L’Essentiel : Dans le cadre des enchères en ligne, l’adjudication d’un bien entraîne la perte du droit de rétractation pour l’acheteur, sauf mention contraire. Selon l’article 1650 du code civil, l’acheteur doit régler le prix au moment de la vente. En cas de non-enlèvement du bien, celui-ci peut être revendu par la maison d’enchères. L’adjudicataire devient propriétaire dès l’adjudication et doit récupérer son bien dans un délai de 15 jours, sous peine de frais de stockage. Au-delà de 30 jours, le bien est considéré comme abandonné et peut être revendu.
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Sauf disposition contraire, l’acheteur d’un bien mis aux enchères ne bénéficie pas de son droit de rétractation.
Sur le prix d’adjudication, l’article 1650 du code civil dispose : « La principale obligation de l’acheteur est de payer le prix au jour et au lieu réglés par la vente.». En cas de non récupération du bien acquis, celui-ci peut être vendu par la maison d’enchères pour le compte de l’adjudicataire. En la cause, il résulte de l’article intitulé « ENLEVEMENT ET RESPONSABILITE DES LOTS VENDUS » que l’adjudicataire devient légalement propriétaire et responsable de ses lots dès l’adjudication prononcée et qu’il doit enlever son bien le jour de la vente ou le lendemain. Pour les achats en ligne et sur ordre d’achat, l’acquéreur doit recevoir un email l’autorisant à prendre possession de son achat dans un délai maximal de 8 à 15 jours à compter de la vente. Il est précisé qu’au-delà de 15 jours pour tous les acheteurs (en salle ou sur internet), des frais de stockage seront facturés à hauteur de 10 euros par jour pour les véhicules utilitaires. Enfin, il est stipulé « Au-delà de 30 jours et sauf convention expresse, le bien sera considéré comme abandonné purement et simplement. Après relance par LRAR et sans réponse dans un délai de 8 jours, le bien sera revendu pour le compte de l’adjudicataire ou propriétaire initial si le lot n’a pas été réglé ». Contexte de la vente aux enchèresLa société Armor Enchères a été mandatée par la SARL Ambulance et Taxis du Littoral pour vendre un véhicule Citroen Jumper 3000 HDI 160 aux enchères publiques. Le 18 janvier 2021, M. [I] [T], gérant de la SAS Ambulances & Taxis [T], a remporté l’enchère pour un montant de 10.000 euros, soit 12.142 euros frais inclus. Après un paiement partiel de 2.300 euros, M. [T] a demandé la rétractation de la vente, estimant que le véhicule ne correspondait pas à ses attentes. Actions judiciairesSuite à la demande de rétractation, Armor Enchères a mis en demeure M. [T] de régler le solde du prix, sans succès. Le 1er décembre 2022, Armor Enchères a assigné M. [T] devant le tribunal judiciaire de Nîmes pour obtenir le paiement du solde, des frais de gardiennage, et des dommages et intérêts. Armor Enchères a également demandé la récupération du véhicule sous astreinte. Arguments de la société Armor EnchèresArmor Enchères a soutenu que M. [T] devait être condamné à titre personnel au paiement du prix, car il avait participé à la vente en son nom. Elle a affirmé que l’adjudication transférait la propriété et les risques au moment de la vente, et que les conditions générales stipulaient que l’acheteur devait récupérer son bien dans un délai de 15 jours, sous peine de frais de gardiennage. Réponse de M. [T] et de la SAS Ambulances & Taxis [T]M. [T] et la SAS Ambulances & Taxis [T] ont demandé la nullité du contrat de vente pour dol, arguant que le véhicule avait été présenté comme étant équipé pour l’ambulance, alors qu’il ne disposait pas de l’agrément nécessaire. Ils ont également demandé la restitution de la somme versée et des dommages et intérêts pour le préjudice subi. Décision du tribunalLe tribunal a déclaré irrecevables les demandes de nullité et de dommages-intérêts, en raison de l’absence de mise en cause du vendeur. Il a également jugé que M. [T] était personnellement responsable du paiement du solde de l’adjudication, condamnant M. [T] à verser 9.842 euros à Armor Enchères. Les frais de gardiennage ont été limités à 300 euros, et M. [T] a été contraint de récupérer le véhicule à ses frais dans un délai d’un mois, sous peine d’astreinte. Conséquences financièresEn plus des paiements dus, M. [T] a été condamné à verser 1.500 euros à Armor Enchères au titre de l’article 700 du code de procédure civile, tandis que sa demande d’indemnité de procédure a été rejetée. M. [T] a également été condamné aux dépens. REPUBLIQUE FRANÇAISE 6 novembre 2024 TRIBUNAL JUDICIAIRE Par mise à disposition au greffe N° RG 22/05465 – N° Portalis DBX2-W-B7G-JXSF JUGEMENT Le tribunal judiciaire de Nîmes, 1ère Chambre Civile, a dans l’affaire opposant : S.A.R.L. ARMOR ENCHERES représentée par la SELARL DELRAN-BARGETON DYENS-SERGENT- ALCALDE, avocats au barreau de NIMES, avocats postulant,et par la SELARL SULTAN-LUCAS-DELOGIVIERE-PINIER-POIRIER, avocats au barreau d’ANGERS, avocats plaidant à : M. [I] [T] La Société AMBULANCES & TAXIS [T], Rendu publiquement le jugement contradictoire suivant, statuant en premier ressort après que la cause a été débattue en audience publique le 09 Septembre 2024 devant Nina MILESI, Vice-Présidente, statuant comme juge unique, assistée de Aurélie VIALLE, greffière, et qu’il en a été délibéré. En réponse à la demande reconventionnelle en nullité du contrat de vente pour dol, elle réplique que cette demande est irrecevable car elle n’est pas le vendeur du