L’Essentiel : M. [L] [S] a été condamné à une amende de soixante euros pour excès de vitesse, notification reçue le 6 janvier 2023. Le 21 avril 2023, il a formé opposition à cette ordonnance, mais celle-ci a été jugée tardive, le délai légal de trente jours étant expiré depuis le 1er février. La Cour a donc déclaré l’opposition irrecevable, entraînant la cassation de la décision sans renvoi, appliquant directement la règle de droit pour clore le litige. Cette décision souligne l’importance du respect des délais de notification en matière de procédure pénale.
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Condamnation de M. [L] [S]M. [L] [S] a été condamné par ordonnance pénale à une amende de soixante euros pour excès de vitesse. Cette ordonnance lui a été notifiée le 2 janvier 2023 par lettre recommandée, dont l’avis de réception a été signé le 6 janvier suivant. Opposition à l’ordonnance pénalePar courrier envoyé le 21 avril 2023, M. [S] a formé opposition à l’exécution de cette ordonnance et a été cité à comparaître devant le tribunal de police. Violation des articles de procédure pénaleLe moyen soulevé critique le jugement attaqué pour avoir déclaré M. [S] pécuniairement redevable d’une amende de 300 euros, tout en considérant son opposition à l’ordonnance pénale comme recevable, alors qu’elle était tardive, ayant été notifiée le 6 janvier 2023 et envoyée au tribunal au-delà du délai légal de trente jours. Examen des délais de notificationSelon les articles 527 et R. 45 du code de procédure pénale, le prévenu peut former opposition dans un délai de trente jours à compter de la notification de l’ordonnance. Le jugement attaqué a déclaré recevable l’opposition de M. [S], en se basant sur une opposition faite le 21 avril 2023, alors que le délai avait expiré le 1er février suivant. Conséquences de la décision de la CourLa Cour a constaté que l’opposition formalisée le 21 avril 2023 était tardive, entraînant ainsi la cassation de la décision sans renvoi, car la Cour de cassation pouvait appliquer directement la règle de droit pour mettre fin au litige. |
Q/R juridiques soulevées :
Quelle est la durée légale pour former opposition à une ordonnance pénale ?La durée légale pour former opposition à une ordonnance pénale est de trente jours. Cette durée est précisée par l’article 527, alinéa 3, du code de procédure pénale, qui stipule : « Le prévenu peut former opposition à l’exécution d’une ordonnance pénale dans un délai de trente jours à compter de la date d’envoi de la lettre recommandée avec demande d’avis de réception par laquelle cette décision est portée à sa connaissance. » Ainsi, le délai commence à courir à partir de la date d’envoi de la notification de l’ordonnance, et non de la date de réception effective par le prévenu. Il est donc crucial pour le prévenu de respecter ce délai pour que son opposition soit considérée comme recevable. Quelles sont les modalités de notification d’une ordonnance pénale ?Les modalités de notification d’une ordonnance pénale sont régies par l’article R. 45 du code de procédure pénale. Cet article précise que : « L’opposition peut être faite par lettre adressée au chef du greffe de la juridiction qui a rendu la décision attaquée, dans le délai susvisé, le cachet de la poste faisant foi. » Cela signifie que l’opposition doit être envoyée par lettre recommandée, et que la date de l’envoi est déterminante pour établir la conformité avec le délai légal. Il est donc essentiel que le prévenu envoie son opposition dans le délai imparti pour éviter qu’elle ne soit déclarée irrecevable. Quelles sont les conséquences d’une opposition tardive à une ordonnance pénale ?Les conséquences d’une opposition tardive à une ordonnance pénale sont la déclaration d’irrecevabilité de cette opposition. Dans le cas présent, le tribunal a constaté que M. [S] avait formé son opposition le 21 avril 2023, soit bien après l’expiration du délai de trente jours, qui s’est terminé le 1er février 2023. En vertu des articles 527 et R. 45 du code de procédure pénale, le tribunal a donc méconnu ces dispositions en déclarant l’opposition recevable. La cassation a été prononcée, ce qui signifie que la décision du tribunal de police a été annulée, et que l’opposition de M. [S] a été considérée comme tardive et donc irrecevable. Quel est le rôle de la Cour de cassation dans ce type de litige ?La Cour de cassation joue un rôle crucial dans l’interprétation et l’application des règles de droit. Dans cette affaire, la Cour a constaté que le tribunal de police avait méconnu les dispositions légales relatives à la formation d’opposition à une ordonnance pénale. En vertu de l’article L. 411-3 du code de l’organisation judiciaire, la Cour de cassation a la possibilité d’appliquer directement la règle de droit et de mettre fin au litige sans renvoi. Cela permet d’assurer une application uniforme de la loi et d’éviter des délais supplémentaires dans la résolution des litiges, garantissant ainsi une justice efficace et rapide. |
N° 00054
ODVS
21 JANVIER 2025
CASSATION SANS RENVOI
M. BONNAL président,
R É P U B L I Q U E F R A N Ç A I S E
________________________________________
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS
_________________________
ARRÊT DE LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE CRIMINELLE,
DU 21 JANVIER 2025
L’officier du ministère public près le tribunal de police de Melun a formé un pourvoi contre le jugement dudit tribunal, en date du 11 décembre 2023, qui, dans la procédure suivie contre M. [L] [S] du chef de contravention au code de la route, l’a déclaré pécuniairement redevable d’une amende de 300 euros.
