Prolongation de la rétention administrative : enjeux de l’éloignement et garanties de représentation.

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Prolongation de la rétention administrative : enjeux de l’éloignement et garanties de représentation.

L’Essentiel : Le tribunal a statué sur la situation de Monsieur [J] [N], ressortissant algérien, dont la rétention administrative a été prolongée. La demande d’assignation à résidence a été rejetée en raison de l’absence de preuves de stabilité d’hébergement et d’un passeport valide. Le juge a souligné la nécessité de garanties pour l’assignation. Malgré l’absence de l’intéressé à l’audition, le tribunal a constaté que l’administration avait pris les mesures nécessaires pour justifier la prolongation de la rétention. En conséquence, la rétention de Monsieur [J] [N] a été prolongée de trente jours, avec possibilité de recours.

Contexte de l’affaire

En présence d’un interprète assermenté, le tribunal a statué en audience publique sur la situation de Monsieur [J] [N], un ressortissant algérien né le 1er mars 1999, dont la rétention administrative a été prolongée suite à une requête du Préfet du Tarn et Garonne.

Procédure judiciaire

La demande de prolongation de la rétention administrative a été examinée après que le juge des libertés et de la détention ait pris connaissance des éléments de la procédure, y compris les observations du représentant de la Préfecture et de l’avocat de l’intéressé. La précédente ordonnance du tribunal avait déjà ordonné le maintien en rétention de Monsieur [J] [N].

Demande d’assignation à résidence

La demande d’assignation à résidence a été rejetée, car l’intéressé n’a pas pu prouver la stabilité de l’hébergement proposé par sa tante, ni fournir un passeport valide. Le juge a souligné que l’assignation à résidence nécessite des garanties de représentation effectives et que les éléments de la procédure ne laissaient pas apparaître un risque de non-exécution de la mesure d’éloignement.

Prolongation de la rétention

La préfecture a engagé des démarches auprès des autorités consulaires algériennes pour obtenir un laissez-passer consulaire, mais l’intéressé n’a pas assisté à l’audition prévue. Malgré cela, le tribunal a constaté que l’administration avait effectué des diligences nécessaires et suffisantes pour justifier la prolongation de la rétention, en l’absence de certitudes quant à l’éloignement avant l’expiration de la durée légale de rétention.

Décision finale

Le tribunal a décidé de rejeter la demande d’assignation à résidence et d’ordonner la prolongation de la rétention de Monsieur [J] [N] pour une durée de trente jours, avec une expiration maximale de cette mesure fixée à trente jours après la précédente ordonnance. Les parties ont été informées des possibilités de recours contre cette décision.

Q/R juridiques soulevées :

Quelles sont les conditions pour ordonner une assignation à résidence selon l’article L743-13 ?

L’article L743-13 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile stipule que le juge des libertés et de la détention peut ordonner l’assignation à résidence d’un étranger lorsque celui-ci dispose de garanties de représentation effectives.

Cette mesure ne peut être ordonnée que si l’intéressé remet à un service de police ou à une unité de gendarmerie l’original de son passeport et de tout document justificatif de son identité.

En échange, un récépissé est délivré, justifiant de l’identité de l’intéressé et mentionnant la décision d’éloignement en instance d’exécution.

L’appréciation de l’opportunité d’accorder cette mesure repose sur l’absence de risque de non-exécution de la mesure d’éloignement.

Dans le cas présent, bien que l’intéressé ait la possibilité d’être hébergé par sa tante, il n’a pas prouvé que cet hébergement serait stable et permanent.

De plus, il n’a pas fourni de passeport valide, ce qui empêche d’envisager une assignation à résidence.

En conséquence, la demande d’assignation à résidence a été rejetée.

Quelles sont les conditions de prolongation de la rétention administrative selon l’article L742-4 ?

L’article L742-4 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile précise que lorsque le délai prévu à l’article L741-1 est écoulé, le juge des libertés et de la détention peut être saisi en cas d’urgence absolue ou de menace pour l’ordre public.

La saisie peut également intervenir si l’impossibilité d’exécuter la mesure d’éloignement résulte de la perte ou de la destruction des documents de voyage de l’intéressé, ou de la dissimulation de son identité.

Le juge peut également être saisi lorsque, malgré les diligences de l’administration, la mesure d’éloignement n’a pu être exécutée en raison du défaut de délivrance des documents de voyage par le consulat.

