Expertise linguistique requise pour la compréhension des documents médicaux dans un contexte international.

·

·

Expertise linguistique requise pour la compréhension des documents médicaux dans un contexte international.

L’Essentiel : Le 21 janvier 2015, Monsieur [V] [X] a été victime d’un accident d’ULM en Nouvelle-Zélande alors qu’il circulait à vélo. Hospitalisé jusqu’au 28 janvier au service de neuro-chirurgie d'[Localité 7], il a ensuite été rapatrié en France pour poursuivre son traitement à l’hôpital [10] de [Localité 8] jusqu’au 21 avril 2015. En octobre 2019, il a assigné la MACIF pour obtenir une expertise médicale et une indemnité de 5.000 €. Le tribunal a ordonné une mesure d’expertise, et un expert traducteur a été désigné pour traduire les documents médicaux nécessaires.

Accident et Hospitalisation

Le 21 janvier 2015, Monsieur [V] [X], alors qu’il circulait à vélo en Nouvelle-Zélande, a été impliqué dans un accident d’ULM. Il a été hospitalisé au service de neuro-chirurgie du centre hospitalier d'[Localité 7] jusqu’au 28 janvier 2015, avant d’être rapatrié en France et admis à l’hôpital [10] de [Localité 8], où il est resté jusqu’au 21 avril 2015.

Procédure Judiciaire

Le 25 octobre 2019, Monsieur [X] a assigné la MACIF devant le Tribunal judiciaire de Bordeaux, demandant la désignation d’un médecin-expert et une indemnité de 5.000 € en réparation. Le 4 décembre 2023, la 6ème chambre civile a ordonné une mesure d’expertise judiciaire confiée au Docteur [T] [R]. Les pièces produites en langue anglaise ont été écartées des débats, l’expert ayant déclaré ne pas comprendre l’anglais.

Demandes des Parties

Le 20 septembre 2024, Monsieur [V] [X] a demandé la désignation d’un interprète assermenté pour traduire certaines pièces et que les frais de traduction soient couverts par l’aide juridictionnelle. En réponse, la MACIF a demandé que l’expert traducteur soit désigné pour traduire l’intégralité des pièces médicales en lien avec l’accident, tout en précisant que les frais de consignation seraient à la charge de Monsieur [V] [X].

Décision du Tribunal

Le juge de la mise en état a statué sur la demande de traduction, précisant qu’il n’était pas tenu de recourir à un interprète s’il connaissait la langue. Il a convenu de désigner un expert traducteur pour traduire les documents en anglais, en accord avec la MACIF. Le juge a également rappelé que la mission de l’expert est fixée librement et qu’il n’est pas lié par les propositions des parties.

Ordonnance Finale

Le juge a ordonné une mesure d’expertise, confiant à l’expert la mission de traduire les pièces médicales en français et de déposer un pré-rapport avant le rapport définitif. Les dépens de l’incident ont été joints aux dépens du fond, et l’affaire a été renvoyée à l’audience de mise en état électronique du 16 septembre 2025. Toute demande supplémentaire a été rejetée.

Q/R juridiques soulevées :

Quelles sont les compétences du juge de la mise en état selon l’article 789 du code de procédure civile ?

Le juge de la mise en état, selon l’article 789 du code de procédure civile, est compétent pour statuer sur plusieurs points importants jusqu’à son dessaisissement.

Cet article précise que :

« Lorsque la demande est présentée postérieurement à sa désignation, le juge de la mise en état est, jusqu’à son dessaisissement, seul compétent, à l’exclusion de toute autre formation du tribunal, pour :

1° Statuer sur les exceptions de procédure, les demandes formées en application de l’article 47 et les incidents mettant fin à l’instance ;

Les parties ne sont plus recevables à soulever ces exceptions et incidents ultérieurement à moins qu’ils ne surviennent ou soient révélés postérieurement au dessaisissement du juge ;

2° Allouer une provision pour le procès ;

3° Accorder une provision au créancier lorsque l’existence de l’obligation n’est pas sérieusement contestable.