Un mémoire a été produit.
Sur le rapport de M. Maziau, conseiller, et les conclusions de M. Dureux, avocat général référendaire, après débats en l’audience publique du 10 décembre 2024 où étaient présents M. Bonnal, président, M. Maziau, conseiller rapporteur, Mme Labrousse, conseiller de la chambre, et Mme Dang Van Sung, greffier de chambre,
la chambre criminelle de la Cour de cassation, composée en application de l’article 567-1-1 du code de procédure pénale, des président et conseillers précités, après en avoir délibéré conformément à la loi, a rendu le présent arrêt.
1. Il résulte du jugement attaqué et des pièces de procédure ce qui suit.
2. M. [L] [S] a été condamné par ordonnance pénale à une amende de soixante euros pour excès de vitesse.
3. Cette ordonnance lui a été notifiée le 2 janvier 2023 par lettre recommandée, dont l’avis de réception a été signé le 6 janvier suivant.
4. Par courrier envoyé le 21 avril 2023, M. [S] a formé opposition à l’exécution de cette ordonnance.
5. Il a été cité à comparaître devant le tribunal de police.
Enoncé du moyen
6 Le moyen est pris de la violation des articles 495-3 et 527 du code de procédure pénale.
7. Le moyen critique le jugement attaqué en ce que, pour déclarer M. [S], poursuivi du chef d’excès de vitesse, pécuniairement redevable d’une amende de 300 euros, il a déclaré son opposition à ordonnance pénale recevable alors que l’opposition à ladite ordonnance, notifiée à l’intéressé le 6 janvier 2023, envoyée au tribunal de police de Melun par lettre recommandée en date du 21 avril 2023, au delà du délai légal de trente jours, est tardive et donc irrecevable.
Vu les articles 527, alinéa 3, et R. 45 du code de procédure pénale :
8. Il résulte du premier de ces textes que le prévenu peut former opposition à l’exécution d’une ordonnance pénale dans un délai de trente jours à compter de la date d’envoi de la lettre recommandée avec demande d’avis de réception par laquelle cette décision est portée à sa connaissance.
9. Selon le second, l’opposition peut être faite par lettre adressée au chef du greffe de la juridiction qui a rendu la décision attaquée, dans le délai susvisé, le cachet de la poste faisant foi.
10. Pour déclarer recevable l’opposition de M. [S] à l’exécution de l’ordonnance pénale, le jugement attaqué énonce notamment que le prévenu a fait opposition le 21 avril 2023, par l’intermédiaire de son avocat, à l’exécution de l’ordonnance pénale en date du 22 novembre 2022 notifiée le 2 janvier 2023 par lettre recommandée avec accusé de réception signé le 6 janvier suivant.
11. En statuant ainsi, le tribunal a méconnu les textes susvisés et les principes ci-dessus rappelés.
12. En effet, le délai de trente jours, qui a commencé à courir à compter de la date d’envoi de la lettre de notification de l’ordonnance, le 2 janvier 2023, a expiré le 1er février suivant à minuit.
13. Il s’ensuit que l’opposition formalisée le 21 avril 2023, jour de l’envoi de la lettre d’opposition, a été tardive.
14. La cassation est par conséquent encourue.
Portée et conséquence de la cassation
15. La cassation aura lieu sans renvoi, la Cour de cassation étant en mesure d’appliquer directement la règle de droit et de mettre fin au litige, ainsi que le permet l’article L. 411-3 du code de l’organisation judiciaire.
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