Il est également précisé que l’article L741-3 stipule qu’un étranger ne peut être maintenu en rétention administrative que pour le temps strictement nécessaire à son départ.

L’administration doit donc exercer toute diligence à cet effet.

Dans l’affaire en question, la préfecture a engagé des démarches auprès des autorités consulaires algériennes dès le 18 avril 2024 pour obtenir un laissez-passer consulaire.

Malgré les complications, l’administration a démontré qu’elle a agi de manière diligente et que les perspectives d’éloignement demeurent raisonnables.

Ainsi, la demande de prolongation de la mesure de rétention a été acceptée, car il n’y a pas d’éléments indiquant que l’éloignement ne pourrait pas avoir lieu dans le délai légal de rétention.

COUR D’APPEL DE TOULOUSE
TRIBUNAL JUDICIAIRE DE TOULOUSE

Vice-président

ORDONNANCE PRISE EN APPLICATION DES DISPOSITIONS DU CODE D’ENTRÉE ET DE SÉJOUR DES ETRANGERS
(demande de 2ème prolongation)
_______________________________________________________________________________________
N° de MINUTE N° RG 25/00030 – N° Portalis DBX4-W-B7J-TVFX

le 06 Janvier 2025

Nous, Béatrice DENARNAUD,,vice-président désigné par le président du tribunal judiciaire de TOULOUSE, assistée de Claude MORICE-CATROS, greffier ;

En présence de Mme [S] [B], interprète en langue arabe, assermentée ;

Statuant en audience publique ;

Vu les articles L742-1 à L742-3, L742-4, R743-1 à R743-8 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile ;

Vu notre saisine par requête de M. LE PREFET DU TARN ET GARONNE reçue le 05 Janvier 2025 à 8 heures 05, concernant Monsieur [J] [N] né le 01 Mars 1999 à [Localité 1] (ALGERIE) de nationalité Algérienne

Vu la précédente ordonnance du Vice-président du Tribunal judiciaire territorialement compétent en date du 12 décembre 2024 ordonnant la prolongation du maintien en rétention administrative de l’intéressé ;
Vu l’ensemble des pièces de la procédure ;
Monsieur le Préfet sus-désigné ayant été avisé de la date et de l’heure de l’audience ;
Le conseil de l’intéressé ayant été avisé de la date et de l’heure de l’audience ;
Attendu que l’intéressé et son conseil ont pu prendre connaissance de la requête et de ses pièces annexes ;

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Ouï les observations du représentant de la Préfecture qui a sollicité la prolongation de la mesure de rétention administrative ;
Ouï les observations de l’intéressé ;
Ouï les observations de Me El hadji baye ndiaga GUEYE, avocat au barreau de TOULOUSE ;

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SUR CE :

SUR LA DEMANDE D’ASSIGNATION A RESIDENCE

Selon l’article L 743-13 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, le juge des libertés et de la détention peut ordonner l’assignation à résidence de l’étranger lorsque celui-ci dispose de garanties de représentation effectives.
L’assignation à résidence ne peut être ordonnée par le juge qu’après remise à un service de police ou à une unité de gendarmerie de l’original du passeport et de tout document justificatif de son identité, en échange d’un récépissé valant justification de l’identité et sur lequel est portée la mention de la décision d’éloignement en instance d’exécution.
L’appréciation de l’opportunité d’accorder cette mesure suppose que les éléments de procédure ne laissent pas apparaître un risque de non exécution de la mesure d’éloignement.

En l’espèce, si l’intéressé semble avoir la possibilité d’être hébergé par sa tante à [Localité 5], il ne justifie pas de ce que cet hébergement serait un hébergement stable et permanent. Au surplus, il n’a pas été en mesure de fournir un passeport en cours de validité permettant d’envisager une assignation à résidence.

En conséquence, la demande d’assignation à résidence sera rejetée.

SUR LA DEMANDE DE PROLONGATION

En vertu de l’article L.742-4 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile quand le délai prévu à l’article L. 741-1 s’est écoulé et en cas d’urgence absolue ou de menace pour l’ordre public, ou lorsque l’impossibilité d’exécuter la mesure d’éloignement résulte de la perte ou de la destruction des documents de voyage de l’intéressé, de la dissimulation par celui-ci de son identité ou de l’obstruction volontaire faite à son éloignement, le juge des libertés et de la détention est à nouveau saisi.
Le juge peut également être saisi lorsque, malgré les diligences de l’administration, la mesure d’éloignement n’a pu être exécutée en raison du défaut de délivrance des documents de voyage par le consulat dont relève l’intéressé ou de l’absence de moyens de transport et qu’il est établi par l’autorité administrative compétente que l’une ou l’autre de ces circonstances doit intervenir à bref délai. Il peut également être saisi aux mêmes fins lorsque la délivrance des documents de voyage est intervenue trop tardivement, pour pouvoir procéder à l’exécution de la mesure d’éloignement dans le délai de vingt-huit jours mentionné au premier alinéa.

