Enfants « Youtubeurs » : ce qui changera en 2021

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Enfants « Youtubeurs » : ce qui changera en 2021

Le nouveau cadre juridique de l’exploitation commerciale de l’image d’enfants de moins de seize ans sur les plateformes en ligne, fixé par la Loi n° 2020-1266 du 19 octobre 2020,  entrera en vigueur le 20 avril 2021.

Autorisation administrative préalable

La loi a étendu le régime d’autorisation individuelle préalable applicable aux enfants de moins de seize ans employés dans le secteur du spectacle, de la publicité et de la mode à deux catégories d’enfants i) d’une part, les enfants engagés ou produits en vue d’une diffusion sur un service de média audiovisuel à la demande ; ii) d’autre part, les enfants dont l’image est diffusée à titre lucratif sur des plateformes de partage de vidéos et dont l’activité relève, au plan juridique, d’une relation de travail.

Ainsi, dans ces deux cas de figure, une autorisation administrative préalable est nécessaire à l’engagement ou à la production d’un enfant de moins de seize ans sur un service de médias audiovisuels à la demande (SMAD) ou une plateforme de partage de vidéos. Toutefois, pour ce qui est de la diffusion de l’image d’un enfant sur une telle plateforme, un agrément peut être délivré à l’employeur de l’enfant en lieu et place de l’autorisation administrative – comme c’est aujourd’hui le cas pour les agences de mannequins –, facilitant ainsi les démarches des personnes produisant de façon régulière ce type de vidéos.

Information des représentants légaux

L’autorisation délivrée par l’administration aux personnes souhaitant diffuser une vidéo faisant apparaître leur enfant sur une plateforme de partage de vidéos est accompagnée d’une information relative aux droits de l’enfant, qui contient notamment des indications sur les modalités de réalisation de ces vidéos, sur les conséquences de l’exposition de l’image d’un enfant sur une plateforme de partage de vidéos pour sa vie privée et sur les dispositions des lois et règlements applicables en matière de diffusion de l’image d’enfants de moins de seize ans.

Une infraction nouvelle

Une infraction nouvelle réprime le fait, pour l’employeur de l’enfant dont l’image a vocation à être diffusée sur une plateforme de partage de vidéos, de ne pas verser sur le compte de l’enfant auprès de la Caisse des dépôts et consignations la part qui lui revient en application de la décision de l’autorité administrative. Cette infraction nouvelle est punie de la même peine, soit 3 750 euros d’amende, tandis que sa récidive est passible de quatre mois d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende.

La déclaration de diffusion

Hors relation de travail, la loi soumet à une obligation de déclaration la diffusion, par le biais d’un service de plateforme de partage de vidéos, de contenus dont un enfant de moins de seize ans est l’objet principal, lorsque l’un des deux critères suivants est rempli : i) la durée cumulée des contenus ou leur nombre dépassent, sur une période de temps donnée, un seuil (à déterminer prochainement par un décret en Conseil d’État) ; ii) le fait que la diffusion des contenus engendre, pour la personne responsable de la réalisation, de la production ou de la mise en ligne, des revenus directs et indirects supérieurs à un seuil (à fixer par un décret en Conseil d’État).

Rémunération des enfants

Comme pour les enfants du spectacle, une partie des revenus tirés de la diffusion des contenus reviendra à l’enfant à sa majorité ou à la date de son émancipation. Cette part des revenus directs ou indirects tirés de la diffusion de ces contenus est versée à la Caisse des dépôts et des consignations, qui en assure la gestion jusqu’à la majorité ou l’émancipation de l’enfant.

La loi réprime de 75 000 euros d’amende le fait de remettre sciemment des fonds à l’enfant ou à ses représentants légaux en contrepartie d’un placement de produit au-delà de la part devant revenir à l’enfant.

Sécuriser la situation des annonceurs

Les annonceurs qui procèdent à du placement de produits au travers des vidéos en ligne mettant en scène des mineurs de moins de 16 ans, sont tenus de demander à la personne responsable de la diffusion de la vidéo si elle est soumise à une obligation déclarative et si tel est le cas, l’annonceur doit alors verser la somme due en contrepartie du placement de produit, éventuellement minorée de la part susceptible d’être conservée par les représentants légaux de l’enfant, sur le compte de l’enfant auprès de la Caisse des dépôts et consignations. Le non-respect de cette obligation est passible d’une amende de 3 750 euros, somme automatiquement quintuplée si l’annonceur est une personne morale.

