L’Essentiel : Madame [F] [E], née le 2 décembre 1974, est hospitalisée au Centre Hospitalier [5] depuis le 11 novembre 2024, suite à une décision du directeur. Son état de santé, caractérisé par une décompensation psychotique, a nécessité une hospitalisation complète. Le 18 novembre, le ministère public a transmis ses observations, et lors de l’audience du 19 novembre, Me Audrey DIALLO-MISSOFFE a défendu les intérêts de la patiente. Malgré les contestations sur la régularité de la procédure, le juge a ordonné la poursuite de l’hospitalisation, considérant que les troubles mentaux rendaient son consentement impossible.
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Identification de la personne en soins psychiatriquesMadame [F] [E], née le 2 décembre 1974, est hospitalisée au Centre Hospitalier [5]. Elle est représentée par Me Audrey DIALLO-MISSOFFE, avocat commis d’office. Le directeur de l’établissement et le ministère public sont absents, bien que ce dernier ait transmis ses observations par écrit le 18 novembre 2024. Admission en soins psychiatriquesLe 11 novembre 2024, le directeur du Centre Hospitalier [5] a décidé de l’admission de Madame [F] [E] en soins psychiatriques. Depuis cette date, elle est sous hospitalisation complète. Le 15 novembre 2024, le directeur a saisi le juge des libertés et de la détention pour prolonger cette hospitalisation. Observations du ministère publicLe ministère public a fait connaître son avis par écrit le 18 novembre 2024. Lors de l’audience du 19 novembre 2024, Me Audrey DIALLO-MISSOFFE a été entendue pour présenter les observations de Madame [F] [E]. L’affaire a été mise en délibéré. Arguments de la défenseLe conseil de Madame [F] [E] a soulevé un moyen de nullité, arguant que la procédure d’hospitalisation était irrégulière. Il a contesté le certificat médical initial, affirmant qu’il ne caractérisait pas l’urgence requise par l’article L3212-3 du Code de la Santé Publique. Ce dernier stipule que l’admission en soins psychiatriques peut se faire en cas d’urgence, sur la base d’un seul certificat médical. Évaluation médicale de l’état de santéLe Dr [P] a décrit l’état de Madame [F] [E] comme étant en décompensation psychotique, avec des comportements désorganisés et des propos délirants. Le certificat médical a confirmé qu’il y avait un risque grave pour son intégrité, notamment en raison d’une fugue et d’idées de persécution. Conditions de poursuite de l’hospitalisationSelon l’article L. 3212-1, l’hospitalisation psychiatrique nécessite que les troubles mentaux rendent impossible le consentement de la personne et qu’une surveillance médicale constante soit justifiée. Madame [F] [E] a été hospitalisée sous contrainte en urgence le 11 novembre 2024, en raison de sa décompensation psychotique. État de la patiente et décision du jugeAprès une fugue le 12 novembre 2024, Madame [F] [E] a été réintégrée le 13 novembre 2024. Son état a été évalué comme nécessitant une hospitalisation complète, avec des troubles attestés rendant son consentement impossible. Le juge des libertés et de la détention a donc ordonné la poursuite de l’hospitalisation complète. Conclusion de la décision judiciaireLe juge des libertés et de la détention du tribunal judiciaire de Bobigny a rejeté le moyen de nullité et ordonné la poursuite de l’hospitalisation complète de Madame [F] [E]. Les dépens sont laissés à la charge de l’État, et l’ordonnance bénéficie de l’exécution provisoire. |
Q/R juridiques soulevées :
Quelles sont les conditions d’admission en soins psychiatriques selon l’article L3212-1 du Code de la Santé Publique ?L’article L3212-1 du Code de la Santé Publique stipule que « une personne atteinte de troubles mentaux ne peut faire l’objet de soins psychiatriques sur la décision du directeur d’un établissement mentionné à l’article L. 3222-1 que lorsque les deux conditions suivantes sont réunies : 1° Ses troubles mentaux rendent impossible son consentement ; 2° Son état mental impose des soins immédiats assortis soit d’une surveillance médicale constante justifiant une hospitalisation complète, soit d’une surveillance médicale régulière justifiant une prise en charge sous la forme mentionnée au 2° de l’article L. 3211-2-1. » Dans le cas de Madame [F] [E], il a été établi que ses troubles mentaux, caractérisés par une décompensation psychotique et des idées délirantes, rendaient impossible son consentement. De plus, son état mental nécessitait des soins immédiats, justifiant ainsi une hospitalisation complète. Ces éléments sont cruciaux pour la légalité de la mesure d’hospitalisation. Quelles sont les implications de l’article L3212-3 