Le juge de la mise en état peut subordonner l’exécution de sa décision à la constitution d’une garantie dans les conditions prévues aux articles 514-5, 517 et 518 à 522 ;

4° Ordonner toutes autres mesures provisoires, même conservatoires, à l’exception des saisies conservatoires et des hypothèques et nantissements provisoires, ainsi que modifier ou compléter, en cas de survenance d’un fait nouveau, les mesures qui auraient déjà été ordonnées ;

5° Ordonner, même d’office, toute mesure d’instruction ;

6° Statuer sur les fins de non-recevoir… »

Ainsi, le juge de la mise en état a un rôle central dans la gestion des incidents de procédure et des mesures d’instruction, garantissant le bon déroulement de l’instance.

Quelles sont les obligations du juge concernant la désignation d’un interprète selon l’article 23 du code de procédure civile ?

L’article 23 du code de procédure civile stipule que le juge n’est pas obligé de recourir à un interprète si celui-ci maîtrise la langue dans laquelle s’expriment les parties.

Cet article énonce :

« Le juge n’est pas tenu de recourir à un interprète lorsqu’il connaît la langue dans laquelle s’expriment les parties. »

Dans le cas présent, Monsieur [X] a demandé la désignation d’un expert traducteur pour traduire des documents en langue anglaise.

Ces documents avaient été écartés des débats en raison de l’absence de traduction en français. La MACIF a accepté la désignation d’un expert traducteur, à condition que toutes les pièces soient traduites.

Le juge a donc décidé de désigner un expert traducteur, conformément à l’accord des parties, afin de permettre à l’expert médical d’effectuer sa mission.

Il est important de noter que le juge a la liberté de fixer la mission de l’expert sans être lié par les propositions des parties, conformément à l’article 246 du code de procédure civile.

Comment les frais de traduction sont-ils pris en charge selon la décision du juge ?

La décision du juge concernant les frais de traduction est influencée par la situation de Monsieur [X], qui bénéficie de l’aide juridictionnelle.

Dans ce contexte, le juge a précisé qu’il n’y avait pas lieu à consignation des frais de traduction.

Cela signifie que les frais liés à la traduction des documents seront pris en charge par l’aide juridictionnelle, ce qui allège la charge financière pour Monsieur [X].

Le juge a également joint les dépens de l’incident aux dépens du fond, ce qui implique que les frais de la procédure seront intégrés dans les frais globaux de l’affaire.

Ainsi, la prise en charge des frais de traduction est conforme aux dispositions relatives à l’aide juridictionnelle, garantissant l’accès à la justice pour les parties en situation de précarité financière.

INCIDENT
EXPERTISE

TRIBUNAL JUDICIAIRE
DE BORDEAUX
6EME CHAMBRE CIVILE

60B

N° de Rôle : N° RG 21/08235 – N° Portalis DBX6-W-B7F-V6QB

N° de Minute :

AFFAIRE :

[V] [X]

C/

S.A. SA MACIF

Grosse Délivrée
le :
à
Avocats : Me Delphine BARTHELEMY-MAXWELL
Me Paul CESSO

ORDONNANCE DU JUGE DE LA MISE EN ETAT

Le VINGT DEUX JANVIER DEUX MIL VINGT CINQ

Nous, Madame Louise LAGOUTTE, vice-président,
juge de la mise en état de la 6EME CHAMBRE CIVILE,
assistée de Madame Elisabeth LAPORTE, greffier présente lors des débats et de la mise à disposition

Vu la procédure entre :

DEMANDEUR A L’INCIDENT

Monsieur [V] [X]
né le [Date naissance 3] 1962 à [Localité 9]
de nationalité Française
CCAS
[Adresse 5]
[Localité 8]

représenté par Me Paul CESSO, avocat au barreau de BORDEAUX
(bénéficie d’une aide juridictionnelle Totale numéro 2019/019693 du 18/02/2020 accordée par le bureau d’aide juridictionnelle de BORDEAUX)

DEFENDERESSE A L’INCIDENT

S.A. SA MACIF prise en la personne de son représentant légal domicilié es qualités audit siège
[Adresse 2]
[Localité 6]

représentée par Me Delphine BARTHELEMY-MAXWELL, avocat au barreau de BORDEAUX

EXPOSÉ DES FAITS ET DE LA PROCÉDURE

Le 21 janvier 2015, Monsieur [V] [X] qui circulait à vélo lors d’un voyage en Nouvelle-Zélande a été victime d’un accident d’ULM.

