L’Essentiel : Une rédactrice pigiste a échoué dans sa tentative de requalification de sa collaboration en contrat de travail, malgré 17 années de piges pour des revues médicales. Bien que l’article L. 7112-1 du Code du travail établisse une présomption de salariat, la pigiste n’a pas prouvé que ses ressources provenaient principalement de cette activité. L’absence de lien de subordination a été déterminante : elle proposait des sujets et pouvait accepter ou refuser des missions. Les directives de l’éditeur concernant le format et les délais ne suffisent pas à établir un lien de subordination, essentiel pour la reconnaissance d’un contrat de travail.
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Action en requalificationUne rédactrice pigiste a été déboutée de son action en requalification de sa collaboration en contrat de travail. La rédactrice avait effectué des piges pour des revues médicales professionnelles (la relation de travail était régie par la convention collective des journalistes). Invoquant l’existence d’un contrat de travail et le manquement de l’employeur à des obligations, la pigiste qui avait effectué des piges pendant une durée de 17 années, a saisi sans succès le conseil de prud’hommes d’une demande tendant à voir prononcer la résiliation de son contrat de travail et condamner l’éditeur au paiement d’indemnités afférentes au licenciement sans cause réelle et sérieuse. Présomption de travail applicableL’article L. 7112-1 du Code du travail établit une présomption de salariat dans les termes suivants « toute convention par laquelle une entreprise de presse s’assure, moyennant rémunération, le concours d’un journaliste professionnel est présumé être un contrat de travail. Cette présomption subsiste quels que soient le mode et le montant de la rémunération ainsi que la qualification donnée à la convention par les parties ». Le bénéfice de la présomption est applicable dès lors qu’il est établi que le pigiste n’est pas un collaborateur occasionnel mais régulier. En l’espèce, les bulletins de salaire de la pigiste établissaient une collaboration régulière avec l’éditeur, la pigiste pouvait donc bénéficier de la présomption légale de salariat. L’employeur d’un journaliste pigiste employé comme collaborateur régulier est tenu de lui fournir régulièrement du travail, sauf à engager la procédure de licenciement. En revanche, l’employeur n’est pas tenu de fournir au pigiste un volume de travail constant. Lorsque la collaboration d’un pigiste n’a pas de caractère permanent, la baisse du niveau des piges, voire leur interruption, ne s’analyse pas en un licenciement. Il incombe à l’entreprise de presse, à laquelle on oppose la présomption légale de salariat et qui conteste la qualité de salarié d’un journaliste pigiste, de démontrer que celui-ci exerce ses fonctions en dehors de tout lien de subordination, soit en toute indépendance et en toute liberté. Absence de lien de subordination L’existence d’un contrat de travail dépend, non pas de la volonté manifestée par les parties ou de la dénomination de la convention, mais des conditions de fait dans lesquelles est exercée l’activité du travailleur, étant précisé que l’existence d’un lien de subordination n’est pas incompatible avec une indépendance technique dans l’exécution de la prestation. Néanmoins, en dépit de la présomption simple de contrat de travail, la pigiste n’apportait aucun élément probant établissant que l’essentiel de ses ressources provenait de son activité de journaliste professionnel pigiste. Au surplus, l’initiative des articles émanaient généralement de la pigiste, cette dernière n’exerçait pas son activité de pigiste dans un lien de subordination. En effet, la pigiste rédigeait un article sur un sujet qu’elle avait proposé ou elle pouvait accepter ou refuser ce qu’il lui était proposé ; le seul fait que l’éditeur lui ait indiqué le nombre de signes et la date de remise de la copie n’apporte pas la preuve d’un lien de subordination dans la mesure où il ne s’agit que de directives indispensables fournies par un éditeur pour assurer confection de son journal dans les délais impartis. |
Q/R juridiques soulevées :
Quelle a été la décision du conseil de prud’hommes concernant la pigiste ?La pigiste a été déboutée de son action en requalification de sa collaboration en contrat de travail. Malgré ses 17 années de collaboration avec des revues médicales professionnelles, le conseil de prud’hommes n’a pas retenu ses arguments. Elle a invoqué l’existence d’un contrat de travail et le manquement de l’employeur à ses obligations, mais sa demande de résiliation de contrat et d’indemnités pour licenciement sans cause réelle et sérieuse a été rejetée. Cette décision souligne la complexité des relations de travail dans le secteur de la presse, où la distinction entre pigiste et salarié peut être floue. Qu’est-ce que la présomption de salariat selon le Code du travail ?L’article L. 7112-1 du Code du travail établit une présomption de salariat pour les journalistes professionnels. Cela signifie que toute convention par laquelle une entreprise de presse rémunère un journaliste est présumée être un contrat de travail. Cette présomption s’applique indépendamment du mode de rémunération ou de la qualification donnée à la convention par les parties. Pour bénéficier de cette présomption, il faut prouver que le pigiste n’est pas un collaborateur occasionnel, mais régulier. Dans le cas de la pigiste, ses bulletins de salaire indiquaient une collaboration régulière, ce qui aurait pu lui permettre de revendiquer ce statut. Quels éléments doivent prouver l’absence de lien de subordination ?L’absence de lien de subordination est déterminée par les conditions de fait dans lesquelles le travail est exercé. La volonté des parties ou la dénomination de la convention ne suffisent pas à établir l’existence d’un contrat de travail. Dans le cas de la pigiste, il a été noté qu’elle n’a pas fourni d’éléments probants montrant que l’essentiel de ses ressources provenait de son activité de journaliste. De plus, elle avait l’initiative des sujets d’articles, ce qui indique une certaine indépendance. Le fait que l’éditeur lui ait donné des directives sur le nombre de signes et la date de remise ne prouve pas un lien de subordination, mais plutôt une nécessité organisationnelle. Comment la décision du conseil de prud’hommes illustre-t-elle la complexité des relations de travail dans le secteur de la presse ?La décision du conseil de prud’hommes met en lumière la complexité des relations de travail dans le secteur de la presse, où les distinctions entre salarié et pigiste peuvent être floues. La présomption de salariat, bien qu’elle protège les journalistes, nécessite des preuves concrètes de la nature de la collaboration. Dans ce cas, la pigiste n’a pas réussi à démontrer un lien de subordination suffisant pour justifier sa demande de requalification. Cela souligne l’importance pour les pigistes de bien documenter leur relation de travail et de comprendre les implications juridiques de leur statut. |
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