Une nouvelle proposition de loi visant à lutter contre cyberprécariat et l’indépendance fictive a été déposée au Sénat. La proposition met en place l’action de groupe pour les salariés précaires agissant en requalification de leur collaboration en CDI contre les plateformes. Numériques. Renversement de la charge de la preuveLa proposition de loi renverse la charge de la preuve à propos du statut de ces travailleurs en supprimant la présomption de non-salariat issue des lois Madelin de 1994 et Fillon de 2003, et en la remplaçant par une présomption de contrat de travail dès lors que la majeure partie du revenu est issue de l’exploitation d’un algorithme. Si une plateforme conteste le statut de salarié de l’un ou plusieurs des travailleurs à qui elle fait appel, elle devra donc prouver leur qualité de travailleurs indépendants. Encadrement des algorithmesLe texte vise aussi à agir dans le même temps sur l’algorithme en donnant la possibilité aux conseils de prud’hommes d’ordonner aux plateformes numériques de travail qui intenteraient des recours pour requalifier des salariés en indépendants, de produire la preuve que l’algorithme n’est pas au centre de la relation contractuelle. |
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Quelle est la responsabilité du salarié concernant la surcharge de travail ?La preuve de la surcharge de travail sans moyens supplémentaires incombe au salarié. Cela signifie que si un salarié estime que sa charge de travail a augmenté de manière significative, il doit fournir des éléments concrets pour justifier cette affirmation. En l’absence de preuves tangibles, le salarié court le risque de voir sa demande de résiliation judiciaire de son contrat de travail rejetée. La situation est d’autant plus délicate que la résiliation judiciaire se fait à ses risques et périls, ce qui implique que le salarié doit être particulièrement vigilant dans la documentation de ses allégations.Quelles étaient les circonstances de l’affaire SPRE ?Dans l’affaire SPRE, la SACEM a transféré la sous-traitance des bars à ambiance musicale à la société SPRE. Cela a entraîné une augmentation significative de la charge de travail pour l’un des salariés de SPRE, qui a hérité de 300 à 400 nouveaux usagers sans moyens supplémentaires en personnel ou en matériel. Le salarié a dénoncé une alourdissement de sa charge administrative, l’obligeant à passer entre une à deux heures chez chaque usager pour rédiger des procès-verbaux. De plus, il devait gérer une multitude de tâches administratives, telles que le scan de documents, la rédaction informatique des procès-verbaux, et l’envoi de chèques et de notes de frais.Comment la société SPRE a-t-elle réagi aux accusations du salarié ?La société SPRE a contesté les accusations du salarié en produisant un tableau détaillé des tâches administratives réalisées par les attachés régionaux. Ce tableau a révélé que le salarié en question enregistrait la plus faible activité administrative et se connectait le moins au réseau informatique de la société. Cela a mis en lumière une carence de preuve de la part du salarié concernant l’augmentation alléguée de sa charge de travail. En effet, sans éléments probants pour soutenir ses affirmations, la position du salarié s’est retrouvée affaiblie dans le cadre de la procédure judiciaire.Quelles sont les conditions pour demander une résiliation judiciaire du contrat de travail ?Le salarié peut demander la résiliation judiciaire de son contrat de travail au conseil de prud’hommes en cas de manquement de l’employeur à ses obligations, conformément à l’article L.1231-1 du code du travail. Si la demande est justifiée, elle produit les effets d’un licenciement sans cause réelle et sérieuse. Les juges apprécient souverainement les manquements de l’employeur, tenant compte de toutes les circonstances jusqu’au jour du jugement. Toutefois, les faits allégués doivent présenter une gravité suffisante pour justifier la résiliation du contrat de travail. C’est au salarié de prouver les faits ou manquements invoqués et leur gravité, ce qui peut s’avérer complexe dans des situations où la charge de travail est contestée.Quand prend effet une résiliation judiciaire du contrat de travail ?La prise d’effet d’une résiliation judiciaire du contrat de travail ne peut être fixée qu’à la date de la décision judiciaire qui la prononce, à condition que le contrat de travail n’ait pas été rompu avant cette date. Cela signifie que le salarié doit attendre la décision du tribunal pour que la résiliation soit effective. Cette règle vise à protéger les droits des deux parties et à garantir que la résiliation ne soit pas rétroactive, ce qui pourrait créer des complications juridiques et administratives. |
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