Pris en charge au service de neuro-chirurgie du centre hospitalier d’[Localité 7] (Nouvelle-Zélande) jusqu’au 28 janvier 2015, il était rapatrié en France puis admis à l’hôpital [10] de [Localité 8]. Il était hospitalisé jusqu’au 21 avril 2015.

Par actes d’huissier délivré le 25 octobre 2019, Monsieur [X] a fait assigner la MACIF devant le Tribunal judiciaire de Bordeaux aux fins de solliciter la désignation d’un médecin-expert, outre l’allocation d’une indemnité de 5.000 € en réparation .

La 6ème chambre civile du Tribunal judiciaire de Bordeaux, après en avoir délibéré, rendait un jugement le 4 décembre 2023 qui ordonnait, avant dire droit, une mesure d’expertise judiciaire confiée au Docteur [T] [R].

Le tribunal a écarté des débats les pièces produites en langue anglaise et l’expert, suite à la réunion du 16 septembre 2024, a expliqué ne pas comprendre la langue anglaise.

PRETENTIONS ET MOYENS DES PARTIES

Par conclusions d’incident notifiées par voie électronique le 20 septembre 2024, Monsieur [V] [X] demande au juge de la mise en état de :
– désigner un interprète assermenté aux fins de procéder à la traduction des pièces numérotées 3 et 4 de M. [X],
– dire que les frais de traduction seront pris en charge par l’aide juridictionnelle,
– réserver les dépens.

Par conclusions d’incident notifiées par voie électronique le 13 novembre 2024, la MACIF demande au juge de la mise en état de :
– prendre acte de l’absence d’opposition de la MACIF quant à la désignation d’un expert judiciaire traducteur, sous les plus expresses protestations et réserves d’usage ;
– juger que la mission de l’expert sera détaillée comme suit :
* procéder à la traduction en langue française de l’intégralité des pièces médicales rédigées en langue anglaise produites par Monsieur [V] [X], en lien de causalité exclusif avec l’accident rapporté du 21 janvier 2015 ;
* dire que l’expert sera tenu de déposer un pré-rapport au moins deux mois avant le dépôt du rapport définitif, en laissant aux parties au moins un mois pour lui adresser des dires avant le dépôt de son rapport définitif ;
– juger que les frais de consignation à intervenir resteront à la charge exclusive de Monsieur [V] [X], en sa qualité de demandeur à la mesure d’instruction;
– débouter Monsieur [V] [X] du surplus éventuel de ses demandes;
– rejeter toute autre demande plus ample ou contraire dirigée à l’encontre de la MACIF;
– condamner Monsieur [V] [X] aux entiers dépens de l’instance.

Après renvoi, l’affaire a été appelée à l’audience d’incident du 20/11/2024 où elle a été retenue et mise en délibéré à la date de la présente ordonnance.

Au-delà de ce qui sera repris pour les besoins de la discussion, il est renvoyé expressément pour l’exposé plus ample des faits de l’espèce, des prétentions et moyens des parties aux dernières de leurs écritures visées ci-dessus.