véhicule, ayant seulement été mandatée par la SARL Ambulances et Taxis du Littoral pour procéder à la vente aux enchères, de sorte qu’elle n’est pas partie au contrat. Elle soutient que les défendeurs ne rapportent pas la preuve de l’existence de manœuvres frauduleuses ou de l’existence d’une intention dolosive. Elle affirme qu’il était visible, avant la vente, que le véhicule était vendu sans équipement nécessaire à l’activité d’ambulance ; que cela ressortait : * Les défendeurs exposent que M. [T] a été victime d’un dol car le véhicule était annoncé comme vendu avec « équipement ambulance » même s’il ne disposait pas de l’agrément d’ambulance alors qu’en réalité il s’agissant d’un simple fourgon. Reconventionnellement, il sollicite la condamnation de la société Armor Enchères au paiement de dommages et intérêts en réparation du préjudice subi au titre du dol. * A titre liminaire, il convient de recevoir l’intervention volontaire de la société Ambulances & Taxis [T]. Sur l’irrecevabilité de la demande en nullité de la vente formée à l’encontre du mandataire du vendeur et de la demande de dommages-intérêts subséquente Sur la demande en paiement du prix et de frais de gardiennage Sur le prix d’adjudication L’article 1650 du code civil dispose : « La principale obligation de l’acheteur est de payer le prix au jour et au lieu réglés par la vente.». Sur les frais de gardiennage Il résulte de l’article intitulé « ENLEVEMENT ET RESPONSABILITE DES LOTS VENDUS » que l’adjudicataire devient légalement propriétaire et responsable de ses lots dès l’adjudication prononcée et qu’il doit enlever son bien le jour de la vente ou le lendemain. Sur la demande de dommages-intérêts pour résistance abusive Sur les demandes accessoires M. [T] perd le procès et doit être condamné aux dépens. CONDAMNE M. [I] [T] à payer à la société Armor Enchères la somme de 1.500 euros au titre de l’article 700 du code de procédure civile ; REJETTE la demande d’indemnité de procédure des défendeurs ; CONDAMNE M. [I] [T] aux dépens. Le présent jugement a été signé par Nina MILESI, Vice-Présidente et par Aurélie VIALLE, greffière présente lors de sa mise à disposition. Le Greffier, Le Président, |
Q/R juridiques soulevées :
Quel est le contexte de la vente aux enchères impliquant M. [T] ?La vente aux enchères concernait un véhicule Citroen Jumper 3000 HDI 160, mandatée par la société Armor Enchères pour le compte de la SARL Ambulance et Taxis du Littoral. Le 18 janvier 2021, M. [I] [T], gérant de la SAS Ambulances & Taxis [T], a remporté l’enchère pour un montant de 10.000 euros, soit 12.142 euros frais inclus. Après avoir effectué un paiement partiel de 2.300 euros, M. [T] a demandé la rétractation de la vente, arguant que le véhicule ne correspondait pas à ses attentes. Cette situation a conduit à des actions judiciaires ultérieures. Quelles actions judiciaires ont été entreprises par Armor Enchères ?Suite à la demande de rétractation de M. [T], Armor Enchères a mis en demeure ce dernier de régler le solde du prix de vente, mais sans succès. Le 1er décembre 2022, Armor Enchères a assigné M. [T] devant le tribunal judiciaire de Nîmes. L’objectif de cette assignation était d’obtenir le paiement du solde du prix, des frais de gardiennage, ainsi que des dommages et intérêts. Armor Enchères a également demandé la récupération du véhicule sous astreinte. Quels étaient les arguments de la société Armor Enchères dans cette affaire ?Armor Enchères a soutenu que M. [T] devait être condamné à titre personnel au paiement du prix, car il avait participé à la vente en son nom. Elle a affirmé que l’adjudication transférait la propriété et les risques au moment de la vente. De plus, les conditions générales stipulaient que l’acheteur devait récupérer son bien dans un délai de 15 jours, sous peine de frais de gardiennage. Ces arguments ont été cruciaux dans le cadre de la décision judiciaire. Quelle a été la réponse de M. [T] et de la SAS Ambulances & Taxis [T] ?M. [T] et la SAS Ambulances & Taxis [T] ont demandé la nullité du contrat de vente pour dol, affirmant que le véhicule avait été présenté comme étant équipé pour l’ambulance, alors qu’il ne disposait pas de l’agrément nécessaire. Ils ont également demandé la restitution de la somme versée et des dommages et intérêts pour le préjudice subi. Cette contestation a été fondée sur l’argument que le véhicule ne correspondait pas à la description fournie lors de la vente. Quelle a été la décision du tribunal concernant cette affaire ?Le tribunal a déclaré irrecevables les demandes de nullité et de dommages-intérêts, en raison de l’absence de mise en cause du vendeur. Il a également jugé que M. [T] était personnellement responsable du paiement du solde de l’adjudication, le condamnant à verser 9.842 euros à Armor Enchères. Les frais de gardiennage ont été limités à 300 euros, et M. [T] a été contraint de récupérer le véhicule à ses frais dans un délai d’un mois, sous peine d’astreinte. Quelles ont été les conséquences financières pour M. [T] ?En plus des paiements dus, M. [T] a été condamné à verser 1.500 euros à Armor Enchères au titre de l’article 700 du code de procédure civile. Sa demande d’indemnité de procédure a été rejetée, et il a également été condamné aux dépens. Ces conséquences financières soulignent l’importance de respecter les obligations contractuelles lors d’une vente aux enchères. |
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