L’Essentiel : Dans le cadre de la cession des droits d’une œuvre audiovisuelle, même en l’absence de paiement intégral au coauteur, le cessionnaire peut conserver ses droits. Les juges ont validé cette cession dans le cas du film « Joy en Afrique », malgré le paiement incomplet du réalisateur. L’ambiguïté du contrat et le comportement de l’auteur, qui n’a pas clairement demandé la résolution de son contrat, ont été déterminants. De plus, une clause stipulait que le contrat ne serait résolu qu’après une sommation restée sans effet, ce qui a empêché l’auteur de revendiquer ses droits d’auteur.
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Paiement intégral des auteursMême sans parfait paiement du coauteur d’une œuvre audiovisuelle (réalisateur par exemple), le cessionnaire de l’œuvre peut rester investi de ses droits. Les juges ont ainsi validé la cession successive des droits sur le film « Joy en Afrique » alors que le paiement initial du réalisateur restait à parfaire. Comportement ambiguë de l’auteur réalisateurPour retenir cette solution, les juges ont pointé l’ambiguïté du contrat conclu et se sont fondés sur l’intention des parties et le comportement de l’auteur réalisateur qui ne s’était pas prévalu d’une demande claire de résolution de son contrat suite à la cession du catalogue audiovisuel. Il n’était pas suffisant que l’auteur réalisateur demandé à l’administrateur de la société de production s’il entendait ou non poursuivre l’exécution du contrat. Clause suspensive et parfait paiementL’auteur réalisateur avait cédé ses droits au producteur, certes sous réserve du parfait paiement des sommes dues, mais une autre clause du contrat prévoyait clairement qu’à défaut de paiement d’une des sommes dues en vertu du contrat (incluant nécessairement le solde du minimum garanti), le contrat ne serait résolu que « si bon » lui semblait, sur une simple sommation par lettre recommandée avec accusé de réception, restée sans effet. Or, il n’était nullement justifié que l’auteur réalisateur ait entendu se prévaloir de cette clause contractuelle lui permettant de redevenir propriétaire des droits d’auteur ainsi cédés au producteur. Action en nullité de la cessionSi l’exception de nullité est perpétuelle, elle ne saurait faire échec à un acte juridique qui a déjà été exécuté ; l’auteur réalisateur s’est vainement prévalu d’une nullité de ses contrats de cession des droits pour non-respect des dispositions relatives à l’assiette de sa rémunération. Faute de mise en cause du cédant, l’acte de cession ne pouvait être annulé, il ne pouvait pas plus l’être plus de cinq ans après les faits dès lors que les contrats de cession ont bien été exécutés. |
Q/R juridiques soulevées :
Quel est le principe du paiement intégral des auteurs dans le cadre d’une œuvre audiovisuelle ?Le principe du paiement intégral des auteurs stipule que, même si le paiement n’est pas complet pour un coauteur d’une œuvre audiovisuelle, comme un réalisateur, le cessionnaire de l’œuvre peut conserver ses droits. Cette situation a été validée par les juges dans le cas du film « Joy en Afrique », où le paiement initial du réalisateur n’était pas entièrement effectué. Cela signifie que la cession des droits peut être maintenue malgré un paiement incomplet, tant que les conditions contractuelles le permettent. Comment les juges ont-ils interprété le comportement de l’auteur réalisateur ?Les juges ont noté l’ambiguïté du contrat entre l’auteur réalisateur et le producteur, en se basant sur l’intention des parties. Ils ont observé que l’auteur réalisateur n’avait pas clairement demandé la résolution de son contrat après la cession du catalogue audiovisuel. Sa simple question à l’administrateur de la société de production sur la poursuite de l’exécution du contrat n’était pas suffisante pour établir une volonté de contester la cession. Quelle est l’importance de la clause suspensive dans le contrat de cession des droits ?La clause suspensive dans le contrat de cession des droits stipule que l’auteur réalisateur a cédé ses droits au producteur sous réserve du parfait paiement des sommes dues. Cependant, une autre clause précise que si le paiement n’est pas effectué, le contrat ne sera résolu que si l’auteur en fait la demande par lettre recommandée, restée sans effet. Cela signifie que l’auteur réalisateur n’a pas justifié son intention de se prévaloir de cette clause pour récupérer ses droits d’auteur. Quelles sont les implications de l’action en nullité de la cession des droits ?L’action en nullité de la cession des droits, bien que perpétuelle, ne peut pas annuler un acte juridique déjà exécuté. Dans ce cas, l’auteur réalisateur a tenté de faire valoir une nullité de ses contrats de cession pour non-respect des conditions de rémunération. Cependant, faute de mise en cause du cédant et avec l’exécution des contrats, l’acte de cession ne pouvait pas être annulé, même après un délai de cinq ans. Cela souligne l’importance de la mise en cause et des délais dans les actions en nullité. |
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