La gratuité n’exclut ni l’application des dispositions du Code de la consommation ni la qualification de clauses abusives. La fourniture de données collectées gratuitement puis exploitées et valorisées par la société Facebook doit s’analyser en un « avantage » au sens de l’article 1107 du code civil. Cet avantage constitue la contrepartie du service de réseau social que la société procure à l’utilisateur, de sorte que le contrat conclu avec Facebook est un contrat à titre onéreux.
CGU de Facebook, du droit de la consommation
En collectant des données déposées gratuitement par l’utilisateur à l’occasion de son accès à la plate-forme et en les commercialisant à titre onéreux, la société Facebook, qui, agissant à des fins commerciales, tire profit de son activité, est un « professionnel » au sens de l’article liminaire du code de la consommation, lequel définit le professionnel, comme toute personne physique ou morale, publique ou privée, agissant à des fins entrant dans le cadre de son activité commerciale, y compris lorsqu’elle agit au nom ou pour le compte d’un autre professionnel. L’utilisateur du réseau social, lorsqu’il est une personne physique agissant à des fins qui n’entrent pas dans le cadre de son activité commerciale, industrielle, artisanale, libérale ou agricole, est un consommateur au sens du même article liminaire. De sorte que dans ces conditions le contrat de réseautage social proposé par Facebook est un contrat soumis aux dispositions du code de la consommation.
Contrat onéreux, contrat gratuit
Aux termes de l’article 1107 du code civil, le contrat est dit à titre onéreux, lorsque chacune des parties reçoit de l’autre un avantage en contrepartie de celui qu’elle procure, il est dit à titre gratuit, lorsque l’une des parties procure à l’autre un avantage, sans recevoir de contrepartie. L’application des dispositions de l’article L. 212-1 du code de la consommation, aux termes desquelles sont abusives les clauses, qui ont pour objet ou pour effet de créer, dans les contrats conclus entre professionnels et consommateur, un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties au contrat, au détriment du consommateur n’exige pas que le contrat concerné ait été conclu à titre onéreux, seule la qualité des parties au contrat (professionnel/consommateur) déterminant leur application. Si la société Facebook propose aux utilisateurs de la plateforme des services dépourvus de contrepartie monétaire, elle commercialise à titre onéreux auprès d’entreprises fournisseurs, prestataires de services, et autres partenaires notamment publicitaires, des données, à caractère personnel ou non, déposées gratuitement par l’utilisateur à l’occasion de son inscription sur le réseau social et lors de son utilisation. Il existe donc une contrepartie dès lors que l’utilisateur du réseau social autorise la société Facebook à utiliser ses informations personnelles telles que ses nom, adresse électronique, date de naissance, sexe, numéro de téléphone, mais également ses « informations » et « contenus ». Télécharger la décision |
→ Questions / Réponses juridiques
Quelles sont les implications de la gratuité des services de Facebook selon le Code de la consommation ?La gratuité des services offerts par Facebook n’exclut pas l’application des dispositions du Code de la consommation. En effet, même si les utilisateurs n’ont pas à payer directement pour accéder à la plateforme, la collecte et l’exploitation des données personnelles par Facebook constituent un « avantage » au sens de l’article 1107 du code civil. Cet avantage est considéré comme une contrepartie du service de réseau social fourni à l’utilisateur. Par conséquent, le contrat établi entre l’utilisateur et Facebook est qualifié de contrat à titre onéreux, car il implique un échange de valeurs, même si cette valeur n’est pas monétaire. Comment Facebook est-il défini en tant que professionnel selon le Code de la consommation ?Facebook est défini comme un « professionnel » au sens de l’article liminaire du Code de la consommation. Cela signifie que la société agit à des fins commerciales, en collectant des données déposées gratuitement par les utilisateurs et en les commercialisant à des tiers, notamment des entreprises et des annonceurs. Cette définition inclut toute personne physique ou morale agissant dans le cadre de son activité commerciale. En revanche, l’utilisateur, lorsqu’il agit à des fins personnelles et non commerciales, est considéré comme un consommateur. Ainsi, le contrat de réseautage social proposé par Facebook est soumis aux dispositions du Code de la consommation, protégeant les droits des utilisateurs. Quelle est la distinction entre un contrat à titre onéreux et un contrat à titre gratuit ?Selon l’article 1107 du code civil, un contrat est dit à titre onéreux lorsque chaque partie reçoit un avantage en contrepartie de celui qu’elle procure. En revanche, un contrat est qualifié de gratuit lorsque l’une des parties procure un avantage sans recevoir de contrepartie. Dans le cas de Facebook, bien que les utilisateurs n’aient pas à payer pour utiliser la plateforme, la société tire profit de leurs données en les commercialisant. Cela signifie qu’il existe une contrepartie, rendant le contrat à titre onéreux, même si l’utilisateur ne paie pas directement. Quelles sont les conséquences des clauses abusives dans les contrats entre professionnels et consommateurs ?L’article L. 212-1 du Code de la consommation stipule que certaines clauses sont considérées comme abusives si elles créent un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties au détriment du consommateur. Cette protection s’applique indépendamment de la nature onéreuse ou gratuite du contrat. Ainsi, même si Facebook propose des services sans contrepartie monétaire, les clauses de ses conditions générales d’utilisation peuvent être examinées pour déterminer si elles sont abusives. La qualité des parties au contrat, c’est-à-dire professionnel contre consommateur, est le critère déterminant pour l’application de ces dispositions. Comment Facebook utilise-t-il les données personnelles des utilisateurs ?Facebook collecte des données personnelles lors de l’inscription et de l’utilisation de la plateforme. Ces données incluent des informations telles que le nom, l’adresse électronique, la date de naissance, le sexe et le numéro de téléphone. En plus de ces informations, Facebook utilise également les contenus et les interactions des utilisateurs sur la plateforme. Bien que les utilisateurs n’aient pas à payer pour accéder aux services, Facebook commercialise ces données à des entreprises, des prestataires de services et des partenaires publicitaires. Cela crée une dynamique où l’utilisateur, en autorisant Facebook à utiliser ses informations, participe à un échange de valeur, renforçant ainsi la nature onéreuse du contrat. |
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