L’Essentiel : Dans l’affaire de la tournée « Stars 80 », le photographe a obtenu gain de cause après que ses clichés aient été reproduits sans autorisation dans un dossier de presse. La cession de droits est essentielle pour l’exploitation des photographies, indépendamment de leur originalité. Les juges ont reconnu l’originalité des images, soulignant les choix artistiques du photographe dans la mise en valeur des foules et des effets visuels. En conséquence, le producteur a été condamné à verser 38 000 euros de dommages-intérêts pour atteinte aux droits d’auteur et au droit moral du photographe.
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Affaire tournée Stars 80Considérant l’aléa existant, en matière d’originalité de photographies, faire appel devrait être un réflexe juridique. L’exploitation de photographies professionnelles doit faire l’objet d’une cession de droits, indépendamment de leur originalité (qui reste surtout en moyen de défense en cas de contrefaçon). Le photographe professionnel de la tournée « Stars 80 » a ainsi finalement obtenu gain de cause. Plusieurs de ses clichés avaient été reproduits dans un dossier de presse et dans le programme du spectacle musical. Le photographe dénonçait également le retrait d’une accréditation « photographe » lui permettant d’accéder à tous lieux du spectacle. Appréciation différente de l’originalité en appelLes photographies de foule revendiquées mettaient en évidence pour une association originale de foule, de fumée et de lumière. Les juges ont retenu des choix de prise de vue et/ou de mise en valeur, démontrant une grande diversité des effets visuels de foule pouvant être obtenus même dans le cadre contraint d’un spectacle. Nonobstant le cadre, la lumière, la mise en scène ou les attitudes des sujets pendant le spectacle, ont été retenus des choix arbitraires de mise en valeur par un travail propre du photographe lors de la prise de vue, et lors du retouchage, en particulier sur des effets combinés de contraste de couleurs, de profondeur, de flous, de prise dans le champ et/ou de mise au niveau de l’artiste afin de donner à voir l’émotion de son interprétation tout en attirant l’attention sur la dynamique du spectacle. Savoir-faire photographiqueSi certains éléments étaient déjà connus, s’agissant d’un travail de représentation de foule ou d’interprètes lors de spectacles musicaux en situation réelle et que, pris séparément, ils appartiennent au fonds commun de l’univers de la photographie documentaire professionnelle tendant à promouvoir ces spectacles et/ou artistes, en revanche, leur combinaison telle que revendiquée pour chacune d’elles, conférait à chacune des photographies une physionomie propre. L’appréciation des juges doit s’effectuer de manière globale par rapport à la combinaison des caractéristiques de chacune des photographies revendiquées (en fonction pour chaque cliché de l’aspect d’ensemble produit par l’agencement des différents éléments le composant et non par l’examen de chacun d’eux pris individuellement. Responsabilité des professionnelsLe producteur, professionnel de la communication ne justifiait nullement d’un accord écrit de l’auteur au sens de l’article L131-3 du code de la propriété intellectuelle pour une telle reproduction de chacun des clichés en cause dans le dossier de presse. Ne saurait constituer un tel accord le simple fait que le photographe ait pu, un temps, bénéficier d’une carte d’accréditation sur le spectacle et demandé à la société de regarder de manière générale si elle pouvait faire un montage avec ses photos. A cet égard, si les photographies n’avaient pour objet que d’illustrer une information sur la tournée, la société ne pouvait méconnaître les droits d’auteur des photographes (au demeurant crédités de manière globale dans son programme), la liberté de communiquer sur son spectacle ne pouvant la délier de son obligation de respecter de tels droits et il lui appartenait en sa qualité de professionnelle de la production de spectacle de s’assurer d’un droit d’exploitation sur les photographies en cause. 38 000 euros de dommages-intérêtsIndépendamment du préjudice résultant d’une reproduction ou commercialisation non autorisées (18 000 euros de dommages intérêts), le redécoupage de chacune des photographies sans l’accord exprès de l’auteur a incontestablement crée une atteinte, non négligeable, au droit moral de ce dernier (20.000 euros). |
Q/R juridiques soulevées :
Quel est le contexte de l’affaire « Stars 80 » ?L’affaire « Stars 80 » concerne un photographe professionnel dont les clichés ont été utilisés sans autorisation dans un dossier de presse et un programme de spectacle. Ce photographe a dénoncé le retrait de son accréditation, ce qui l’a empêché d’accéder à tous les lieux du spectacle. Il a donc engagé une action en justice pour faire valoir ses droits d’auteur, soulignant l’importance de la cession de droits pour l’exploitation de ses photographies. Comment les juges ont-ils apprécié l’originalité des photographies ?Les juges ont considéré que les photographies de foule présentaient une originalité grâce à l’association de divers éléments tels que la foule, la lumière et la mise en scène. Ils ont noté que les choix de prise de vue et de mise en valeur démontraient une grande diversité des effets visuels, même dans le cadre d’un spectacle. Les juges ont également pris en compte le travail du photographe lors de la prise de vue et du retouchage, ce qui a contribué à l’originalité des clichés. Quelle est l’importance du savoir-faire photographique dans cette affaire ?Le savoir-faire photographique est crucial car il permet de créer des images qui se distinguent par leur physionomie propre. Bien que certains éléments soient communs dans la photographie documentaire, leur combinaison unique dans chaque cliché revendiqué confère une originalité. Les juges ont donc évalué les photographies dans leur ensemble, en tenant compte de l’agencement des différents éléments, plutôt que de les examiner individuellement. Quelles sont les responsabilités des professionnels en matière de droits d’auteur ?Les professionnels, comme le producteur dans cette affaire, ont la responsabilité de s’assurer qu’ils disposent des droits d’exploitation nécessaires pour utiliser des photographies. Le producteur n’a pas pu justifier d’un accord écrit de l’auteur pour reproduire les clichés, ce qui constitue une violation des droits d’auteur. Même si le photographe avait une accréditation, cela ne suffisait pas à légitimer l’utilisation de ses œuvres sans son consentement explicite. Quels dommages-intérêts ont été accordés au photographe ?Le tribunal a accordé un total de 38 000 euros de dommages-intérêts au photographe. Cette somme comprend 18 000 euros pour le préjudice lié à la reproduction non autorisée de ses photographies et 20 000 euros pour l’atteinte à son droit moral due au redécoupage des images sans son accord. Ces décisions soulignent l’importance de respecter les droits d’auteur et le droit moral des créateurs dans le domaine de la photographie. |
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