HLM en sous-location : résiliation ipso facto

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HLM en sous-location : résiliation ipso facto

Les juges sont particulièrement sensibles aux sous locations non autorisées de HLM. Dès lors que les logements sociaux sont attribués nominativement, selon des critères précis, dans l’optique de favoriser l’hébergement de personnes ayant de faibles revenus, la sous-location de tels logements, qui induit que des personnes qui ne remplissent pas ces conditions de ressources et de besoin puissent profiter de l’immeuble, est particulièrement répréhensible et donne lieu à la résiliation du bail. En outre, le locataire, qui bénéficie d’un loyer modeste, s’enrichit alors aux dépens de son bailleur, mais aussi au détriment de son voisinage qui subit les allées et venues inhérentes à ce type d’occupation. En l’espèce, la somme perçue au titre des sous-locations, s’élevait à plus de quatre fois le montant mensuel du loyer et n’a pas été qualifiée de minime. De même, le manquement s’est produit sur une période prolongée de presque deux ans.

Résiliation de bail

Par acte sous-seing privé, l’établissement public Grand Lyon Habitat a attribué à un particulier un local à usage d’habitation avec interdiction de le sous louer s’agissant d’un logement social. Soupçonnant sa locataire de sous-louer son logement sur le site internet Airbnb, il a mandaté un huissier de justice à l’effet de prouver que l’appartement mis sur le site était bien celui loué. Le constat dressé à cette occasion démontrait que le logement avait été sous-loué à plusieurs reprises. Une sommation d’avoir à cesser immédiatement et sans délai toute sous-location de l’appartement a été délivrée. Par email, la locataire, avouant son ignorance de cette interdiction, prenait l’engagement de faire cesser immédiatement cette pratique. Malgré cet engagement Grand Lyon Habitat lui a fait délivrer une assignation en aux fins de voir résilier son bail.

Faute contractuelle suffisamment grave

Aux termes des dispositions tant de l’article 10 du bail liant les parties que de l’article L.442-8 du code de la construction et de l’habitation, toute sous location d’un logement à caractère social de type HLM est interdite. La locataire ne contestait pas avoir mis son logement sur le site Airbnb, mais affirmait que ce fait ne présentait pas un caractère de gravité suffisant pour justifier la résiliation du bail, dans la mesure où il a été pratiqué ponctuellement. Elle ajoutait avoir cessé toute sous-location depuis la sommation qui lui a été délivrée et que le bailleur avait subordonné l’engagement de son action en résiliation du bail à la persistance de l’infraction aux obligations du bail postérieurement à la délivrance du commandement.

Le fait que la locataire ait arrêté de sous-louer son logement, ou qu’elle ait connu à cette période des difficultés financières, n’apparaissent pas de nature à l’exonérer de sa responsabilité. La particulière gravité de la violation par la locataire à ses obligations contractuelles justifiait en conséquence le prononcé de la résiliation du bail.

La juridiction a donc fait droit à la demande de résiliation judiciaire du bail conclu entre les parties avec ses conséquences de droit, à savoir l’expulsion et la séquestration des meubles.  Télécharger la décision

Questions / Réponses juridiques

Pourquoi les juges sont-ils sensibles aux sous-locations non autorisées de HLM ?

Les juges sont particulièrement sensibles aux sous-locations non autorisées de HLM en raison de la nature même des logements sociaux. Ces logements sont attribués nominativement, selon des critères précis, dans le but de favoriser l’hébergement de personnes ayant de faibles revenus.

La sous-location de ces logements permet à des personnes qui ne remplissent pas les conditions de ressources et de besoin d’en bénéficier, ce qui est considéré comme particulièrement répréhensible. Cela entraîne non seulement la résiliation du bail, mais également une injustice sociale, car le locataire, qui bénéficie d’un loyer modeste, s’enrichit aux dépens de son bailleur.

De plus, cette pratique nuit au voisinage, qui subit les désagréments liés aux allées et venues des sous-locataires. Dans le cas évoqué, la somme perçue par la locataire au titre des sous-locations était plus de quatre fois le montant mensuel du loyer, ce qui n’est pas négligeable.

Quelles actions ont été entreprises par Grand Lyon Habitat contre la locataire ?

Grand Lyon Habitat, l’établissement public en charge de la gestion des logements sociaux, a d’abord soupçonné sa locataire de sous-louer son appartement sur le site internet Airbnb. Pour prouver cette infraction, il a mandaté un huissier de justice afin de constater que l’appartement mis en location sur le site était bien celui loué par la locataire.

Le constat a révélé que le logement avait été sous-loué à plusieurs reprises, ce qui a conduit à la délivrance d’une sommation à la locataire pour qu’elle cesse immédiatement toute sous-location. Bien que la locataire ait reconnu son ignorance de l’interdiction et se soit engagée à mettre fin à cette pratique, Grand Lyon Habitat a décidé de poursuivre la résiliation de son bail par voie judiciaire.

Quelles sont les bases légales de la résiliation du bail ?

La résiliation du bail repose sur plusieurs bases légales, notamment l’article 10 du bail liant les parties et l’article L.442-8 du code de la construction et de l’habitation. Ces dispositions stipulent clairement que toute sous-location d’un logement à caractère social, tel qu’un HLM, est interdite.

Dans cette affaire, la locataire a reconnu avoir mis son logement sur Airbnb, mais a soutenu que cela ne justifiait pas la résiliation du bail, arguant que la sous-location avait été pratiquée de manière ponctuelle. Cependant, la gravité de la violation de ses obligations contractuelles a été jugée suffisante pour justifier la résiliation.

La locataire a-t-elle des arguments pour contester la résiliation ?

La locataire a tenté de contester la résiliation en affirmant qu’elle avait cessé toute sous-location après la sommation et qu’elle avait rencontré des difficultés financières durant cette période. Elle a également soutenu que le bailleur avait conditionné son action en résiliation à la persistance de l’infraction après la délivrance du commandement.

Cependant, ces arguments n’ont pas été jugés suffisants pour exonérer la locataire de sa responsabilité. La juridiction a considéré que la gravité de la violation de ses obligations contractuelles justifiait la résiliation du bail, indépendamment de ses difficultés financières ou de l’arrêt de la sous-location.

Quelles sont les conséquences de la résiliation du bail ?

La résiliation du bail entraîne plusieurs conséquences juridiques. Dans ce cas précis, la juridiction a fait droit à la demande de résiliation judiciaire du bail, ce qui a conduit à l’expulsion de la locataire.

De plus, la résiliation implique également la séquestration des meubles de la locataire, ce qui signifie que ses biens peuvent être retenus jusqu’à ce que la situation soit régularisée. Ces mesures visent à protéger les droits du bailleur et à garantir que les logements sociaux soient utilisés conformément à leur vocation initiale, c’est-à-dire pour des personnes ayant de faibles revenus.


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