depuis de son arrivée au lieu de rétention ;

Attendu qu’en vertu du principe de la séparation des pouvoirs, c’est au juge administratif qu’il revient d’apprécier la légalité et l’opportunité, ou la nécessité, pour l’administration d’éloigner de France un étranger et de le placer à cette fin en rétention, y compris lorsque celui-ci invoque une situation personnelle ou familiale présentée comme incompatible avec son départ en regard de dispositions légales ou conventionnelles ;

Attendu qu’aux termes de l’article L. 742-5 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile le magistrat du siège peut à titre exceptionnel être à nouveau saisi pour une quatrième prolongation de quinze jours de la rétention lorsque dans les quinze derniers jours, l’étranger, soit a fait obstruction à l’exécution d’office de la mesure d’éloignement, soit a présenté dans le seul but de faire échec à la mesure d’éloignement, une demande d’asile, ou une demande visant à voir constater que son état de santé nécessite une prise en charge médicale dont le défaut pourrait avoir pour lui des conséquences d’une exceptionnelle gravité et qu’il ne pourra bénéficier de soins appropriés dans son pays de renvoi, ou encore si la mesure d’éloignement n’a pu être exécutée en raison du défaut de délivrance des documents de voyage par le consulat dont relève l’intéressé et qu’il est établi par l’autorité administrative compétente que cette délivrance doit intervenir à bref délai ; le juge peut également être saisi en cas d’urgence absolue ou de menace pour l’ordre public ;

Attendu que ces conditions ne sont pas cumulatives ;

Annexe TJ Meaux – (rétentions administratives)
N° RG 25/00078 Page
Attendu qu’il ressort des pièces jointes à la requête et des débats que malgré les diligences de l’administration entreprises concomitamment au placement en rétention et poursuivies depuis sans défaillance, la mesure d’éloignement n’a pu être exécutée en raison du défaut de délivrance des documents de voyage par le consulat dont relève la personne retenue  et que cette délivrance va intervenir à bref délai puisque après que le retnu a adopté un comportement d’obstruction systématique devant les différentes autorités consualires auxquelle il a été présenté, une audition est intervenu très récemment (le 3 janvier 2025) devant les autorités consulaires tunisiennes et qu’une réponse est dès lors attendue par l’administration ;

Attendu que la quatrième prolongation de la rétention étant de nature à permettre l’exécution de la mesure d’éloignement, il convient, par conséquent, de faire droit à la requête et de prolonger la rétention de la personne retenue ;

PAR CES MOTIFS,

REJETONS le moyen d’irrecevabilité ;

DÉCLARONS la requête recevable et la procédure régulière ;

ORDONNONS une quatrième prolongation de la rétention de M. Monsieur [B] [K] né le 15 avril 1996 en Lybie alias [K] [R] né le 15 mai 1997 à [Localité 22] (Tunisie), au centre de rétention administrative n° 2 du [19] (77) ou dans tout autre centre ne dépendant pas de l’administration pénitentiaire, pour une durée de quinze jours à compter du 08 janvier 2025 ;

Prononcé publiquement au palais de justice du Mesnil-Amelot, le 09 Janvier 2025 à 15h15.

Le greffier, Le juge,

qui ont signé l’original de l’ordonnance.

Copie intégrale de la présente ordonnance a été transmise par télécommunication le 9 janvier 2025 au centre de rétention n° 2 du [Localité 20] (77) pour information du chef de centre et notification à l’intéressé (copie de l’exemplaire émargé par le retenu devant impérativement être adressée en télécopie au greffe du juge des libertés et de la détention),
Le greffier,

notification de l’ordonnance avec remise d’une copie, et des informations suivantes :

Pour information :

– La présente ordonnance est susceptible d’appel devant le premier président de la cour d’appel de Paris dans les 24 heures de sa notification. Le délai d’appel qui expirerait normalement un samedi, un dimanche ou un jour férié ou chômé, est prorogé jusqu’au premier jour ouvrable suivant. Le premier président est saisi par une déclaration écrite motivée, transmise par tout moyen au greffe de la cour d’appel de [Localité 21] (Service des étrangers – Pôle 1 Chambre 11), notamment par télécopie au [XXXXXXXX03] ou par courriel à l’adresse [Courriel 18]. Cet appel n’est pas suspensif. L’intéressé est maintenu à disposition de la justice jusqu’à l’audience qui se tiendra à la cour d’appel.
– Vous pouvez, pendant toute la durée de votre rétention, demander l’assistance d’un interprète, d’un avocat ainsi que d’un médecin, et communiquer avec votre consulat ou toute personne de votre choix.
– Vous avez également le droit de contacter toute organisation et instance nationale, internationale ou non gouvernementale compétente pour visiter les lieux de rétention, notamment :
• le Contrôleur général des lieux de privation de liberté ([Adresse 12] ; www.cglpl.fr ; tél. : [XXXXXXXX05] ; fax : [XXXXXXXX02]) ;
• le Défenseur des droits ([Adresse 15] ; tél. : [XXXXXXXX08]) ;
• France Terre d’Asile ([Adresse 13] ; tél. : [XXXXXXXX04]) ;
• Forum Réfugiés Cosi ([Adresse 14] ; tél. : [XXXXXXXX07]) ;
• Médecins sans frontières – MSF ([Adresse 16] ; tél. : [XXXXXXXX01]).
– La CIMADE, association indépendante de l’administration présente dans chacun des centres de rétention du Mesnil-Amelot (Tél. CIMADE CRA2 : [XXXXXXXX010] / [XXXXXXXX011] – Tél. CIMADE CRA 3 : [XXXXXXXX09] / [XXXXXXXX06]) est à votre disposition, sans formalité, pour vous aider dans l’exercice effectif de vos droits, aux heures d’accueil précisées par le règlement intérieur.
– Vous pouvez aussi demander, à tout moment, qu’il soit mis fin à votre rétention par simple requête, motivée et signée, adressée au juge des libertés et de la détention par tout moyen, accompagnée de toutes les pièces justificatives.

Reçu dans une langue comprise, le à heures
Le retenu, L’agent notifiant (nom, prénom, qualité et signature),

Copie intégrale de la présente ordonnance a été transmise par l’intermédiaire d’un moyen de télécommunication comportant un accusé de réception, le 09 janvier 2025, à l’avocat du PRÉFET DE LA SEINE ET MARNE, absent au prononcé de la décision.
Le greffier,

Reçu copie intégrale de la présente ordonnance le 09 janvier 2025.
L’avocat de la personne retenue,


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