L’Essentiel : Le PREFET DE LA MEURTHE ET MOSELLE a prononcé le placement en rétention de Monsieur [R] [J], né le 19 mars 1992 au Maroc, pour une durée initiale de quatre jours. Le 16 décembre 2024, le Tribunal judiciaire a ordonné le maintien de cette rétention jusqu’au 9 janvier 2025. Le Préfet a ensuite demandé une prolongation de 30 jours, justifiant sa demande par des démarches pour obtenir un laissez-passer consulaire. La requête d’assignation à résidence a été rejetée, le tribunal ordonnant le maintien de Monsieur [R] [J] en rétention jusqu’au 8 février 2025 inclus.
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Placement en rétentionLe PREFET DE LA MEURTHE ET MOSELLE a prononcé le placement en rétention de Monsieur [R] [J], né le 19 mars 1992 au Maroc, pour une durée initiale de quatre jours, notifiée le 11 décembre 2024. Décision du Tribunal judiciaireLe 16 décembre 2024, le Juge du Tribunal judiciaire a ordonné le maintien de la rétention jusqu’au 9 janvier 2025 inclus, suite à la demande du Préfet pour prolonger la rétention administrative. Demande de prolongationLe Préfet a ensuite sollicité une prolongation de la rétention pour une période de 30 jours, en se basant sur les articles du Code de l’Entrée et du Séjour des Étrangers et du Droit d’Asile. Débats à l’audienceLors de l’audience, le Préfet, représenté par son avocat, a demandé la prolongation de la rétention et s’est opposé à une assignation à résidence. L’intéressé, assisté d’un avocat commis d’office, a contesté cette prolongation, arguant d’un manque de diligences de l’administration. Justifications de l’administrationL’administration a justifié sa demande de prolongation en démontrant qu’elle avait entrepris des démarches pour obtenir un laissez-passer consulaire, ayant contacté les autorités marocaines à plusieurs reprises. Absence de documents d’identitéMonsieur [R] [J] ne possède aucun document d’identité valide, ce qui a été considéré comme une perte de documents de voyage. L’administration a également annulé un vol prévu en raison de l’absence de délivrance du laissez-passer. Conditions d’assignation à résidenceLa demande d’assignation à résidence a été rejetée, car Monsieur [R] [J] n’a pas pu prouver qu’il avait remis un passeport valide aux services de police ni qu’il avait une résidence stable en France. Décision finaleLe tribunal a déclaré la requête préfectorale régulière et recevable, rejeté la demande d’assignation à résidence, et ordonné le maintien de Monsieur [R] [J] en rétention pour une nouvelle période de 30 jours, jusqu’au 8 février 2025 inclus. Information sur l’appelL’intéressé a été informé que la décision est susceptible d’appel dans un délai de 24 heures, sans effet suspensif. |
Q/R juridiques soulevées :
Quelles sont les conditions de prolongation de la rétention administrative selon le Code de l’Entrée et du Séjour des Étrangers ?La prolongation de la rétention administrative est régie par plusieurs articles du Code de l’Entrée et du Séjour des Étrangers et du Droit d’Asile, notamment l’article L.742-4. Cet article stipule que « en cas d’urgence absolue ou de menace pour l’ordre public ou lorsque l’impossibilité d’exécuter la décision d’éloignement résulte de la perte ou de la destruction des documents de voyage de l’intéressé, de la dissimulation par celui-ci de son identité ou de l’obstruction volontaire faite à son éloignement », le juge des libertés et de la détention peut être saisi d’une demande de prolongation de la rétention. Il est précisé que le juge peut autoriser la prolongation de la rétention pour une nouvelle période de trente jours, qui court à compter de l’expiration de la période de vingt-six jours précédemment autorisés. Il est également important de rappeler que, selon l’article L.741-3, un étranger ne peut être placé ou maintenu en rétention que pour le temps strictement nécessaire à son départ, l’administration étant tenue d’exercer toutes diligences à cet effet dès le placement en rétention. Quelles sont les obligations de l’administration en matière de diligences pour l’éloignement ?L’administration a des obligations précises en matière de diligences pour assurer l’éloignement d’un étranger en rétention, comme le stipule l’article L.742-4. Cet article impose à l’autorité administrative de démontrer qu’elle a accompli toutes les diligences nécessaires pour mettre en œuvre la mesure d’éloignement. Cela inclut notamment la sollicitation des autorités étrangères compétentes pour la délivrance de documents de voyage. Une fois ces documents obtenus, l’administration doit également