L’article L.741-3 du même code dispose qu’un étranger ne peut être maintenu en rétention administrative que pour le temps strictement nécessaire à son départ. L’administration doit exercer toute diligence à cet effet.

Il appartient au juge judiciaire d’apprécier concrètement au regard des données de chaque situation à la date où il statue, si la mesure de rétention et sa poursuite sont justifiées par des perspectives raisonnables de mise à exécution de la mesure d’éloignement, étant précisé que ces perspectives doivent s’entendre comme celles qui peuvent être réalisées dans le délai maximal de rétention applicable à l’intéressé, soit 90 jours, la démonstration par l’administration d’un éloignement à bref délai n’étant exigée que pour les troisième et quatrième prolongation de la rétention..

En l’espèce, la préfecture du Tarn et Garonne a saisi les autorités consulaires algériennes dès le 18 avril 2024, durant l’incarcération de l’intéressé aux fins de délivrance d’un laissez-passer consulaire. Une audition consulaire a été fixé le 24 avril 2024, date à laquelle l’intéressé ne s’est pas présenté. Par courrier du 13 novembre 2024, la préfecture a relancé le consulat d’Algérie, aux fins d’audition de la personne retenue, qui a informé d’une nouvelle date d’audition par courrier du 23 novembre 2024, audition fixée au 4 décembre 2024.
En raison de l’incarcération à la maison d’arrêt de [Localité 4] jusqu’au 7 décembre 2024, l’audition consulaire prévue au centre de rétention de [Localité 2] le 4 décembre 2024 n’a pas eu lieu.
Le 9 décembre 2024, la préfecture a adressé un courriel au consulat d’Algérie pour solliciter les modalités de reconnaissance de l’intéressé.
L’administration a, par courriel du 2 janvier 2025, adressé aux autorités consulaires une relance aux fins d’obtenir une date d’audition, fixée désormais au 8 janvier 2025.

Dés lors, l’administration qui ne dispose d’aucun pouvoir de contrainte sur les autorités consulaires, a procédé dès lle 18 avril 2024 à des diligences et depuis la précédente décision de maintien en rétention administrative, à de nouvelles diligences qui se sont avérées utiles, nécessaires et suffisantes.

Aucune information ne permet d’affirmer avec certitude que l’éloignement de l’intéressé ne pourra avoir lieu avant l’expiration de la durée légale de la rétention, étant rappelé que les perspectives raisonnables d’éloignement doivent s’entendre comme celles qui peuvent être réalisées dans le délai maximal de la rétention applicable à l’intéressé.

En conséquence, il sera fait droit à la demande de prolongation de la mesure de rétention.

PAR CES MOTIFS

Statuant publiquement en premier ressort, par décision assortie de l’exécution provisoire,

REJETONS la demande d’assignation à résidence ;

ORDONNONS LA PROLONGATION DE LA RETENTION de monsieur X se disant [J] [N] pour une durée de trente jours;

DISONS que l’application de ces mesures prendra fin au plus tard à l’expiration d’un délai de TRENTE JOURS à compter de l’expiration du précédent délai imparti par l’ordonnance prise le 12 décembre 2024 par le juge délégué du tribunal judiciaire territorialement compétent.

Le greffier
Le 06 Janvier 2025 à

Le Vice-président

Les parties soussignées ont reçu notification de la présente décision.
Disons avoir informé l’étranger des possibilités et des délais de recours contre toutes les décisions le concernant.
Rappelons que cette décision est susceptible d’appel dans un délai de 24 heures à compter de son prononcé par déclaration motivée transmise par tous moyens au greffe de la Cour d’appel de Toulouse et de manière privilégiée sur la boîte structurelle [Courriel 3] en l’absence de télécopieur disponible.

L’intéressé L’interprète

la présente ordonnance a été notifiée par voie électronique au représentant de la préfecture et au conseil du retenu
le greffier


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