concernant l’urgence d’admission en soins psychiatriques ?L’article L3212-3 du Code de la Santé Publique précise que « En cas d’urgence, lorsqu’il existe un risque grave d’atteinte à l’intégrité du malade, le directeur d’un établissement mentionné à l’article L 3222-1 peut, à titre exceptionnel, prononcer à la demande d’un tiers l’admission en soins psychiatriques d’une personne malade au vu d’un seul certificat médical émanant, le cas échéant, d’un médecin exerçant dans l’établissement. Dans ce cas, les certificats médicaux mentionnés aux deuxième et troisième alinéas de l’article L. 3211-2-2 sont établis par deux psychiatres distincts. » Dans le contexte de l’hospitalisation de Madame [F] [E], le certificat médical initial a été jugé suffisant pour caractériser l’urgence de la situation. Le médecin a attesté d’un risque grave d’atteinte à son intégrité, ce qui a permis au directeur de l’établissement de prononcer son admission en soins psychiatriques. Ainsi, la procédure a respecté les exigences légales en matière d’urgence. Comment le juge des libertés et de la détention évalue-t-il la poursuite de l’hospitalisation complète ?L’article L. 3211-12-1 du Code de la Santé Publique stipule que « l’hospitalisation complète d’un patient ne peut se poursuivre sans que le juge des libertés et de la détention, préalablement saisi par le directeur de l’établissement, n’ait statué sur cette mesure, avant l’expiration d’un délai de douze jours à compter de l’admission prononcée. » Dans le cas de Madame [F] [E], le juge a examiné les éléments médicaux présentés, notamment les certificats attestant de son état mental et de son incapacité à consentir aux soins. Il a constaté que son état nécessitait une surveillance médicale constante, justifiant ainsi la poursuite de l’hospitalisation complète. Le juge a donc ordonné la continuation de la mesure, conformément aux dispositions légales. Quels sont les droits de la patiente en matière de recours contre la décision d’hospitalisation ?La décision du juge des libertés et de la détention est susceptible d’appel, ce qui est un droit fondamental pour toute personne concernée par une mesure d’hospitalisation. L’article L3212-12 du Code de la Santé Publique précise que « la personne hospitalisée a le droit d’être informée de la possibilité de contester la mesure d’hospitalisation devant le juge. » Dans le cas de Madame [F] [E], son avocat a été entendu lors de l’audience, ce qui garantit son droit à la défense. Elle a également la possibilité de faire appel de la décision, ce qui lui permet de contester la légalité de son hospitalisation. Ces droits sont essentiels pour assurer une protection juridique adéquate des patients en soins psychiatriques. |
DE BOBIGNY
ORDONNANCE STATUANT SUR LA POURSUITE D’UNE MESURE D’HOSPITALISATION COMPLÈTE
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DÉLAI DE 12 JOURS
ADMISSION A LA DEMANDE D’UN TIERS OU EN CAS DE PÉRIL IMMINENT
N° RG 24/09501 – N° Portalis DB3S-W-B7I-2GUN
MINUTE: 24/2296
Nous, Elodie PATS, juge des libertés et de la détention au tribunal judiciaire de BOBIGNY, assisté de Annette REAL, greffier, avons rendu la décision suivante concernant:
Madame [F] [E]
née le 2 Décembre 1974 à
[Adresse 3]
[Adresse 3]
[Localité 2]
Etablissement d’hospitalisation: LE CENTRE HOSPITALIER [5],
Absent (e) représenté (e) par Me Audrey DIALLO-MISSOFFE, avocat commis d’office
PERSONNE A L’ORIGINE DE LA SAISINE
Monsieur le directeur du CENTRE HOSPITALIER [5]
Absent
TIERS A L’ORIGINE DE L’HOSPITALISATION
Madame [X] [T] [D]
Absent(e)
MINISTÈRE PUBLIC
Absent
A fait parvenir ses observations par écrit le 18 novembre 2024.
Le 11 novembre 2024, le directeur du CENTRE HOSPITALIER [5] a prononcé la décision d’admission en soins psychiatriques de Madame [F] [E].
Depuis cette date, Madame [F] [E] fait l’objet d’une hospitalisation complète au sein du CENTRE HOSPITALIER [5].
Le 15 Novembre 2024, le directeur de l’établissement a saisi le juge des libertés et de la détention aux fins de poursuite de l’hospitalisation complète de Madame [F] [E].
Le ministère public a fait connaître son avis par conclusions écrites du 18 novembre 2024.
A l’audience du 19 Novembre 2024, Me Audrey DIALLO-MISSOFFE, conseil de Madame [F] [E], a été entendu en ses observations.
L’affaire a été mise en délibéré à ce jour.
Sur le moyen de nullité
Le conseil de [F] [E] soutient que la procédure d’hospitalisation mise en œuvre à l’égard de cette dernière est irrégulière dans la mesure où le certificat médical établi à l’origine ne caractérise pas l’urgence réelle de la situation tel qu’il est prévu par l’article L3212-3 du Code de la Santé Publique.