organiser un vol pour l’éloignement de l’intéressé. Dans le cas présent, l’administration a justifié avoir engagé des démarches pour obtenir un laissez-passer consulaire, ayant saisi les autorités marocaines le 1er octobre 2024, et ayant effectué plusieurs relances. Quelles sont les conditions pour bénéficier d’une assignation à résidence judiciaire ?Les conditions pour bénéficier d’une assignation à résidence judiciaire sont énoncées dans les articles L.743-13 et L.743-14 du Code de l’Entrée et du Séjour des Étrangers. L’article L.743-13 précise que l’assignation à résidence peut être accordée à un étranger qui a remis son passeport en original et en cours de validité aux services de police contre récépissé. De plus, l’article L.743-14 stipule que l’intéressé doit justifier d’une résidence effective ou d’un hébergement stable en France. Dans le cas de Monsieur [R] [J], il ne justifie pas avoir remis son passeport en cours de validité, ni d’une résidence effective ou d’un hébergement stable, ce qui entraîne le rejet de sa demande d’assignation à résidence judiciaire. Quelles sont les conséquences de l’absence de réponse des autorités étrangères sur la rétention ?L’absence de réponse des autorités étrangères à la demande de laissez-passer consulaire ne saurait être reprochée à l’administration française, comme le souligne la jurisprudence. En effet, l’administration française ne peut exercer de contrainte sur les autorités étrangères pour obtenir une réponse. Dans le cas présent, l’administration a démontré avoir effectué des diligences suffisantes pour permettre la mise en œuvre de la mesure d’éloignement, ce qui justifie la prolongation de la rétention. Ainsi, même en l’absence de réponse rapide des autorités marocaines, les efforts déployés par l’administration française sont considérés comme adéquats pour justifier la prolongation de la rétention de Monsieur [R] [J]. |
DE METZ
[U] [Y]
service du juge des libertes et de la detention
N° RG 25/00070 – N° Portalis DBZJ-W-B7J-LDNA
Minute n°2025/38
ORDONNANCE DE
PROLONGATION DE LA RÉTENTION
2ème SAISINE : 30 JOURS
Le 10 Janvier 2025,
Nous, Caroline CORDIER, magistrat du siège au Tribunal judiciaire de METZ, assistée de Emilie BALLUT, Greffier, et en présence de [X] [V], greffière stagiaire, statuant en audience publique au Palais de Justice,
[R] [J]
né le 19 Mars 1992 à [Localité 1] (MAROC)
de nationalité Marocaine
Notifiée à l’intéressé le :
11 décembre 2024
à
08:40
Vu la décision du Juge du Tribunal judiciaire en date du 16 décembre 2024 ordonnant le maintien de la personne retenue ;
jusqu’au
9 janvier 2025
inclus
Vu la requête du PREFET DE LA MEURTHE ET MOSELLE en prolongation de la rétention administrative de la personne pour une période de 30 jours ;
Vu les articles L.741-1, L.742-1, L.742-4 à L.742-7, L.742-10, L.743-3 à L.743-17, R.743-1 et suivants du Code de l’Entrée et de Séjour des Étrangers et du Droit d’Asile ;
Vu les débats qui se sont tenus à l’audience de ce jour et au cours de laquelle :
– le Préfet, représenté par son avocat, Maître Samah BEN ATTIA, a sollicité la prolongation de la rétention administrative pour une période de 30 jours et s’est opposée à la demande d’assignation à résidence judiciaire ;
– la personne retenue, assistée de Maître Sabrine HADDAD, avocate de permanence commise d’office, s’est opposée à la demande de prolongation de la rétention administrative pour défaut de diligences de l’administration et a sollicitée une assignation à résidence judiciaire ;
– le Procureur de la République n’était pas présent malgré avis régulier ;
Vu les pièces versées aux débats ;
Attendu que la requête de la Préfecture de Meurthe-et-Moselle est datée, accompagnée de toutes les pièces utiles et signée par [M] [N] , signataire délégué par arrêté en date du 16 avril 2024, publié le 18 avril 2024 ;
Qu’elle est donc régulière et recevable ;
Attendu qu’il est sollicité une deuxième prolongation de 30 jours du maintien en rétention sur le fondement de l’article L.742-4 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile ;
Attendu que selon les dispositions de l’article L.742-4 du Code de l’Entrée et du Séjour des Étrangers et du Droit d’Asile, « en cas d’urgence absolue ou de menace pour l’ordre public ou lorsque l’impossibilité d’exécuter la décision d’éloignement résulte de la perte ou de la destruction des documents de voyage de l’intéressé, de la dissimulation par celui-ci de son identité ou de l’obstruction volontaire faite à son éloignement », le juge des libertés et de la détention peut être à nouveau saisi d’une demande de prolongation de la rétention au-delà du délai de trente jours depuis le placement en rétention ;
