Prolongation de la rétention administrative : enjeux de régularité et d’attaches familiales.

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Prolongation de la rétention administrative : enjeux de régularité et d’attaches familiales.

L’Essentiel : Madame [V] [Z], interprète assermentée, a assisté à la procédure concernant Monsieur [Y] [W] [H] [X] [F], un ressortissant portugais. Le 27 décembre 2024, le Préfet de la Meurthe-et-Moselle a notifié un placement en rétention administrative de quatre jours. Par la suite, une prolongation de 26 jours a été demandée, contestée par l’avocat de Monsieur [H] [X] [F], qui a proposé une assignation à résidence. Malgré des attaches en France, l’intéressé n’a pas manifesté d’intérêt pour régulariser sa situation. La prolongation a été ordonnée jusqu’au 25 janvier 2025, avec information sur le droit d’appel.

Contexte de la rétention

Madame [V] [Z], interprète assermentée, a assisté à la procédure concernant Monsieur [Y] [W] [H] [X] [F], un ressortissant portugais né le 7 avril 1969. Le 27 décembre 2024, le Préfet de la Meurthe-et-Moselle a notifié à l’intéressé un placement en rétention administrative pour une durée de quatre jours.

Demande de prolongation de la rétention

Le Préfet a ensuite requis une prolongation de la rétention administrative pour 26 jours supplémentaires. Les débats ont eu lieu en présence de l’avocat de Monsieur [H] [X] [F], qui s’est opposé à cette prolongation, demandant une assignation à résidence judiciaire. Le Procureur de la République n’était pas présent lors de l’audience.

Motifs de la décision

Monsieur [H] [X] [F] faisait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français, notifiée le 27 décembre 2024, après avoir été placé en garde à vue pour des violences volontaires aggravées. Bien qu’il ait des attaches en France, il n’a pas démontré d’intérêt pour régulariser sa situation. Sa volonté de régularisation a été remise en question par son contexte familial.

Conclusion de la procédure

La requête préfectorale a été déclarée régulière et recevable. La demande d’assignation à résidence judiciaire a été rejetée. La prolongation de la rétention administrative a été ordonnée pour une durée maximale de 26 jours, à compter du 31 décembre 2024 jusqu’au 25 janvier 2025. L’intéressé a été informé de son droit d’appel.

Q/R juridiques soulevées :

Quelles sont les conditions de prolongation de la rétention administrative selon le Code de l’Entrée et de Séjour des Étrangers et du Droit d’Asile ?

La prolongation de la rétention administrative est régie par plusieurs articles du Code de l’Entrée et de Séjour des Étrangers et du Droit d’Asile (CESEDA).

En particulier, l’article L.743-3 stipule que « la rétention administrative ne peut excéder une durée de 45 jours ».

De plus, l’article L.742-1 précise que « la rétention administrative est ordonnée par le préfet lorsque l’étranger fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français ».

Il est également important de noter que l’article L.743-14 énonce que « la prolongation de la rétention administrative peut être demandée lorsque l’étranger ne peut quitter le territoire dans le délai imparti ».

Dans le cas présent, la décision de prolongation a été justifiée par le fait que l’intéressé n’a pas pu quitter le territoire dans les quatre jours suivant la notification de l’obligation de quitter le territoire français, et que des contraintes matérielles l’en empêchent.

Quels sont les droits de l’étranger en matière de contestation de la rétention administrative ?

L’étranger a des droits spécifiques en matière de contestation de la rétention administrative, comme le stipule l’article L.743-17 du CESEDA.

Cet article précise que « l’étranger peut contester la légalité de la mesure de rétention devant le juge des libertés et de la détention ».

De plus, l’article L.741-1 indique que « l’étranger a le droit d’être assisté par un avocat lors de la procédure de rétention ».

Dans le cas présent, Monsieur [Y] [W] [H] [X] [F] a été assisté par un avocat lors de l’audience, ce qui respecte ses droits.