Chartes contre l’exploitation commerciale illégale de l’image d’enfants

La loi tend également à inciter les plateformes de partage de vidéos à adopter des chartes visant à améliorer la lutte contre l’exploitation commerciale illégale de l’image d’enfants de moins de seize ans. Celles-ci ont notamment pour objet :

– de favoriser l’information des utilisateurs sur les dispositions des lois et règlements applicables en matière de diffusion de l’image d’enfants de moins de seize ans par le biais de leurs services et sur les risques, notamment psychologiques, associés à la diffusion de cette image ;

– de favoriser le signalement, par leurs utilisateurs, de contenus audiovisuels mettant en scène des enfants de moins de seize ans qui porteraient atteinte à la dignité ou à l’intégrité morale ou physique de ceux-ci ;

– de prendre toute mesure utile pour empêcher le traitement des données à caractère personnel de mineurs, collectées par le biais dudit signalement, à des fins commerciales telles que le démarchage, le profilage et la publicité basée sur le ciblage comportemental ;

– d’améliorer, en lien avec des associations de protection de l’enfance, la détection des situations dans lesquelles la réalisation ou la diffusion de tels contenus porteraient atteinte à la dignité ou à l’intégrité morale ou physique des mineurs de moins de seize ans qu’ils font figurer ;

– de faciliter la mise en œuvre, par les mineurs, du droit à l’effacement des données à caractère personnel et d’informer ceux-ci, en des termes clairs et précis, aisément compréhensibles par eux, des modalités de mise en œuvre de ce droit.

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) est chargé de promouvoir l’adoption de telles chartes par les services de plateforme de partage de vidéos et de publier un bilan périodique de l’application et de l’effectivité de ces chartes.

Effacement du droit à l’image

Le nouveau cadre juridique ouvre explicitement l’exercice du « droit à l’effacement » institué par le Règlement général sur la protection des données personnelles (RGPD) aux mineurs dont l’image est diffusée par une plateforme de partage de vidéos. Ainsi, sur demande de la personne concernée, même lorsqu’elle est mineure, le service de plateforme de partage de vidéos est tenu de faire cesser dans les meilleurs délais la diffusion de l’image du demandeur lorsque celui-ci était mineur à la date de ladite diffusion.

Simplification administrative

A noter qu’une simplification administrative a également été introduite au profit de l’ensemble des enfants dits « du spectacle », qui pourront désormais accéder aux fonds déposés sur le compte ouvert à leur nom auprès de la Caisse des dépôts et consignations le cas échéant dès leur émancipation, sans attendre une nouvelle décision administrative leur offrant ce droit avant leur majorité.

Questions / Réponses juridiques

Quel est le cadre juridique concernant l’exploitation commerciale de l’image d’enfants de moins de seize ans ?

Le cadre juridique relatif à l’exploitation commerciale de l’image d’enfants de moins de seize ans a été établi par la Loi n° 2020-1266 du 19 octobre 2020. Cette loi est entrée en vigueur le 20 avril 2021. Elle vise à protéger les droits des enfants en encadrant strictement leur image sur les plateformes en ligne, notamment dans les secteurs du spectacle, de la publicité et de la mode.

Cette législation étend le régime d’autorisation individuelle préalable, qui était déjà en place pour les enfants employés dans le secteur du spectacle, à d’autres catégories d’enfants. Cela inclut ceux engagés pour des diffusions sur des services de médias audiovisuels à la demande (SMAD) et ceux dont l’image est diffusée à titre lucratif sur des plateformes de partage de vidéos.

Quelles sont les obligations d’autorisation administrative pour les enfants ?

La loi impose une autorisation administrative préalable pour l’engagement ou la production d’un enfant de moins de seize ans sur un SMAD ou une plateforme de partage de vidéos. Cela signifie que les employeurs doivent obtenir une autorisation avant de pouvoir utiliser l’image d’un enfant dans ces contextes.

Cependant, pour la diffusion de l’image d’un enfant sur une plateforme, un agrément peut être délivré à l’employeur, remplaçant ainsi l’autorisation administrative. Cela vise à simplifier les démarches pour ceux qui produisent régulièrement ce type de contenu, comme les agences de mannequins.

Comment les représentants légaux sont-ils informés des droits de l’enfant ?

Lorsqu’une autorisation est délivrée pour diffuser une vidéo mettant en scène un enfant, les représentants légaux de l’enfant reçoivent des informations détaillées sur les droits de l’enfant. Cela inclut des indications sur les modalités de réalisation des vidéos, les conséquences de l’exposition de l’image de l’enfant sur sa vie privée, ainsi que les lois et règlements applicables.