Qu’en ce cas, le juge peut autoriser la prolongation de la rétention pour une nouvelle période de trente jours qui court à compter de l’expiration de la période de vingt-six jours précédemment autorisés ;
Qu’il doit néanmoins être rappelé, ainsi qu’il est prévu à l’article L.741-3 du Code de l’Entrée et du Séjour des Étrangers et du Droit d’Asile, qu’un étranger ne peut être placé ou maintenu en rétention que pour le temps strictement nécessaire à son départ, l’administration étant tenue d’exercer toutes diligences à cet effet dès le placement en rétention ;
Attendu qu’il résulte de ces dispositions que, dans le cadre d’une requête tendant à une seconde prolongation du maintien en rétention d’un étranger, l’autorité administrative doit démontrer qu’elle a accompli, toutes les diligences nécessaires aux fins de mettre en œuvre la mesure d’éloignement, notamment d’avoir sollicité des autorités étrangères compétentes la délivrance de documents de voyage et, une fois ceux-ci obtenus, d’avoir sollicité un vol ;
Attendu qu’en l’espèce, Monsieur [R] [J] a été placé en rétention le 11 décembre 2024 afin d’assurer l’exécution de la décision d’éloignement dont il fait l’objet ;
Que Monsieur [R] [J] ne dispose d’aucun document d’identité ; qu’il est dépourvu de passeport en cours de validité ou de visa consulaire ;
Que le fait de ne pas disposer d’un passeport ou d’un document d’identité s’assimile à la perte ou à la destruction des documents de voyage ;
Attendu que l’administration justifie de ses démarches aux fins d’obtenir un laissez-passer consulaire ; que les autorités marocaines ont été saisies d’une demande de laissez-passer le 1er octobre 2024 ; qu’une audition consulaire s’est déroulée le 23 octobre 2024 ; ; que des relances ont été faites les 05 décembre, 12 décembre et 20 décembre 2024 , et le 07 janvier 2025 ; que la demande est en cours d’instruction ;
Que par ailleurs, un vol à destination du Maroc était prévu le 08 janvier 2025 ; qu’en l’absence de délivrance du laissez-passer, il a été annulé ; qu’un nouvelle demande de vol a été faite le 06 janvier 2025 ;
Que faute pour l’administration française de pouvoir exercer une quelconque contrainte sur les autorités étrangères, l’absence de réponse à ses demandes ne saurait lui être reprochée ;
Que l’Administration justifie des diligences effectuées pour permettre la mise en œuvre de la mesure d’éloignement dans les meilleurs délais ; que ces diligences apparaissent en l’espèce utiles et suffisantes ;
Que dès lors, il y a lieu de considérer que de par les diligences effectuées par l’administration française, il existe une perspective raisonnable d’éloignement dans les 30 prochains jours ;
Attendu que l’intéressé sollicite son assignation à résidence ;
Qu’il ne justifie pas avoir remis son passeport en original et en cours de validité aux services de police contre récépissé ;
Qu’il ne peut justifier d’une résidence effective ou d’un hébergement stable en France ;
Qu’il ne satisfait donc pas aux conditions prévues par les articles L.743-13 et L.743-14 du Code de l’Entrée et du Séjour des Étrangers et du Droit d’Asile, pour bénéficier d’une assignation à résidence judiciaire ;
Que sa demande présentée à ce titre doit être rejetée ;
Qu’en conséquence, il convient de faire droit à la requête préfectorale et d’ordonner son maintien en rétention pour une nouvelle période de 30 jours ;
Statuant publiquement et en premier ressort, par ordonnance réputée contradictoire et assortie de l’exécution provisoire,
DÉCLARONS régulière et recevable la requête préfectorale ;
REJETONS la demande d’assignation à résidence judiciaire présentée par le Conseil de Monsieur [R] [J] ;
ORDONNONS la prolongation du maintien de Monsieur [R] [J] dans les locaux ne relevant pas de l’administration pénitentiaire, pour une durée maximale de 30 jours :
à compter du
10 janvier 2025
inclus
jusqu’au
8 février 2025
inclus
INFORMONS l’intéressé que la présente décision est susceptible d’appel dans le délai de 24 heures à compter de ce jour par acte motivé devant le Premier Président de la Cour d’Appel de Metz et que le recours n’est pas suspensif.
LE GREFFIER
LE PRESIDENT
Reçu notification et copie de la présente ordonnance le 10 Janvier 2025 à
L’INTÉRESSÉ L’AVOCAT LE REPRÉSENTANT DE LA PRÉFECTURE
Copie de la présente décision est transmise au procureur de la République, au Tribunal Administratif de Nancy et à la Cour d’Appel de Metz, service JLD, pour information.
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