MOTIFS DE LA DÉCISION

Il résulte des dispositions de l’article 789 du code de procédure civile que :

« Lorsque la demande est présentée postérieurement à sa désignation, le juge de la mise en état est, jusqu’à son dessaisissement, seul compétent, à l’exclusion de toute autre formation du tribunal, pour :
1° Statuer sur les exceptions de procédure, les demandes formées en application de l’article 47 et les incidents mettant fin à l’instance ;
Les parties ne sont plus recevables à soulever ces exceptions et incidents ultérieurement à moins qu’ils ne surviennent ou soient révélés postérieurement au dessaisissement du juge ;
2° Allouer une provision pour le procès ;
3° Accorder une provision au créancier lorsque l’existence de l’obligation n’est pas sérieusement contestable. Le juge de la mise en état peut subordonner l’exécution de sa décision à la constitution d’une garantie dans les conditions prévues aux articles 514-5,517 et 518 à 522 ;
4° Ordonner toutes autres mesures provisoires, même conservatoires, à l’exception des saisies conservatoires et des hypothèques et nantissements provisoires, ainsi que modifier ou compléter, en cas de survenance d’un fait nouveau, les mesures qui auraient déjà été ordonnées ;
5° Ordonner, même d’office, toute mesure d’instruction ;
6° Statuer sur les fins de non-recevoir…”

Sur la demande de traduction

Au terme des dispositions de l’article 23 du code de procédure civile, le juge n’est pas tenu de recourir à un interprète lorsqu’il connaît la langue dans laquelle s’expriment les parties.

Monsieur [X] sollicite la désignation d’un expert traducteur aux fins de voir traduire les documents 3 et 4 de la langue anglaise vers la langue française aux fins de permettre au médecin-expert d’effectuer sa mission. Ces derniers avaient été écartés des débats devant le tribunal en l’absence de production d’une traduction en langue française.

La MACIF ne s’oppose pas à la désignation d’un expert traducteur à charge que soient traduites l’intégralité des pièces rédigées en langue anglaise produites par Monsieur [X] en lien de causalité exclusif avec l’accident du 21 janvier 2015.

Aussi, il y a lieu, conformément à l’accord des parties, de désigner un expert traducteur de langue anglaise et de lui confier la mission présente au dispositif. Il y a lieu de rappeler que le juge qui ordonne une expertise fixe librement la mission du technicien, sans être tenu par les propositions émises par les parties étant précisé que le juge du fond n’est pas lié par les conclusions du technicien conformément aux dispositions de l’article 246 du code de procédure civile.

Il convient joindre les dépens de l’incident aux dépens du fond.

PAR CES MOTIFS :

Le juge de la mise en état de la 6ème chambre du tribunal judiciaire de Bordeaux, après en avoir délibéré, statuant publiquement, par décision contradictoire et en premier ressort mise à disposition au greffe, les parties avisées selon l’article 450 al2 du code de procédure civile ;

ORDONNE une mesure d’expertise et commet pour y procéder :

[M] [Z]
[Adresse 4]
[Localité 8]
Port. : [XXXXXXXX01]
Mèl : [Courriel 11]

DONNE à l’expert judiciaire traducteur la mission suivante :

1°) Procéder à la traduction en langue française de l’intégralité des pièces médicales rédigées en langue anglaise produites par Monsieur [V] [X], en lien de causalité exclusif avec l’accident rapporté du 21 janvier 2015;

2°) Déposer un pré-rapport au moins un mois avant le dépôt du rapport définitif et laisser aux parties au moins 15 jours pour lui adresser des dires avant le dépôt de son rapport définitif ;

Dit que l’original du rapport définitif (2 exemplaires) sera déposé au greffe de la 6ème chambre civile du Tribunal judiciaire de Bordeaux, tandis que l’expert en adressera un exemplaire aux parties et à leur conseil, dans un délai de 4 mois à compter de sa saisine, sauf prorogation expresse ;

Désigne le président de la 6ème chambre civile pour contrôler les opérations d’expertise ;

Dit que le requérant bénéficiant de l’aide juridictionnelle, il n’y a pas lieu à consignation ;

JOINT les dépens de l’incident aux dépens du fond ;

RENVOIE l’affaire à l’audience de mise en état électronique du 16 septembre 2025;

REJETTE toute demande plus ample au contraire.

Ainsi fait et jugé les an, mois et jour susdits.

La présente ordonnance a été signée par Louise LAGOUTTE, juge de la mise en état, et Elisabeth LAPORTE, greffier.

LE GREFFIER LE JUGE DE LA MISE EN ÉTAT


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Chat Icon