L’Essentiel : L’affaire Clapton illustre un principe fondamental de la propriété intellectuelle : la possession d’un support matériel ne confère pas les droits d’exploitation de l’œuvre qu’il contient. En 1970, le groupe « Derek and the Dominos » a utilisé le tableau « La jeune fille au bouquet » sur la pochette de leur album « Layla and other assorted love songs » sans autorisation. Bien que l’album ait connu un grand succès, les héritiers du peintre ont contesté cette exploitation. La Cour de cassation a confirmé que la reproduction était intégrale, mais a précisé que la remise du support ne suffisait pas à établir le droit de divulgation.
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Propriété du supportApplication de l’un des grands principes de la propriété intellectuelle : la propriété du support de l’œuvre n’emporte pas acquisition des droits sur l’œuvre. La remise matérielle d’une œuvre n’emporte pas autorisation de l’exploiter pour illustrer un album (ou toute autre forme d’exploitation). Par ailleurs, l’exploitation d’une pochette d’album n’est pas assimilable à une exploitation publicitaire. Affaire ClaptonPendant l’été 1970, les musiciens du groupe « Derek and the Dominos », dont faisait partie Eric Clapton à l’époque, ont séjourné à Valbonne. L‘hôte qui a accueilli l’artiste lui a donné un tableau intitulé : « La jeune fille au bouquet », peint par son père, Emile Fransen. La même année, le groupe a publié l’album « Layla and other assorted love songs » dont la pochette reproduisait à l’identique le tableau du peintre (l’album a été réédité de nombreuses fois). L’album, qui jouit d’une grande notoriété, a été exploité pendant plus de 40 ans avec cette illustration sans que cela ne suscite une réaction des héritiers du peintre. Sur saisine des héritiers, les juges avaient retenu une dénaturation de l’œuvre en première instance, jugement partiellement censuré en appel. Position de la Cour de cassationLa Cour de cassation vient de juger que la reproduction de l’oeuvre figurant sur la pochette des albums était intégrale et comportait bien la signature du peintre, excluant ainsi qu’elle soit mutilée par des adjonctions ou des surimpressions ; une telle reproduction, réalisée à seule fin d’illustration de la pochette, ne sert pas un dessein publicitaire. En revanche, l’affaire a été censurée sur le volet du droit de divulgation : la seule remise du support matériel de l’oeuvre à un tiers est insuffisante à caractériser l’exercice par l’auteur ou son ayant droit du droit de divulgation de celle-ci. En effet, la propriété incorporelle de l’oeuvre étant indépendante de la propriété de l’objet matériel qui en est le support, la remise de l’objet à un tiers n’implique pas la divulgation de cette œuvre. |
Q/R juridiques soulevées :
Quelle est la relation entre la propriété du support et les droits d’exploitation d’une œuvre ?La propriété du support d’une œuvre, c’est-à-dire l’objet matériel sur lequel l’œuvre est fixée, ne confère pas automatiquement les droits d’exploitation de cette œuvre. Cela signifie que la remise d’une œuvre, qu’elle soit un tableau, une sculpture ou tout autre support, ne donne pas le droit de l’utiliser à des fins commerciales ou d’illustration, comme pour une pochette d’album. En d’autres termes, même si une personne possède le support, elle ne peut pas l’exploiter sans l’autorisation de l’auteur ou de ses ayants droit. Cette distinction est essentielle dans le domaine de la propriété intellectuelle, car elle protège les droits des créateurs et garantit que leur travail ne soit pas utilisé sans leur consentement. Qu’est-ce que l’affaire Clapton et quel en est le contexte ?L’affaire Clapton fait référence à un incident survenu en 1970, impliquant le groupe « Derek and the Dominos », dont Eric Clapton était membre. Lors d’un séjour à Valbonne, Clapton a reçu un tableau intitulé « La jeune fille au bouquet », peint par Emile Fransen, le père de son hôte. Cette même année, le groupe a sorti l’album « Layla and other assorted love songs », dont la pochette reproduisait le tableau de manière identique. L’album a connu un grand succès et a été exploité pendant plus de 40 ans sans que les héritiers de Fransen ne réagissent. Cependant, après une saisine des héritiers, les juges ont reconnu une dénaturation de l’œuvre, ce qui a conduit à des décisions judiciaires concernant les droits d’exploitation. Quelle a été la position de la Cour de cassation dans cette affaire ?La Cour de cassation a statué que la reproduction de l’œuvre sur la pochette de l’album était intégrale et comportait la signature du peintre, ce qui excluait toute mutilation de l’œuvre. Elle a également précisé que cette reproduction, réalisée uniquement pour illustrer la pochette, ne servait pas un but publicitaire. Cependant, la Cour a censuré la décision sur le droit de divulgation, affirmant que la simple remise du support matériel à un tiers ne suffisait pas à caractériser l’exercice du droit de divulgation par l’auteur ou ses ayants droit. Cela souligne l’importance de la distinction entre la propriété matérielle et les droits d’exploitation intellectuels, affirmant que la remise d’un objet ne confère pas les droits d’utilisation de l’œuvre qu’il contient. |
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