Il est également important de noter que l’article R.743-1 prévoit que « la décision de prolongation de la rétention doit être notifiée à l’étranger, qui peut faire appel de cette décision dans un délai de 24 heures ».

Ainsi, l’intéressé a été informé de son droit d’appel, ce qui garantit le respect de ses droits.

Quelles sont les implications de l’obligation de quitter le territoire français sur la rétention administrative ?

L’obligation de quitter le territoire français a des implications directes sur la rétention administrative, comme le stipule l’article L.743-13 du CESEDA.

Cet article précise que « l’étranger qui fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire peut être placé en rétention administrative si le délai de départ volontaire est expiré ».

Dans le cas de Monsieur [Y] [W] [H] [X] [F], il a été notifié d’une obligation de quitter le territoire le 27 décembre 2024, et le délai de départ volontaire était expiré.

L’article L.742-10 précise également que « la rétention administrative peut être prolongée si l’étranger ne démontre pas d’intention réelle de quitter le territoire ».

Dans cette affaire, les éléments présentés montrent que l’intéressé n’a pas démontré d’intérêt pour les démarches nécessaires à sa régularisation, ce qui a justifié la prolongation de sa rétention.

Quels sont les critères d’évaluation pour une assignation à résidence judiciaire ?

Les critères d’évaluation pour une assignation à résidence judiciaire sont définis dans les articles L.743-13 et L.743-14 du CESEDA.

L’article L.743-13 stipule que « l’assignation à résidence peut être ordonnée lorsque l’étranger présente des garanties de représentation sur le territoire français ».

De plus, l’article L.743-14 précise que « l’assignation à résidence ne peut être accordée si l’étranger ne satisfait pas aux exigences de régularité de séjour ».

Dans le cas de Monsieur [Y] [W] [H] [X] [F], le tribunal a constaté qu’il ne satisfaisait pas aux exigences de ces articles, en raison de ses attaches familiales et de sa situation personnelle.

Ainsi, la demande d’assignation à résidence a été rejetée, car les garanties de représentation étaient jugées insuffisantes.

TRIBUNAL JUDICIAIRE
DE METZ

Carole PAUTREL

service du juge des libertes et de la detention

N° RG 24/03058 – N° Portalis DBZJ-W-B7I-LDCT

Minute n°2025/2

ORDONNANCE DE
PROLONGATION DE LA RÉTENTION

1ère SAISINE : 26 JOURS
Le 01 Janvier 2025,

Nous, Carole PAUTREL, magistrat du siège au Tribunal judiciaire de METZ, assistée de Emilie BALLUT, Greffier, statuant en audience publique au Palais de Justice,

En présence de Madame [V] [Z], interprète en langue portugaise ,assermentée près la cour d’appel de Metz, par téléphone en vertu des dispositions de l’article 141-3 du Code de l’Entrée et de Séjour des Etrangers et du Droit d’Asile ;

Vu la décision du PREFET DE LA MEURTHE ET MOSELLE prononçant le placement en rétention pour une durée de quatre jours de la personne identifiée en l’état comme étant :

[Y] [W] [H] [X] [F]
né le 07 Avril 1969 à [Localité 1] (PORTUGAL)
de nationalité Portugaise

Notifiée à l’intéressé le :
27 décembre 2024
à
17:30

Vu la requête du PREFET DE LA MEURTHE ET MOSELLE en prolongation de la rétention administrative de la personne pour une période de 26 jours ;

Vu les articles L.741-1, L.742-1 à L.742-3, L.742-10, L.743-3 à L.743-17, R.743-1 et suivants du Code de l’Entrée et de Séjour des Étrangers et du Droit d’Asile ;

Vu les débats qui se sont tenus à l’audience de ce jour et au cours de laquelle :
– le Préfet, représenté par son avocat, a sollicité la prolongation de la rétention administrative ;

– la personne retenue, assistée de Maître Nedjoua HALIL, avocat, s’est opposée à la demande de prolongation de la rétention administrative, sollicitant à titre subsidiaire une assignation à résidence judiciaire ;

– le Procureur de la République n’était pas présent malgré avis régulier ;