Aux termes de l’article L 3212-3 du code de la santé publique « En cas d’urgence, lorsqu’il existe un risque grave d’atteinte à l’intégrité du malade, le directeur d’un établissement mentionné à l’article L 3222-1 peut, à titre exceptionnel, prononcer à la demande d’un tiers l’admission en soins psychiatriques d’une personne malade au vu d’un seul certificat médical émanant, le cas échéant, d’un médecin exerçant dans l’établissement. Dans ce cas, les certificats médicaux mentionnés aux deuxième et troisième alinéas de l’article L. 3211-2-2 sont établis par deux psychiatres distincts. »
Il sera constaté que le Dr [P] a décrit les troubles suivants « Patiente connue du secteur pour une pathologie psychiatrique chronique, en décompensation psychotique dans un contexte de rupture de prise en charge. Ce jour, patiente relativement calme avec désorganisation comportementale et des propos délirants « dit qu’elle est enceinte de deux mois ».
Le certificat médical caractérise donc bien que l’état de santé du patient occasionnerait un risque grave d’atteinte à son intégrité, étant précisé qu’elle a par suite fugué et que le certificat des 72 heures mentionne des idées de persécution et une désorganisation comportementale.
Le moyen de nullité sera donc rejeté.
Sur la poursuite de la mesure de soins psychiatriques
Aux termes de l’article L. 3212-1 du code de la santé publique, une personne atteinte de troubles mentaux ne peut faire l’objet de soins psychiatriques sur la décision du directeur d’un établissement mentionné à l’article L. 3222-1 du même code que lorsque les deux conditions suivantes sont réunies :
1° Ses troubles mentaux rendent impossible son consentement ;
2° Son état mental impose des soins immédiats assortis soit d’une surveillance médicale constante justifiant une hospitalisation complète, soit d’une surveillance médicale régulière justifiant une prise en charge sous la forme mentionnée au 2° de l’article L. 3211-2-1.
L’article L. 3211-12-1 du même code dispose que l’hospitalisation complète d’un patient ne peut se poursuivre sans que le juge des libertés et de la détention, préalablement saisi par le directeur de l’établissement, n’ait statué sur cette mesure , avant l’expiration d’un délai de douze jours à compter de l’admission prononcée en application des chapitres II ou III du présent titre ou de l’article L. 3214-3 ou à compter de la décision par laquelle le directeur de l’établissement a modifié la forme de la prise en charge du patient en procédant à son hospitalisation complète.
[F] [E] a été hospitalisée sous contrainte en urgence à compter du 11 novembre 2024 alors qu’elle présentait une décompensation psychotique dans le cadre d’une rupture de soins avec une désorganisation comportementale et des propos délirants.
Elle était en fugue le 12 novembre 2024 et était réintégrée par les sapeurs-pompiers le 13 novembre 2024. Elle présentait alors un discours non structuré avec des idées de persécution. Le certificat des 72 heures indique qu’elle est calme, l’humeur exaltée, stable sur le plan comportemental ; l’adhésion au soin reste fragile.
L’avis motivé du 15 novembre indique que son discours est rapide tout en étant cohérent ; elle manifeste une ambivalence concernant l’adhésion au traitement. [F] [E] n’a pas comparu à l’audience, un certificat de situation en date du 19 novembre 2024 mentionnant que la patiente est en chambre d’isolement et que le risque de fugue persiste.
Il résulte des éléments médicaux ci-dessus rappelés lesquels ne peuvent être remis en cause par le juge des libertés et de la détention que [F] [E] présente des troubles médicalement attestés qui rendent impossible son consentement et que son état mental impose des soins assortis d’une surveillance médicale constante justifiant le maintien d’une hospitalisation complète.
En conséquence, il convient d’ordonner la poursuite de la mesure d’hospitalisation complète de Madame [F] [E].
Le juge des libertés et de la détention du tribunal judiciaire de Bobigny, après débats tenus en audience publique dans la salle d’audience aménagée à l’établissement public de santé de [6], au centre [4] situé [Adresse 1], statuant au tribunal par décision susceptible d’appel,
Rejette le moyen de nullité,
Ordonne la poursuite de la mesure d’hospitalisation complète de Madame [F] [E]
Laisse les dépens à la charge de l’Etat.
Dit que cette ordonnance bénéficie de plein droit de l’exécution provisoire,
Fait et jugé à Bobigny, le 19 Novembre 2024
Le Greffier
Annette REAL
Le vice-président
Juge des libertés et de la détention
Elodie PATS
Ordonnance notifiée au parquet le à
le greffier
Vu et ne s’oppose :
Déclare faire appel :
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