Cette information vise à sensibiliser les parents ou tuteurs aux enjeux liés à la diffusion de l’image de leur enfant, afin qu’ils puissent prendre des décisions éclairées concernant l’engagement de l’enfant dans des activités de diffusion.

Quelles sont les nouvelles infractions introduites par la loi ?

La loi introduit une nouvelle infraction qui punit l’employeur d’un enfant dont l’image est diffusée sur une plateforme de partage de vidéos, s’il ne verse pas la part des revenus qui revient à l’enfant sur son compte à la Caisse des dépôts et consignations.

Cette infraction est passible d’une amende de 3 750 euros. En cas de récidive, les sanctions se durcissent, avec une peine pouvant aller jusqu’à quatre mois d’emprisonnement et une amende de 7 500 euros.

Quelles sont les obligations de déclaration pour la diffusion de contenus impliquant des enfants ?

En dehors d’une relation de travail, la loi impose une obligation de déclaration pour la diffusion de contenus où un enfant de moins de seize ans est l’objet principal. Cette obligation s’applique lorsque deux critères sont remplis :

1. La durée cumulée des contenus ou leur nombre dépasse un seuil à déterminer par un décret.
2. La diffusion génère des revenus directs ou indirects supérieurs à un seuil également à fixer par décret.

Ces mesures visent à encadrer la diffusion de contenus impliquant des enfants et à garantir leur protection.

Comment est organisée la rémunération des enfants ?

La loi stipule qu’une partie des revenus générés par la diffusion de contenus impliquant des enfants sera versée à l’enfant à sa majorité ou à la date de son émancipation. Cette part des revenus est gérée par la Caisse des dépôts et des consignations jusqu’à ce que l’enfant atteigne l’âge légal.

De plus, la loi prévoit une amende de 75 000 euros pour quiconque remettrait sciemment des fonds à l’enfant ou à ses représentants légaux en échange d’un placement de produit, au-delà de la part qui doit revenir à l’enfant.

Quelles mesures sont prises pour sécuriser la situation des annonceurs ?

Les annonceurs qui réalisent des placements de produits dans des vidéos mettant en scène des mineurs de moins de 16 ans doivent s’assurer que la personne responsable de la diffusion de la vidéo respecte les obligations déclaratives. Si une obligation de déclaration est en place, l’annonceur doit verser la somme due pour le placement de produit, en tenant compte de la part qui pourrait être conservée par les représentants légaux de l’enfant.

Le non-respect de cette obligation peut entraîner une amende de 3 750 euros, qui est multipliée par cinq si l’annonceur est une personne morale, renforçant ainsi la responsabilité des entreprises dans ce domaine.

Quelles sont les chartes contre l’exploitation commerciale illégale de l’image d’enfants ?

La loi encourage les plateformes de partage de vidéos à adopter des chartes visant à lutter contre l’exploitation commerciale illégale de l’image d’enfants de moins de seize ans. Ces chartes ont plusieurs objectifs, notamment :

– Informer les utilisateurs sur les lois et règlements concernant la diffusion de l’image d’enfants et les risques associés.

– Faciliter le signalement de contenus qui pourraient porter atteinte à la dignité ou à l’intégrité des enfants.

– Empêcher le traitement des données personnelles des mineurs à des fins commerciales.

– Améliorer la détection des situations où la diffusion de contenus pourrait nuire aux enfants.

– Faciliter l’exercice du droit à l’effacement des données personnelles pour les mineurs.

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) est chargé de promouvoir l’adoption de ces chartes et de publier des bilans sur leur application.

Comment le droit à l’effacement est-il appliqué pour les mineurs ?

Le cadre juridique introduit par la loi permet aux mineurs dont l’image est diffusée sur des plateformes de partage de vidéos d’exercer leur droit à l’effacement, tel que prévu par le Règlement général sur la protection des données personnelles (RGPD).

Cela signifie qu’un mineur peut demander la cessation de la diffusion de son image, même si celle-ci a eu lieu lorsqu’il était encore mineur. Les plateformes sont tenues de répondre à cette demande dans les meilleurs délais, garantissant ainsi la protection des droits des enfants.

Quelles simplifications administratives ont été mises en place pour les enfants du spectacle ?

La loi introduit des simplifications administratives pour les enfants du spectacle, leur permettant d’accéder plus facilement aux fonds déposés sur leur compte à la Caisse des dépôts et des consignations.

Désormais, ces enfants pourront accéder à ces fonds dès leur émancipation, sans avoir à attendre une nouvelle décision administrative qui leur accorderait ce droit avant leur majorité. Cela vise à faciliter la gestion financière des enfants engagés dans des activités artistiques.


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