Vu les pièces versées aux débats ;

MOTIFS
Attendu qu’aucun moyen n’est soulevé aux fins de contester la régularité et la recevabilité de la requête préfectorale ;

Qu’il y a donc lieu de la déclarer régulière et recevable ;

I. Sur la demande de prolongation

Attendu que Monsieur [Y] [W] [H] [X] [F], de nationalité portugaise fait l’objet
d’une obligation de quitter le territoire français, prise moins d’un an auparavant et pour laquelle le délai de départ volontaire est expiré ou n’a pas été accordé, laquelle lui a été notifiée le 27 décembre 2024 ;

Que des contraintes matérielles ne permettent pas à la personne retenue de quitter le territoire dans les quatre jours suivant la notification de la décision de placement la concernant ;

Monsieur [H] [X] [F], de nationalité portugaise, a été placé en garde à vue le 26 décembre 2024 à [Localité 2] pour des faits de violences volontaires aggravées sur conjoint.

Il a fait l’objet fait l’objet, le 27 décembre 2024, d’un arrêté portant obligation de quitter le territoire français, assorti d’une décision de refus de départ volontaire, d’une décision fixant le pays de renvoi et d’une interdiction de circulation sur le territoire français d’une durée de douze mois et notifiée le même jour.

Il a été placé en rétention administrative le 27 décembre 2024 à sa levée de garde à vue.

L’intéressé s’il dispose d’une adresse en France, a ses principales attaches au [Localité 3] (travail, enfants majeurs) et indique lui-même ne résider en France que pour les nuitées, dans le contexte d’une relation de couple ayant donné lieu à un placement en garde à vue.

S’il indique aujourd’hui être prêt à régulariser sa situation en résidant au [Localité 3] ou en repartant momentanément au Portugal, force est de constater qu’il n’a jamais démontré d’intérêt quant aux démarches nécessaires lui permettant de résider régulièrement en France. Et sa volonté toute récente, verbalisée à l’audience, d’accomplir lesdites démarches sont actuellement remises en cause par le contexte familial qui lui a valu son placement en garde à vue.

Il ne satisfait donc pas aux exigences des articles L.743-13 et L.743-14 du CESEDA pour bénéficier d’une assignation judiciaire à résidence, dès lors que ses garanties de représentation sur le territoire français sont remises en cause par ses attaches au [Localité 3] et sa situation familiale.

L’intéressé étant en possession de son passeport portugais et de sa carte nationale d’identité portugaise en cours de validité, un vol a été demandé le 30 décembre 2024.

Son éloignement demeure donc une perspective raisonnable.

Qu’en conséquence, il y a lieu de faire droit à la demande en ordonnant la prolongation de la mesure de placement en rétention administrative pour une durée de 26 jours ;

PAR CES MOTIFS

Statuant publiquement et en premier ressort, par ordonnance réputée contradictoire et assortie de l’exécution provisoire,

DÉCLARONS régulière et recevable la requête préfectorale ;

REJETONS la demande d’assignation à résidence judiciaire présentée pour le compte de Monsieur [Y] [W] [H] [X] [F] ;

ORDONNONS la prolongation du maintien de Monsieur [Y] [W] [H] [X] [F] dans les locaux ne relevant pas de l’administration pénitentiaire, pour une durée maximale de 26 jours :

à compter du
31 décembre 2024
inclus

jusqu’au
25 janvier 2025
inclus

INFORMONS l’intéressé que la présente décision est susceptible d’appel dans le délai de 24 heures à compter de ce jour par acte motivé devant le Premier Président de la Cour d’Appel de Metz et que le recours n’est pas suspensif.

LE GREFFIER
LE PRESIDENT

Reçu notification et copie de la présente ordonnance le 01 Janvier 2025 à .

L’INTÉRESSÉ L’AVOCAT LE REPRÉSENTANT DE LA PRÉFECTURE

Copie de la présente décision est transmise au procureur de la République, au Tribunal Administratif de Nancy et à la Cour d’Appel de Metz, service JLD, pour information.


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